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Octobre 2014
Sommaire :
- "Cannabis médical"
- Italie : autorisation de la production du cannabis à des fins thérapeutiques (Le Quotidien du Médecin, 8/9 ; Libération, 18/9)
- Allemagne : pétition au Bundestagen pour le cannabis médical (IACM, 8/9)
- États-Unis : distribution gratuite de cannabis (Courrier International, 29/8)
- États-Unis : les overdoses d'opiacés diminuées d'un quart dans les États américains qui légalisent le cannabis thérapeutique (Le Quotidien du Médecin, 28/8)
- Alaska : démission d'une journaliste militant pour le cannabis médical (Agence Télégraphique Suisse (ATS), 23/9)
Expo, culture
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- salon Expogrow à Irun (Espagne) (Sud-Ouest, 13/9 ; Libé, 14/9 et 15/9)
Débats sur la légalisation
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- Légalisation du cannabis : des responsables urugayens expliquent leur modèle à Paris (France 3 Paris-Île-de-France, 2/9)
- Projet pour une réforme de la politique sur les drogues (Libé, 9/9 ; Le Monde, 9/9 et 10/9)
Colloques, rencontres (à venir)
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- Principes Actifs participe aux 5e rencontres nationales de la RdR (du 13/10 au 15/10 à Paris) organisées par l'Association Française de Réduction des risques (AFR). Voir :
http://a-f-r.org/agenda/5emes-rencontre … les-la-rdr
- La 3e édition du colloque de l'Union Française pour les Cannabinoïdes en Médecine (UFCM) se tient à Strasbourg le 22 octobre 2014.
http://sensiseeds.com/fr/blog/la-3e-edi … obre-2014/
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CANNABIS MEDICAL
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Le Quotidien du Médecin 8/9/14
http://www.lequotidiendumedecin.fr/actu … apeutiques
L'Italie autorise la production du cannabis à des fins thérapeutiques
L'adoption la semaine dernière d'un dispositif gouvernemental autorisant la culture du cannabis
à des fins thérapeutiques, a brisé un tabou qui pénalisait les patients et plombait les comptes
de la sécurité sociale italienne. « Il ne s'agit pas de libéraliser la marijuana mais de faire preuve d'ouverture d'un point devue pharmacologique et médical », a toutefois souligné la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin. Selon l'accord peaufiné à la fin de l'été par les ministères de la Défense et de la Santé, seule l'armée pourra cultiver la marijuana et dans des conditions particulières.
Un coût trop exorbitant pour la sécu.
Depuis l'adoption en 2010 de la loi antidouleur, les patients atteints de pathologie importantes et particulièrement douloureuses, peuvent avoir accès aux traitements à base de cannabis dont les
propriétés antidouleur sont reconnues par la communauté médicale internationale. Mais seulement en théorie, le coût exorbitant de ce type de produits pris en charge par la sécurité sociale italienne imposant des restrictions au niveau du nombre d'utilisateurs. Une enquête réalisée par un site médical italien a révélé que
seulement une soixantaine de patients ont accès, en l'état actuel, aux protocoles antidouleur à
base de cannabis.Selon les calculs des experts, le cannabis made in Italie devrait faire chuter les prix des
médicaments. À titre d'exemple, une ampoule remplie d'un produit pharmaceutique à base de cannabis peut coûter jusqu'à 700 euros. Trop pour la sécurité sociale italienne dont les comptes
sont déjà complètement plombés par les coupes budgétaires et les erreurs de gestion dans le service public. À l'origine de ces prix exorbitants, l'obligation pour l'Italie et l'ensemble de la chaîne pharmaceutique d'importer
la totalité de ses besoins pharmaceutiques de cannabis. Pour mettre un terme à cette dépendance qui se traduit par une réduction du nombre de patients ayant accès aux médicaments remboursés par la sécurité sociale, le gouvernement a décidé de monter ses propres plantations.
Première production au printemps
Selon l'accord peaufiné par les ministres de la Défense et de la Santé impliqués dans ce dossier, la marijuana sera cultivée dans les établissements chimiques de l'armée situés à Florence et construits en 1853 lors de la
création à Turin d'un dépôt pharmaceutique militaire. Le gouvernement prévoit de lancer les premiers médicaments dès le printemps prochain. « La marijuana est un excellent produit, un sédatif qui agit contre la nausée et les vomissements, par exemple. Mais comme il s'agit aussi d'une substance classée dans la catégorie des stupéfiants, on a toujours un peu peur de l'utiliser », estime Umberto Veronesi. L'ancien ministre de la Santé et cancérologue, ajoute : « Le même problème s'est posé pendant des années avec la morphine, un autre antidouleur important, interdite pour des questions d'ordre moral. Cultiver et utiliser la marijuana est une
bonne chose, si c'est à des fins thérapeutiques. »
Ariel F. Dumont, à Rome
(ou : http://www.principesactifs.org/5504-2/ )
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Libération 18/9/14
http://www.liberation.fr/monde/2014/09/ … is_1103564
L'armée italienne va produire du cannabis 18 SEPTEMBRE 2014 À 19:36
L'HISTOIRE
«Etablissement chimique et pharmaceutique militaire». C'est le nom de la caserne spéciale de Florence qui va produire du cannabis pour le secteur civil dès 2015. Jeudi, à Rome, la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin, et la ministre de la Défense, Roberta Pinotti, ont signé un accord en ce sens.
«Il s'agit de produire des médicaments pour des pathologies extrêmement graves, comme la sclérose en plaques, ou pour la thérapie de la douleur», a déclaré Mme Lorenzin. «Il ne faut pas y attribuer une quelconque valeur idéologique ou culturelle, il s'agit d'une opération uniquement dans l'intérêt des malades», a-t-elle tenu à
préciser.
Entre 80 et 100 kg de principe actif seront produits chaque année, et les pharmacies locales et hospitalières se chargeront de le transformer en médicaments. Actuellement, un seul traitement contre la sclérose multiple à base de cannabis est disponible en Italie. La ministre de la Santé entend réduire les coûts de l'importation
(15 euros le gramme) et la longueur des procédures.
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Bulletin IACM du 8/9
Allemagne: Pétition au Bundestagen pour le cannabis médical
Depuis le 13 août 2014, il est possible de signer une pétition formulée par le docteur Franjo Grotenhermen, président de l'association allemande « Association for Cannabis as Medicine ». La fin de la période de signature est le 10 septembre. 50.000 signatures doivent être collectées pour que le comité des pétitions discute. Les citoyens de toutes les nationalités de tous les pays peuvent signer et sont même invités à le faire. La pétition a deux buts. Les médicaments à base de cannabis devraient être pris en charge par le système de santé, et les
patients titulaires d'un certificat de leur médecin déclarant qu'un traitement à base de cannabis leur est nécessaire, ne devraient plus être poursuivis pour possession illégale de cannabis.
<[url="http://www.cannabis-medizin-petition.de/>Grotenhermen's
website on the petition"]http://www.cannabis-medizin-petition.de/>Grotenhermen's
website on the petition[/url]
<[url="http://epetitionen.bundestag.de/petitionen/_2014/_05/_30/Petition_52664.nc.html>Signing
of the petition on the website of the German
Bundestag"]http://epetitionen.bundestag.de/petitionen/_2014/_05/_30/Petition_52664.nc.html>Signing
of the petition on the website of the German
Bundestag[/url]
<http://www.principesactifs.org/bulletins-iacm-2014/>http://www.principesactifs.org/bulletins-iacm-2014/
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http://www.courrierinternational.com/ar … e-cannabis
ÉTATS-UNIS
Distribution gratuite de cannabis COURRIER INTERNATIONAL 29 AOà›T 2014
Les dispensaires de marijuana thérapeutique de Berkeley, en Californie, sont désormais obligés de fournir gratuitement du cannabis aux patients à faibles revenus et aux sans-abri, pour une équivalant à 2 % de leurs ventes sur l'année.
L'ordonnance municipale, votée début juillet, concerne tous les patients ayant des revenus inférieurs à 32 000 dollars par an. "Les dispensaires n'auront pas juste à fourguer leurs restes de mauvais cannabis, fait remarquer The Verge, ils devront distribuer de l'herbe d'aussi bonne qualité qu'aux clients payants."
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Les overdoses d'opiacés diminuées d'un quart dans les États américains qui légalisent le cannabis thérapeutique
Le Quotidien du Médecin - 28/08/2014
Le taux annuel d'overdoses d'opiacés est diminué de 25 % dans les États américains qui ont légalisé la consommation de cannabis thérapeutique, selon
<http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1898878&resultClick=3>
une étude américaine parue dans le « JAMA Internal Medicine ». Ces résultats suggèrent que l'introduction du cannabis au côté des opiacés dans l'arsenal de lutte contre les douleurs chroniques liées aux cancers ou à la sclérose en plaques limite bien les risques de mésusage d'antalgiques.
Marcus Bachhuber, de l'Université de Pennsylvanie, et ses collègues, sont parvenus à ces conclusions en compilant les données des Centre for Disease Control and prevention américains (CDC) de 50 États. Leurs travaux concernent la décennie écoulée entre 1999 et 2010, période au cours de laquelle le nombre d'États autorisant la prescription de marijuana est passé de 3 (Californie, Oregon et Washington) à 13, 10 autres États ayant adopté une législation similaire depuis la fin de l'étude, dont le District de Columbia. Les États ayant une
législation en faveur de la prescription de marijuana, avaient un taux annuel de mortalité par overdose d'opiacé inférieur de 24,8 % par rapport à ceux qui n'avaient pas adopté de telles lois. En outre, cette diminution était d'autant plus importante que la loi était ancienne. Une
baisse était également observée dans les états qui n'autorisent pas le cannabis thérapeutique mais qui ont recours à un programme de contrôle des prescriptions d'opiacés.
Le cannabis thérapeutique autorisé dans 23 États sur 50
En 2010, on dénombrait dans les États ayant légalisé la marijuana 1 700 overdoses d'antalgiques opiacés de moins que ce qu'ils auraient connu sans cette nouvelle législation. Les analystes expliquent qu'ils ont pris en
compte les efforts de régulation des prescriptions d'opioïdes consentis par les divers États, mais aussi des facteurs sociaux comme les taux de chômage. L'étude précise cependant que 60 % des patients morts d'une overdose récensés dans les bases de données des CDC étaient en possession d'une prescription valide pour des
antalgiques opioïdes. « L'adoption de lois autorisant le cannabis thérapeutique ne pourrait rien pour les 40 % restant », concèdent les auteurs.
Les mécanismes derrière cette tendance restent peu clairs et, de l'aveu même des auteurs, il n'est pas encore certain qu'il existe un lien direct de cause à effet entre accès au cannabis médical et risque d'abus d'antalgiques prescrits aux patients. Ils estiment néanmoins que leurs résultats montrent, a minima, l'existence d'un lien, et qu'il faut explorer la manière dont la prescription de marijuana influence le comportement les patients souffrant de douleurs chroniques.
Des lois très hétérogènes
Dans les États américains qui l'autorisent, le cannabis est indiqué dans le traitement symptomatique du cancer et de la sclérose en plaques. Les lois en vigueur dans ces différents États sont très hétérogènes, avec notamment des profils de patients éligibles très divers. Ces différences rendent délicate l'interprétation des
résultats publiés dans le « JAMA Internal Medicine ».
« Des lois encadrant la prescription de marijuana médicale constituent une approche prometteuse pour réduire le risque d'accident lié à la prise d'opioïdes », estiment tout de même Marie Hayes de l'université du Maine, et Mark Brown, du centre médical de l'est du Maine, dans un commentaire associé à l'article.
<http://archinte.jamanetwork.com/article … ltClick=24>
Ces deux contributeurs rappellent que « la prescription d'opioïdes aux patients souffrant de douleurs chroniques est problématique. Ils provoquent des effets secondaires quand ils sont utilisés pendant de longues périodes comme l'habituation, l'hyperalgésie ou des complications gastro-intestinales ».
Damien Coulomb
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http://www.romandie.com/news/Fait-chier … 520144.rom
"Fait chier, je me casse": une journaliste démissionne en direct
"Fait chier, je me casse": une journaliste d'une chaîne de télévision de l'Alaska a quitté son poste en direct après avoir promis de se battre pour la légalisation du cannabis dans cet Etat américain, laissant sa consoeur dans l'embarras. Elle a ensuite été licenciée.
Charlo Greene a pris tout le monde par surprise.Juste à la fin de la présentation d'un sujet sur un commerce de marijuana en Alaska, la jeune reporter de KTVA 11 News a soudain révélé qu'elle était la véritable propriétaire de cette entreprise.
"Tout ce que vous avez entendu (dans ce sujet) est la raison pour laquelle, en tant que véritable propriétaire du Alaska Cannabis Club, je compte dédier toute mon énergie dans la lutte pour la liberté et l'équité, ce qui commence par la légalisation du cannabis en Alaska", a-t-elle lancé face à la caméra.
"Quant à mon travail ici, et bien, ce n'est pas que j'ai beaucoup de choix, mais fait chier, je me casse", a ajouté Charlo Greene dans un haussement d'épaules, quittant le plateau avec ses notes à la main.
"Je voulais attirer l'attention"
La caméra est revenue aussitôt sur la présentatrice de télévision qui, médusée, le visage rouge, a bafouillé quelques mots d'excuse, tenté de rendre l'antenne, avant finalement d'enchaîner sur un autre sujet.
Charlo Greene a expliqué plus tard au "Alaska Dispatch News" qu'elle souhaitait mettre l'accent sur une mesure visant à légaliser le cannabis à des fins médicales dans l'Etat, qui sera mise au vote en novembre.
"Je voulais attirer l'attention dessus", a souligné la journaliste. "Si j'ai offensé quelqu'un, je m'en excuse, mais je ne veux pas m'excuser pour le choix que j'ai fait", a-t-elle ajouté.
Le cannabis à usage médicinal est autorisé dans 23 Etats américains plus la capitale fédérale Washington. Les Etats du Colorado et de Washington sont devenus les deux premiers à en légaliser la possession de petites quantités à des fins récréatives.
(ats / 23.09.2014 00h58)
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EXPO, CULTURE
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Irun : le cannabis a son salon et pose de vraies questions 13/9/2014 12:57:00 PM ExpoGrow 2014
Le cannabis tient salon jusqu'à ce soir, à Ficoba. Entretien avec Laurent Appel, présent pour animer une conférence.
Le salon du cannabis ou chanvre, Expogrow se tient depuis vendredi et jusqu'au aujourd'hui à Ficoba (<http://expogrow.net>). Un paradoxe, puisque si sa tenue est légale en Espagne, elle ne le serait pas - dans cette forme - à 500 mètres de là , en France. Présent pour un exposé sur la réduction des risques, Laurent Appel est auteur et réalisateur de documentaires sur la politique des drogues et plus particulièrement sur le cannabis. Il est membre de l'Asud.
« Sud Ouest ». Qu'est-ce que l'Asud ? Laurent Appel. L'Asud (Auto-support des usagers de drogues), est une association de réduction des risques qui est née lors de l'épidémie de Sida. Elle représente les usagers dans le système de santé face aux autorités. Quelle est la place du cannabis aujourd'hui dans la société ?
C'est d'abord, et ce salon en est l'exemple, une économie bien réelle. Les gens tiennent des boutiques de lampes, d'hydroponie, de matériel pour fumeur, etc. Elle existe aussi en France. On est à deux pas d'Hendaye et si les exposants sont internationaux, certains sont français et de nombreux visiteurs vont venir pour commander pour des magasins en France. Le « cannabusiness » existe déjà et il est légal, puisqu'il ne vend
pas directement la matière et n'incite pas forcément à le faire. Mais on peut trouver tout ce qu'il faut pour le produire et le consommer, à la fois dans des magasins fixes, mais surtout sur Internet. Ces foires permettent aux gens, en contact via le Net, de se rencontrer. Mais le marché du cannabis et des drogues, comme pour
tous les produits, va vers la livraison à domicile.
D'où vient le cannabis consommé en France ?
Le journal « Le Monde » a fait paraître une enquête (« L'Émergence du cannabis made in France », 10 mai 2014, NDLR) qui a dû inquiéter les paysans marocains. Pour la première fois, toutes les études, y compris celles de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies, montrent que la production de la résine marocaine est tombée à 1/3 en dessous du marché. C'est l'herbe soit « autochtone », de producteurs français, à la maison, au
plus près du marché, ou européennes (Pays-Bas, Belgique, Albanie, Espagne) qui alimentent une grande partie du marché français, avec de la fleur de cannabis, l'herbe, mais aussi le haschich et l'huile, des concentrés de plus en plus populaires. ça réduit les volumes et facilite les envois postaux. Ce n'est plus exclusivement les pays du Sud qui livrent vers le Nord. Mais ça a aussi des conséquences, notamment l'importation de la violence pour le contrôle des productions.
Que prône votre association ?
Il est de dire que la prohibition n'a pas démontré qu'elle protégeait le consommateur, ni pour sa santé, ni pour sa sécurité, ni pour la sécurité publique. En disant « ne consommez pas », on ne donne pas les bons réflexes aux gens quand ils consomment. Si on veut créer une éducation autour du cannabis, on ne peut plus rester dans la prohibition dure. Appelons plutôt à la vigilance de consommation.
Quid de l'aspect médical du cannabis ?
C'est lié. Pour que l'on puisse travailler sereinement avec les malades, il faut qu'il y ait une régulation du récréatif. Il y a beaucoup de choses à faire avec le cannabis médical. En soins palliatifs, certaines personnes préféreraient avoir du cannabis plutôt que de la morphine. Et sur les cancers spécifiquement, il y a notamment
le docteur Manuel Guzmà¡n à Madrid, qui pense que certains composés cannabinoïdes attaquent certains types de tumeurs. Au sein du salon, il y a des gens qui collectent de l'argent pour la recherche médicale et le cannabis. Ne nous privons pas stupidement de développer ces aspects.
Source : http://www.sudouest.fr
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http://www.liberation.fr/monde/2014/09/ … is_1100501
Irun accueille à bras ouverts les Français fans de cannabis14 SEPTEMBRE 2014
HISTOIRE
C'est à moins de deux cents mètres d'Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), juste après la frontière, mais là , en Espagne, le cannabis est légal. A Irun, pour la troisième année, Expogrow, premier salon transfrontalier du cannabis, vise essentiellement les consommateurs hexagonaux, venus par milliers, sur fond de débat sans fin en France sur la légalisation du cannabis. «Notre foire est très axée sur la France, c'est un pays de grands consommateurs même s'il y règne une grande hypocrisie au sujet du cannabis», explique Thomas Duchêne, organisateur français de la foire et dirigeant de deux entreprises du secteur, Plantasur et Kannabia, basées en Espagne, où la comme la consommation de cette herbe ont désormais pignon sur rue.
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Libération 16/9/14
http://www.liberation.fr/societe/2014/0 … ss_1101166
A Expogrow, «cannabusiness» is business HENRY ENVOYÉ SPÉCIAL À IRUN (ESPAGNE)
Une feuille de marijuana. (Photo David McNew. AFP) REPORTAGE
A la frontière franco-espagnole, la foire du cannabis organisée par un Français témoigne de l'hypocrisie hexagonale et de la ferveur pour l'autoculture artisanale.
Expogrow ? La fête à Neu-Neu de la beuh. Dès Hendaye, au bistrot, des locaux s'étonnaient de son succès, samedi : «C'est le "week-end cannabis" à Irun. Tous les hôtels sont pleins. Dingue !» Finauds, les organisateurs, désireux de cibler la clientèle française, indiquaient que la troisième «foire au cannabis» se déroulait «à dix minutes à pied de la gare de Hendaye». Effectivement. A peine traversé la Bidassoa, le fleuve qui marque la frontière franco-espagnole, on est au Ficoba, le palais des expositions d'Irun, où il y a, dès le matin, la queue, avec des visiteurs payant 15 euros l'entrée qui s'émerveillent : «Ça fait un choc, Amsterdam
puissance 10, à deux pas de la France !» «Le Colorado à moins d'un kilomètre de la frontière !» enchérit une autre, en référence à l'Etat américain qui vent de légaliser le cannabis.
Plus de 100 exposants, 17 000 visiteurs revendiqués, entre les professionnels et le public, dont 50% de Français : baignant dans de permanentes effluves cannabiques malgré les affiches «interdit de fumer», Expogrow, prohibé aux moins de 18 ans, a confirmé la bonne santé du «cannabusiness» et de l'autoculture, affichant au grand soleil du Pays basque espagnol une économie qui préfère habituellement l'ombre du Net. Pour Laurent Appel, journaliste spécialisé et activiste, «Expogrow, c'est l'occasion de se voir dans la vraie vie, alors que le reste de l'année, on est en contact via Internet».
Hébergé dans cette Espagne tolérante, où la culture de cannabis à titre privé et artisanal est tolérée et le commerce des semences a pignon sur rue, Expogrow est un pied de nez à l'hypocrisie de la France, où rien n'est permis mais tout se pratique. L'Hexagone compte 4 millions de consommateurs, dont peut-être 200 000
planteurs condamnés à la clandestinité. Cette feria comparable à la Spannabis de Barcelone est organisée par un Français désireux de «joindre les deux pays», Thomas Duchêne. Etabli à Grenade, il mène avec succès le commerce des semences via son entreprise Plantasur, qui exporte dans 40 pays et fait travailler une soixantaine d'employés. A Expogrow, Thomas Duchêne associe le festif (avec des concerts jusqu'à 3 heures du matin) et des débats de fond à du commercial classique, comme dans une foire au vin : «On est un jeune secteur, dit-il, mais on se développe partout, il y a une vraie mondialisation, et ça fait vivre des gens.»
Pour lui, l'autoculture artisanale «est une solution contre la criminalité et le deal de rue», même si on refuse de le voir : «En France, il y a la théorie et la pratique, assure-t-il. Un jour, la pratique prendra le pas sur la théorie,
les politiques devront s'adapter à la société et à son évolution.»
Ventilation. A Expogrow, le petit peuple de l'herbe pouvait, de vendredi à dimanche, tout voir, tout tester, sur 12 000 m2 d'exposition. Il y avait des infos sur les applications thérapeutiques du cannabis, les rince-bouche pour déjouer les tests salivaires, les derniers vaporisateurs pour consommer plus sainement. La vedette du salon ? Le Sublimator, outil à 600 euros créé après «six ans de travail» par l'euphorique Québécois Enrico Bouchard. Il a eu beau nous expliquer, désolé, on n'a rien capté à son système de «biogazification» via une
«distillation fragmentée» qui «casse la molécule à travers un atomiseur». Mais vu les yeux des testeurs après leurs aspirations goulues, le Sublimator a l'air de faire le job et de bien casser la tête. «70% de produit
organique en moins pour 70% d'effets en plus !» vantait Bouchard.
Entre les stands, on découvrait aussi les semences, les ustensiles de jardinage, les tentes de culture d'intérieur, les lampes, les systèmes de ventilation, les bacs hors-sol pour la culture hydroponique, les engrais. Parti de zéro au début des années 2000, le business de l'autoculture navigue désormais à vitesse de croisière après
une douzaine d'années de croissance soutenue. Ses entrepreneurs sont très contents, comme ces deux
Espagnols fondateurs d'Alchimia : ils étaient militants antiprohibition, et quand le marché de la semence a décollé, ils s'y sont mis, avec succès. «Pour nous, disent-ils, l'autoculture, c'est la liberté du consommateur. Sinon, c'est le marché noir, avec les risques pour la santé et les mafias. On ne comprend pas que les politiques
ne puissent pas voir ça.»
Alchimia anime également un site internet de commerce et d'échange d'infos, où travaille Marcel, un Français de 31 ans. «On a quelques dizaines de milliers de visites par jour sur nos sites», explique cet ex-informaticien. Pour Laurent Appel, le marché «n'est plus au stade expérimental», mais il y a un gros hic pour ceux qui cultivent en extérieur : «En septembre, tout le monde se fait voler sa récolte», déplore Marcel. «Les braqueurs arrivent masqués et armés et ramassent tout, raconte Appel. Dans certaines parties du monde, t'as intérêt à avoir ta kalach, sinon tu plantes pour les autres.»
Paradoxe. En France, les autoproducteurs «ont juste envie d'être peinards», explique Kshoo, du Collectif d'information et de recherche cannabique (Circ) : «Et même s'ils pouvaient payer des taxes, ils seraient d'accord. Ils ne se sentent pas des voyous.» Le Circ milite pour l'instauration d'un marché régulé, tout en
distribuant à Expogrow des dépliants informatifs prévenant utilement des dangers du cannabis - un paradoxe, dans un monde qui n'en manque pas.
En France, un des pays au monde les plus consommateurs de cannabis, on cultive surtout l'hypocrisie, question autoproduction. Le «cannabiculteur» peut - comme tout jardinier - acheter ce qu'il lui faut dans les «growshops», près de 350 commerces répertoriés. Mais le commerce des semences de cannabis, ingrédient
principal et coûteux (souvent plus de 6 euros pièce), y est interdit. Et les grow-shops n'ont officiellement aucun rapport avec la culture de l'herbe. «On ne fait rien d'illégal, au contraire !» dit un grossiste hilare, dont le slogan
proclame «Just grow it» («faites pousser»). Arnaud, qui vend du matériel anglais de jardinage à ces grow-shops, explique : «Officiellement, ils ne savent pas ce que leurs clients en font, alors que, à 80%, c'est pour cultiver du cannabis. Seulement, il ne faut pas en parler.»
Du coup, le cultivateur n'a pas forcément de réponse à ses questions, comme le raconte un aide-soignant de 36 ans venu à Irun pêcher des infos - et du matos : «Ici, on m'explique qu'il ne faut pas consommer une récolte qui a été infestée par des araignées rouges, ça peut être toxique.» Vous voilà prévenus. Arnaud le grossiste a ainsi vu, ce week-end, des Français «venus de Clermont-Ferrand, huit heures en bagnole», pour «se renseigner et faire la fête».
Autre exposant, un Breton qui fournit des pipes à eau à des tabacs dans l'Hexagone raconte son marché : «On n'a pas le droit de mettre un logo de feuille d'herbe en décoration, mais le reste est toléré. Le système est totalement hypocrite.» Si certains bureaux de tabac tiquent, la plupart prennent ses produits, vu qu'ils se vendent. «Des fumeurs, il y en aura toujours», dit-il.
Egalement exposant, Victor, Français de 29 ans, s'est lui lancé dans la production de graines baptisées «French Touch Seed», qu'il présente comme françaises. En fait, il est installé en Espagne. «On arrive un peu tard sur le marché, mais on vend quand même aux Pays-Bas, en Amérique du Sud, en République tchèque» Ancien
informaticien, Victor assure : «Je reçois plein de demandes de jeunes Français qui veulent travailler avec nous. Il y a un bouillonnement de talents en France qui ne demandent qu'à s'exprimer.» Il en est sûr : «Il y aura forcément une évolution législative. On ne va pas rester comme ça à la traîne ! Et, vous verrez, ça passera beaucoup mieux que le mariage gay, sans manifs dans les rues.» Autre argument : «Partout, c'est la crise. Alors que vous voyez le dynamisme de ce secteur ? C'est professionnel, il y a de l'argent. Et nous, Français, on a un avantage sur les Espagnols : on est plus rigoureux. Dans le secteur de la fumette, il faut de la rigueur.»
Légion d'honneur. De la rigueur, un autre Français trentenaire et jovial en a fait preuve, apparemment. X (respectons son anonymat, lui préférerait être célèbre) raconte qu'il a gagné un prix international au printemps pour sa semence bio de cannabis. Mais aucune légion d'honneur n'orne son polo en chanvre. Agé de 32 ans, X reste anonyme dans son pays, pour ne pas être embêté, alors qu'à Irun, on le félicite :
«Tous les "breeders" [cultivateurs, ndlr] viennent me serrer la main ! J'ai battu des Américains, des Espagnols, des Hollandais. Je suis très fier !» Il envisage néanmoins de s'installer en Espagne, contraint et forcé : «C'est un comble. Mais ici, les producteurs veulent que je m'associe à eux.» France, ton talent fout le camp.
Michel HENRY Envoyé spécial à Irun (Espagne)
Repères. Foire du cannabis
«L'usage du cannabis ne facilite pas la mémorisation ni la concentration [Å ]. Ne consommez pas avant d'aller en cours ni pour travailler sur des machines.»Le collectif d'information et de recherche cannabique (Circ) dans un document de prévention "Cannabis fait maison".
Dans une étude de 2008, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) estimait que 1 joint sur 9 était d'origine française. L'autoculture produirait 32 tonnes par an, soit environ 12 % du marché, ce qui représente plus d'un million de plants. Des chiffres à prendre avec des pincettes, pour une activité clandestine. On évalue les cannabiculteurs de 100 000 à 200 000 en France, qui plantent seuls, ou en groupes d'amis. Il existe aussi une culture industrielle dans des fermes, destinée au trafic.
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DÉBAT SUR LA LÉGALISATION
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http://france3-regions.francetvinfo.fr/ … 42474.html
Légalisation du cannabis: des responsables urugayens expliquent leur modèle à Paris
FRANCE 3 PARIS ILE-DE-FRANCE Des responsables uruguayens sont invités à Paris pour partager leur expérience sur la légalisation du cannabis, en vigueur dans leur pays depuis décembre. Mardi, avant la tenue de leur réunion publique, ils ont réfuté vouloir en banaliser la consommation.Par Emilie Ton Publié le 02/09/2014 | 15:31, mis à jour le 02/09/2014 | 15:33
A l'initiative de l'association Aurore et en association avec la Fédération Addiction, une délégation uruguayenne est à Paris du 1er au 3 septembre 2014 pour y rencontrer les pouvoirs publics français et échanger avec les acteurs de terrain et leurs partenaires sur les politiques en matière de drogues.
Depuis décembre dernier, l'Uruguay a légalisé cette "drogue douce" sur son territoire. Pendant ces trois jours à Paris, l'idée des responsables uruguayens est d'expliquer la démarche entreprise dans leur pays. Composée de représentants des politiques publiques qui ont ¦uvré à l'élaboration et au vote de la loi pour la légalisation du cannabis, les membres de cette délégation rencontraient certains de leurs homologues français. Ensemble, ils participeront à une réunion publique mardi, de 17h à 20h à la mairie du 11e arrondissement de Paris.
Promotion d'un modèle qui "ne banalise pas l'usage du cannabis"
L'Uruguay, 3,3 millions d'habitants, est actuellement l'unique pays au monde à autoriser la culture, la distribution et la vente de marijuana sous autorité de l'Etat. Les premières ventes sont attendues début 2015. "Nous ne banalisons pas l'usage du cannabis, comme nous ne banalisons pas l'alcool et le tabac", a assuré Julio Calzada, du secrétariat national aux drogues, l'organisme uruguayen chargé de ces questions. Selon lui, la loi de son pays doit permettre "une meilleure prévention et une meilleure information" auprès des consommateurs.
"Eduquer, ce n'est pas promouvoir la consommation de drogue", a-t-il insisté. Il fait partie d'une délégation de responsables politiques et de professionnels uruguayens invitée par l'association française Aurore, qui souhaite
promouvoir le débat sur la consommation de , tout en adoptant, précise-t-elle, "une position neutre".
Le sénateur à l'initiative de la loi, Luis Gallo, fait valoir que "la légalisation ne signifie pas libération à outrance". En effet, le texte prévoit que l'Etat supervise toute la chaîne de production, de l'importation des semences à l'enregistrement des consommateurs, en passant par la culture et la vente en pharmacie. Selon
lui, cela "protège les habitants des risques liés aux trafics".
"La pensée est paralysée en France. Le cannabis est devenu un objet politique très compliqué à aborder", a regretté François Hervé, de l'association Aurore. "En parler, c'est être sûr de mécontenter 50% de la population, sans être certain de satisfaire les 50% restants."
Mi-août, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait réaffirmé l'hostilité du gouvernement à la dépénalisation du cannabis, tout en assurant être "favorable au plus large débat". Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 1,2 million de personnes fument régulièrement du cannabis (plus de 10 fois
par mois) en France. Le chiffre d'affaires du trafic est estimé entre 700 millions et un milliard d'euros.
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http://www.liberation.fr/terre/2014/09/ … es_1096502
Un New Deal mondial sur les drogues ? MICHEL HENRY 9 SEPTEMBRE 2014 À 10:01
ANALYSE
Des leaders internationaux soumettent ce mardi à Ban Ki-moon un projet pour «prendre le contrôle» de l'économie des stupéfiants, pointant l'échec de quarante ans de guerre contre le trafic.
Une belle brochette de personnalités va prendre place, ce mardi, au Musée d'art moderne de New York, autour de Kofi Annan, ancien patron de l'ONU. Notamment d'ex-chefs d'Etat et de l'ancien patron de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker. Il n'y sera pas question de culture mais de stupéfiants, avec un objectif ambitieux : fonder «un nouveau régime de contrôle des drogues au XXIe siècle». La Commission globale de
politique en matière de drogues deviendra ainsi «le premier groupe de grands leaders à réclamer des changements radicaux» en la matière. La Commission en question n'en est pas à son coup d'essai : un premier rapport, en 2011, avait fait grand bruit en enfonçant les premiers clous sur le cercueil de l'inefficace «guerre aux drogues» menée depuis quarante ans, sous l'impulsion des Etats-Unis, à coups de centaines de milliards de
dollars d'argent public. Mais cette fois, elle veut aller plus loin. Il ne s'agit plus de dénoncer et de lancer le débat : il faut passer à l'action agir, introduire des changements drastiques dans la politique planétaire sur les
drogues.
Aréopage. Son leitmotiv donne son titre au rapport publié mardi : «Prendre le contrôle» des drogues plutôt que continuer à subir la situation et ses dérives - marché noir, règlements de comptes, trafic et consommation en hausse, corruption. Pour cet aréopage de sommités unies dans le pragmatisme et dont les avis ont d'autant
plus de poids qu'ils émanent de personnalités hautement respectées, la guerre antidrogue menée à l'initiative de Richard Nixon est «perdue». Le régime de contrôle «ne fonctionne pas» puisque les drogues illégales sont toujours aussi disponibles et les consommateurs aussi nombreux. Pour son président, Fernando Henrique Cardoso, ex-chef d'Etat brésilien, «le changement est non seulement nécessaire, mais aussi réalisable». La
Commission suggère un changement de paradigme : mesurer une politique par le «nombre d'hectares de cultures interdites détruits, la quantité de drogue saisie et le nombre de personnes arrêtées, poursuivies, condamnées et incarcérées» n'est plus approprié, puisque ces mesures n'ayant pas atteint les résultats positifs escomptés». La prohibition a de plus créé des effets pervers : les lois punitives «ont engendré de la violence,
rempli les prisons et érodé la gouvernance partout dans le monde», sans compter les dégâts sanitaires. Mais Cardoso prévient qu'il n'y a pas de solution miracle : «Les réponses simplistes au problème des drogues n'existent pas», de même qu'il n'y a «pas de voie unique». Le progrès viendra d'expérimentations, avec leur part d' «erreurs» inévitables.
L'avantage, c'est que les mentalités en la matière évoluent, ce qui réjouit et la Commission s'en réjouit : «Dans le monde entier, tenir un débat sur la réglementation légale du cannabis -voire d'autres drogues - devient quelque chose de normal.» Sauf en France, serait-on tenté de corriger, où le poids des tabous, des préjugés et
des fantasmes empêche toute lucidité. Mais même si l'Hexagone reste à l'écart, ce débat «n'est plus purement théorique» : des modèles de réglementation légale du cannabis se mettent en place aux Etats-Unis (où le Colorado et l'Etat de Washington l'expérimentent depuis 2014), et en Uruguay, dès 2015.
«Ceintures». Il faut ainsi «appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés de actuellement interdites», comme le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psycho-actives (drogues de
synthèse).
La Commission ne se prononce pas pour une légalisation : le terme laisse croire à une libéralisation sauvage, sans contrôle alors qu'il s'agit d'établir des règles strictes sous surveillance de l'autorité publique, comme cela
se fait dans de nombreux domaines. «Les gouvernements réglementent tout, de la consommation d'alcool et de cigarettes aux médicaments, en passant par les ceintures de sécurité, les feux d'artifice, les outils électriques et les sports à haut risque», rappelle-t-elle. Autre avantage : réglementer permet de diminuer les risques dangers pour les usagers, et cela vaut pour différents produits. La Suisse pratique ainsi depuis de nombreuses années la prescription légale d'héroïne pour les usagers consommateurs les plus dépendants : un succès, au point que les Pays-Bas, l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada lui ont emboîté le pas. Quant à la Nouvelle-Zélande, elle autorise depuis 2013 la production et la vente de certaines drogues de synthèse «à faible risque», toujours dans un cadre réglementaire strict, pour contrer leur prolifération sauvage via Internet.
D'une manière plus générale, la Commission prône une approche de santé publique pour les consommateurs : il faut «cesser de criminaliser l'usage et la possession de drogues» et trouver «d'autres options que l'incarcération pour les acteurs non violents du bas de l'échelle du trafic de drogue , tels les fermiers et les passeurs». Elle espère peser de tout son poids sur la politique planétaire qui sera discutée lors de la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies sur les drogues, en 2016. Ce mardi après-midi, ses membres l'expliqueront de vive voix à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, qui doit
les recevoir. Michel HENRY
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http://www.lemonde.fr/sante/article/201 … 51302.html
D'anciens présidents appellent les Etats à prendre le contrôle du marché des drogues
Le Monde.fr | 09.09.2014 à 18h54 * Mis à jour le 09.09.2014 à 19h50 Par Paul Benkimoun
Dans un rapport rendu public, mardi 9 septembre, à New York, la Commission globale sur la politique des drogues formule des recommandations afin de réorienter radicalement les stratégies nationales en la matière. Inscrit dans la perspective de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies (Seagnu)
qui, en 2016, sera consacrée à la politique des drogues, le document prône l'abandon des politiques uniquement fondées sur la répression, qualifiées d'échec, en donnant la priorité à la santé publique. Il invite à la régulation par les Etats, en cessant de criminaliser l'usage et la possession de drogues, et pas seulement le
cannabis. Concrètement, « réglementer les marchés de la drogue pour donner le contrôle aux gouvernements ». La Commission rassemble l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, les ex-présidents du Brésil, du Chili, de la Colombie, du Mexique, de la Pologne, du Portugal et de la Suisse, et des personnalités comme l'écrivain Mario Vargas Llosa ou l'homme d'affaires Richard Branson. Ses membres affirment que la « guerre aux drogues » est perdue. « Après plus d'un siècle d'approche punitive, les faits sont accablants : loin d'avoir atteint ses propres objectifs, [le régime international de contrôle des drogues] a engendré de graves
problèmes sociaux et sanitaires », peut-on ainsi lire au début du document intitulé « Prendre le contrôle : sur la voie de politiques efficaces en matière de drogues ».
CATASTROPHES SANITAIRES
« La dernière Seagnu en 1998 fixait l'objectif d'un monde débarrassé des drogues en 2015 grâce à la prohibition. Le monde réalise que cette politique a surajouté aux dommages que créent les drogues des catastrophes sanitaires, comme l'infection par les virus du sida et ceux des hépatites, une violence sociale, en particulier en Amérique latine, et l'apparition de narco-Etats », affirme Michel Kazatchkine, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le VIH-sida en Europe de l'Est et en Asie centrale, et membre de la Commission. Ce constat a conduit en 2013 les présidents Santos (Colombie), Calderon (Mexique) et Molina
(Guatemala) à réclamer la convocation d'une nouvelle Seagnu, dans un contexte marqué par une accélération du débat. Aux Etats-Unis, 17 Etats ont décriminalisé la possession pour usage personnel de cannabis à des fins non médicales.
Les Etats de Washington et du Wyoming ont légalisé l'usage récréatif du cannabis et l'Alaska, la Floride et le district de Columbia (celui de la capitale, Washington) en discutent.
POLITIQUES DE RÉDUCTION DES RISQUES
La décision de l'Uruguay de légaliser le cannabis n'a pas suscité les foudres de la Maison Blanche, jusque-là en première ligne pour la répression, qui a considéré qu'il s'agissait là d'une affaire intérieure. La Nouvelle-Zélande a adopté en 2013 une loi sur les substances psychoactives autorisant la production et la vente de certaines
d'entre elles considérées comme « à faible risque » dans un cadre réglementaire strict. « En Europe se sont développées des politiques de réduction des risques liés à l'usage de drogue qui ont fait la preuve de leur efficacité, mais il persiste une énorme timidité lorsqu'il s'agit de mener le débat politique, notamment sur l'ouverture de salles d'injection », remarque Michel Kazatchkine. Le rapport appelle donc à remplacer « les mesures cruelles dérivant d'idéologies punitives » par « des politiques humaines et efficaces basées sur les preuves scientifiques, les principes de santé publique et les droits de l'Homme ». La Commission estime qu'il « s'agit là de la seule manière de réduire à la fois la mortalité, la morbidité et les souffrances liées à la drogue et à la violence, ainsi que la criminalité, la corruption et les profits illicites favorisés par les politiques prohibitionnistes inopérantes ». Evoquant « des milliards gaspillés et des économies minées », le rapport affirme : « Le coût public des politiques que nous défendons est faible comparé aux coûts directs et indirects du régime actuel. »
CESSER DE CRIMINALISER L'USAGE ET LA POSSESSION
En pratique, la Commission avance plusieurs recommandations, à commencer par celle de réorienter les priorités et les ressources en direction des « interventions sanitaires et sociales éprouvées » et celle d'assurer « un accès équitable aux médicaments essentiels, en particulier les analgésiques à base d'opiacés ». Le rapport demande de « cesser de criminaliser l'usage et la possession de drogues, et de 'traiter' de force des personnes dont la seule infraction est l'usage ou la possession de drogues », comme cela a pu être le cas en Asie et
en Europe de l'Est. Il défend les options autres que « l'incarcération pour les acteurs non violents du bas de l'échelle, tels les fermiers et les passeurs, entre autres personnes engagées dans la production, le transport et la vente de substances illégales ». S'y ajoute la proposition de « viser en priorité une réduction du pouvoir des organisations criminelles et de la violence et de l'insécurité engendrées par la concurrence entre elles ainsi qu'avec l'Etat ».
ACCÈS LÉGAL MAIS RESTREINT
La Commission souhaite la mise en place d'expériences préalables à un « accès légal mais restreint à des drogues qui, à ce jour, ne sont disponibles que dans la clandestinité ». Pour cela, elle suggère de « permettre et appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés de drogues actuellement interdites, en commençant, sans s'y limiter, par le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psychoactives (drogues de synthèse) ». Pour la Commission, la Seagnu prévue en 2016 doit être une occasion de « réformer le régime mondial des politiques en matière de drogues ». Reste à savoir si cet appel à débattre sera entendu.
Paul Benkimoun
Journaliste au Monde
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http://www.lemonde.fr/planete/article/2 … _3244.html
Drogues : d'ex-présidents appellent les Etats à libéraliser sous contrôle le marché
LE MONDE | 10.09.2014 à 11h05 * Mis à jour le 12.09.2014 à 10h34 Par Paul Benkimoun
Dans un rapport rendu public mardi 9 septembre à New York, la Commission globale sur la politique des drogues demande aux Etats de réorienter radicalement leurs stratégies et de prendre le contrôle des marcés de la drogue. Dans la perspective de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies (Seagnu)
qui, en 2016, sera consacrée à la politique des drogues, le document prône l'abandon des politiques uniquement fondées sur la répression en donnant la priorité à la santé publique. Il invite les Etats à réguler, en cessant de criminaliser l'usage et la possession de drogues. Concrètement, « réglementer les marchés de la
drogue pour donner le contrôle aux gouvernements. »
La commission rassemble notamment l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, les ex-présidents du Brésil, du Chili, de la Colombie, du Mexique, de la Pologne, du Portugal et de Suisse. Ses membres affirment que la « guerre aux drogues » est perdue. « Après plus d'un siècle d'approche punitive, les faits sont accablants : loin d'avoir atteint ses propres objectifs, a engendré de graves problèmes sociaux
et sanitaires », peut-on ainsi lire au début du document.
« RÉDUIRE LA MORTALITÉ, LA MORBIDITÉ ET LES SOUFFRANCES »
« En 1998, la précédente Seagnu fixait l'objectif d'un monde débarrassé des drogues en 2015 grâce à la prohibition. Cette politique a surajouté, aux dommages que créent les drogues, des catastrophes sanitaires comme l'infection par les virus du sida et ceux des hépatites, une violence sociale, en particulier en Amérique latine, et l'apparition de narco-Etats », affirme Michel Kazatchkine, envoyé spécial du secrétaire général
des Nations unies pour le VIH/sida en Europe de l'Est et en Asie centrale, et membre de la commission.
Le débat s'est accéléré. Aux Etats-Unis, 17 Etats ont décriminalisé la possession pour usage personnel de cannabis à des fins non médicales. Ceux de Washington et du Wyoming ont légalisé l'usage récréatif du cannabis. La Nouvelle-Zélande a adopté en 2013 une loi sur les substances psychoactives autorisant la production et la vente de certaines d'entre elles considérées comme « à faible risque » dans un cadre réglementaire strict. « En Europe se sont développées des politiques de réduction des risques liés à l'usage de drogue qui ont fait la preuve de leur efficacité, mais il persiste une énorme timidité, par exemple sur l'ouverture de salles d'injection », remarque Michel Kazatchkine.
La commission estime qu'il « s'agit là de la seule manière de réduire à la fois la mortalité, la morbidité et les souffrances liées à la drogue et à la violence, ainsi que la criminalité, la corruption et les profits illicites favorisés par les politiques prohibitionnistes inopérantes ».
RÉGULATION DU MARCHÉ
En pratique, la commission recommande de réorienter les priorités et les ressources en direction des « interventions sanitaires et sociales éprouvées » et d'assurer un accès équitable aux médicaments essentiels, en
particulier les analgésiques à base d'opiacés. Elle demande de « cesser de criminaliser l'usage et la possession de drogues, et de "traiter" de force des personnes dont la seule infraction est l'usage ou la possession de drogues », comme cela a pu être le cas en Asie et dans l'est de l'Europe.
Elle défend les options autres que « l'incarcération pour les acteurs non violents du bas de l'échelle, tels les fermiers et les passeurs, entre autres personnes engagées dans la production, le transport et la vente de substances illégales ». S'y ajoute la proposition de « viser en priorité une réduction du pouvoir des organisations criminelles, de la violence et de l'insécurité engendrées par la concurrence entre elles ainsi qu'avec l'Etat ».
Il ne s'agit pas de libéraliser totalement le marché des drogues mais de le réguler. La commission suggère des « essais dans des marchés légalement réglementés de drogues actuellement interdites, en commençant, sans s'y limiter, par le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psychoactives (drogues de
synthèse) ».
Paul Benkimoun
Journaliste au Monde
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