Oxy - cannabis - TSO

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Amarnath homme
Ni ceci Ni cela
Inscrit le 26 Jan 2014
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Bonsoir Fil et autres éventuels lecteurs ou trices.

Je vais être un peu plus explicite sur mon parcours sans trop trop rentrer dans les détails, car cela risque de ressembler à  un vieux polar mal écrit.

Alors voilà , depuis le plus jeune âge, élevé dans l’athéisme, j’ai toujours eu une perception du monde un peu spirituelle et certaines drogues m’ont rassuré plus tard sur mon absence de folie.

Vers l’âge de 21-22 ans  (ne pas lire 2122 ans, je suis plus jeune que ça) lors d’une soirée cannabis, j’ai vécu ce que certains appel, un état d’éveil.
Ce fut une expérience très vivante mais vraiment effrayante puisqu’un sentiment de vide et de mort intérieure, s’est imposée à  ma personnalité construite sur du sable. Les idées que nous maintenons sur nous-même sont si fragiles et si passagères que nous sommes dans le droit de nous poser la question sur la réelle existante et consistance de ce que nous appelons ”moi”.

J’ai eu le droit de rester dans ce genre de perception en dents de scie et la peur fut la gagnante car j’eu recours, à  l’époque, à  la consommation de benzo et compagnies.
Trois années plus tard, avec une consommation hallucinante, un soir, j’ai voulu acheté du shit dégueulasse à  des mecs dans la rue, mais qui ont préférer me poignarder pour me voler mon fric plutôt que de me vendre du cirage. J’aurai bien voulu du cirage. Au lieu de cela je suis resté dans le cirage pendant plus d’un an et demi, avec complication sur complication, ma santé foutait le camp !
Le jour de mon hospitalisation en urgence vers 1 h du matin, je me suis retrouvé en phase de sevrage totale pour : cigarette, cannabis, benzol (tranxen 50 X 8 / jour + tercian 118 299 gouttes / j …) sans qu’aucun médecin ne le sache. Les crampes intestinales furent si fortes qu’au milieu de la nuit, un chirurgien est venu m’opérer pensant à  une autre hémorragie interne. Ouf non il n’ y a rien (mise à  part ce qu’il y a déjà  !!!).
Ce fut un souvenir des plus atroce dans ma vie, car j’ai vécu les trois premières semaines avec 20 kilos de moins (pas de cannabis mais de gras) et du haut de mes 50 kilos pour 1,80 m je n’en mené pas large car la décroche sans aide médicale (il ne le savait pas et je n’ai pas fais le rapprochement car trop jeune et ignare sur le sujet) est resté vraiment gravé dans ma mémoire.

De plus, je vivais à  nouveau des visions dignes des meilleurs panoramix (pour les connaisseurs), visions même que je fuyais à  coup de benzo.

18 ans plus tard (il y a trois ans) à  quatre heures du matin, à  ma fenêtre pour une cigarette, boom ! A nouveau, panoramix revient me rendre visite sans avoir rien pris. Et merde !
Bon cette fois, la maturité peut-être, ma permis de m’abandonner un peu plus paisiblement à  cette disparition de repères intérieurs. Mais pas complètement non plus.

A nouveau stop le cannabis !

Et puis des problèmes de santé (dos qui nécessite une intervention chirurgicale risquée…) m’ont porté à  essayer les médicaments que mon rhumato m’avait prescrit en cas de grosse crise mais que je n’avais jamais pris, car pas envie de me percher et aussi pour des problèmes d’estomac et intestins, depuis que les mecs pas drôle m’ont planté.
Impossible de prendre des anti-inflammatoires sans crise aigu.
Alors voilà , j’ai osé après environ 20 ans de souffrances en tout, dont trois dernières
années 24H/24, j’ai osé prendre une pilule.
Elle ma fait du bien (j’ai le coeur qui se serre en écrivant cela), ma soulagé, ma fait sourire sans savoir que ce que je venais d’avaler était comme de l’héroïne.
Oxynorm 10 et 20 mg. La molécule active c’est de l’Occicodone.
Pas trop mal au ventre en plus, je réitère l’expérience jusque un an plus tard, je suis arrivée à  110 / 120 mg par jour.
Le mal de ventre a fini par venir et s’intensifier et c’est suite à  cela qu’une très violente nécrose d’un nerf dentaire, doublé d’une sinusite aigu et triplé par une névralgie faciale sont apparuent pour une semaine…. J’ai cru devenir fou ! La morphine n’y faisait rien et du coup c’est à  ce moment là  que j’ai voulu tout simplement l’arrêter…. Et que j’ai compris à  quel produit j’avais affaire. AhAhAh la bonne blague !

Au mois de septembre 2013, angoissé et coupable de prendre ce produit, je décide d’arrêter avec beaucoup de détermination et j’essaye de fumer un peu d’herbe dite thérapeutique avec un ratio de 5 pour 5. (5 THC ; 5 CBN) pour palier à  l’envie psychologique.
Pas le top. Alors j’essaye la easy bud bien connue, et là , oh miracle in the night of world, elle me fait un peu sourire.
Quatre mois plus tard je suis une usine à  pétards mais j’ai réduis presque de moitié la morphine, comme je l’ai déjà  écris dans un autre post.

Très heureux d’avoir pu baisser d’un coup mais la dose de joints est trop grande. Culpabilité !!!!
Le 31 décembre, après une nuit de méditation, yoga et relaxation, je passe une fin de nuit dans mon lit, les yeux bien ouverts, à  attendre que cette jolie montée de trip, redescende un peu. Oui la méditation a cet effet sur mon esprit et ce n’est pas toujours confortable de planer à  5000 car savoir atterrir requiert le brevet de pilote d’engin halluciné.
Je suis ce que les médecins appel : un hyper sensible.

Alors re arrêt du cannabis….. Stabilisation de la morphine toujours à  65 mg.

Reprise des pétards une semaine plus tard et re arrêt depuis deux semaines, suite à  ce fameux entretien avec une psychologue du service du docteur chmurt, algologue, qui ma fait monter une angoisse sympathique. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un algologue : c’est le médecin en haut de la pyramide des rhumatologues qui s’occupe de l’algie (douleur). Lorsque les traitements donnés par d’autres de fonctionnent pas, la vitesse supérieure et maximum se retrouve dans les mains de l’algologue (cancéreux, sclérose en plaque…). Ambiance assuré dans le service, c’est mortel !

Au jour d’aujourd’hui j’en suis à  70 / 80 mg avec au moins 20 mg de culpabilité, 40 mg de peur face au futur sevrage et 10 à  20 mg de plaisir.
Car dans le fond, pour moi, la morphine fonctionne comme un antidépresseur que je tolère mieux physiquement que le reste. Le problème c’est que ce n’est pas un antidépresseur.

Alors voilà , j’arrive dans le dernier chapitre de ce roman sans science fiction.

J’ai pris RDV, il y a deux jours avec une addictologue pour voir ce qu’il était possible de faire dans mon cas.
L’année passée j’avais déjà  vu une addicto au CSAPA, mais je ne pouvais continuer car loin de chez moi et la saison de travail qui recommencée.
Je dois avouer que j’ai un peu peur de tout.

Ce que je sais de la méthadone, c’est qu’elle agit très différemment des autres opiacés puisqu’elle entre dans la cellule pour programmer la distribution du produit alors que l’oxynorm reste en surface de la cellule pour lui envoyer les informations de fonctionnement. Ce qui fait que le corps élimine le produit dans les quatre à  six heures alors que la métha, c’est 24 h à  48 h d’action,
isn’t it ?
Ce qui m’effraie, et je suis désolé de faire le trouillard à  chaque ligne (de texte !!!) c’est de commencer un TSO en prenant un produit qui en fin de compte serait dix fois plus addictif que celui que je prend actuellement. Ou pas, car je suis ignare.
Pour rappel :
OXYNORM 10 mg en boîte de 14 gélules à  libération rapide. Ce qui est d’ailleurs totalement interdit d’avoir comme traitement. Normalement il doit toujours y avoir de la morphine à  libération prolongée, accompagnée de LR en cas de pique de douleur.

Première erreur de prescription de mon médecin traitant.
Deuxième erreur, c’est de m’avoir dit qu’il n y avait pas d’accoutumance à  ce produit tant qu’il y a de la douleur. (je jure que c’est vrai) et elle m a toujours rassuré à  ce sujet car je lui disait me sentir bizarre lorsque j’attendais trop longtemps avant d’en reprendre. Dans douleur il y a dou.
La troisième erreur c’est d’avoir augmenté les prescriptions sur simple demande du patient sans aucun suivit médicale (tension, prise de sang…)
La Quatrième erreur c’est de ma part en ayant accepté la première erreur.
Cherchez l’erreur !

Mon problème de base est une forme de mal être au milieu du bonheur intérieur (mmmhh paradoxe intéressant) ce qui me conduit à  des comportements addictifs.

Je vais mourir docteur ? OUI, mais on ne sais pas quand exactement car la date de péremption est effacée !

Voilà  j’ai fini le tome 1 : ”c’est la merde”
Promis j’attaque bientôt le tome 2 : ”ça ne sens pas si mauvais que ça en fin de compte”.

Merci Fil de ton aide tellement précieuse pour un esprit fragilisé par la vie tumultueuse (il y a tumul dans tumultueuse). On aurait pu dire d’ailleurs : ”cumultueuse” car parfois c’est la quantité qui tue !

A l’avance merci pour les explications futurs sur la métra ou subutex…. Et leurs effets divers et le niveau d’addiction, même si il diffère d’un individu à  l’autre.

Love is all.
Amarnath

Et si tout ceci, n'était qu'une blague !

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filousky homme
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Inscrit le 14 Dec 2008
11530 messages

Amarnath a écrit

Voilà  j’ai fini le tome 1 : ”c’est la merde”

Bonjour Amarnath,

Je comprends et lis ton vécu avec intérêt. La relation Came - Spiritualité n'est plus à  démontrer en ce qui me concerne. Même, en allant plus loin, il existe au final une vraie culture de la vie "toxique" qui ne manque ni d'intelligence, ni d'esthétique.

Pour en revenir à  tes questions personnelles et là  où j'en suis de la compréhension de ton ressenti.
Déjà  à  propos du cannabis dit "thérapeutique", t'as bien vu que la frontière est totallement floue entre récréatif et thérapeutique, les deux se mêlant allègrement. J'ai le même problème de culpabilité dès que je deviens une "usine à  pétard" comme tu l'écris si bien. Par contre, quelle aide pour descendre les dosages ............................ de traitements psychotropes.
Si tu sais quelle variété te fait sourire, ou quel ration THC/CBB te convient, sers t'en pour ce sourire si bon pour notre santé un peu vascillante. Sur ce point, je me répète, oublies les conneries de ta psychologue (classe là  avec l'académie de médecine) sur les dangers du cannabis et soignes toi le moral et le corps au mieux.

J'ai vécu ton aventure de sevrage benzo (300 mg de tranxène à  zéro) étant soigné pour un sevrage opiacé. Les toubibs de Fernand Vidal n'avaient pas pris en compte la quantité de benzo que j'avalais et comme toi, cela a été dur et peuplé de flashs et hallucinations tactiles pendant quelques mois, le tout accompagné d'angoisses diaboliques. 
Depuis, je reste dans des dosages de benzo les plus bas possibles (4mg de valium/jour). Le reste est assuré par le gazon qui fait rire.


Amarnath a écrit

Promis j’attaque bientôt le tome 2 : ”ça ne sens pas si mauvais que ça en fin de compte”.

Sur le sujet Méthadone : je ne saurais te répondre quant au mécanisme d'action celulaire de la méthadone. Pour ce qui est de son confort, la méthadone a, comme tous les opiacés, cette action d'antidépresseur que tu trouves dans l'oxy. La grande différence étant bien sûr la durée d'action surlaquelle tu ne te trompes pas.

Question dépendance, la méthadone accroche bien, comme tous les opiacés, mais ne pose pas la problématique du manque que l'on finit par oublier complètement et peut s'arrêter en douceur au point de ta vie où cela est pertinent. Vas lire les témoignages de Ziggy sur le sevrage de la méthadone, c'est assez édifiant et enterre pas mal de préjugés. 

Je ne peux que t'encourager à  dire oui si elle t'es proposée en solution à  ton problème d'oxy. Personnellement, je vis depuis 12 ans sous méthadone agrémentée de bons fume_une_joint, et crois moi, il y a bien pire que cela .............
Et, je ne suis plus jamais retombé dans un état à  me plaindre de quoi que ce soit.

Cette condition humaine, si elle n'est ni la plus répandue, ni "acceptée" est quand même assez "cool" il faut être honnète et remercier tous ceux qui ont lutté pour que ce TSO arrive en France.

Heureusement qu'après le tome 1, il y a le tome 2 qui logiquement doit être suivi du tome 3. Tu te décris très fragile, tu es juste hypersensible, ce qui est mon cas. Dans ces conditions, nous nous devons d'être "doux" avec nous-même et éviter de passer par les affres du manque.

Attention, là  je suis présent sur le forum  et peut converser avec toi, mais des obligations associatives peuvent m'en éloigner pendant une semaine.

Amicalement

Fil

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Benjamin Armerion homme
Opïoidocannabinomane
Inscrit le 29 Apr 2013
268 messages
Je confirme les dires de mon collègues.

Si fumer te fait du bien, je ne vois pas pourquoi tu devrais t'en priver. Ma psychiatre aussi m'a déjà  dit que je devrais "normalement" arrêter complètement de fumer pour toujours. Ben tiens! Heureusement au CSAPA (où ils me traitent pour les opis et non le canna) ils n'ont pas du tout le même discours...

Après pour l'oxy, je ne peut que te conseiller la métha. En effet, même si tu restes dépendant à  une substance, au moins tu continueras à  te sentir bien comme sous oxy (ce n'est pas valable pour le sub, avec son effet antagoniste il n'a pas l'effet antidépresseur/anxiolytique de la métha!)

Ne t'inquiète pas pour le sevrage, tu feras ça en temps et en heure, chaque chose en son temps. De toutes façons ça se fait, c'est pas simple, mais ça se fait. Et au pire, même si tu y restes longtemps voire à  vie, si tu te sens bien, n'est-ce pas le principal?

Moi je suis sous métha, je me fait qqs extras d'oxy de temps à  autre (de moins en moins au final parce que sinon faut trop augmenter la dose ça me fait chier) et je fume pas mal de fume_une_joint

Je me sens bien, pour moi c'est le principal.

Alors n'hésite pas, si c'est nécessaire, prend la métha. Pour cela renseigne toi auprès du CSAPA le plus proche de chez toi. Tu peux le trouver en appellant par ex drogue info service.
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Quand le coeur est rempli, la gratitude déborde ! Merci

Ce que je préférerai, - c'est ce dont s'abuse l'esprit abusé -, c'est d'aimer la terre comme l'aime la lune et de n'effleurer sa beauté que des yeux.
(Ainsi parlait Zarathoustra, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p. 170, Éd. Livre de poche n° 987)
"Ce n'est pas un signe de bonne santé que d'être bien adapté à  une société profondément malade." J. Krishnamurti

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prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
11142 messages
Bonjour,
La différence entre la Methadone et l'Oxycontin est une différence de "cinétique" (= métabolisme) et non d'effet (toujours sur les recepteurs aux opiacés). La Méthadone reste longtemps dans le corps (demi vie 48h, c'est à  dire qu'après 48h il y en a encore la moitié)c'est la vraie différence.
Pour les douleurs, nous avons commençé à  travailler "officiellement" avec l'equipe de la douleur. La Méthadone est réputée plus active que les autres opiacés sur certains types de douleur (neuropathique) et sa demi vie longue lui permet d'etre active plus longtemps. C'est pourquoi, en travaillant ensemble, ce qui permet des Tt Methadone en principe reservés aux seuls CSAPA (les medecins hospitaliers peuvent aussi la rescrire mais uniquement comme TSO,) nous pourrons faire bénéficier des douloureux chroniquesd des avantages de la methadone.
Amicalement
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Certains connaissent le schmilblique et le font avancer. Merci

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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