Merci à Cleo pour ce report, beaucoup de choses ont été dites et nous rappellent des choses assez importantes. Il est clair que le sevrag physique est un
processus bien mystérieux au bilan. Sur le
sevrage d'
hero, on entend souvent tout dire, la chose et son contraire.
Entre ceux qui décrivent le
sevrage comme étant le plus facile de tous les
opiacés et l'image rabâchée dans tous les médias (Christiane F en l'occurrence) que arreter l'
hero c'est etre à l'article de la mort... ou est le curseur ? Pour ma part, c'est dur à dire.
Comme tout consommateur, jai connu des symptomes de manque qui m'ont paru abominables parfois à dégouliner de partout, plié en deux, vraiment douloureux de partout avec une angoisse terrible et une impression de précarité absolue et de fin du monde... à preferer etre mort (ou se jeter sous un train...)... et par ailleurs je dirais qu'il y a eu des
sevrages d'
hero et aussi de
morphine qui sont passés comme une lettre à la poste et n'avaient rien de plus dur qu'une simple "infection bactérienne ou virale quelconque"... donc à savoir bien malade pendant 3-4 jours, avec possibilité quand même de se soulager un peu avec des doses
coupe circuit de
valium, des somnifères, quelques antidouleurs qui permettent un peu de souffler... et ca passe :)
Donc oui c'est faisable ! il ne faut pas diaboliser le manque physique, on a tendance à en faire toute une montagne...
Ce qui est dingue, c'est qu'au bilan, dans mon expérience, ce n'est pas forcément la dose et la durée de conso qui définit la difficulté d'un
sevrage, ni forcement le mode d'admin...
J'ai réussi une fois à arrêter une conso non stop depuis des lustres à super hautes doses en
IV, je me suis couché, j'ai pris du
valium et de l'eau sucrée, quelques DVD et voila sans trop lutter ni même souffrir, je me suis retrouvé de l'autre côté... alors que des fois, en consommant une semaine en
sniff une
came médiocre à petite dose, je me suis retrouvé vraiment plié en douze à gerber, en tremblotte etc... et la meme expérience avec le
subutex. J'ai fait différents
sevrage, notamment un après des mois et des mois à 4mg qui s'est bien passé... alors qu'une autre fois, j'avais fait seulement 6 semaines à petite dose j'ai descendu a 0.4mg et cela a été littéralement infernal. Mystere, mystere... il y a eu un article intéressant sur les arrêts
méthadone qui montrait qu'il n'y a aucune corrélation entre les difficultés éprouvées et le dosage d'arret, que certains stoppent à 50 mg sans arret maladie, alors que d'autres sont au plus mal en stoppant 3 mg...
Je dirais que c'est tellement subjectif et tellement multifactoriel - c'est un processus enzymatique super complexe qui met en jeu des symptômes physique d'expression psychique et des symptômes psychiques à expression physique, que tout se mélange, et selon les périodes, ca peut etre insurmontable comme finalement "pas grand chose" dans d'autres moments...
En tout cas, bravo!!! et ravi de voir que ca peut marcher pour d'autre. Car en tout cas, avec le temps, et je parle pour moi seulement, j'ai perdu toutes motivations à procéder comme Cleo82, meme si parfois je sens que je pourrais facilement me mettre au vert, et envoyer tout balader en quelques jours : je l'ai fait tellement de fois... le plus dur étant de se lancer dans le feu les deux pieds en avant, les premieres nuits sont abominables mais apres on approche de la sortie alors ça motive à tenir...
dans toutes mes expériences du genre, je retiens une et une seule chose : le
changement de perspective à la sortie.C'est un truc que je rabache sur plein de topics mais ça me parait tellement central et ca explique aussi pourquoi les
sevrages ont un intérêt assez limité...
C'est vrai que à force de consommer : on se lasse, on fatigue, on s'épuise, la quete du high devient de plus en plus ardu, on ressent de moins en moins d'effets pour toujours plus de produit, on devient monomaniaque sur la question et on passe à côté de tout le reste... l'arret devient une évidence. On se retape, on se remplume. Au début, on ne peut que se remercier d'avoir arreter...
mais au fur et à mesure que l'on restaure ses capacités et qu'on rembourse son crédit d'intoxication, la vision change et les motivations évoluent aussi, les envies pointent a nouveau, comme au premier jour... la nostalgie est profonde et la lassitude qui a disparu se transforme en fringale, le high est extrêmement simple à obtenir apres un
sevrage, et on croit pouvoir gérer... et puis on le sait : après une période clean, la
came remarche comme au premier jour. On le sait et
difficile de ne pas voir finalement le clean comme une fabuleuse opportunité de se mettre à l'envers. C'est là le vice du
sevrage à mon sens...
Avec du recul, pour moi en tout cas, le
sevrage rapide marche plutôt bien à tres court terme (ca se compte en jours), il me donne l'impression d'etre au contrôle, me permet de me retaper, de me rassurer sur mon aptitude à gérer etc...
mais si j'ajuste ma vision à moyen terme (en semaines ou mois), alors je me rends compte que le
sevrage brutale est un réel investissement à perte étant donné que c'est beaucoup de souffrance et d'energie perdue pour une période clean généralement tres courte débouchant à 99% sur un retour en arriere. Pour moi c'est du simple
moonwalk, l'impression d'avancer alors que ca recule. C'est typiquement la stratégie perdante du
"un pas en avant pour quatre en arrière".APres avoir essayé des dizaines de fois, je n'ai plus aucune énergie à consacrer à ça. Chez moi ca ne marche pas, et si ça avait du fonctionner, après 25 essais je le saurais...
Me mettre en souffrance totale pour rester clean une semaine et crever la dalle d'
hero ensuite pendant des semaines jusqu'à finir par me jeter dessus sur un morfale et me raccrocher en 72h : tres peu pour moi. Ca ne marche pas et c'est logique dans la mesure ou la dépendance n'est pas dans le produit, et retirer le produit ne solutionne rien en soi...
au bilan, j'ai acquis la simple conviction qu'il fallait du temps pour cheminer et que ce temps pouvait se faire dans la sérenité et la paix sur le plan biochimique grace à la metha, dont les vertus normalisantes et stabilisantes sont incroyables !
de tout mes
sevrages, le seul qui a duré un peu et qui ne s'est pas effondré à la première occasion de rechute est celui que j'ai fait sur plusieurs mois avec la metha et sans aucune souffrance... j'ai même remarqué un lien entre souffrance et rechute : plus un
sevrage est douloureux et plus la rechute survient rapidement derrière...
un simple avis qui pourra servir à Cleo si cette façon expéditive de remercier l'
hero ne fonctionne pas après 6 ans de conso...
Dernière modification par ziggy (08 novembre 2013 à 13:31)