La dépersonnalisation et déréalisation

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Dépersonnalisation Déréalisation

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Le trouble de dépersonnalisation/déréalisation est une forme de trouble dissociatif qui consiste en une expérience prolongée ou récurrente de détachement (dissociation) de son propre corps ou de son fonctionnement mental, habituellement avec l'impression d'être devenu un observateur extérieur de sa propre existence (dépersonnalisation), ou d'être détaché de son environnement (déréalisation). Le trouble est souvent déclenché par un stress sévère. Le diagnostic repose sur des symptômes spécifiques après que les autres causes possibles aient été écartées. Le traitement consiste en une psychothérapie ainsi qu'un traitement médicamenteux en cas de dépression comorbide et/ou d'anxiété.


Environ 50% de la population générale a vécu au moins une expérience de dépersonnalisation ou de déréalisation transitoire au cours de leur vie. Cependant, seulement 2% des personnes répondent aux critères de trouble de dépersonnalisation/déréalisation.

La dépersonnalisation ou déréalisation est également un symptôme de nombreux autres troubles psychiatriques et somatiques tels que les troubles convulsifs (ictaux et post-ictaux). Lorsque la dépersonnalisation ou déréalisation se manifeste indépendamment d'un autre trouble mental ou physique et qu'elle est persistante ou récidivante et qu'elle compromet le fonctionnement, on parle de trouble de dépersonnalisation/déréalisation.

Les épisodes peuvent être déclenchés par un stress interpersonnel, financier ou professionnel; la dépression; l' anxiété; ou l'utilisation de drogues illicites, en particulier la marijuana, la kétamine ou les hallucinogènes.

Symptomatologie Les symptômes de dépersonnalisation trouble/de déréalisation sont généralement épisodiques et augmentent et décroissent en intensité. Ces épisodes peuvent durer seulement quelques heures à quelques jours ou des semaines, des mois ou parfois des années. Mais chez certains patients les symptômes sont constamment présents et ont la même intensité pendant des années, voire des décennies. Les symptômes de dépersonnalisation comprennent

   Le fait de se sentir détaché de son corps, de son esprit, de ses sentiments et/ou de ses sensations

Les patients se ressentent comme un observateur extérieur de leur propre vie. De nombreux patients disent également qu'ils ont un sentiment d'irréalité (déréalisation) ou d'être un robot (ne pas avoir de contrôle sur ce qu'ils font ou disent). Ils peuvent se sentir émotionnellement et physiquement engourdis ou se sentir détachés, avec peu d'émotion. Certains patients ne peuvent pas reconnaître ou décrire leurs émotions (alexithymie). Ils se sentent souvent déconnectés de leurs souvenirs et sont incapables de se rappeler clairement des choses. Les symptômes de déréalisation comprennent

   Une impression d'être détachés de leur environnement (p. ex., des gens, des objets, tout), qui semble irréel

Les patients peuvent se sentir comme dans un rêve ou un brouillard ou comme si un mur de verre ou un voile les séparait de leur environnement. Le monde semble sans vie, incolore ou artificiel. Une distorsion subjective du monde est fréquente. Par exemple, les objets peuvent apparaître flous ou inhabituellement clairs; ils peuvent sembler plats ou plus petits ou plus grands que ce qu'ils sont. Les sons peuvent sembler plus ou moins forts que ce qu'ils sont; le temps peut sembler passer trop lentement ou trop rapidement. Les symptômes sont presque toujours pénibles et, dans les cas graves, particulièrement intolérables. L'anxiété et la dépression sont fréquentes. Certains patients craignent de présenter des lésions cérébrales irréversibles ou de devenir fous. D'autres sont obsédés par le fait de savoir si ces lésions existent vraiment ou vérifient constamment si leurs perceptions sont réelles. Cependant, le patient sait toujours que son vécu «d'irréalité» n'est pas réel mais représente ce qu'il ressent (c'est-à-dire, qu'ils ont des tests de réalité intacts). Cette prise de conscience des troubles de dépersonnalisation/déréalisation les différencie d'un trouble psychotique, dans lequel une telle perspicacité est toujours absente.

Cannabis

https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2009-7-page-641.htm

Le syndrome de dépersonnalisation

Ce syndrome, associé à un état de déréalisation, peut apparaître lors de prises isolées de cannabis. Maximum dans la demi-heure qui suit la prise, il régresse en deux heures environ. Il s’agit alors d’une véritable attaque de panique (bad trip). Cette expérience est habituellement corrélée à un état anxieux du sujet lors de la prise, au contexte environnemental ou à la qualité du produit. Ce syndrome peut évoluer sur des périodes prolongées de plusieurs mois à un an. À cette angoisse chronique de dépersonnalisation s’associent alors une asthénie, une insomnie, des sentiments d’étrangeté, de déjà-vu, une humeur dépressive et des perturbations cognitives. Ce trouble peut parfois évoquer une décompensation schizophrénique. Toutefois, il n’y a pas d’éléments paranoïdes, délirants, hallucinatoires ou dissociatifs. Ces manifestations peuvent survenir dans les trois mois après la prise de cannabis.

https://www.psychoactif.org/forum/t32131-p1-Cannabis-probleme-derealisation-depersonnalisation.html

Donc voici mon problème : je ne sais pas depuis quand exactement mais je me sens pas comme avant (avant Novembre, avant que je fume) comme si je n'étais plus moi même, tout me semble plus bizarre (le ciel par exemple me parait faux), comme s'il n'y avait pas vraiment une réalité et que je vis pas le moment présent. Je vais m'arrêter de fumer le temps que ca passe. Je suis pas de nature à être stressé, parano ou anxieux donc je comprends pas, peut-être que j'étais trop déconnecté de la réalité trop souvent et il me faut une pause? Ou juste une sensation de manque qui me rend anxieux?

Ketamine

https://www.grazia.fr/news-et-societe/societe/ketamine-un-hallucinant-succes-107913.html


ENQUÊTE – Cet anesthésiant pour chevaux ravit les fêtards, intéresse les médecins… et inquiète les psychiatres. Décryptage. Kétamine, un hallucinant succès ?

Le trip le plus mystique de ma vie : « Je suis un cerf dans un bois blanc. Je suis le cerf dans le bois blanc. Je suis ici, je suis partout. Mon pelage blanc brille de mille feux, les arbres sont mes amis, je suis le roi de la forêt. » Au milieu d’un club londonien miteux, j’envoie ce SMS à une amie pour ne jamais oublier ce moment. « On dit souvent que la ké fait sortir de son corps. Je dirais plutôt que ça fait sortir notre esprit de sa petite boîte étriquée. Il m’est arrivé de me sentir comme si j’étais moi, mais aussi toute la foule. Un jour, j’ai vécu mon passé, mon présent et mon futur en même temps », raconte Antoine, étudiant en philosophie de 20 ans. « J’avais l’impression que tout était écrit à l’avance comme sur du papier à musique : cosmique, aligné, parfait « , confie quant à lui Alexandre, DJ et organisateur de soirées à Paris. Déréalisation, dépersonnalisation, dissociation, hallucinations, les effets sont multiples, et la kétamine, longtemps considérée comme « un anesthésiant pour chevaux » , fonctionne comme une roulette russe. Il est généralement impossible de prédire de quoi le trip sera fait. Le dosage, ici, est crucial : un sniff sur la pointe d’une clef vous met dans une bulle et vous donne l’impression de flotter ; une demi-trace et vous marchez au plafond, en vous imaginant omniscient ; la ligne de trop et vous oubliez qui vous êtes et où vous êtes pour tomber dans le K-hole, ce trou noir paralysant – un pharmacologue qui préfère rester anonyme le dit comparable aux expériences de mort imminente. En tout cas, bon ou mauvais, un trip dure entre une heure et une heure et demie.

Hallucinogènes

Les Hallucinogènes induisant une deformation de la perception pendant leur usage, la presence de dérealisation/dépersonnalisation à ce moment n'est pas surprenante. Par contre des épisodes surviennent après usage (flash-backs).

https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2005-1-page-9.htm

Les molécules psychodysleptiques hallucinogènes indoliques d’origine végétale ont été consommées par l’homme au cours de rituels religieux, divinatoires et thérapeutiques dans de nombreuses civilisations primitives, et sont souvent impliquées dans l’élaboration des croyances cosmogoniques de ces sociétés. La consommation occasionnelle et l’expérimentation dans un cadre récréatif et/ou festif est actuellement l’usage principal des hallucinogènes indoliques dans la population occidentale et française. Celle-ci expose à un trouble connu sous son appellation anglosaxonne « flashbacks » qui est peu étudié et qui donne rarement lieu à une consultation spécialisée. Les flashbacks sont caractérisés par la récurrence de l’effet de l’intoxication par les hallucinogènes. C’est un trouble fréquemment évoqué dans la littérature scientifique comme étant associé à l’usage de LSD et d’autres hallucinogènes indoliques. Cet article propose une synthèse des données concernant ce trouble à partir d’une revue de la littérature scientifique internationale, après un bref rappel sur les psychodysleptiques hallucinogènes indoliques.

Traitement

https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-psychiatriques/troubles-dissociatifs/trouble-de-d%C3%A9personnalisation-d%C3%A9r%C3%A9alisation

Traitement

   Psychothérapie

Le traitement du trouble de dépersonnalisation/déréalisation doit rechercher tous les facteurs de stress en relation avec l'apparition du trouble, ainsi que les facteurs de stress antérieurs (p. ex., maltraitances ou négligences subies pendant l'enfance) qui prédisposent à la dépersonnalisation et/ou à la déréalisation. Différentes psychothérapies (p. ex., psychothérapie psychodynamique, thérapie comportementale et cognitive, hypnose) sont efficaces chez certains patients:

   Les approches cognitives permettent de bloquer la pensée compulsive concernant le vécu d'irréalité.

   Les techniques comportementales peuvent aider le patient à s'engager dans des tâches qui le détournent de la dépersonnalisation et de la déréalisation.

   Des techniques de prise de conscience de l'ici et maintenant utilisent les 5 sens (p. ex., en jouant de la musique forte ou en plaçant un morceau de glace dans la main) pour aider les patients à se sentir plus liés à eux-mêmes et au monde.

   Le traitement psychodynamique aide le patient à gérer ses pensées négatives, ses conflits sous-jacents ou ses expériences qui rendent certains affects intolérables pour le moi et sont ainsi dissociés.

   Le suivi et la nomination de l'affect et de la dissociation à chaque instant lors des séances de traitement sont efficaces chez certains patients.

Divers médicaments ont été utilisés, mais aucun n'a une efficacité clairement démontrée. Cependant, certains patients semblent soulagés par les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, la lamotrigine, les antagonistes des opiacés, les anxiolytiques et les stimulants. Cependant, ces médicaments fonctionnent largement en ciblant d'autres troubles psychiatriques (p. ex., anxiété, dépression) souvent associés à ou déclenchés par la dépersonnalisation et la déréalisation.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4269982/

Conclusion

Il existe des preuves incohérentes à l'appui de l'efficacité de la lamotrigine dans le DPRD, sans preuve à l'appui de l'efficacité de la fluoxétine et du biofeedback. Compte tenu des données limitées disponibles, l'étude plus approfondie de la lamotrigine, d'autres anticonvulsivants, ISRS, antagonistes des opiacés et stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) dans des essais plus importants peuvent être utiles. En effet, beaucoup de recherches supplémentaires sur la pathogenèse et traitement du trouble de la dépersonnalisation-deréalisation est obligatoire.