De l'obsession... 



Emil Cioran a écrit  : « “Certains ont des malheurs ; d'autres, des obsessions. Lesquels sont le plus à  plaindre ?”  
Pour les malheurs, je gère. Enfin, à  coup d'antidépresseurs censés calmer les fantômes du passé, d'anxiolytiques les faire taire, de joints aussi.
Pour les obsessions, ça allait mieux. Une obsession, c'est comme un besoin d'éternuer sans cesse  ; c'est comme ruminer les mêmes griefs à  l'infini  ; c'est pénible. Antidépresseurs pour les obsessions aussi. Joints aussi.
Puis est arrivé lundi.

Faut dire que dimanche je n'avais rien fait d'autre que fumer. Et m'être tapé la meilleure branlette depuis des années. Je ressentais des sensations, je n'avais pas d'image en tête mais tout passait par le toucher. C'était énorme. Presque aussi bien que le calme intense qui a suivi. Ne penser à  rien. Pour de vrai. Pas comme dans cette colonie de vacances où un moniteur colérique nous hurlait dessus de ne penser à  rien, pour nous initier au yoga (authentique).
Ne rien comprendre, parce qu'il n'y a tout simplement rien à  comprendre. Ne rien vouloir, parce qu'on n'a besoin de rien.
Bref, tout ça pour dire que dimanche j'ai grindé / roulé / fumé, et pas grand chose d'autre. C'est le lendemain qu'est venue l'obsession. C'est pas évident à  décrire, et ça va sembler ridicule à  ceux qui ne connaissent pas les obsessions, mais voilà   ; lundi donc, j'ai eu la certitude que j'allais acheter de l'héroïne, avant / après avoir cliqué sur le lien d'un bandeau publicitaire pour recevoir un kit d'injection gratuitement. Et l'héroïne et ce qui me fait le plus peur. Peut-être même plus que l'alcoolisme. Parce que je me connais, si je touche à  un produit qui peut rendre accroc, c'est bon, j'y reste scotché comme une mouche sur un papier collant. J'avais donc cette idée obsédante (et petit jeu, essayer de chercher des erreurs de comptabilité en étant obsédé, c'est à  dire l'esprit aussi loin de ce problème que si vous étiez shooté). L'impression qu'une force extérieure et imparable aller me pousser à  me piquer. Ca s'appelle une phobie d'impulsion.

Pas besoin d'être psy pour imaginer un lien entre culpabilité d'avoir perdu son dimanche à  ne rien faire d'autre que fumer et obsessions. Toujours est-il que c'est parti le soir. Après avoir fumé un joint.

Catégorie : Témoignages - 07 octobre 2015 à  22:35



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