2C-D, tofu or not tofu? 

Pré Trip Report: Les gens qui s’intéressent de près ou de loin aux Phényléthylamines, savent que l'inénarrable inventeur d'un paquets de ces dernières, Alexander Shulgin, donnait comme surnom au 2C-D l’adjectif totalement lunaire de tofu pharmacologique...

Il ne m'en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité et me donner l'envie de tâter de ce mystérieux composant. Il y a relativement peu d'information sur le 2C-D, peu de trip report en français.

Shulgin avançait que cette molécule avait surtout un intérêt en combinaison avec d'autre pour renforcer l'effet, ou l'accompagner au mieux sur la longueur. N'étant pas particulièrement fan des combos en général le projet était de l'essayer seul, tout du moins la première fois.

Nouvelle molécule, nouvelle équipe de psychonautes. Je suis accompagné cette fois-ci de deux très bons potes amateurs de produits "normalement classiques" (Speed, coke, Mdma, LSD) mais bien partant pour tester un composé légèrement plus "exotique". Un gars, une fille et votre humble serviteur, tous la trentaine, tous les cheveux long, tous des têtes de cons, le set&setting parfait non?

dissolution volumétrique faite dans l'après midi, je ne change pas mes habitudes 100ml de rhum à 55degrés comme solvant et 100mg de 2C-D comme soluté. Je commence à me familiariser avec les manips et le matériel, je suis globalement confiant.

Le lieu: Pour l'occasion, j'ai exproprié mon père de son chalet dans la montagne pour profiter un maximum de l'extérieur, de la vue, de la liberté de mettre la musique à coin etc... Difficile de faire mieux comme setting...

On sort la séringue et on trinque!

19h30: Comme toujours un peu trouillard, notamment avec des molécules peu connues, on choisit de rester dans la fourchette basse de la dose normale du site Erowid, c'est à dire 20ml/mg par personne. Cul sec, encore une fois c'est vraiment immonde ce genre de composés, mais la dose de liquide est tellement faible que c'est un moment vite oublié.

On décide de se poser tranquille face à la vue autour d'une petite table, bière à la main... la vie pourrait être plus difficile... les discussions vont bon train, le temps passe tranquillement.

20h15: Notre copine O nous signale qu'elle sent déjà agir notre 2C-D, je suis un peu sceptique... 45 minutes je trouves ça vraiment rapide, je suspecte fortement un effet placebo. A peine le temps de me moquer gentiment d'elle, retour de karma inna di face, je me prend la douce montée à mon tour, idem pour notre troisième compère.

Le body load est vraiment très subtil, relativement agréable, quelques tremblements, on sent qu'il se passe quelque chose à l'intérieur mais rien de bien mauvais. un peu de claquement de mâchoires mais qui passeront assez rapidement, quelques quintes de bâillements bien agréables également. 

De légers visuels, typique des PEA, se font voir... Ce sont surtout des textures qui deviennent mouvantes, la nature se met à respirer. On est assis sur un parterre de petits cailloux ronds qui ondule presque comme les ondes d'une marre ou l'on aurait envoyé un objet dans l'eau... Pour faire apparaître les hallucinoses ça demande quand même une certaine concentration, bien plus qu'avec le 2C-B utilisé précédemment. Malgré tout mes deux compères notes quelques beaux traceurs en agitant leur mains devant leur yeux. Nous sommes facilement distrait par nos conversations, les visuels passent au second plan...

On a l'esprit léger et rieur, la soirée se déroule avec grand plaisir mais rapidement on en aimerais plus... L'effet est subtil, presque trop, on a été trop timide sur le dosage.

21h45: Je ressors la seringue que je pensais avoir rangé pour ce soir et je tire 10ml/mg pour chacun de nous.

Redrop re beurk!

On quitte l'extérieur ou il commence à faire une forte humidité pour se réfugier à l'intérieur du chalet. La seconde vague arrive rapidement, comme une légère montée de mdma, c'est très doux. Les visuels une fois à l'intérieur se renforcent et se font plus présents, les veines du bois du chalet dansent, alors nous aussi! Musique à fond, Janis Joplin est la reine musicales incontestée de la soirée, bien qu'une petite interlude techno et stroboscope nous a bien fait kiffer. Le son est bon mais pas de changement dingue dans la perception.

Mon père en ancien photographe, à constellé ses murs de photos de vieilles personnes en noir et blanc, style clair-obscure autant vous dires que déjà en temps normal la déprime est pas loin mais alors sous psyché c'est bien le bad qui te guète si tu t'attardes trop sur les portraits... on les fuit en rigolant...

Une fois encore j'ai l'impression que ces Phényléthylamines agissent par vague. Un coup on se sent pris par les visuels, les sensations, plus tard la molécule te rappel que c'est bel et bien une amphétamine en te donnant de l’énergie à revendre. O nous fait remarquer que c'est très certainement un très bon produits pour se donner corps et âme lors d'une activité artistique. Je noterais vraiment très peu d'effets entactogènes, contrairement au 2C-B.

23h30 L'effet se termine petit à petit, l'envie de manger qui nous avait brièvement quitté (amphétamine oblige) revient poindre le bout de son nez, on décide d'aller profiter du feu que l'on avait bouté précédemment dans le jardin, pour faire une grillade nocturne salvatrice.

La suite de la soirée ne sera que des dédales de conversations infinies et futiles mais ô combien nécessaires et primordiales. Une belle fin de soirée de défonce en sommes. On s'endormira paisiblement peu avant trois heures du matin, sans gueules de bois aucunes et en se disant " qu'est ce qu'on a été sage ce soir quand même!!".

09h du matin Une bonne nuit pour tout le monde bien qu'un peu courte mais nos obligations nous rappel à la réalité. O nous dira qu'elle se mange un léger mal de tête, rien pour C et Moi. Reste de la journée ok, un peu fatigué mais rien d'alarmant au vue de notre heure tardive d’extinction des feux. FIN

Epilogue Molécule vraiment particulière, assez insaisissable de prime abord. La sensation d’être perché sans l’être réellement... mais en l'étant quand même... C'est vraiment déstabilisant. On ne pourrait témoigner que de peu de choses concrètes finalement mais tout en disant qu'il c'est passé beaucoup de chose... Pas de mindfuck et pourtant il y a eu plus d'une fois ou je me suis sentis bien bien à l'ouest. Toujours agréable, jamais angoissant. Je pense qu'il n'y a pas meilleure molécule pour commencer dans le monde des psychédéliques que ce 2C-D. (je n'encourage evidemment personne à consommer quoique ce soit... faites ce que vous voulez mais faites le bien)

Une chose est sûr dans notre petit groupe d'aventurier de la psyché, le 2C-D entendra très certainement encore parlé de nous. Nous augmenteront très probablement les doses à 40mg ou 45mg pour tester si ce tofu magique se marie bien avec notre monde intérieur.

Merci à toutes les personnes qui me liront jusqu’à la fin et qui éventuellement commenteront. tous les retours et critiques sont bonnes à prendre.

Ocram

PS: Spécial merci à mon père qui c'est fait virer de chez lui pour finir dans un appart minuscule en ville pendant que son ingrat de fils s'enjaillais avec des potes...