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Le Covid, la Coke et moi 



Il y a un an, j’étais dans mon petit studio en centre ville, 30m2, colombages et joyeux bordel fleuri.
J’écoutais un vinyle de Petula Clark et je chantonnais avec elle quelques paroles
L'hiver, le vent, la pluie / Chantent leur mélodie / La brume ou le soleil /  A mes yeux, c'est pareil
Ne cherchez pas pourquoi / Tout est si beau pour moi / Pourquoi ce gris pays /  Prend des airs d’Italie 

J’étais amoureuse, mais je ne savais pas à quel point j’étais heureuse.

Quand j’allume ma vieille radio en faisant à manger avant de sortir boire un verre au bistrot en bas de ma rue, j’entends parler depuis quelques jours d’un virus en Chine.
J’écoute d’une oreille. C’est loin, ça me semble être une actu qui ne me concerne pas.

Je rejoins mes copines au bar.
C’est notre bistrot fétiche, un petit bar de quartier qui paye pas de mine. Mais on l’aime bien.
C’est petit, on se marche les uns sur les autres. Il est principalement fréquenté par des habitués, les jeunes filles se mélangent aux vieux cinquantenaires barbus, aux femmes à la peau rougie, aux intermittents qui improvisent souvent quelques notes de guitare au fond du bar.
On joue aux fléchettes, on s’entasse sur la terrasse en grelottant.
On se fait le débrief des derniers jours, le boulot, les séries qu’on a regardé, le livre qu’on a lu, on commente les dernières actus, on partage nos indignations sur les propos de tel ou tel politicien,  nos réflexions et questionnements sur telle ou telle injustice sociale qu’on aimerait pouvoir changer, nos doutes existentiels, nos envies et projets pour les mois à venir. Les célibataires racontent leur derniers rendez vous tinder catastrophiques, les meufs en couples se plaignent de leur mec et de leurs broutilles du quotidien.
On rigole beaucoup, on pleure parfois, en tout cas on parle à cœur ouvert.
Enfin , presque, on ne dit jamais vraiment tout...

Je bois une pinte et puis une fois qu'elle est terminée, j’ai envie d'en commander une deuxième.
On continue la soirée, même si c’est mercredi et qu’on travaille le lendemain.
Je me sens saoule, euphorique et envahie d’une savoureuse insouciance et désinvolture.
J’ai pas envie que ce sentiment se termine alors que je sens que cette soirée de milieu de semaine touche à sa fin, que bientôt il va falloir payer et partir.
J’envoie un message à mon dealer et en rentrant chez moi, on se retrouve, je lui prends un demi.
Je finis la soirée chez moi avec ma poudre blanche. J’écoute de la musique, j’écris.
Il est vite terminé.
Et avec lui commence le sentiment de culpabilité, de honte, d’angoisse.
Je me dis que je suis trop nulle, que la soirée avait été bonne et que je n’avais pas besoin de ça.
Je bade un peu en me disant que j’ai décidément pas réglé ce problème...
Mais j’essaye de laisser cette pensée de côté, car je sais que ce n’est pas le moment de cogiter là dessus. Que c'est trop tard maintenant, que je dois juste attendre que cette angoisse parte, car elle finit toujours par partir.
Et que tomorrow is an other day, comme dit Scarlett dans Autant en emporte le vent.
Le sommeil emporte avec lui l'amertume et les regrets qui accompagnent la fin de la poudre lunaire, je le sais et ça m’aide à me calmer.

Je finis par m’endormir vers 4h du matin, et le réveil à 8h est difficile.
Mais je me lève quand même, parce que j’ai envie d’aller au boulot, et qu’il y a une soirée ce soir, un événement avec du public. Je sais que ça va être bien, que ça va être un joyeux moment.

La journée est un peu difficile mais elle se passe quand même.
On prépare l’événement du soir, et la fatigue s’estompe progressivement dans l'après-midi.
Le soir, les spectateurs arrivent, on s’entasse dans les petites salles de spectacles du lieu, et puis quand c’est fini tout le monde boit des coups. On félicite un tel ou un tel, on commente la soirée, ce que ça nous a évoqué, provoqué. On parle de nos émotions , de créations, on se raconte sans jamais trop en dire, on est transparent tout en restant pudiques.

Comme d’habitude, je bois des verres de rouge tout le long de la soirée, même si je suis au boulot.
Mais je fais mon taff et mon ivresse ne me porte pas préjudice. Je sais que je suis un peu trop dans l’excès, mais je suis comme ça, et on m’aime comme ça.
D'ailleurs, sur les murs du lieu, on peut lire "Enivrez vous, enivrez vous sans cesse, de vin, de poésie ou de vertu".
Alors, tout le monde s'enivre, et tout le monde est un peu dans le même  état que moi, finalement. Même si eux, ils contrôlent, contrairement à moi, et que pour eux, ces ivresses festives n'ont jamais posé problème, contrairement à moi.   

Car oui, même quand je profite et que je suis heureuse, il y a cette petite voix qui me dit que tout cela , ce n'est pas bon pour moi, que je ne devrai pas faire ça.
Que je me voile la face à travers tout cela.

Mais pourtant, il me semble à ce moment là que la réalité, elle est là sous mes yeux,  je la perçois à travers les sourires et les regards des gens.
On rigole, on se touche, on postillone, on se prend dans les bras et on s’embrasse. On est ensemble et on est vivant, avec nos forces, nos douleurs, nos névroses oui mais surtout notre désir et notre curiosité de l’Autre, de vivre des moments de plaisirs, notre envie d’écouter, de parler, de toucher, de sentir les présences et les chaleurs humaines.
Car elles nous font du bien toutes ces petites choses là.
Elles nous tiennent chaud, elles nous font grandir.
Nous nous guérissent de nos petits maux, elles adoucissent toutes ces petites solitudes invisibles qui picotent à l'intérieur de chacun de nous.

A l’époque, on n’imagine pas un instant que l’autre puisse être un danger, qu’on puisse être un danger pour l’autre.
Que s’embrasser et s’enlacer, c’est mal.
Et que pour aider et faire les choses bien, il faut se tenir à distance, ne plus toucher , ne plus goûter, ne pas rire trop fort.
On se contente de mettre un préservatif quand on a un rapport sexuel. On n'imagine pas un seul instant que dans quelques mois, on devra se protéger lors de toutes nos moindre petites interactions sociales.


C’était il y a un an …
J’avais conscience de n'avoir pas réglé mes problèmes d’addiction.
Mais je vivais avec comme je le pouvais.
Oui, je buvais trop, je fumais trop, j’allais trop souvent dans les bars, et je continuais parfois, à prendre de la coke toute seule chez moi, en secret, sans en parler à mes proches.  Il me semblait que les cravings étaient ingérables, et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi je continuais de consommer, pourquoi je n'arrivais toujours pas à me maîtriser et à me dire "non".
Je ne le vivais pas bien, c'est indéniable.
Mais j'arrivais à vivre quand même.
A avoir envie de vivre, surtout.

Et à continuer de caresser l'espoir qu'un jour, je finirai par y arriver.
Quand j'essayais de prendre de la distance et de faire le bilan, je me disais que ça n'allait finalement pas si mal.
J'essayais de me rassurer en me disant que certes, je n'avais pas complètement arrêté, mais que ça ne prenait pas trop de place dans ma vie.
Quand je regardais en arrière, que je me souvenais de ma vie en 2016 et 2017, j'étais même un peu fière du chemin parcouru.
Certes, je n'avais pas encore gagné la guerre, mais j'avais gagné plusieurs batailles.

En me retournant sur ma vie, je voyais plusieurs années de souffrance, de mal être, mais aussi de victoires et de réussites. Je voyais une belle avancée. Je n'avais plus rien à voir avec cette fille d'il y a 3 ans, au chômage, à 700 euros de découvert, le coeur brisé après une histoire de 3 ans qui m'avait fait perdre toute l'estime de moi même, vivant chez sa mère.
A l'époque, tout ce qu'il me restait, c'était mes amies. Et j'étais fière d'avoir toujours réussie à prendre soin de mes relations amicales, d'être capable de bien m'entourer, savoir ce qui était bon pour moi, me ramenait à la surface, même quand j'étais attirée par le fond.

En me retournant sur ma vie, je réalisais le parcours que j'avais fait. Aujourd'hui, j'avais mon appartement, j'étais indépendante, en CDI avec un boulot qui me plaisait, et même qui réunissait toutes mes passions. Un boulot dans un cadre idyllique, des relations avec des collègues bienveillants et complices.
Et puis, une histoire d'amour qui durait depuis plusieurs mois, et en laquelle je croyais. J'avais envie de construire des choses, et je trouvais un homme qui avait les mêmes envies que moi. Souvent, je m'étais fait la remarque que les échecs dans les histoires d'amour étaient principalement dus à des décalages de temporalités. Des moments dans lesquels on ne se trouve pas, des rencontres qu'on fait A un moment qui n’est pas le même, à un moment où les aiguilles ne se rejoignent pas, comme si on était pas réglé sur la même heure. Des petits décalages auxquels on ne peut rien changer, mais qui sont responsables de la plupart des échecs amoureux.
Avec lui, je me sentais sereine, portée, motivée par cette énergie et cette envie partagée.
JE savais que rien n’était gagné , que mes addictions prenaient encore beaucoup de place. Mais avec lui, malgré tout, j’avais la sensation d.etre sur le même fuseau horaire.

Il y a un an, voilà,
quand je me retournais sur ma vie,
même si tout n'était pas résolu et que j'avais encore du chemin à faire, que certains de mes comportements continuaient de m'échapper,
finalement,
je me sentais apaisée.

Je me rassurais en me reposant sur cette idée à laquelle je continue aujourd?hui de croire :
Le problème, ce n’est pas de consommer.
Et on peut consommer sans que cela prenne toute la place et que ce soit quelque chose dont on doit absolument se débarrasser.
Le problème , c’est quand le fait de consommer a des conséquences négatives sur la vie sociale, financière, familiale, professionnelle, les loisirs et l’hygiene de vie.

A cette époque la, ma consommation de cocaine n’avait pas réellement de répercussions,
Je vivais finalement presque normalement , comme quelqu un qui n’en consomme pas. Enfin je crois. La seule chose qui me pesait , c’était le fait de me dire que c’etair mal et que je ne disais pas tout à mes proches.
Ce qui me posait beaucoup questions , c’était cette culpabilité et cette idée que la drogue, c’est mal. Je me questionnais beaucoup , et je me disais qu’au fond c’était surtout cette croyance qui me gâchait la vie. Et que peut être, il suffisait d’accepter le fait de consommer de temps en temps, à partir du moment où ça ne posait pas problème dans ma vie et mon état psychique et physique.

Il n'y avait aucune urgence, aucun drame,
tout ça, c'était la suite du chemin,
la continuité logique des choses et du travail entrepris sur moi, pour devenir ce que je suis et ce que je veux. 

Le week end, je sortais en boite avec J. Une boite ringarde, en décalage avec les boites un peu hype de la ville. Mais nous c’était celle ci qu’on aimait, avec sa playlist éclectique, passant d’Ayana Kamoura à France Gall, Jean-Jacques Goldman, Larousso, Indochine, Claude François, Diam's, Lartiste et Angèle.
On se déchainait sur la piste sans peur du ridicule, au milieu des vieux libidineux, beaux gosses et cougars en bas résilles.

En boite, je ne prenais pas de coke, et je n’en avais pas envie. Deux ou trois vodka redbull me suffisait. De toute façon, on avait pas les moyens de consommer davantage, au prix de la conso.
On sortait fumer des clopes et on se les caillait sévère, on faisait la queue à la fermeture, entassés au milieu des autres, suantes, les cheveux gras, les fringues puantes à cause de toutes les boissons qu'on nous avait renversé dessus. Je rentrais chez moi, j'avais mal aux pieds d'avoir trop dansé et aux maxillaires d'avoir trop rigolé.
Le lendemain, j’avais mal à la tête, je me levais tard, et je passais la journée à textoter avec ma pote pour faire le débrief de la soirée.


Trois mois plus tard, lors d’une nouvelle soirée au boulot, on apprend la fermeture des écoles.
Ca semble encore surréaliste, on ne réalise pas vraiment.

Et puis, la fermeture des bars.
Avec ma complice de cuites et de boites, on décide de faire la tournée de nos bars fétiches.
Certains font happy hours toute la soirée.
A minuit, dans le dernier bar, ils passent « Ne me quitte pas »  et « Good Bye my lover ».
On chante à tue tête avec les quelques clients qui restent.
On se filme et on poste des stories sur les réseaux de nous chantant dans les bars, avec un #findumonde.

On sait que la situation sanitaire est grave, et on profite pleinement de cette soirée. On refait le monde. On imagine tout et n'importe quoi. On rit trop fort, on postillonne, on se raconte nos malheurs, nos joies, on critique les gens qu'on n'aime pas, et on critique aussi les gens qu'on aime.
Bref, on est nous, on s'aime, on est vivantes.

On ne réalise pas du tout ce qui nous attend ces prochains mois.
A minuit, la cloche sonne et les bars ferment.
On s’incruste dans une soirée d’anniversaire pour rejoindre mon mec et on arrive complètement torchées. Les gens sont plutôt calmes la bas, mais on est fières d’avoir vécu la fermeture des bars. On est complètement déchainé et on fout le bordel dans les 30m2 rempli d’une vingtaine de personnes.
Totalement impolies et sans aucun scrupules, on dégomme un bol de guacamole, on prend le controle de la playlist et on critique l'ambiance de la soirée.
Alors que les gens sont juste posés, tranquille.
Ma pote discute à la fenêtre en fumant une clope avec un beau métisse pendant que je titube dans les bras de mon mec.
Finalement, le propriétaire des lieux qui fête son anniversaire dit poliment à ma pote qui continue de se plaindre de la musique et de l'ambiance de la soirée, que si elle est pas contente, il l'invite à aller ailleurs.
Révoltée et vexée par sa remarque, elle m'embarque pour me dire qu'on quitte les lieux sur le champ, qu'on n'a rien à faire dans cette soirée de cul serré dans laquelle on ne peut même pas mettre un petit "Envole moi" ou "Résiste" des familles.

On quitte la soirée, avec mon mec gêné et honteux de nous avoir invité à la soirée.
Sur le chemin du retour, à 3h du matin, on titube, on rigole, j'enlève mes talons qui me font mal aux pieds et je marche pieds nus dans la rue.


Et puis arrive le confinement.
Deux semaines plus tot, j’ai emménagé avec mon copain.
Cette nouvelle vie à deux, dans ces conditions là, est assez compliquée. C’est pas ce qu’on avait imaginé comme début.
Je télétravaille, lui en tant qu’intérimaire dans l’événementiel perd son boulot.
On fait souvent des visios avec des amis.
Je me prends ma première cuite à l’appartement en visio, et je vomis pour la première fois après cette soirée virtuelle.
J’étais stressée sur comment j’allais gérer ma conso de cocaïne en habitant avec quelqu’un.
Et le début du confinement m’angoisse.
Finalement, pendant 2 mois, je continue calmement en commandant en moyenne un demi par semaine.
Je culpabilise de continuer cette conso en cachette … mais je le fais quand même, et ça passe inapercu.
En y repensant, ca me semble tellement peu, au milieu de ces semaines chez soi invraissemblables ...
Mais je n'ai pas de sentiment de vide.
Je me sens remplie et ce confinement, malgré la vie à deux compliquée, m'apporte finalement une certaine jouissance. Et un absurde sentiment de liberté.
Je peux faire ce que je veux chez moi, quand je veux, gérer mon temps comme je l'entends.
Je m'impose un rythme de vie, car je sens que j'en ai besoin pour surmonter cette période étrange.
Je me lève à la même heure que d'habitude, je me mets devant mon ordi, je mange à heures fixes, je m'occupe de l'appartement.
Je me sens finalement plutôt bien.

Et puis, j'ai envie de faire plein de choses. J'ai plein de nouveaux projets pour le boulot, pour continuer malgré le confinement.
Deux fois, je retourne au travail pour un projet, qui part un peu en vrille.
Je dors chez un inconnu avec une camarade de travail, je couche avec un mec que je connais à peine, et la deuxième fois on partage un gramme de coke, je roule des pelles à ma collègue alors qu'elle est totalement ivre, mais qu'elle m'attire depuis des heures.
Le lendemain je rentre chez moi un peu sonnée, un peu coupable de ne pas être honnête envers mon copain, mais je me sens grisee d avoir vécu ces moments un peu fous en plein confinement.

J’ai envie de faire des choses, de voir des gens, d’etre utile.
Je fais quelques maraudes dans la ville. Il fait beau, je parle aux sdf, les rues sont vides et c’est bizarre, mais ça me fait du bien de marcher et transpirer sous le soleil, des sacs plein de bouffe dans les mains.

Et puis le confinement touche à sa fin, et la vie reprend plus ou moins normalement, en béquillant.
Et pourtant ...

C'est à ce moment là que ça commence à se compliquer.
J'ai toujours été lente à réagir.
Mais le même schéma se répète, encore et encore, tout au long de ma vie.
Quand il y a un changement, je continue, imperturbable, le coeur vaillant. J'écoute les malheurs des autres, je soutiens, je divertis.
Ca a toujours été comme ça.
Je me sens forte, comme si rien ne pouvait m'atteindre.
Je fais des blagues, je suis joyeuse, je fais tout pour que la vie continue et faire en sorte d'adoucir les morosités.

Et puis, toujours, c'est le même schéma qui se répète, encore et encore.
Quand la tempête s'apaise, moi je coule.
Sans un bruit, sans un plouf.
Doucement, je me noie, sans que personne, pas même moi, ne s'en rende compte.


En juin, ça commence à se dégrader.
Chaque prise de cocaïne est suivie de grosses crises d’angoisses et de pleurs. Pourtant, je ne consomme pas plus que d’habitude. A en croire mon journal de consos, même moins que d’habitude.
Mes nuits blanches m’épuisent et je loupe quelques journées de boulot, de temps en temps.
J’explique mes crises d’angoisses à mes collègues, sans rentrer dans les détails. Ils savent que je suis fragile…
Tous nos événements sont annulés.

Même si je ne prends plus de traitement, je suis toujours suivie par une psychiatre. Nos rendez vous sont espacés mais j’ai toujours tenu à garder un suivi, même si je vais bien depuis deux ans.
J’ai aussi une psychologue dans un CSAPA que je vois environ une fois par mois, et mon médecin généraliste est addictologue.
Je recommence un nouveau traitement, avec l’antidépresseur Effexor en Juillet.

Pour la troisième année, j’ai un autre boulot pendant l’été, sur mes congés.
je rentre peu chez moi pendant 6 semaines, dormant dans la ville où je travaille.
Je fais beaucoup de soirées avec mes collègues.
Je bois beaucoup, comme chaque année pendant ce boulot là. Ca fait partie du trucs. Le soir, on bosse ensemble et on picole.
Je n’ai aucun plan coke à cet endroit là, et je n’ai presque pas de craving pendant ces soirées travail et picole.
Je continue un demi gramme le week end en rentrant, et ça va.

J’ai un rythme intense, je vois beaucoup de gens, mais j’adore.
Je ne me rends pas bien compte que l’état euphorique permanent dans lequel je me trouve est du au nouvel antidépresseur.
Je couche avec mon collègue de l'été, pour la deuxième année. Au fil des semaines, je me sens un peu amoureuse de lui. Je me sens un peu perdue dans mon couple.
Un jour, je rentre chez moi avec la voiture, complètement ivre, pour chercher de la coke. Je raye complètement la voiture, qui est à mon copain, parti en vacances.
Le lendemain est difficile. je n'arrive pas à aller au boulot. Je passe une soirée avec mon collègue du boulot que je fais pendant l'année.
Il me donne de la coke et de la DMT. La nuit, je dors avec lui, on se touche un peu mais sans aller trop loin.

Je finis le taff de l'été, j'ai deux semaines de vacances. Je retrouve ma vie quotidienne, mon appartement, mon copain. Et finalement, alors que j'avais peur que le retour à une vie plus simple soit difficile après l'intensité de ce boulot estival, ça me fait du bien. On part quelques jours en vacances, et tout semble simple. Je me repose, je prends du temps pour moi, pour nous. Et je me sens bien.
Je réalise que je suis bien avec lui et que je l’aime vraiment malgré les dérives de l’été. J’avais perdu un peu d’estime pour lui a cause des derniers mois et de son inertie , son manque d l’activité , son manque d’écoute, de soutien , de clairvoyance vis à vis de moi.
Mais il m’apparaît clairement que c’est lui que je veux, une vie normale et vraie avec lui.
Car quand j ai tant de mal à savoir quand je suis bien , entre ses bras je me sens complète, entière, sans avoir besoin d’autre chose ni d’etre quelqu’un d’autre ou dans un autre état. Et je n’ai jamais eu de sentiment , avec personne, avec aucun autre homme.


A la fin de l’été, j’ai presque retrouvé une vie normale.
Je vois mes amies, on boit des bières en terrasse. Je fume beaucoup, je tousse et les gens me regardent de travers.
Je vais au cinéma, je me promène. Je me sens ragaillardie par cette liberté retrouvée.

La rentrée de septembre arrive.
On doit porter des masques.
Mais tout est encore à peu près normal. Au boulot, on reprend nos événements comme avant, comme avant mars. On entame une nouvelle saison, heureux, enivrés par tous ces projets et promesses qu'annonce cette nouvelle année.

Notre lieu est un peu alternatif et on en profite. quand il n’y a pas de public, personne n’a de masques, on picole et on continue de vivre en essayant d’oublier le monde autour de nous.
Fin septembre, pendant l'ouverture de saison, j'ai de nouveau mes envies et folies qui prennent le dessus. J'essaye d'embrasser une artiste qu'on accueille et je finis la soirée avec mes collègues à prendre de la coke, qu'un livreur m'a offert en échange de quelques plaisirs pendant 10minutes dans la voiture.
Je rentre chez moi, un peu coupable, mais laissant derrière moi ces dérives et débordements.
C'était un moment d'égarement, dû à l'éuphorie de la rentrée et de la reprise des événements après des mois d'annulation. Il ne s'était rien passé au boulot depuis le mois de mars, on a un peu, j'ai un peu, beaucoup, déconné, mais c'était la joie et le plaisir de retrouver ce qu'on avait perdu.
Maintenant, on va se reprendre, et je vais me reprendre, gérer les choses comme avant.
Continuer mes folies et dérives avec raison, conscience et lucidité.


Et puis de nouveau, les bars ferment.
Cette fois, on ne fait pas la fermeture des bars.
Une certaine lassitude m’envahit.
Au boulot, on doit de nouveau annuler nos événements.
Et paradoxalement, j’ai de plus en plus de taches, de choses à gérer et de responsabilités.

Le nouveau confinement arrive.
Rien à voir avec le premier.
Fini le yoga, le rangement à la maison, la lecture et les séries.
Je vais au boulot, mais peu à peu je m'éteins, l’air de rien.
J'essaye de continuer et lors de mes soirées cocaines, je note toutes mes idées et projets pour le boulot.
En réunion, je les expose et enthousiasmée par l'approbation de l'équipe, je commence à mettre plein de nouvelles choses en place pour continuer malgré le nouveau confinement.

Toute la vie commence peu à peu à n'être que le travail.
Autour du boulot gravite une joyeuse bande, avec laquelle je me suis toujours bien entendue.
Mais progressivement, ce mélange de vie professionnelle et vie privée s'étend et prend de plus en plus de place.
Je reste tard au travail pour boire des coups et papoter avec les collègues.
Un collègue me donne de la coke régulièrement et 2 ou 3 fois, on fume de la DMT ensemble.

Le soir, je retrouve mon copain.
Il va dans le bureau et geek sur l'ordi.
Je me retrouve devant la télé.
J'arrive à me faire livrer de la coke discrètement, sans sortir de chez moi. Les dealers me laissent un pochon dans un pot que je laisse à la fenêtre, que je récupère ni vu ni connu.


Avant, je pensais que mes sorties dans les bars étaient responsables des cravings. Que les pintes dans les bars et mes ivresses généraient ces envies irrépressibles de cocaine. Souvent , je me disais que la solution pour arrêter la drogues, ce serait d’arreter les sorties et les enivrements dans les bars. Que si seulement j’arrivais à rester chez moi, le problème serait résolu. Je me disais que le problème, ce sur quoi je devais travailler, c était mon incapacité à rester seule chez moi, a trouver des occupations  et des plénitudes dans ma solitude et entre les murs de mon appartement.

Je me trompais en fait.
Les cravings ont continué chez moi, parfois sans alcool.
Et les frustrations, plus elles étaient grandes, plus mes conso étaient longues et démesurées.
En fait, je n’avais plus de limites, plus de raison de me restreindre.
De toute façon , il ne restait plus que cela pour m’echapper et m’evader un peu de moi même.


En 2017, j’avais été diagnostiquée borderline.
Et puis, quand j’ai commencé à aller mieux, ma psychiatre était revenue sur le diagnostique.
Pourtant aujourd’hui, j’ai retrouvé tous mes symptômes : sensation de vide, émotions exacerbées et fluctuantes, mises en danger, relations sociales en dents de scie, culpabilité, honte, alternance entre idéalisation et colère envers mon amoureux, impulsions incontrôlables, besoin de sexe pour me sentir valorisée et remplie, angoisse permanente d’etre abandonnée alors que paradoxalement tout mes comportements excessifs testent en permanence les gens que j’aime sur leur capacité à me supporter et mettent en danger mes relations les plus chères ...

J’avais arrêté d’acheter des bouteilles de vodka depuis 3 ans, et me voila de nouveau à boire une bouteille pure, sans vomir, juste pour m’anesthésier.
Il y a encore pas si longtemps, un demi gramme me suffisait et durait plusieurs heures. Une fois fini, je n'avais plus de craving, je m'en contentais, j'acceptais le fait que ce soit la fin.
Progressivement, je n'ai plus réussi. De nouveau. Comme ça n'était pas arrivé depuis 3 ans.
Une fois le demi fini, j'en voulais encore.
J'en recommandais, mais c'était compliqué. Avec le confinement et le couvre feu, c’est devenu de plus en plus difficile.
Alors, finalement, comme je savais que ça n'allait pas me suffire, j'ai commencé à recommander un gramme.
Et parfois, après le gramme c’est devenu 2. Et puis en deux jours j'allais jusque 3g, sans m’en rendre vraiment compte.
Il y a encore quelques mois, en repensant à ma consommation de 3g journalière de 2016, ça me semblait inconcevable. J'en étais arrivée à me dire que je l'avais inventé, que j'avais exagéré cette consommation.

Et puis début décembre, il m'est apparu que j'étais en train de dégringoler de nouveau, que je n'y arrivais plus toute seule, qu'il fallait stopper tout ca, que j'avais besoin qu'on prenne soin de moi. Que j'avais besoin d'interrompre cette charge mentale et me reposer.

J’ai été hospitalisée une semaine.
Nouveau traitement. Nouvel antidépresseur, Cymbalta.
Mon copain ne comprend pas trop cette hospitalisation et me fait sentir qu'il en souffre.
Quand on s'envoie des messages cette semaine la et que je lui demande s'il a bien dormi, il me dit que non, que c'est difficile. Mais jamais il ne me demande comment je vais.
Autour de moi, mes amies, mes psys, ma famile, me félicitent. Me disent bravo d'avoir eu le courage et la démarche de cette hospitalisation, d'avoir réussi à écouter mes besoins et d'avoir la capacité de demander de l'aide.
J'ai honte d'être de retour dans cette incapacité à me gérer mais oui, quelque part, je sais que je ne suis pas dans le même état qu'avant, que je suis plus lucide et mature qu'il y a 4 ans.
Que je sais ce qui est bon pour moi et ce dont j'ai besoin, même si je n'arrive plus à le faire toute seule, à subvenir à mes besoins vitaux, à m'éloigner de ce qui me met en danger et me ronge.
Pourquoi, pourquoi ?
Je continue à cogiter des nuits entières, je m'en veux, je perds espoir, je ne comprends pas pourquoi les gens y arrivent et pas moi.

Mais, au fond, j'ai envie. Je continue de croire que je vais y arriver, qu'il y a pas de raison.
J'ai envie de me battre, de faire en sorte que les choses bougent, que les choses changent.
Que moi, je change, que je bouge, que j'aille enfin vers ce qui est bon pour moi, pour ceux que j'aime. Arrêter d'être un problème, de me détruire toute seule, alors que je n'ai pas de raison réelle de me faire du mal, à moi et à ceux qui m'entourent.
Car au fond, ma vie, elle est belle, et tout pourrait aller tellement bien si je n'étais pas comme je suis, si je ne gachais pas tout toute seule , sans raison ...
A ce moment là, l’hospitalisation m’apparaît comme la fin de cette déchéance, que cette décision va mettre un terme à cette perte de contrôle sur la vie et mes pulsions addictives et destructrices. J’ai un certain sentiment de soulagement.


Le mois de décembre a filé, mes jours de convalescence avec.
Après l'hospitalisation, je m'étais imposé un certain rythme.
Et puis peu à peu, ça a repris le dessus. j'ai continué à appeler mes dealers, à consommer, de plus en plus tot, de plus en plus souvent, de plus en plus de g.
Les fêtes sont arrivées et avec elles, des perspectives, des gens à voir, des envies d'être bien, d'être belle, avoir bonne mine, le nez en bon état, les idées claires, d'être totalement présente sans substance.
PEndant quelques jours, je n'ai pas consommé, j'étais avec des gens que j'aimais, j'ai passé de bons moments.
Et surtout, je me suis donné les moyens pour,
Les vivre, ces bons moments.


C'était une douce escale avant de reprendre les vagues et les intempéries de mes dérives autocréees.

Je devais reprendre le boulot début Janvier et puis non, je n'ai pas réussi.
Même les jours de non consommation, je dors très mal.
Je me réveille toutes les demi heures, tous les quarts d'heures parfois. Je fais des cauchemards, je sursaute.
J'ai commencé par un demi atarax et puis un, deux, trois, quatre.
Même avec quatre, je continue de me réveiller, mon sommeil est sans cesse entrecoupé.
Et quand enfin j'arrive à m'endormir profondément au petit matin, impossible d'émerger avant midi/13h ...

J'ai continué à prendre de la coke, souvent.
Enfin, mon copain a finit par prendre conscience de l'ampleur de mon addiction, et on a enfin réussi à avoir un vrai dialogue ensemble.
Je pense qu'il a enfin, après des mois de déni, pris conscience des choses;
Nos relations se sont apaisées, j'ai la sensation d'être mieux comprise.

Mais toujours.
Encore.
J'ai continué.
Jusqu'à ce qu'il me prenne ma carte bleue, à ma demande, et enfermé les bouteilles d'alcool chaque soir dans le bureau.
Toute la journée, enfermées à clef.

Mais alors, sans argent et sans alcool,
Je me dégoûte à manigancer des stratagèmes, à contacter tel ou tel mec qui consomme et serait enchanté de m’offrir quelques traces en échange de quelques caresses.
Et quand cela ne me suffit pas et que je me sens perdante dans l’échange alors il me suffit de répondre aux sollicitations des hommes qui continuent de me harceler pour passer un moment ensemble, et ils sont tellement contents d’avoir une réponse après tous leurs messages ignorés.
Alors il suffit d’une demie heure ou j’oublie mon corps, une demie heure pendant laquellen on me désire et m’idolatre, parfois une petite heure pendant laquelle il me suffit de sourire et exagérer ma naïveté et mon énergie pétillante...
pour pouvoir ensuite m’acheter plusieurs heures dE petite bulle et de torpeur à la fois floue et qui me donne pourtant tellement envie , et me permet de façon si intense d être entièrement à ce que je fais, sans cette sensation de vide, ce malaise , ces pensées parasites et cette anxiété qui m’accompagnent et me pèsent en permanence...

Alors, je suis amoureuse , et j’ai envie d être avec lui.
Mais là l il a beau m’aider,
Je m’enfonce de plus en plus ,
Malgré lui et malgré moi
Et je suis triste de le trahir

Au fond c est ça le plus douloureux
J’en viens presque à regretter ces moments où j étais seule et ce temps où il était si simple de me donner, si simplement, sans trahir personne d’autre que moi même ...

Certaines fois, il me semble que tellement rien n’a plus de sens aujourd’hui dans ma vie ,
Qu’il Serair plus simple de ne plus lutter du tout ,
Ne plus mentir , ne plus cacher , ne plus rester chez moi la nuit emprisonnée par le couvre feu,
Que tout serait plus simple de tout arrêter là et aller chez tel ou tel mec sans explication pour me defoncer toute la nuit.


Mais pour le moment , j’arrive à m’en empêcher.
Au lieu de ça, je crois bien que je fais tout pour qu’il me quitte et pouvoir être seule sans faire souffrir personne, pour pouvoir continuer ce délire solitaire.
JE l’aime pourtant , vraiment.
Mais l’amour, ça ne me suffit pas pour vivre et me sentir remplie. De quoi sommes nous remplies ?


Je n’ai toujours pas repris le boulot.
Mon arrêt se termine demain et je devrai reprendre vendredi.
Avec l’antidépresseur, le lamictal et l’atarax, je vais un peu « mieux ».

Pourtant, je sais que je ne vais pas bien.
Je n’ai pas le courage de reprendre le travail.

Pour la première fois depuis 4 ans, je n’ai même plus envie d’arrêter la cocaine.
Je ne trouve de sens dans rien.
Je ne vois plus aucune de mes amies.
Je me sens bien que sous cocaine.
Ou avec des mecs avec qui je consomme, bois et baise toute la nuit pendant des soirées secrètes.

Les gens autour de moi ne comprennent pas vraiment.

Pourtant, moi je comprends.
Je comprends enfin que ces dernières années, j’avais beau boire et continuer à consommer de temps en temps, à culpabiliser etc …
En fait, j’étais heureuse.
J’avais trouvé un équilibre.

Et j’ai perdu tout ça .
Ces soirées dans les bars, ces sorties en boite … j’y retrouvais mes amies, on parlait, on se confiait, on était heureuses.
Je pouvais sortir à tout moment pour chercher de l’alcool à l’épicerie du coin. Appeler un dealer facilement, jusque minuit.
Me déplacer librement.

Maintenant, sans toute cette vie, ces sorties au cinéma, ces apéros, ces moments de folies, de postillons, de peau contre peau.
Je me sens en prison et j’ai encore plus envie de m’échapper à travers la cocaine.
Il ne reste plus que ça.
Et je n’ai pas envie de retourner au travail, de sortir dans ce monde dans lequel je ne trouve plus aucun sens.

Je préfère rester chez moi, ne voir personne, me lever à 14h, m’occuper de l’appartement, jouer du piano, commander de la drogue, écrire, faire ce que je veux. Là ou je peux.
Puisque plus rien d’autre n’est possible.

Finalement, tout cela m’aura permis de me rendre compte que pendant 3 ans.
J’avais beau penser avoir encore des problèmes.
Je les gérais bien.
Et j’étais heureuse, avec ces petits problèmes.

Je pensais que les bars, les sorties, exacerbaient mes addictions.
JE me trompais sur toute la ligne, en fait. …

A cette époque, j'avais envie de voir des gens , de partager,
j'étais entière, vraie,
aujourd'hui, je n'ai plus envie de me morfondre sur mon sort auprès de mes amies, j'ai envie de rester toute seule,
car la vérité est trop dure à dire,
et je n'ai pas envie de mentir.

Alors je préfère continuer,
rester là où je me sens bien, même si tout est faux et que ce n'est pas la vraie vie, que ce n'est pas la réalité,

mais quelle est elle, la réalité, en ce moment ?
que m'offre la vie, de mieux que celle ci ?
est ce que je serai mieux à aller bosser, alors que plus rien n'a de sens dans ce lieu dans lequel je travaille, à rentrer chez moi sans voir personne, me coucher à 22H , pour recommencer le lendemain ?
c'est dans cette vie là, dans ce monde là, que je me sentirais bien ?
est ce que je serai plus heureuse, est ce que la vie aura plus de sens,
si j'achète des cadres, des chaises et des plantes pour mon appartement,
est ce que je vais me sentir mieux,
en achetant des vêtements, un nouveau téléphone ou en mettant de l'argent de côté en prévision d'un avenir que je ne connais pas et qui ne me promet rien ?


Alors oui , j'aimerai bien espérer autre chose,
retrouver cette envie, de continuer, d'aller mieux, de construire, d'aller vers quelque chose de sain, d'équilibré, d'essayer de trouver ma place dans le monde réel, de travailler pour me sentir bien dans le présent, au milieu des gens, sans mentir, sans penser à autre chose, en étant juste bien maintenant, tout de suite, entière, en étant moi et seulement moi, pas un artifice de moi flouté par quelconques substances,

mais aujourd'hui en fait,
malheureusement,
je n'en vois même plus l'intérêt.
J'aimerai voir les choses autrement,
mais malheureusement je pense que personne ne sera en capacité de me faire voir les choses autrement,
puisque
finalement,
tout le monde est comme moi, je crois

et s'ils sont remplis d'autre chose,
et qu'ils savent se remplir sans substance,
tant mieux pour eux
mais ce n'est pas mon cas,
et en ce moment,
je me sens tellement vide
que c'est la seule chose qui me permet de tenir
de me sauver
de poursuivre
oui, peut etre que ce qui m'anime c'est de trouver de la coke tout à l'heure,
mais au fond,
finalement c'est grâce à cela que quelque chose m'anime,
me donne envie, me fait attendre, me fait espérer,

et je ne vois même plus pourquoi j'arrêterai quelque chose qui me remplit
même si elle me détruit,
au moins
c'est à petit feu
et pendant quelques heures
même illusoires
au moins,
je me suis sentie vivante



Je me demande si la situation actuelle a permis à certains de gérer, calmer, leurs consommations.
Je pense qu’on ne parle pas assez de la situation sanitaire et de ses conséquences sur les addictions.
On en parlait en mars, et puis ça s’est terminé.

Pourtant, le couvre feu et tous ces mois qui se prolongent sont beaucoup plus compliqués pour moi que ce doux mois de confinement printannier.

Catégorie : Tranche de vie - 27 janvier 2021 à  23:57

Reputation de ce commentaire
 
Texte touchant et spectaculairement bien écrit, je m’y retrouve!
 
Très bien écrit ! Malaparte
 
Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (pierre)
 
Très bien écrit, touchant
 
magistrale hyrda du quebec
 
Récit poignant /Y
 
Terriblement compréhensible.
 
Superbement bien écrit, et poignant. Merci infiniment ! /HIML



Commentaires
#1 Posté par : anonyme784532 28 janvier 2021 à  02:15
Hello,

Je te remercie pour ton témoignage, il est touchant à lire.

Oui tu semblais être une bonne vivante et ce n'est pas un mal.

Je compatis quant à la tournure de la situation, la covid nous affecte tous et le gouvernement ne semble pas prendre la pleine mesure des effets des suggestif confinement sur le psychisme humain, ce qui d'ailleurs devrait être exceptionnel (le confinement) il en on fait un évènement ''banal''.

Ils nous coupent du monde et cela à bien entendu des conséquences, sur nous, sur notre entourage et sur notre manière de percevoir le monde; on ne vit pas une période évidente, elle est trouble, anxiogène mais on doit tenté (sans te culpabiliser outre mesure rassure toi) de ne pas s'abattre sur nous même et tenté de relever la tête et de continuer à avoir une vie saine.

Je compatis, j'ai perdu mon job en Septembre dernier et tout comme toi je me couche très tard, je me lève à 14h et ça fait quatre moi que ça dur (sauf lorsque je trouve un remplacement à faire) mais il y a des jours oû je me dis que ça suffit et que je dois tenté de me reprendre en main au lieu de vivre comme un ados attardé mais hélas les bonnes résolution termine rapidement à la trappe. Quoique petit à petit je commence à reprendre un rythme de vie plus classique mais ça se fait tout doucement.

Je t'encourage à continuer à suivre les rdv avec le psychiatre, médecin généraliste etc, courage ! ne te démoralise pas tu vas y parvenir à t'en sortir. Garde espoir :).  

 
#2 Posté par : Psilosophia 28 janvier 2021 à  09:36
Merci Emma pour ce témoignage, je me disais justement il y a peu que cela faisait longtemps que tu n'avais pas écrit ici.

Quand je te lis j'arrive à souffrir quand t'as mal et à comprendre les moments où tu te sens"pleine". Ta plume est agile, c'est un fait; tu sembles également connaître sur le bout des doigts une bonne partie des mécanismes qui s'agitent en toi lorsque tu fais face à certaines situations, et j'en suis très admiratif. J'espère que tu arriveras à défaire un jour ton petit sac de nœuds.

Le confinement général est passé pour beaucoup d'une situation presque agréable dans les premiers mois à quelque chose de fortement anxiogène. Ce qui est certain, c'est qu'une telle situation va avoir tendance à exacerber les comportements addictifs chez les individus qui y sont sujets. Moi même je dois lutter un peu pour ma survie mentale depuis un an, même si cela ne prend pas la même forme que toi.

Je compatis très fort!

 
#3 Posté par : bohbohboh 28 janvier 2021 à  13:45
Texte très touchant, je me reconnais un peu dans ce que tu racontes, un premier confinement très modéré et le second à enchainer des traces en cachette pour pas me faire griller par ma copine durant notre télétravail. Il va falloir que cette situation prenne fin, parce que je pense que nous sommes beaucoup à souffrir d'addictions que nous ne parvenons plus à gérer..

Merci Emma d'avoir posé des mots sur beaucoup de sentiments que je n'arrive pas a exprimer, je te souhaite du courage !

 
#4 Posté par : JellyFish's Dream 29 janvier 2021 à  08:53
Salut,

Merci pour ton témoignage, aussi touchant que bien écrit.

Psilosophia a écrit

Ta plume est agile, c'est un fait; tu sembles également connaître sur le bout des doigts une bonne partie des mécanismes qui s'agitent en toi lorsque tu fais face à certaines situations, et j'en suis très admiratif.

Moi aussi ! C'est rare, et c'est une chance.

Généralement, ce sont les femmes qui ont cette puissance émotionnelle (enfin, quelques-unes.), à pouvoir se mettre soi-même en face de soi. C'est preuve de force et d'intelligence.

Moi je suis à l'aveuglette avec moi-même. Cache-cache avec les émotions. Cache-cache sauf que je suis pas au courant qu'on joue.

Courage demoiselle.

JFD


 
#5 Posté par : plotchiplocth 30 janvier 2021 à  10:31
je.... j'ai beaucoup de mal à trouver des mots pour t'exprimer toutes les pensées venues à la lecture de ton texte....

alors je vais juste te dire simplement : merci beaucoup de partager ce récit

en te souhaitant des jours plus sereins

 
#6 Posté par : Morning Glory 30 janvier 2021 à  15:23
Tiens y a pas que moi qui écris des gros pavés des fois.

Ouai beaucoup de courage hmm Pis la COVID devrait se freiner avec les vaccins, bientôt.

 
#7 Posté par : Momo75014 30 janvier 2021 à  19:51
Salut moi aussi sa me manque beaucoup le café pmu on était entre pauvre mais libre au moin ! Maintenant laisse tomber les flics nous empêche même de rester boire l'alcool devant le bar sad  on doit se cacher pour rentrer dans la chicha heureusement on peut encore  fumer le haschisch et piyave  dans la cité mais on peut même plus etre tranquille draguer les filles etc
J'espère que les français vont enfin  se rebeller comme a Rotterdam jen serait en tout cas quand sa va chauffer !

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