Pourquoi consommer? Part1: discrimination sociale et judiciaire des UD

Catégorie : L'enfer c'est les autres
15 février 2016 à  15:33

En discutant sur un fil du forum, j'ai commencé à  me demander quelles étaient mes raisons de consommer des drogues.
J'ai pris pas mal de trucs légaux ou non, et souvent eu un comportement addict (sans nécessairement de forte dépendance physique). Alcool, herbe, héro, coke, benzo, hypnotique, champi, LSD, RC...

La drogue est très mal vue socialement, la consommation présente des risques physiques/psychiatrique, judiciaire/sociaux non négligeable. Alors pourquoi continuer? Et pourquoi je me dis consciemment que je n'arrêterais pas?

Le sujet étant compliqué, je vais séparer les arguments contre la drogue d'une part, et dans un prochain post, les arguments qui me la rendent pourtant indispensable

Impacts sociaux-judiciaires
Aspects judiciaires
En France, la loi est par principe "l'expression de la volonté générale du peuple, de l'intérêt général". Ce principe est écrit dans notre constitution et à  donc une très haute valeur dans la hiérarchie des lois.

Il me semble que je ne fait pas de mal à  la société, ni à  l'intérêt général, en consommant. Éventuellement je me fait du mal et je pourrais coûter de l'argent à  la société en me rendant invalide. C'est le seul impact direct de ma consommation pour la société, et il n'y a aucune raison de le traiter pénalement.

Indirectement par contre, j'enrichi des dealers. Ces derniers peuvent avoir des comportements franchement nuisibles à  la société (ex. crime liés à  la drogue). Donc je donne du pouvoir financier à  des criminels potentiels (je parle pas du dealer de rue), c'est pour moi l'aspect moral le plus perturbant et pouvant mériter une punition légitime, en tant que complice indirect. Je précise que cette punition ne serait légitime que si je connais l'usage qui sera fait de l'argent, si je n'en ai aucune idée, il n'y a pas de base pour une condamnation. Quand vous acheté une baguette, vous n'allez pas vous inquiéter que le boulanger devienne un meurtrier.

Pour résumer : un UD ne fait pas plus de mal à  la société qu'un addict aux sports extrêmes. Mais le pouvoir judiciaire nous a dans le nez, il ferait mieux d'y mettre une ligne.

Aspects sociaux

Beaucoup, moi compris, vivent en cachant leur consommation. Ce qui à  un impact direct sur nos rapports sociaux. Ne pas pas pouvoir être honnête entraine une charge émotionnelle constante (pour moi encore) . Se cacher implique aussi toujours la peur d'être "grillé", par un historique internet, une paille qui tombe de la poche, donc une surveillance constante, usante à  terme. Cette surveillance contribue à  la culpabilité et à  la honte, inconsciente ou non, que je ressent vis à  vis de la consommation.  Cependant se cacher n'est pas inutile :

-   Si mes collègues de travail apprenaient ma consommation, au mieux je ne serais plus invité aux apéros ou activités sociale, au pire débarqué pour une faute inventé.
-   De même pour la famille/amis proches, qui ne comprendrait pas, ils ne cesseraient  pas de me voir mais me culpabiliserait, ferait du chantage émotionnel, tout discours raisonnable serait impossible.
-   Pour les amis un peu lointain, je pense que je n'entendrai plus parler d'eux
-   De manière générale si une personne sait que quelqu'un est UD, sont regard va changer : "UD=drogué=junky=incapable/indigne de confiance/inapte au travail" ces égalité sont considérée comme évidentes chez beaucoup de monde. Evidemment elles sont fausses, l'usage de drogue n'a pas de lien direct avec les performance au travail.  Pourtant ces préjugés qui engendrent une discrimination importante, qui pourra pousser des drogué à  ne pas aller vers des boulots "classiques" et de choisir la vie de la rue par exemple..


Cet impact social est fondamental, la drogue étant tabou, il faut énormément de courage pour oser parler de sa conso. J'ai souvent menti au sujet d'un malaise causé par un prod, en disant que c'était de l'hypoglycémie par exemple. Les aspects sociaux-judiciaiures

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le sujet, un document de travail de l'INPUD sur la stigmatisation sociale qui sera utilisé par l'ONU lors de UNGASS (l'organisme de l'ONU sur les drogues)
http://www.unodc.org/documents/ungass20 … gs-Web.pdf

J'évoquerais dans le post suivant la question de l'impact physique/psychiatrique.

Si vous avez des exemples de discrimination sociales ou judiciaires concrête, n'hésitez pas dans les comm

Dernière modification par pjick (15 février 2016 à  20:30)



Commentaires
Salut !
Juste pour te dire de continuer comme ça, moi j'aime beaucoup que ce soit clair et détaillé comme tu le fais. J'attend de voir ta deuxieme grande partie sur pourquoi les consommateurs consomment toujours et ne veulent pas arrêter, c'est une grande question que je me pose à  propos de la cohabitation de la drogue dans son quotidien, est-ce possible de vivre avec et vivre bien ? Pourquoi le cacher à  ses proches ? Quelle influence sur notre consommation a la diabolisation des substances par la société ?
En tout cas j'ai hâte de lire la suite, merci de ton analyse sur le sujet ! big_smile


Et sinon pour les impacts sociaux, je pense que le plus important dans les choses a soulever (ce que tu as déjà  dit indirectement dans tes petits tirets) c'est que à  partir du moment ou l'entourage SAIT que tu es consommateur, il te considère comme incapable, invalide, et tout ce que tu peux faire ou apporter dans ton travail ou pour des personnes est invalidé, c'est fiché comme nul et aucune valeur. Ce qui est dommage car parfois et surtout bien maitrisé, ça multiplie les capacités !


#3
pjick
Adhérent PsychoACTIF
15 février 2016 à  20:41

lenadpdd a écrit

Et sinon pour les impacts sociaux, je pense que le plus important dans les choses a soulever (ce que tu as déjà  dit indirectement dans tes petits tirets) c'est que à  partir du moment ou l'entourage SAIT que tu es consommateur, il te considère comme incapable, invalide, et tout ce que tu peux faire ou apporter dans ton travail ou pour des personnes est invalidé, c'est fiché comme nul et aucune valeur. Ce qui est dommage car parfois et surtout bien maitrisé, ça multiplie les capacités !

Tout à  fait d'accord, j'ai rajouté cet aspect de manière plus explicite! Merci pour la contribution!

Pour ton premier commentaire, je pense que je parlerait des raisons pour continuer à  se drogueren plusieurs partie :

sociale (euphorie, vaincre la timidité),
physique (addiction),
travail (productivité comme tu le dis toi même)


Malgré toutes les conséQUENCES dommageables décrites au dessus on consomme et on continue PARCE QUE C'EST BON !!!!!!!!!!!!!!!


#5
bighorsse
Adhérent PsychoACTIF
23 février 2016 à  01:00
dès le debut de mes consos (hero blanche ,lsd,herbe) j'en ai averti ma famille proche; en 30 ans je n'ai vu ma mère à  peine 10 fois; en fait on se voit pour les enterrements, et à  chacun, on me prédit que le prochain sera le mien

mais comme mon enfance fut un désastre , il n'est guere etonnant que les liens familiaux se soient .;perdus..

je tenais à  mon identité de dopée; je le revendiquais en vivant exclusivment pour la came, dans la came, avec que des gens de ce milieu. Nous etions heureux, bien ensemble.IL a fallu la loi, les flics, la prison, les cures pour me mener une vie de merde..pour moi, c'est avant tout la société qui rend les UD si mal, si mal à  l aise, si angoissés, voir proche de certaines pathologies...comme les depressions, suicides ...on rend les UD parano, on les stigmatis, on les rend..mauvais aux yeux des gens, on les incrimine sans cesse.IL faut être solide pour supporter cela des années...

je suis convaincue par expérience, que le manque, la dependance serait bien plus supportable, gerable si la societe nous foutait la paix, au nom de la liberte individuelle de faire ce qu on veut de notre corps, de notre psyché.

j ai su me préserver des milieux glauques, des dealers malsains, des vendeurs non usagers...là  pour moi on n a rien à  se dire, rien de commun.

quand j'ai quitté ce monde de défonce (à  cause de la merde qui a fini par être la majorité de ce qu on trouvait)  j'ai repris des études; j'ai eu un super métier que j'adorais...mon passé  m'a rattrapée...on m'a balancée ..j'ai perdu mon poste...

j'ai galéré..mais plus par la volonté des gens cleans que par la came...les gens sont méchants, jaloux, et ne pardonnent pas vraiment..et la suspiscion que tu sois toujours un defoncé reste ancrée dans leur tête...

y a de quoi retombér dedans...
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Parfaite illustration de la discussion avec Sniper et Xen (Un jour com...) /Syam
 
très bonne analyse


bighorsse a écrit

Il a fallu la loi, les flics, la prison, les cures pour me mener une vie de merde..pour moi, c'est avant tout la société qui rend les UD si mal, si mal à  l'aise, si angoissés, voir proche de certaines pathologies...

Tiens, ça me rappelle Keith Richards qui disait : "je n'ai jamais eu de problèmes avec la drogue, seulement avec les flics"... fume_une_joint

Cela dit, il existe des gens qui vivent mal leur consommation. Ou en tout cas pas très bien. Et ça n'a rien à  voir avec la société, les flics ou les curés. C'est juste le rapport qu'on entretient avec soi-même, l'image qu'on a de soi-même qui évolue. On aspire à  autre chose, on veut passer à  autre chose, sauf qu'on a le doigt dedans, et même le bras. Du coup, on continue, mais on aimerait bien arrêter... La dépendance fait que.

Alors oui, d'accord avec sud 2 france, "on continue parce que c'est bon", mais des fois, on continue juste parce qu'on ne peut pas faire autrement que de continuer.

Reputation de ce commentaire
 
c'est aussi vrai...s2f


@ BIGHORSE: tu bossais dans le médical je parie??


Moi ce qui me fait mal vivre ma conso c'est toute la thune que je mets dedans, et le fait que ma fille est malheureuse de me voir camé (car elle m'a connu sans...), et le fait que du coup le manque de € et "l'isolement" que "procure" la came (quand on pique du nez on brille pas en société); peu de rencontres intéressantes, et une vie sentimentale proche du néant....Si demain je trouve une copine je jetterai au loin la dope et les seringues....Et aussi quand je me dis que je pourrai me servir de cette thune pour emmener ma fille en voyage


*je viens mettre mon grain de sel,
mais à  mon avis même si la conso de drogue était légale, cela provoquerai les mêmes réactions.
Moi je suis plutôt opiacés mais dans mes périodes d'abstinence, voir qlqu'un piquer du nez m'irrite et me dérange, je préfère dans ces moments fréquenter des personnes qui ne consomme pas.

Il faut bien l'avouer la conso de drogues créer un mur entre les normaux et les autres, tout comme la criminalité.

A sud 2 france, attention mon expérience où je pensais comme toi, il en est rien, le problème de la came, c'est qu'on en veut quand on est malheureux mais aussi dans les moments de bonheur. J'ai perdu un amour comme ça.


#10
pjick
Adhérent PsychoACTIF
05 mars 2016 à  19:03

Abrak a écrit

*je viens mettre mon grain de sel,
mais à  mon avis même si la conso de drogue était légale, cela provoquerai les mêmes réactions.
Moi je suis plutôt opiacés mais dans mes périodes d'abstinence, voir qlqu'un piquer du nez m'irrite et me dérange, je préfère dans ces moments fréquenter des personnes qui ne consomme pas.

Il faut bien l'avouer la conso de drogues créer un mur entre les normaux et les autres, tout comme la criminalité.

A sud 2 france, attention mon expérience où je pensais comme toi, il en est rien, le problème de la came, c'est qu'on en veut quand on est malheureux mais aussi dans les moments de bonheur. J'ai perdu un amour comme ça.

Je ne suis pas si sur que toi au sujet des réactions : si la consommation était légale, a mon avis les UD ne consommerait pas forcément en public (par pudeur). Un peu comme une grande majorité ne s’alcoolise pas dans la rue.
Le mur dont tu parles existe, mais c'est une construction sociale, elle peut être déconstruite. Ce mur a d'ailleurs tendance à  s'auto-renforcer, puisque les UD sont stigmatisés, certains d'eux adoptent les traits de caractère qu'on leur attribue. (voir par exemple l'effet Pygmalion https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Pygmalion)


#11
Abrak
Nouveau membre
06 mars 2016 à  09:27
En tout le cas ça peut valoir le coup d'essayer mais dans ce cas en legalisant aussi la vente sinon je pense que ça ne changera pas trop. Ainsi permettre d'éviter trop d'abus. Malheureusement pour la vente c'est les lois européennes et internationales qui bloquent car la production est interdite.
En tout cas c'est un combat difficile car comment justement demander la légalisation sans passer pour un tox et être discréditer ?

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