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Chapitre I partie 3: Le médoc' de la vioque et la drogue 



*La vioque tape très fort du pied*         

          « -Ah oui c'est vrai ! Tes médocs. Ne t'inquiète pas, je t'ai pas oublié, je parlais de toi justement. Tu me connais, je suis toujours là à penser comment doit être le monde mais personne ne m'écoute. Même toi, je sais même pas si tu me comprends avec tes boules de gomme dans les zozores. Du coup, la plupart du temps, c'est à moi que je cause. Au moins, comme ça, je choque personne et puis personne m'embête. M'enfin, aller, tiens ouvre grand le bec… Oh attends ! J'allai oublier, faut bien que je goutte, on est jamais vraiment sûr de ce qu'ils veulent t'enfourner dans le corps ces médecins. Un rien peut te tuer, je fais attention avec toi. Moi ça va, c'est pas à dix-neuf piges qu'on claque d'un pauvre médoc. Et puis j'ai bien du ingérer les trois quarts des potions qui existent sur cette terre, alors c'est pas ta pharmacopée qui va m'enterrer ! Quoique, on t'a déjà prescrit des trucs qui m'ont foutu une sale défonce. Haha, tu t'en rappelles la vioque ? »

          La vioque se balançait de plus en plus nerveusement dans son fauteuil. J'ai bien cru, qu'à un moment, elle allait tomber à la renverse et s'éclater sur le sol. Rien ne lui résiste quand elle s'excite, celle-là. Elle voulait sa dose, c'est sûr, et ça me faisait bien rire ! On aurait dit une bête criant famine. Elle voulait le gober son caillou bon qu'à se rendre stoïque, son bon vieux neuroleptique. Des fois, je fais comme avec les cabots, je lui fais zieuter sa drogue en l'agitant au-dessus de sa truffe. Ça l'excite encore plus, la bête. Elle finit par baver partout, je vous jure ! Une fois elle m'a même mordu ! Mais bon, c'est notre jeu à nous, vous ne pourriez pas comprendre. C'est bien les seules fois où elle fait preuve d'autant de vitalité. Peut-être que c'est ça que les médecins n'ont pas compris, elle a juste besoin d'un appât pour l'exciter. Ça la défoulerait et elle aurait pas l'air aussi morte dans son fauteuil. Ça me rend triste de la voir aussi vide... à rien faire. Heureusement qu'on a ce genre de moments rien qu'à nous où elle se transforme en vraie furie.

          Cette fois-ci, elle semblait vraiment en rage, elle grognait vraiment fort quand je lui éloignais le médoc de sa trogne. C'était sûrement parce qu'il était nouveau. Elle a beau être gâteuse, elle a un bon flair pour ces choses-là. C'est bien normal, une nouvelle prise ça a toujours de quoi exciter, on sait jamais à quoi s'attendre alors on jouit déjà un peu par anticipation. Et puis, moi aussi ça m'excitait de la voir aussi exaltée, de la voir vibrionner comme si j'avais de quoi la sauver. J'avais, selon elle, la Bonne Nouvelle juste entre les mains alors je la faisais suinter de désir comme je pouvais. Je savais que dès que je lui donnerai, elle serait shootée pour plusieurs heures alors fallait bien que je profite du spectacle encore un peu. C'est déjà plaisant de la voir se tortiller dans tous les sens et m'implorer de lui offrir son Salut à travers une simple petite pilule. Mais, ce que je préférais, c'est qu'à ce moment et seulement à ce moment, j'avais l'impression de la voir vivre pleinement. Elle était encore plus effrayante que d'habitude et sa passion était si délirante que même à moi, elle me faisait de l'effet. Son bouillonnement avait de quoi me faire frissonner de plaisir. Je la sentais si folle de rage qu'elle m'entraînait avec elle. J'aurai pu continuer des heures si je ne sentais pas qu'elle allait tourner de l'œil cette vieillarde déjà en ruine.

          De toute façon, fallait que je le gobe en premier son fétiche, histoire de voir ce que ce grigri de médecin a de plus que les autres drogues. Les médocs de ma vioque, c'est toujours l'occasion de tester une nouvelle substance sans payer. Je les ai toutes testées et j'ai toujours pas trouver mon fétiche. Y en avait des meilleurs que d'autres, c'est sûr, mais rien de suffisant pour moi. Même dans les drogues clandestines, j'ai pas encore trouver mon dada. J'ai eu des périodes bien sûr : weed, alcool, speed, mescaline etc. Le mieux que j'aie trouvé pour l'instant c'est l'ecstasy mais ça manque d'un truc. Je sais pas encore quoi, mais ça manque d'un truc. On a tous une drogue faite pour nous et quand on la trouve, c'est comme le grand amour : ça nous tombe dessus, on peut rien y faire, c'est pour la vie et jusqu'à la mort. Je vous jure, je me sacrifierais entièrement pour elle. Si cette drogue parvenait à exaucer mes vœux les plus chers, je m'y soumettrais comme si la Providence elle-même le voulait. Baah, je sais pas pourquoi je vous embête avec ça, je la trouverai sûrement cette drogue. Mais, je suis comme la chatte de la reine moi, on me comble pas n'importe comment. Vous les connaissez ces dealeurs, à tous vous dire qu’ils ont la meilleure came du pays et au final tu te retrouves avec un vieux bout de bois ou une autre merde dans le genre. Vaut mieux être dubitatifs quant à ces bicraveurs de faux espoirs parce qu’au moins, si un jour tu tombes sur le bon filon, tu te prends la plus grosse défonce de ta vie à l’improviste. Et quoi de mieux que la surprise pour te foutre une vraie claque dans le cortex.

Catégorie : Poèmes - 13 février 2019 à  15:38



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