Trip Report: accompagnement d'un bad-trip aprés prise de truffes Atlantis 15g.

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Flopyx homme
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Inscrit le 06 Jan 2019
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J'ai écris ce trip-report le soir même après avoir consommé les truffes à midi, encore à vif. D'où le style un peu bizarre. Je ne l'ai retouché que pour ajouter deux ou trois guillemets par ci par là pour rendre plus lisible, autrement tout y est. 

Pour clarifier, voici un bref report condensé à distance et sobre:
Nous étions tout un groupe d'amis ayant choisi de partager quelques sachets de truffes Atlantis commandées sur "Zam". Une belle journée de fin d'été, dans une cavité d'ancienne carrière de sable évoquant une grotte préhistorique éclairée par un puis de lumière magnifique. Munis de provisions, légumes frais, bières sodas couvertures et son portable, chacun était dans un bon mood et plus ou moins familiarisé avec les truffes magiques.

La principale erreur fut de choisir du Wardruna comme musique d'ambiance (l'album Ragnarock pour les connaisseurs): le folk viking mystique s'est révélé assez oppressant, et ce dés l'intro. Dés le début de la montée, une personne s'est sentie mal: ma meilleure pote, avec qui on avait déjà trippé, mais qui cette fois ci a mal vécu son voyage... Focalisation sur les sensations bizarres, mal être généralisé, angoisse... Très vite nous avons réagi en la rassurant et on a même donné des "trip stoppers" commandés sur Zazam (qui se sont révélés aussi efficaces que des Dragibus, le gout en moins), mais rien ne pouvait la rassurer... La présence des autres semblait même la terroriser car elle percevait la perplexité dans les yeux, ce qui faisait flamber son anxiété.

Décision fut prise de laisser un "baby sitter"  (en l’occurrence moi) en prendre soin et pour le reste du groupe, aller faire les cons à extérieur de la grotte.  Voilà comment je me suis retrouvé englué dans une situation poussive et angoissante pendant plus de deux heures jusqu'à ce qu'une bonne âme dans le groupe (la "fée Clochette" finisse par intervenir et attirer ma pote vers l'extérieur (chose dont je n'étais plus capable à ce moment là).
L'issu de ce trip fut une grande fatigue pour ma part, et un sentiment de gratitude envers le cosmos pour avoir retrouvé mon amie saine et sauve d'esprit à l'issue de cette aventure. Enfin.. Elle en a conservé un souvenir traumatisant et en parle encore parfois... En voici un extrait mentalisé à chaud...


La plage. Impatients de se jeter à l’eau. Pataugeages joyeux teintés d’appréhension.
Une première vague… Les runes celtiques respirent à l’unisson sur la fresque de silice, à l’heure où milles visages sortent de l’ombre, révélés par une montée un peu plus forte que les autres.

Beauté. Existences cachées, retrouvailles partagées avec ceux que l’on voit, avec ce que l’on ne voit pas. Façade sociale comme la surface frémissante d’un plat en douce violente ébullition.

Une deuxième vague… clap de fin quand le tambour chamanique se tais enfin, dernières bribes de conversations avant que les lignes sautent des pages et que les aiguilles de l’horloge tombent en poussière

Troisième vague. « Elle va pas bien. ». Réagir vite mais sans inquiéter, pensée aussi molle et vive qu’un élastique, corps encore bien loin derrière… Les mots parviennent à sortir comme des sacs de sable que l’on lance à bout de bras.
Notions terreuses de secourisme psychonautique en poche, nous réagissons à l’unanimité, respirant un entre deux ondes de répit mental pour trouver sucre et gélules de « trip-stopper », rassurer et guider. Non il n’est pas nécessaire d’appeler le SAMU. Couper le son. Silence. Perplexité flottante, démarche acrobatique, j’abandonne l’idée de rouler cette cigarette et mange ma tomate.

Animal.

Comme un ouragan qui frappe de sa noirceur le cosmos, privant le capitaine de son navire et les arbres de leurs racines, la psylocine infiltre la pensée et boit le temps et l’espace… Tombent en pluie des miettes de sens que l’on prend au vol comme des mirages auxquels se raccrocher.

« C’est bon Floppyx il gère. »  Ils sont partis dehors pour laisser de l’air, ça repose sur mes épaules, ils me font confiance. Son homme aussi. Bon…

Plus de vague. Crevasse. Quelqu’un tout en bas…  entre position fœtale et assise inquiétude. Bloquée comme entre deux dimensions, enfermée à l’intérieur de cette boucle, elle n’a d’autre moyen de revenir que de croire que cela va s’arrêter. Dix, quinze, vingt, cents fois « je le jure ». Ceux et celles qui reviennent prendre une canette dans la glacière le jurent, mais ils sont comme des panneaux que l’on distingue sur l’autoroute : flous et non accessibles.  Cette voiture n’a pas de frein, il faut attendre que la digestion aie fait son chemin.

Chacun de ses pas vers la sortie de cette crevasse est annulé par le suivant. Terreur non malléable,   angoisse flottante non identifiée, si présente et lointaine, comme une porte sur l’infinie noirceur de l’espace que l’on aurait ouverte à grand coup de truffes magiques. Je vis cette angoisse dans ses yeux, sa voix d’animale petite fille apeurée. Un sentiment profond d’amour et de protection coule dans mes veines. L’instinct prend le relais, je sais que la sortie n’est pas loin. Me voilà coincé dans cette putain de crevasse, mais je vais pouvoir la porter.

Mon pote est là. Il va bien. Ouf. Non… Il est 13h31. Une heure se sont écoulées depuis le début du trip. J’ai juste l’impression d’être né dans cette foutue grotte !  Ça va être long.
Aucune idée… Que font les autres ? Le schéma se répète t il ? Catastrophe naturelle aux victimes multiples, sont ils pris en charge eux aussi ? Et les guêpes ? Macabres pensées.
« Oui ça va s’arrêter. Juste les truffes. On en a pris, 15 grammes, oui on est cons. Oui t’en as trop pris. Je te protège. On est là. Ils me font confiance, ils vont bien, on va sortir bientôt et voir la lumière. »
Comme une prière à laquelle ma croyance connait d’apeurées entailles : oui, on peut rester bloqué. Mais c’est rare. Et pas chez toi. Non. Pas chez toi.

« Oui, tu te répète, et c’est normal d’avoir des « déjà vu » quand on répète les mêmes choses 100 fois ma grande… » Un rire. L’effet d’une gorgée d’eau fraiche dans un gosier rocailleux. Le réel reprend tout doucement ses droits. Enfin… A peu prés. Des mots de plus en plus cohérents, avec des émotions vives, comme un tatouage mental.
Les mots du concret retrouvent leur sens et leur portée, mais la crevasse reste glissante.

Fée clochette, venue tirer par le bras vers la lumière.

Oh toi, merci d’être là ! L’hélicoptère est arrivé…  Extraction vers la sortie de la caverne, nous allons à une vitesse folle. Renaissance. Elle va bien, à défaut d’être redescendue elle a raccroché la locomotive.

La quête de normalité et la Budweiser chaude me font réaliser que je suis totalement défoncé et épuisé. 15h01. Ouf. Marcher.  Se poser. Gestes normaux. Pourquoi mes feuilles à rouler se dédoublent, et pourquoi mes doigts les inondent ? Je ne dis pas non à une indus’… Oh merveille la salade de légumes… L’air chaud et la sécurité sont comme une couverture dans laquelle je me drape. Bienveillance partagée entre nous six.

Des cons venus dans une grotte prendre des champignons… Déconvenue cosmique victorieuse.
Reputation de ce post
 
Très très beau trip report, merci à toi Flopyx. Stup
 
Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (Rick)

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