Journal de cocaïné - La cocaïne et mon travail : bilan hebdomadaire n1

Catégorie : Carnet de bord
26 janvier 2019 à  23:01

Mésaventures de mes promesses non tenues sur deux semaines (même pas). Les voici :

I. Historique

Arrêt
-4 jours d'abstinence
=> vendredi et samedi sous crack et dimanche sous cc en plugg.
Total consommé : 1,5gr

Suivi de

Arrêt
-5 jours d'abstinence
=> 1 samedi soir sous cc sniff (aujourd'hui).
Total consommé :  500 mg

Somme dépensée en deux semaines pour la cocaïne : 160 euros.

----------------------------------------------------------------------------------

II. Analyse

Première phase (après les quatre premiers jours d'abstinence)

Motivations
-premier excès (vendredi aprem et samedi) : le crack m'apporte + d'effets récréatifs. Je m'en suis servi de prétexte pour me féliciter. Mais ça m'a gâche deux jours et 80 balles alors que j'étais parti pour une session de trois heures à la base. Première, deuxième, troisième pipe : OK ; ensuite : que des effets négatifs. Vague effet de détente en faisant de l'apnée pour récupérer les restes collés à la paroi.

Culpabilité +: l'extra a duré trop longtemps + danger pour le cœur  et les poumons + frôle l'OD +

-deuxième conso du premier excès (dimanche dernier) : re-tester le plugg pour voir si ça concilie bien récréatif et plateau pour travailler. Tentative réussie. 40 balles. Descente horrible.

Culpabilité ++ : je me trouve de nouvelles excuses pour consommer,  danger pour le corps, peur de crever, peur de ne pas me contrôler

Deuxième phase (arrêt de cinq jours)

Premier jour : Déprime tout le lundi MALGRE anxios (clorazépate, alprazolam, bromazépam), théralène et kratom dans des doses peu recommandables.
Période inexplicable pour moi : le retour à la normal momentané - Mardi, mercredi, jeudi, vendredi : journées bien occupées, toujours entouré jusqu'au moment de dormir => sport, boulot, étude, travail perso, sorties culturelles, rencontres...
=> 0 craving, 0 culpabilité, 0 angoisse.
Vendredi soir avant de dormir : vague envie de faire un extra

-Samedi  matin (aujourd'hui) : grosse envie de me faire extra, goût du crack qui revient, j'ai pas le matos de toute façon et je pourrai pas travailler. Or je dois travailler. Sport, révision tout l'aprem.
17h : Je dois partir a 18h. je rentre chez moi à 19H. Personne à qui taper la discut. Je cède

Motivations : retenter le sniff pour travailler comme ça l'extra est rentable (j'ai du mal à travailler chez moi sans aide de coc). Impression que ça ne pourra pas me faire de mal. Impression d'être abstinent depuis vingt ans alors que ça fait cinq jours.  Analogie dans mon esprit entre tabac/alcool et cc => j'ai la même espérance de vie que ces personnes - la question de l'espérance de vie m'obsède alors que je ne devrais même pas y penser.
En ce moment même : assomé de red thai, 10 mg de tranxène (ça va). Troisième ligne passée : l'angoisse prend le pas sur le plaisir et la motivation. peur de mourir maintenant ou/et peur de flinguer mon cœur a petit feu.
Le stress monte : je vais devoir recharger : 10 mg tranxène et 3gr de red thai.
MAJ : 00:20 dernière trace (une grosse poutre) : montée stressante mais euphorique. j'ai anticipé la descente : 3gr de red thai en plus. Je suis sur 20 mg tranxène et 9gr de red thaï en downers. Moins que d'habitude, le red thai fait la différence sur la qualité de l'analgésie par rapport aux autres variétés. Bon, j'espère que ça va aller!


Conclusion autopsychologique :
J'aime la vie, la vie m'aimait. J'aime la coc, la coc m'aimait.
La vie m'aime toujours, j'aime toujours la vie ; la coc m'aime toujours, je n'aime plus la coc. Pas nouveau : je l'ai compris. Ou je crois l'avoir compris...
Suis-je lucide ou dépendant? Suis-je les deux ou bien aucun des deux?


Leçons :
- Je ne vais pas pouvoir m'en sortir seul. Besoin d'en parler. Nécessité d'une personne pour me faire oublier le craving quand il vient.
Sociologiquement : Pas nécessairement une consultation mais une personne de confiance.  problème : introuvable.
Psychologiquement : consultation et écoute par un professionnel. problème: peur.
Physiologiquement : prescriptions de médicaments nécessaires. problème : peur.
- Augmenter le temps de méditation journalier
- Essayer de comprendre les deux phénomènes : les soudaines envies qui apparaissent après des périodes totalement normales pour mieux les appréhender et les rationaliser au moment où le craving arrive.
- Continuer les bilans hebdomadaires (ou mensuel) et tenter d'approfondir l'analyse.
NB : point positif : un jour d'abstinence supplémentaire par rapport à la semaine d'avant. C'est toujours ça de pris.

A la prochaine,
Y.



Commentaires
Salut,

J'ai bien aimé ton post.

Moi aussi j'essaie de lutter contre ce craving infernal, lorsqu'il arrive je m'occupe un max, je fais la vaisselle par exemple, je regarde une connerie à la TV, je me mets même des gifles parfois tellement l'envie devient forte.
Des fois ça marche mais bien souvent je perds et j'y retourne.
En plus je consomme la c en ivhmm

J'ai quelques antidépresseurs aussi, mais je préfère fumer des joints, je trouve que le matin c'est moins compliqué pour se réveiller.
Je n'ai jamais pensé à la méditation par contre, je voudrais bien essayer.
Faire du sport c'est bien aussi, bref tout essayer pour oublier la blanche.
salut
PPS


Merci Papaseul pour ton commentaire,

La méditation ça marche plutôt bien, mais ça à ses limites.

Le sport c'est le plus remarquable personnellement, c'est ça qui m'enlève le plus de craving malheureusement je ne peux pas TROP en faire (fatigue nerveuse, peur pour le coeur, et pas assez de temps). J'en fait 1h30 par jour en moyenne.


Journal de cocaïné - La cocaïne et mon travail : bilan hebdomadaire n2


Je vais faire vite

-dimanche : pas d'envie, dégoût même. Je rate le sport, je ne mange presque pas, je me lève tard, je gâche ma journée. Dégoûté.

-lundi, mardi : pas d'envie, beaucoup de cours, de boulot, beaucoup de contact, enjeux de dernière minute  => pas de craving de  cc dans mon esprit

-mercredi : je vais chercher de la weed et je résiste à la tentation de prendre de la C, assez fier mais pas difficile car j'étais avec un ami (qui ne sait pas) et donc peur du jugement > envie de coc

-jeudi, vendredi : comme lundi et mardi

Samedi : forte envie dès la fin du sport. Je vais choper vers 19h, je m'enfile la cc en plugg pour bosser jusqu'à tard ce soir car sinon je me serai couché. Catastrophique mais efficace. Culpabilité et réussite à la fois. Sentiment désespérant de ne rien pouvoir faire pour éviter  la conso hebdomadaire.


Bilan :
Négatif : Le gros problème c'est que la C est psychologiquement intégrée à la fois dans mon circuit de la récompense (petit plaisir de la semaine, pour certains restau d'autres cc) mais aussi dans mon circuit de la réussite (nécessité de bosser tout le samedi y compris la nuit pour prendre de l'avance sur les autres)...
Le CC est donc le compromis qui casse le dilemme entre :
- une soirée en société : perte de temps (plaisir mais pas travail)
- un gros dodo : perte de temps aussi... (repos mais pas travail
=> une soirée cc : gain de temps (plaisir + travail mais pas repos)

Positif :
-Je reprends confiance en moi : je peux m'en sortir progressivement ; j'arrive déjà à ne pas craquer en semaine, ce qui est un exploit inconscient qui devient conscient quand je craque. Il faudrait que je sois conscient de ma force naturelle à résister même les week-ends. Or, c'est dur en raison du point juste au-dessus.
-Descente moins atroce qu'avant (cause : kratom de meilleur qualité?)

Objectif : deux semaines, sachant que le seul moment difficile pour moi est le week-end. A méditer au week-end prochain.


#3
IsadoraD
Borderline et brodeuse de lignes
03 février 2019 à  02:40
Salut !

Déjà c'est super, tu arrives à faire un sacré travail d'analyse sur toi même...
Je suis convaincue qu'aller voir un professionnel psy est très important et peut etre même essentiel quand on rencontre des soucis d'addictions, mais quand même je suis admirative de l'analyse et la retranscription que tu parviens à faire de ta conso.
Ca prouve que tu es lucide et honnête envers toi même, et que tu arrives à regarder les choses en face malgré le sentiment de culpabilité.

j'ai jamais essayé mais à Paris il y a Les Narcotiques Anonymes. Ca fait un peu flipper comme ca mais j'imagine que tu peux avoir un tuteur à appeler en cas de craving ...
Mais bon c'est pareil il faut pas mal de courage pour oser aller la bas, moi j'ai jamais réussi même si j'y avais pensé.

Tu dis "Besoin d'en parler. Nécessité d'une personne pour me faire oublier le craving quand il vient.
Sociologiquement : Pas nécessairement une consultation mais une personne de confiance.  problème : introuvable."

Introuvable pourquoi ?
Qu''attend tu comme personne ?
Et si tu en avais une, es tu sur que tu arriverai à l'appeler en cas de craving ?

Bonne nuit et bon courage à toi smile
En tout cas tu m'as donné envie de faire la même chose , c'est pas mal ce système de journal !


#4
Cusco
Stand bye régulier
03 février 2019 à  02:49
EmmaMerlin a raison sur le fait que des efforts sont faits.
J'ai moi aussi dépensé énormément j'ai décidé de voir le médecin de mon CSAPA en 3 rdv il m'a mis sous ritaline, chez moi ça fait son effet rien consommé en cc depuis 2-3 semaines.
Maintenant reste à voir si je résisterai à la paye.
Bon courage


Merci pour vos retours, Emma et Cusco

Cusco,

J'ai moi aussi dépensé énormément j'ai décidé de voir le médecin de mon CSAPA en 3 rdv il m'a mis sous ritaline, chez moi ça fait son effet rien consommé en cc depuis 2-3 semaines

Je ne pensais pas que c'était possible mais c'est exactement le traitement que je souhaiterais, ce serait juste parfait je pense - au moins d'essayer...

Pour te répondre Emma,
- la consultation me fait terriblement peur donc je n'y pense pas concrètement encore, ça reste une solution présente dans mon esprit si je vois que je replonge vraiment trop hardiment et régulièrement dans le produit. Une prescription de ritaline serait le top mais effectivement, ça doit pas être évident à obtenir.
-Les associations, j'ai aussi peur de m'embourber dedans et d'avoir des contacts dans la même situation qui me rappelleraient sans cesse ma condition. Déjà que j'essaie d'y penser au minimum... Et j'ai peur d'orienter mes relations sociales vers un lieu de consommateurs qui pourraient éventuellement me faire consommer plus au final...

Introuvable pourquoi ?
Qu''attend tu comme personne ?
Et si tu en avais une, es tu sur que tu arriverai à l'appeler en cas de craving ?

Je n'ai personne à qui faire suffisamment confiance pour en parler sans que ça se sache et que l'on me juge, ou pire, que l'on propage ces infos sur moi, ce qui serait embêtant.

Je cherche juste une personne de confiance qui aurait sensiblement le même vécu que moi pour en discuter mutuellement et pouvoir justement l'appeler en cas de craving intense, ce que je ferai bien sûr sans hésiter. Actuellement j'ai deux exutoires.
1) Lorsque j'ai le craving j'appelle des proches mais ça ne fonctionne pas car j'évite le sujet (ils ne savent rien).
2) Écrire et déballer mon sac fonctionne bien même si au final je consomme quand même.
Le parfait équilibre serait d'avoir un proche pour pouvoir l'appeler et lui déballer mes problèmes pile au moment venu et vice versa : je pourrais l'aider aussi en cas de situation similaire. Je pense que ce serait vraiment génial.


Journal de cocaïné n3 - deux semaines



Première semaine : 0 consommation
Pourquoi?
Comme d'habitude: journées très occupées, fatigantes mais surtout : état grippal donc l'envie de c totalement annihilé même le samedi soir là où d'habitude le craving est à son paroxysme. En plus ce jour là j'étais de sorti dans un bar avec des connaissances professionnelles qui consomment aussi - ce que j'ignorais. Ils avaient commandé de la C mais heureusement ils n'ont pas réussi à finaliser leur deal pour des raisons que j'ignore, et donc j'ai pu éviter de consommer.

=> 10 jours d'abstinence soit 3 de plus que d'habitude
mais facteur maladie à prendre en compte - réduit le craving presque au néant.

-Mardi suivant:
Je craque le soir. 500mg, sniff, 40e. Qualité moyenne par rapport à d'habitude
*Motifs : récompense de mon travail, sortie de maladie, envie de travailler encore toute la nuit tout en kiffant ma race, je savais par anticipation que j'allais gérer le lendemain : juste compromis réalisable et réalisé.
*Bilan des effets : effets de bonheur trop courts, hypocondrie, courbatures, anxiété, paranoïa, descente affreuse, impossible de dormir => catastrophique. effets négatifs > effets positifs


-Samedi (aujourd'hui)
Je craque le soir. 500mg, plugg, 40e. qualité bien meilleure
*Motifs : identiques à ceux de Mardi
*Bilan des effets : plus long, agréable plateau, plus de tics, moins de courbatures, descente moins raide, stress et angoisse moins forts... effets positifs > effets négatifs (pour l'instant)
*Pourquoi autant de différences d'effets?
-Qualité de la C
-ROA (sniff vs plugg)
-Redose plus fréquente
-Usage abusif de kratom red thaï

Sur ces deux consos:
*Observations : à chaque fois c'était après une bonne journée vers 19h (chargée et bien passée, et après un tour vers le plan en compagnie d'amis)
*Problèmes : proximité avec le plan => tentation ++
bonne journée => tentation ++
fatigue, besoin de travail malgré la fatigue, besoin d'aimer le travail tout en le réalisant => tentation ++

NB : Lorsque la tentation arrive, la lucidité disparaît et l'envie me domine : c'est comme si prendre de la C était non plus d'un désir mais un besoin, au même titre que boire ou manger.
Impossible de revenir à la raison lorsque toutes les conditions pro-craving sont réunies. La C devient non plus contingente mais nécessaire, non plus voulue mais subie.
Et au fil des pas qui me rapprochent du plan, cette dimension psychologique prend de la force. Lorsque le kepa est dans ma poche, lorsqu'il roule entre mes doigts, alors le plaisir est déjà là. La C est inscrite dans mon circuit de récompense, indéniablement.
NB 2 : Beaucoup d'éléments reviennent et ont déjà été écrit ici. Au fond, le craving s'éclaircit pour moi mais uniquement lorsque je suis sous C, en plateau ou en descente ou alors le lendemain. Ensuite, ma lucidité au sujet du craving perd de sa vigueur jusqu'à finalement disparaître, parfois en quelques minutes.
NB 3 : je n'ai jamais connu une telle addiction psychologique avec les opiacés... C'est assez incroyable quand même l'addiction à la C.


J'ai fait vite, j'espère avoir été clair.
A bientôt je pense - même si j'espère résister davantage maintenant et donc le plus tard je me connecterai le mieux ce sera...

Ygrek.
-


Salut à tous,

Des nouvelles,

Cela fait un mois que je n'ai pas publié, mais au final... Rien n'a changé. Je consomme une fois par semaine, toujours les week-ends, un demi quand elle est excellente (souvent), un gramme lorsqu'elle est moins bien (rare, qu'une seule fois). Je m'impose cette règle. Cette règle est pas si difficile à appliquer. Mais c'est tout le reste qui pose problème... Vous comprendrez plus loin.

Quand je tape, je ne ressens presque que les effets négatifs maintenant. J'ai toujours l'inspiration et la jouissance à la première ligne ou au premier plugg, mais la paranoïa hypocondriaque et l'anxiété prennent rapidement le pas sur le reste. Pendant des heures, je psychote.
Et malgré une consommation massive de kratom, de benzo et de théralène, je peine à trouver le sommeil. C'est de pire en pire à chaque conso pour le sommeil. C'est de pire en pire en général : je distingue presque plus les montées des plateaux, les plateaux des descentes...

Et pourtant, et pourtant... Toujours le même schéma. Le jour après conso? je suis dégouté. Le surlendemain? De même. Etc etc. A vrai dire, il ne m'est pas difficile de refuser la conso en semaine. Mais il y a un mais.

Venue la fin de semaine, je perds d'un coup toutes mes résolutions et je trouve toujours un prétexte pour consommer : apéro, récompense de labeur, ou alors pour travailler - ce qui est le cas le plus souvent. N'importe quoi fait tilt dans mon cerveau et me procure une suggestion "ah tiens, et si ... " couplée d'une sensation de joie momentanée qui finit par m'envoyer au plan pour choper. Un peu lorsque l'on a envie de se faire un cinoche, ou une bonne bouffe.

Le craving de C, bordel, il m'est incompréhensible. A vrai dire, je ne cherche plus à le comprendre; j'ai épuisé tout ce que j'avais à penser et à écrire dessus. De toute manière, je ne suis pas un scientifique donc je ne peux qu'y mettre des mots. Mais j'en ai déjà mis assez, peut-être même trop. L'autoanalyse de soi est souvent inutile d'après ce qu'on m'a dit. En me relisant je constate que je décris toujours la même chose, à peu de choses près.

Donc je vais déjà essayer de maintenir ce rythme et je vais simplement tenter de ne pas faire pire, c'est tout. Je me rends à l'évidence : la cc m'est hebdomadairement indispensable et ce quelque soit la semaine : dure ou relâchée, agréable ou chiante...

Mais j'ai une solution malgré tout. La fuite.
Plus qu'un an avant que je quitte cette fichue ville, et précisément : le fait de ne pas avoir de plan me sera salvateur. J'en suis convaincu. J'ai déjà expérimenté ça et c'est indéniablement la meilleure solution que j'ai eu à ma disposition. De deux semaines jusqu'à trois mois, j'ai pratiqué ces formes de césures. Ca marche super bien :  quand le craving arrive, il me pourrit la soirée mais au moins je ne tope pas tout simplement parce que je ne peux pas en trouver. Et puis au fil des temps... Au bout de deux mois, je dirais... Le craving finit par devenir quasi-inexistant.


*NB:  petite anecdote & mini TR de taz : Il y a trois semaines, après avoir topé un demi de 12h à 20h - oui, la qualité est là -, la descente était tellement forte que j'arrivais pas à trouver le sommeil et je stressais comme un malade.

J'ai pris 10gr de Red Thai d'un coup - sans compter un tranxène un peu plus tôt - puis je me suis barré de chez moi sur un coup de tête. J'ai pris le bus et je me suis ramené dans une soirée de techno, au pif total.

Bordel. J'étais hyper morne... En pleine descente de cc... Assommé par le kratom. Si j'avais été face à moi, jamais ô grand jamais je ne me serais adressé la parole. J'avais des tiques gestuels, les yeux apeurés, un visage pâle, les cheveux en bordel... Le gars 100% inabordable, en somme.
Déjà que je suis intimidant en temps normal, là je me suis dit que personne n'allait m'adresser la parole. Je me suis donc résigné à passer la soirée seul mais entouré, la présence humaine me réconfortant un minimum.

Eh bien non bordel, non! En allant aux toilettes, je tombe sur un brésilien super sympa... Le feeling passe bien, on parle franglais, il m'emmène voir ses potes.
On me file un exta. Une heure passe puis... Boom!

Et bordel que c'est dingue. Je l'ai pris en entier, j'aurais pas du : j'ai  les yeux qui partent en vrille, la tête qui tourne, la pâteuse H24, la mâchoire contractée a bloc...

Mais je m'en foutais royalement. En fait j'aurais pu crever ça m'aurait été égal. Les nouveaux potes, la musique, les filles... Je kiffais tout le monde, tous les sons, toutes les textures, même mon corps, brûlant de l'intérieur et de l'extérieur. Tout était formidable, j'ai eu des fourmis dans le corps pendant plus de cinq heures.

Rouler des patins à une inconnue alors que d'ordinaire je suis introverti au possible : ceci restera peut-être le moment le plus magistral de mon existence, et ce même si ça peut sembler complètement stupide pour beaucoup. Pour moi ce fut extraordinaire, n'ayant connu qu'une fille pendant un infime laps de temps.

Et bordel, qu'est-ce que j'ai trouvé ça bon ; c'était bien meilleur que tout le reste. En plus j'ai eu aucune descente mis à part un léger spleen alors qu'avec la C la descente dure des heures et me pourrit l'humeur du lendemain voire au-delà.
En me renseignant, je pensais que je vivrais l'inverse : que les taz me rendraient encore plus dépressif, que la C ne serait pas si violente en descente... Mais non, pas du tout. C'est exactement l'inverse. Mon corps en décide autrement. Bon après, les taz j'en prends très rarement. Je respecte laaaargement la règle des 6 semaines. Ce qui peut expliquer l'absence de descentes...

Et pourtant, j'ai beau adorer les taz, je n'ai jamais envie d'en consommer... Ce que je veux dire par là, c'est qu'une fois écoulés les trois jours d'après soirée, une fois que le spleen éphémère a disparu, j'oublie presque ce que le taz m'a procuré. Ou alors je considère cette conso comme le mémorial d'une expérience  fabuleuse qui doit rester authentique... Mais dans tous les cas je n'y repense quasiment jamais. Au final lorsque j'en reprends c'est presque à mes dépends : ça vient toujours sur le feu; on me propose, je suis dans une good moon ou j'ai envie d'être dans une good moon,  donc je tope. Et je ne regrette pour rien au monde.

A l'inverse la C tantôt m'attire et m'obnubile alors qu'elle me dégoute pour la plupart du temps.  Je pars en toper alors que j'ai que les effets négatifs et presque aucun effet positif. Le seul effet positif notoire est purement utilitariste: j'abats beaucoup plus de travail sous C, indéniablement. Mais toujours-est il qu'être addict à un produit que l'on déteste, c'est carrément paradoxal - pour le moins qu'on puisse dire. En fait je dirais même que c'est complètement débile. Mais c'est comme ça. Pour ma part, je ne saurais pas expliquer le pourquoi du comment. L'énigme C reste et restera à jamais irrésolue pour moi, je pense...

Pour autant je ne désespère pas de m'en débarrasser.


Portez-vous bien surtout, les psycho.

Bien à vous,
Y - en plateau ou en descente de C, lui-même ne sait plus...

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