Bonjour,
Cela fait plusieurs années que je viens régulièrement sur ce site pour voir les témoignages de personnes qui sont en
sevrage ou tente d'arrêter la
codéine et le
tramadol mais je n'ai jamais participer. Cela me faisait un plus grand bien de voir que certains s'en sortaient et surtout de voir que je n'étais pas seule...
Je me suis donc toujours fais la promesse de témoigner si un jour je m'en sortais et aujourd'hui j'honore ma promesse en espérant pouvoir aider des gens autant que moi ça m'a aidé.
Tout à commencer quand j'avais 17 ans, je travaillais pour une pizzeria le soir après le lycée pour me faire quelques sous et un jour j'ai eu une forte migraine, mon patron m'a donné une plaquette de médicaments pour me dépanner, j'ai pris deux cachets de 500mg pensant que c'était des efferalgans "normaux" alors qu'ils étaient associés à de la
codéine.
La douleurs s'est dissipée en 15 minutes puis je me suis sentie toute bizarre et j'ai finis par vomir. Sur le coup, j'ai pensé que j'étais mal parce que j'avais pris des médicaments sans avoir manger avant.
Le lendemain, au travail, mon mal de tête revient, je reprends deux cachets mais en ayant manger cette fois et IDEM, je vomis une heure plus tard, je regarde cette fois ci la plaquette et je vois "efferalgan codeiné, uniquement sur ordonnance". Je fais quelques recherches sur le net et je comprends que c'est bien plus fort que du simple
paracétamol.
J'en ai plus repris jusqu'à mes 18 ans. Après mon bac, je suis partie poursuivre mes études dans une ville où je ne connaissais personne, j'ai retrouvé très vite un JOB étudiant et j'ai commencé à avoir des maux de dos insupportables, une dame qui travaillait avec moi avait des dizaines de boîtes d'IXPRIM (tramadol+paracétamol) qu'elle ne prenait plus et me les a toutes données. Au départ, j'en prenais une fois par semaine quand mes douleurs étaient vraiment aiguës, puis je me suis aperçue que j'étais plus joyeuse et plus sociable, j'étais à l'aise oralement donc pour mes examens oraux, j'étais moins stressée.
J'en ai pris de plus en plus jusqu'à 2 par jours quotidiennement.
Quand mes boîtes ont été épuisées, j'ai continué avec du codoliprane.
J'ai également vu un médecin pour mes douleurs: douleurs lombaires causées par une malformation rénale.
Ensuite j'ai été mise sous topalgic 100LP jusque février 2017 puis mon médecin traitant n'étant plus là, j'ai continué à prendre du codoliprane puisque vendu sans ordonnance. Et là nous arrivons à Juillet 2017, j'ai vu sur le net que désormais tous les produits contenant de la
codéine se serait vendus que sur ordonnance... Je me suis dis c'est le bon moment pour arrêté, il me restait 03 boîtes, j'ai diminué mes doses à 02 par jours pdt 03 jours puis 01 COMP pendant 03 jours puis j'ai coupé le comprimé en deux puis en 4, jusqu'à en prendre 01 par semaine.
Au départ, tu comptes les heures sans en avoir pris, tu analyses chaque symptôme, tu fais plein de recherches sur le net, tu as peur du symptôme de
PAWS. Personne n'a jamais été au courant de mon addiction, pas même mon mari, il voyait que je prenais souvent des médicaments et râlais mais il n'a jamais su.
La première semaine, j'ai eu la diarrhée chaque matin, mal au ventre, très mal au bas du dos, dans les reins, je pensais que c'était toujours du à ma malformation, j'étais agitée et je ressentais très fort le manque par contre j'arrivais à dormir, j'avais aussi de très forte migraine. Je me suis même rendue à l'hôpital ayant pris mon courage à deux mains et j'ai dit au DR que cela faisait longtemps que je prenais ce genre d'antalgique et que je souhaitais arrêter, je lui ai décrit mes symptômes de
sevrage dans l'espoir qu'il me donne qqch contre la diarrhée, pour le mal de tête, les
jambes sans repos... Il a été très froid avec moi m'expliquant qu'il ne comprenait pas pourquoi j'avais de tel antalgique quotidiennement, il m'a dit qu'il n'y avait rien à faire pour les désagréments du
sevrage (alors que je sais très bien que c'est faux) qu'il fallait juste attendre et m'a donné du doliprane 500mg LOL.
On comprend mieux pourquoi les toxicos ne s'en sortent pas...
Je suis sortie un peu humiliée mais au final, je me suis dit que c'était mon combat et que ça finirait par passer...
Aujourd'hui je ne prends plus rien et pourtant il me reste une boite pleine. Je n'ai plus mal à la tête, ni au dos, je ne me sens plus stressée et je suis beaucoup moins fatiguée. Je ne suis pas du tout déprimée et je n'ai plus d'attirance pour cette molécule. Après 07 ans de prise en continue, j'avais vraiment envie de décrocher mais très peur également.
Je sais que pour d'autres ce sera plus dur parce que si nous sommes attirés par cette molécule au point d'en prendre tous les jours juste pour se sentir bien c'est qu'il y a un soucis mais parfois il faut aussi tourner les choses d'une autre manière: les soucis que tu penses avoir sont aussi peut être dû au fait que tu es dépendant(e) à un produit.
Je n'ai pas de recette miracle mais voici ce qui m'a aidé alors que les médecins me tournaient le dos:
- Je buvais beaucoup d'eau pour bien irriguer mes reins et diminuer les douleurs rénales;
- J'ai pris de l'IMODI** pour la diarrhée
- J'ai pris un léger
antihistaminique sans ordo pour m'endormir rapidement le soir mais vu que je n'avais pas de troubles du sommeil, j'en ai pris qu'une fois
- Diminuer la
caféine- Prendre du
paracétamol pour les maux de tête
- Bien manger
- Ne pas rester seule à la maison, plus tu es occupé moins tu y pense
- Si jamais je ressentais vraiment le manque de manière insupportable, je coupais un cachet en deux et je croquais un tout petit bout que j'avalais avec de l'eau (je pense que c'était juste psychologique mais bon ça marché). L'envie va disparaître au bout de 15 jours (en tout cas pour moi).
- Commencer à chercher des médicaments qui vous soulageront dans le futur quand vous aurez vraiment besoin d'un antalgique. Je m'explique: J'ai des règles très douloureuses que le
Tramadol résorbait très bien, j'avais très peur que lors de mon prochain cycle, je reprenne ces cachets et que l'addiction revienne. Au final, j'ai opté pour un IBUPROFEN, je n'aime pas trop ça car ça donne mal au ventre mais bon, on ne peut pas tout avoir ;-) J'en prends juste 1/jours pdt les deux premiers jours et ça passe.
Voilà, je tiens à préciser que je ne fume pas (sauf en soirée très rarement), je ne prends pas d'autres drogues, je n'ai même jamais essayé. J'ai 25 ans, je travaille et je suis mariée. Je n'ai pas eu de traumatisme dans mon enfance ou alors c'est vraiment enfoui dans mon subconscient lol. Tout ça pour dire que la pharmacodépendance peut toucher toutes les classes et milieux sociaux.
Bon courage à tous ceux qui passent par là mais la délivrance est la meilleure des récompense.