Trop d'abus récemment : du mal à m'en remettre (speed, LSD, MDMA...) ->>
<<- Personnes neurodivergentes et utilisation de drogues (TDAH/TSA)
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Introduction :
La veille de notre départ, j'étais chargée d'aller chercher les buvards. Par peur de la réaction d'Elias et Léo qui n'avaient jamais consommé de LSD et aussi par souci de discrétion par rapport aux parents d'Olympe qu'elle a choisi de ne pas mettre au courant de notre idée saugrenue, nous avions décidé de tous nous limiter à un demi buvard et pas plus. Elias qui est fasciné par le LSD depuis un moment a un peu râlé, mais nous avons finalement tous accepté le deal.
Ca ne vaudra jamais un test en laboratoire, je l'admets, mais nous nous sommes contentés d'un bout de buvard trempé dans un test d'Ehrlich lorsque j'ai récupéré la marchandise. Le test fut positif, réagissant comme je l'attendais passant progressivement d'un liquide transparent à un violet pastel couleur glycine. Après ça, j'ai minutieusement découpé en deux parties égales les buvards et je les ai emballés dans de l'aluminium et j'ai mis le tout dans un pochon hermétique que j'ai glissé dans une chemise en carton.
Le dealer vend ces cartons comme contenant 180μg de LSD. Je ne crois pas les dealers sur parole quant aux dosages, alors j'estime nos buvards à 150μg (bien que rien ne nous dit si véritablement ils étaient en dessous de la dose indiquée ou au dessus, nous n'avons pas fait quantifier). Donc nous devions être entre 75μg et 90μg par personne (sachant qu'en plus de ça, le LSD n'est pas forcément réparti équitablement sur la surface de chaque buvard).
Le trip :
Les parents de Olympe devaient sortir ce soir-là. Nous avons donc attendu qu'ils s'en aillent, et à 21h pile, nous avons chacun avalé notre buvard. On s'est posés sur le canapé tous les quatre, et en attendant la montée, nous avons joué à des jeux vidéos. Une heure plus tard, toujours rien. Ce n'est pas affolant, je sais que le LSD peut prendre plus d'une heure à monter, et puis nous n'en avons pas pris une grosse dose (mes précédents trips étant dans les 200μg), mais tout le monde commençait à s'impatienter. Elias voulait à tout prix sortir, mais Olympe y était réticente, par peur d'avoir une grosse montée une fois dehors en plein milieu d'une route de campagne ou je ne sais où. Elle n'avait pas tort, dans ce sens, mais nous avons fini par la convaincre, Léo et moi étant nous aussi enthousiastes à l'idée de sortir marcher en pleine montée. Olympe a accepté car j'avais ramené ma maglite (une grosse lampe de vigile) et une lampe frontale, ça la rassurait.
A ce moment là, je pensais encore ne pas être montée, mais je me dis avec du recul que j'étais en début de montée : je riais un peu pour rien, je voulais sortir, je ne parlais pas clairement, mais je ne m'en rendais pas compte sur le moment.
Sur la route de campagne éclairée à la lueur de la maglite, Elias et Léo (qui se rencontraient pour la première fois ce jour-là, je précise) ne faisaient que rire et faire des blagues qui n'avaient pas de sens. Elias m'assurait qu'il ne ressentait aucun effet et n'était pas perché, mais je me permets de penser que comme moi il avait un peu du début des effets du L qui le faisaient rire autant.
Sur un coup de tête, nous nous sommes décidés à traverser un champ, ça a duré un bon moment, heureusement, nous ne sommes pas tombés sur les propriétaires de ces terres, on aurait pu avoir des problèmes, avec du recul.
C'était un champ de tournesols complètement morts, desséchés. J'ai senti ma montée prendre en puissance en plein milieu du champ : 2h après ingestion du buvard. C'était bien moins intense que ce que j'avais vécu jusqu'à présent, je m'y attendais vu la dose, mais pas si ridicule pour être honnête. Je riais pour rien, je regardais partout autour de moi et j'ai phase un moment sur la lune, elle était pleine. D'après mes acolytes, je l'ai fixé un moment la bouche grande ouverte, mais d'après des enregistrements vocaux que j'ai gardé du trip, je voyais la lune avec des formes de volumes complexes, je la voyais se rapprocher, mais sans jamais s'écraser, je la voyais plus énorme que je ne l'ai jamais vue et je riais, émerveillée par ce spectacle.
Elias a lancé l'application Discord sur un serveur de personnes utilisatrices de drogues sur lequel nous sommes tous les deux et il a commencé à discuter en vocal avec des personnes du serveur, en plein milieu du champ, dans la nuit. Il leur posait des questions sur la montée, étonné de ne "rien" ressentir, il a été rassuré et il est revenu profiter avec nous. Léo a senti lui aussi une grosse montée. Il racontait un peu tout et n'importe quoi et bégayait comme un enfant qui apprend à parler.
Alors que nous nous éparpillions dans le champ, Olympe pour nous motiver à la rejoindre et tous nous réunir nous a dit : « Attention, il peut y avoir des pièges à ours ! » et je l'ai crue sur parole alors que cela n'avait aucun sens là où nous étions, je fixais le sol guettant si des pièges à ours se présentaient. Léo, au contraire n'en avait que faire, il s'amusait à "replanter" les tournesols morts sur leurs tiges coupées, qui évidemment retombaient une fois reposés dessus : ce sont des plantes mortes. On aurait dit le tonneau des Danaïdes : Léo condamné à replanter des tournesols morts en boucle en racontant des blagues. Olympe avait mis de l’acidcore sur une petite enceinte nomade et je dansais comme transportée par les sons, ça me rappelait de bons souvenirs de teuf. Elias, en plein milieu de ma danse frénétique, m’a mis son casque sur les oreilles, passant un son de rap sur une mélodie de jazz, j’ai aussitôt adapté ma danse, un peu plus sur cette vibe, tout en tripant sur la lune, mais le monde autour n’existait plus pour moi : j’étais seule au monde, en train de danser sur un son qui passait dans un casque connecté et je dansais.
Elias a senti sa montée lui aussi, mais hélas pour Olympe elle n'a rien senti et ne sentira rien ce soir-là (nous pensons à ses anti-psychotiques, car elle a pris soin de les arrêter mais juste le jour du trip, or ces médicaments font effet sur le long terme). J'étais triste pour pour mon amie, mais à la fois si perchée que j'avais du mal à rester focus sur ça.
Nous avons décidé de rentrer, mon amie ayant froid. J'ai remarqué que Léo avait coincé un tournesol mort dans le dos de son T-shirt, ce qui rendait la situation encore plus drôle et absurde. Léo ressemblait désormais à un Pikmin (une créature d'un jeu Nintendo) avec son tournesol mort qui dansait au dessus de sa tête à chaque fois qu'il bougeait.
Une fois arrivés à la maison, les parents d'Olympe étaient déjà rentrés, ils nous ont dit qu'on nous entendait hurler dans les champs depuis chez eux. On s'est regardés comme des gosses en se retenant de pouffer de rire. Et c'est là que je me suis rendue compte que ma montée n'était pas terminée : alors que la maman d'Olympe nous indiquait les instructions pour mettre en place le salon pour quand nous voudrions dormir, je peinais à me concentrer, je voyais les lignes du carrelage se déformer. J'ai explosé de rire, mon copain et mes amis m'ont couverte, les parents d'Olympe sont alors partis se coucher. Pfiou, je l'ai échappée belle. Je leur ai expliqué ce qui m'avait fait rire ainsi, et donc que je commençais à voir de légèrement hallucinations ou plutôt déformations sur le sol et aux murs.
Léo a entrepris de monter à l'étage de la maison chercher des affaires, mais il s'est arrêté en plein milieu de l'escalier et nous a regardés. Nous avons éclaté de rire et c'est là qu'Elias et lui ont eu une discussion lunaire que j'ai suivi, captivée : « Mec, tu fais quoi ? a demandé Elias
- Je suis là-haut...A répondu Léo, évasif.
- Ouais, mec, t'es loin toi...
- Ouaaais...
- On peut pas t'atteindre, t'es un être de là-haut, un être supérieur...Le Dieu Tournesol...avec ta couille cosmique sur la tête. Mec, jamais on atteindra ton niveau ! »
Léo commençait à récupérer des graines de tournesol à même celui qu’il avait au dessus de sa tête, un coup il nous les lançait en projectile, un coup il les mangeait, mais nous avons baptisé ces graines comme ses enfants, les enfants du Dieu Tournesol, ce délire sans queue ni tête est parti loin, mais ça nous semblait tellement logique sur le moment, qu’on ne pouvait s’arrêter d’en parler.
Elias est revenu quelques minutes sur le serveur Discord où il été passé sur le vocal un peu plus tôt dans la soirée, il a discuté de tout et de rien avec des inconnus utilisateurs de drogues, et je me suis jointe à tout ce petit monde sur le vocal, j’ai écouté la conversation passionnante qui s’en est suivie (première degré, c’était super intéressant, mais je me suis mute parce que j’avais du mal à aligner deux phrases), glissant des « ok » et des « grave d’accord » dans l’oreille d’Elias, ou encore lui glissant des mots ou des noms de molécules lorsqu’il ne les avais plus en mémoire. Deux cerveaux pour tenir une conversation qui tient la route dans cet état, et encore nous n’avions pris qu’un demi carton !
Olympe ne se sentait pas bien, alors malgré notre état, nous nous sommes un peu occupés d'elle. Puis, elle s'est sentie fatiguée et a voulu dormir, sûrement un peu éreintée de nous voir perchés alors qu'elle n'avait rien. Nous lui avons laissé le salon et nous qui n'arrivions pas à dormir et pire qui n'arrivions pas à nous arrêter de rire pour absolument tout et rien. Olympe avait besoin de ne pas être seule, car elle se sentait triste. Nous avons alors convenu que Léo et moi allions tourner : un coup j'irai dehors avec Elias me promener pendant 1 heure, et l'heure suivante, je resterai à mon tour au chevet d'Olympe, pendant que Léo accompagnera Elias à son tour (comme Léo et moi nous sommes proches d'Olympe et qu'Elias avait du mal avec l'odeur de tabac qui régnait dans le salon)
La première heure, avec Elias, (il devait être trois heures du matin environ) nous avions un peu peur dans ce silence lourd de campagne nocturne de tomber sur des chasseurs ou autre mauvaise rencontre. Toujours bien tripés, il se mettait de temps à autre à crier "BIIIIICHE" en agitant la grosse lampe comme un gyrophare. Ne comprenant pas sa démarche, mais la trouvant très drôle, je lui ai demandé de m'expliquer. Il m'a simplement dit : « Bah si un chasseur nous prend pour des biches, il devrait être pas trop con et se dire qu'une biche qui fait de la lumière et qui crie 'biche', ça n'est pas une biche. » Cette explication m'aurait achevée même sobre je pense, mais j'étais encore en plein trip et j'avais du mal à m'arrêter de rire. Je lui ai ensuite demandé de chercher sur internet que faire en cas d'attaque de sanglier, sans contexte, évidemment un nouveau fou rire était inévitable. Je voyais les lignes de texte sur mon téléphone danser et devenir illisibles, mais je trouvais ça beau. Nous avons tous les deux parlé un peu plus sérieusement de souvenirs personnels et de ce qu'on voyait. Nous voyions tous les deux les étoiles dans le ciel comme s'il y avait une pluie d'étoiles filantes en continu : incroyable !
Enfin est venu mon tour de m'occuper de Olympe, je suis donc revenue et j'ai échangé ma place avec Léo. J'ai discuté avec mon amie jusqu'à ce qu'elle s'endorme et je phasais sur mon téléphone attendant pour sortir à mon tour.
Une fois mon tour venu, j'ai ouvert la porte à Léo et je suis à nouveau sortie. Elias, avait l'air un peu plus sérieux tout à coup : "Tania...La soirée chez Olympe le mois dernier où j'étais pas là...Toi aussi t'as pris de la ké avec eux ?" Je me suis mise à pleurer, car ce jour là j'avais caché à Elias que j'avais pris de la kéta avec les autres. Elias est resté très prévenant, il tenait à ne pas me rendre mal ou faire tourner le trip au vinaigre pour moi. Nous avons eu ensuite un discussion très intéressante et utile pendant toute l’heure, qui nous a fait avancer. Il m’a demandé toutes les fois où j’avais pris de la drogue en son absence en le lui cachant et je lui ai raconté avec honnêteté les deux ou trois fois de ces derniers mois que je lui avais cachées et ce pourquoi. J’avais peur qu’il soit mal à l’aise ou jaloux que je consomme des taz en son absence notamment ou aussi qu’il me juge comme consommant « trop souvent », car il a pu par moments être très jaloux ou encore essayer de me dissuader de prod, mais suite à cette discussion, nous en avons conclu qu’il essayerait de moins me couver, d’être moins jaloux et qu’il ne me laisserait plus l’impression d’être jugée et en échange je lui dirai quand je consomme, un deal plutôt clean en somme. Nous avons tellement marché sans regarder où nous allions, que nous avons terminé notre conversation en arrivant sur une petite place de village, on a voulu s’asseoir un instant sur un banc et nous avons tous les deux entendu un bruit, très net. Un bruit de cailloux : nous ne sommes pas seuls. Nous avons échangé un regard de panique, puis nous avons couru dans le sens inverse. Une fois assez éloignés, nous avons parlé de notre frayeur : « Wow, Elias, imagine on s’est enfuis alors qu’il n’y avait rien ? ».
Mon copain m’a regardé, l’air très sérieux tout à coup : « Tania, je suis sûr de ce que j’ai entendu, on est deux à l’avoir entendu…
- Imagine, ça pouvait être un chien errant, un truc du style, j’ai juste entendu des bruits de cailloux, de gravillons remués en somme, ai-je tenté pour rendre la situation plus rationnelle
- Perso, j’ai plutôt entendu comme un frottement de pierre tranchantes, genre du silex…Et ça a été ensuite jeté violemment au sol, perso on revient pas par là-bas. A-t-il dit encore apeuré »
J’étais surprise qu’il ai entendu ça, mais je connais bien Elias, cela fait presque deux ans que nous sommes ensemble et il a tendance à reconnaître avec précision ce genre de détails, j’ai confiance en ses dires. Nous sommes revenus illico à la maisonnette de campagne où vivent les parents de ma meilleure amie et nous avons passé encore une vingtaine de minutes dehors, mais sur leur terrasse, à l’intérieur de la clôture. Nous avons parlé de tout et de rien, de souvenirs de notre enfance à chacun, et enfin de pourquoi est-ce que je consomme des prods « chimiques » (mdma, kétamine, speed, …) même si c’est occasionnel. Ma réponse a été simple : « Pour m’amuser, lâcher la pression que je me mets au quotidien, être plus sociable par moments, m’éclater le cerveau, ne plus penser tout le temps, me vider la tête, échapper à la réalité le temps d’une soirée. », il a hoché la tête en entendant ma réponse, il trouvait ça totalement légitime et m’a dit qu’il voulait juste maladroitement s’assurer que je ne me fasse pas trop de mal avec ça, mais il a ajouté que j’avais l’air de gérer depuis qu’on se connaît, ça m’a rassurée. Sans donner trop de détails, mon copain a testé quelques prods à mes côtés, je m’en suis voulu, j’ai eu l’impression qu’il prenait à cause de moi, mais au final, il a décidé de ne plus y toucher, ça ne lui a pas trop plu, il préfère se cantonner aux psychédéliques. On en est venus à parler des études, de la fac où je me sens très seule et isolée, j’ai de bons résultats, mais je menace de décrocher à tout moment à cause de ma solitude et mon décalage avec les personnes de ma promo, j’ai pleuré, beaucoup pleuré, mais je me suis surtout sentie bien et soulagée d’un énorme poids en ayant parlé de ça à quelqu’un. Moins onéreux qu’une séance chez un psychologue et très efficace ce petit buvard partagé avec ma moitié.
Nous avons fini par rentrer à nouveau dans la maison, et nous ne sommes pas ressortis de la nuit. Il devait être dans les cinq heures du matin (H+8). Nous avons retrouvé Léo, toujours bien perché et Olympe endormie sur le matelas deux places au sol. Léo nous a chuchoté : « Eh les gars, j’ai trop mal au ventre…Je crois que c’est la faute de mes enfants…j’en ai trop mangé… ». J’ai froncé les sourcils, ne comprenant pas de suite ce qu’il nous racontait, puis je me suis souvenue qu’il avait appelé les graines de tournesol « ses enfants » un peu plus tôt. J’ai ensuite laissé Elias et Léo rire ensemble de leur côté, heureuse de voir une amitié naître entre les deux. J’ai fixé un long moment les motifs sur la table basse du salon en pierre marbré, je les voyais bouger en formes fractales, j’étais si fascinée par ce spectacle que j’ai fini par m’endormir sans m’en rendre compte.
Et après ?
Le lendemain, je me suis réveillée dans le coaltar (je découvre la réelle orthographe de ce mot ? Je pensais que cela s’écrivait « coltard » ? Merci la recherche express dans le dictionnaire) vers 12h40. Wow. Je suis une lève tôt d’habitude, même en lendemain de soirée, mais j’ai l’impression d’avoir eu un sommeil très réparateur. Nous avons traîné toute la journée en redescente à ne pas faire grand chose : regarder des vidéos, manger des restes, scroller sur le téléphone, écouter de la musique sans rien dire…Juste passer le temps jusqu’à l’heure du bus pour rentrer chez nous.
PS : Ma meilleure amie, Olympe, a pris sa mère à part un instant dans l’après midi pour lui dire qu’on avait consommé du LSD la veille, elle ne s’est même pas pris un savon (et tant mieux !), elle a simplement râlé d’après elle.
PPS : Pour ma meilleure amie sous antipsychotiques, bien que déçue de son trip selon ses dires "inexistant", même si ce n'était pas la première fois, bien qu'elle souhaitait retenter à tout prix, je ne sais pas si elle retentira l'expérience, hélas, sauf si son traitement est diminué ou arrêté à terme.
En conclusion, mon copain et moi avons décidé de nous autoriser à nouveau un jour de faire un trip comme ça avec une "demi" dose. Ca permet d'être tripé sans non plus être dans des trucs trop hardcore (du style, croire mourir, devenir l'univers, rencontrer dieu, changer de dimensions, bref des trucs vécus ou entendus de gros trips) ou sans prendre 1 jour et demi à récupérer. Bon, pour lui, je le laisserai tenter un dosage plus important un jour, mais je suis très satisfaite de mon demi buvard.
Catégorie : Trip Report - 11 octobre 2023 à 00:42
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