L'orée du fou (II) chronique d'HP

Catégorie : Témoignages
08 mai 2016 à  13:12

mardi, 09 mars 2010
(La vieille d'à  côté)


Au premier étage de la clinique, que j'ai "volontairement" accepté après une HDT abusive, , à  deux portes de ma cellule, y'a une vieille. Enfin quand je dis vieille, elle a cinquante-cinq, soixante ans à  peine mais semble en porter un tiers de plus sur ses épaules.

Elle est paumée la vieille.

La vieille, y'a des jours çà  va ; y'a des jours, çà  va pas. Comme moi

Ca dépend si sa fille lui répond au téléphone ou pas. Une fille ? je ne suis même pas certain qu'elle en ait une, la vieille.

Je devrai peut-être faire çà , moi, m'inventer un compagnon imaginaire, qui me tiendrait toujours compagnie, qui ne me décevrait jamais.

Aujourd'hui on est dimanche.

Aujourd'hui, j'ai pas mis un pied hors de ma cellule. Aujourd'hui tout mon être était à  vif.

Aujourd'hui, j'ai demandé que personne vienne me voir, ni ne m'appelle.

J'attendais avec impatience 21 h 30 qu'on me donne le Théralène, afin que je m'enfonce dans un somme agité, mais qui parenthèse huit heures du quotidien.

Aujourd'hui j'avais besoin de moi.

Il y a des jours comme çà  ou çà  va pas ; moi, c'est comme la vieille.
Ce soir, j'aime autant ne pas être chez moi. J'les sens, les failles. J'en ai parlé au docteur de Mesles qui comme moi ne voit pas ma sortie précoce. Il faudra bien pourtant, un jour.

Comme dans la chanson de la Môme, je hais les dimanche. J'ai détesté celui-ci.

En fin d'après-midi, Enguerrand, l'ami apparu en crise - il sort d'où ce numéro -  m'a téléphoné, j'ai pas répondu. Enguerrand, c'est un aristo, marié, père de famille trois mômes - qu'il dit - qui vient de temps à  autre se faire sauter quand ça gratte trop, qu'il en a marre de troncher ça grosse. Juste avant Vêpres. Enguerrand est vraisemblablement mytho puisque j'ai compulsé toute la descendance de la famille ducale dont il prétend rejetonner , mais à  aucun ni ait jamais trouvé ce prénom.

Je sais trop "ces familles" peu promptes à  l'originalité, ni à  l'interruption des lignées qui rattachent pas des Alain ou des Josselin, des Guy et des Armand, dix siècles d'histoire.
N'empêche, ça me fait toujours triper un peu de sauter un faux marquis, de me faire pomper par un pseudo prince pontifical. En plus il a des manières. C'est courtois et civil même si ça reste une sodomie. J'imagine pour pour nos amis des anciennes colonies, le cul des blancs peut parfois être un ersatz de vengeance des méfaits de notre impérialisme éclairé. J'ai des potes qui adorent. Moi, j'suis juste parti en courant devant un blackos qui alignait un matos où même avec deux mains j'arrivais pas !

J'ai donc éconduit, ce soir, ce cher Enguerrand Il se servira de sa main droite, ou de sa grosse. A sa guise.

Loi des séries : peu de temps après c'est Brice qui réclamait son coup dominical. Pas Hortefeux le Brice, plutôt tout le contraire, un laskard, un keumé de 25 piges  déjà  plombé, qui rapplique souvent en fin de week-end. Ca veut dire qu'il a fait la tournée des soirées parisiennes, qu'il s'est déchiré à  la C et au reste pendant trois jour, qu'il est "grave och" et qu'il est disposé à  tomber comme un fruit mûr. Comme on est voisin, quand je suis là , je j'rends service.En plus j'l'aime bien Brice. On ne partage rien d'autre que les réponses de nos corps.

Mais bon, ce soir, ce sera sans moi : je suis enfermé. Privé de mes compulsions

Au premier étage, la vieille gueule toujours.

Moi j'ai pourris au tel  ma troisième blonde conseillère de chez Orange  : ma connexion 3G merde et que j'peux pas poster en instantané. Et ça, c'est un vrai problème. C'est comme ça, moi, quand j'écris. C'est tout de suite. Maintenant. Y'a urgence parce que dois savoir que vous pouvez me lire, me faire un retour : c'est bon ou pas bon. J'parle pas du fonds, j'cause juste des mots, de leur «certain assemblage».

Je sens que ça y est, que c'est revenu. Les mots. C'est revenu parce que les maux sont aussi là  de nouveau. Je suis mal donc j'écris bien.

Mes meilleures pages seront d'outre tombe.



Commentaires
#1
Tetris68
Il était une fois l'héroïne...
08 mai 2016 à  19:43
Je te li souvent et je trouve que tu arrives bien a faire passer les sentiments que tu traverses dans ces petits bouts de vie.
On ressent bien cette sorte de prison psychique dans laquelle tu es a ce moment là .
Je sais pas ou tu en es a l'heure actuelle mais j'espère que tu t'en sors.
Amicalement, Tetris.


Tetris68 a écrit

Je te li souvent et je trouve que tu arrives bien a faire passer les sentiments que tu traverses dans ces petits bouts de vie.
On ressent bien cette sorte de prison psychique dans laquelle tu es a ce moment là .
Je sais pas ou tu en es a l'heure actuelle mais j'espère que tu t'en sors.
Amicalement, Tetris.

On en sort
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J'autogère


#3
Recklinghausen
Adhérent PsychoACTIF
09 mai 2016 à  03:11
Dimanche... C'est la journée spéciale...

Faut dire que c'est calme... Comme si le temps était encore plus long que d'habitude...

Faut dire que la cacophonie de la semaine avec le va et vient des infirmiers qui viennent chercher Pierre, Paul ou Jacques pour des entretiens pour des entretiens aussi inutiles qu'incertains...

Faut dire qu'ils y en a quand même qui sont sympas... Ils arrivent à  se faire augmenter leur traitement, se débrouille pour les coincer dans la bouche devant les infirmières et nous les gardent.

Mais aujourd'hui, c'est dimanche... Espérons que quelque uns auront des visites avec un peu de fric à  la clefs... On fera les compte et on verra si y'a moyen d'envoyer un soldat sortir en pyjama pour aller acheter une bouteille de Sky qu'on se partagera une fois revenu et le méfait accompli.
Mais... Pas avant lundi minimum.

Y'a pas beaucoup de monde ici... On passe un peu le temps devant la télé en fumant des clopes, de temps en temps, y'a un infirmier ou un aide soignant qui passe mais ça commence à  leur coûter cher en clopes  ( même si a l'époque, on devait être a 10 francs le marlboro 20 ).

Pis y préfère rester entre eux... C'est dimanche.

Moi... Je viens d'arriver... Je suis mon voisin de chambre... Lui, ça fait déjà  un petit bout de temps qu'il est admis... Ça me rassure un peu.

Alors c'est ça l'unité fermée...c'est rigolo et effrayant a la fois... Y'a pas mal de monde au réfectoire en fin de compte.

Mais on est cantonné à  une petite vingtaine de personnes,

Y'a pas de fille dans l'unité... Des gens de passages, des habitués, des " qui restent un bon bout de temps "... Mais que des mecs.

Y'en a un qui s'est raté, un qui prétend entendre plein de trucs, un gars qui a brûlé les Demons qui lui grimpait dessus à  grand coup d'essence à  zippo. ( la gueule des infirmiers qui l'ont recouvert d'une couverture... Sa peau ressemblait a une terre craquelée par la sécheresse ),... Chacun avait son morceau d'histoire... Certains étaient même plus capable de les raconter.

Et ce qui m'a frappé... C'est la ressemblance qui nous rassemblait... Le cul !

Frénétiques pulsions de l'Etre Humain enfermés ? Pas si sur d'après certains potes qui fréquentaient les aires d'autoroute vêtu d'un porte jarretelles rouge afin de gagner de quoi payer les factures...

Putain... Trois semaines... A la fois longue et si courte à  la fois...

Mais dehors... C'est bien...

Quand je compare ma,vie actuelle à  celle de ma grande tante qui n'est jamais ressortie ( plus de 40 ans d'internement... Ils ont eu raison de son cerveau mais pas de ses autres organes )...

Courage...


J'ai plusieurs consultations d'avocats et de médecins, je suis aussi un peu calé en éthique et santé publique. A aucun moment je ne revivrai l'enfer de la prison chimique. Je suis aussi autiste et la France est régulièrement condamnée pour les internements abusifis. L'autisme est un handicap incurable. L'infection à  VIH se soigne sans se guérir. Je suis en capacité de refuser tout soin et demander l'application de la loi Léonetti sur la fin de vie. Mes directives anticipées sont rédigées, et mes personnes de confiance désignées devant mon avocat.... Soit on me rétablit dans ma dignité en faisant cesser le trouble qui a ruiné cette année 20 ans d'efforts, mais je ne finirai pas en asile, ou en psy à  50 ans.
Je me ferai un plaisir de convoquer médecins et juristes pour constater que je n'aurai plus rien à  apporter à  la société et que je sera à  charge dans un état de souffrance intense.
On a au moins cette sortie digne sur laquelle j'ai un peu travaillé.
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Chaque personne mérite de vivre ( libre )... Toi aussi bien sur !! Reck.


#5
sud 2 france
problème traitement
11 mai 2016 à  13:26
il est vrai que mon seul séjour en HP (ils appelaient ça pudiquement "maison de repos") m'a paru être, pour certains et certaines, un baisodrome....
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En PV, adresse, si on peut joindre utile et agréable


#6
bighorsse
Adhérent PsychoACTIF
12 mai 2016 à  09:21
l HP..ses couloirs hantés par les errants, le regard vide, le pas automatisé, la bouche hantée par des mots et des morts, un message improbable adressé aux fenêtres..

l HP et ses salles peuplées de fous, vrais et faux, mélangés pour amuser la galerie, sa télé allumée , la fumée des clopes formant un brouillard à  coupé au couteau, se parties de cartes où les plus fous se font dépouillés par les squatteurs d'hosto , ces fameux limite débiles qui se font internés par incapacité de vivre dehors, dedans c est mieux pour baiser les folles qui tombent la culotte facilement , tant pis pour les MST; ses déprimés (es) trop mal pour se barrer de cet enfer pas fait pour eux, qui pleurent pour un non rarement pour un oui....ces camés qui maudissent chaque minute passée là  ou ailleurs ; assez filous pour s'evader en ville quand l'envie les en prend ; et qui tiennent rarement la semaine de cure imposée..eux d ailleurs ont un regime de taulards..(enfermés, pas de visite, fouilles , etc....)

l HP et ses "soins"..des cachetons distribués à  la queue leu leu, chacun son tour hein, et en silence si possible...il faut qu elle compte la dame..jusqu 'a 6 des fois..de quoi s emmêler les pinceaux....et hop tu gobes tes m....devant elle, des fois que tu les refiles à  un camé toujours à   l'affût d 'un benzo en plus -ils sont tellement pervers! - (jamais ils n imagineront que c est pour soulager un manque cruel jamais assouvi, non, on préfère voir en eux des entourloupeurs , toujours prêt à  se défoncer)..
comme soin il  y a aussi : cellules capitonnée , isolement dit therapeutique, electrochocs réactualisés, interdiction de sortie, de visite, de balade , etc...
comme soin il y  aussi : la visite au psy , où tout nouvel élément sera immediatement sanctionné par un cacheton en plus ..donc plus le séjour est long plus ta liste de cachetons l est aussi

l HP et sa bouffe : comme dans toute institution totalitaire, le repas est attendu comme le messie..les traitements donnant faim, l ennui aussi d ailleurs, les patients grossissent à  vue d oeil ..tous s'empiffrent en un temps record pour avoir le plus de rabe possible...

etc..
l'HP on peut en parler presque à  l infini tellement c'est l Enfer
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voila c'est ça..... on a du etre dans le meme hp au meme moment.... ; )


Merde j'avais essayer d'oublier.... j'y suis presque arrivée
Ces visites à  mon homme en hp...
Ce mois qui m'a parut si long et si court à  courir à  gauche à  droite. Fraudé le train pour le rejoindre, le stop. Pas besoin de compté sur la famille, il ne mettrons pas une fois les pieds dans ce service fermé.
Envie de le voir mais pas dans ce service fermé, même pour l'ascenseur il faut une clé.
Mais sa place n'est pas ici, entre cet autiste qui bouffe les mégots, ce sadique qui se vante d'avoir torturé son patron pour un mot de travers. Ces personnes torturées qui gueule toute la journée sans pouvoir s'arrêter. Et cette femme, il ne fallait pas t'en approché aux risques de t'en prendre une gratuitement. Mais tous on se retrouvé au fumoir ou l'espace d'une clope nous étions tous pareils. Un semblant de vie que l'on t'ôte à  ton entrée.
J'ai commencé à  perdre mon homme le jour ou il est rentré dans cet hp. Il en sortira à  jamais transformé.
J'en ai très peu de souvenir au final. Même si j'ai passé toute mes après midi là -bas, moi je pouvais rentrer. Souvent je me faisais viré à  la fin de la journée. Toujours la même tristesse, le même désespoir me demandant de rester là , ne pars pas.
Mais je n'ai pas le choix. Demain à  13h30, je serais là ...
Et après il se passait quoi ?

J'ai vécu l'HP de l'extérieur, je ne sais pas si de l'intérieur je l'aurais supporté. Les cures ne devraient pas s'y dérouler...


#8
bighorsse
Adhérent PsychoACTIF
12 mai 2016 à  23:31
en effet c 'est totalement deplacer de faire faire des cures pour ud la bas..pareil pour les alcooliques qui ressortent aussi ds un sale etat
quand on voit que l Hp est en total regression (pas de tunes, manque de personnel, etc..) et que les méthodes n ont pas changé en plus de 30 ans y a de quoi s inquieter

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