depuis un an... (sous les traces, la plage)

Catégorie : Carnet de bord
26 mars 2019 à  16:11

c'est coutume, sans être carnaval, de fêter les anniversaires.

pendant que j'oublie, dans la « vraie » vie, ceux de mes proches lointains, je remarque que la date qui s'affiche sous mon profil est identique à celle arborée par mon écran.

depuis un an, j'ai parsemé ce coin de toile de mots et pensées. je profite de l'occasion pour en relire, pour me demander qu'est-ce qu'il s'est passé pendant ce temps dans ma vie et, surtout, dans mes consos, vu que c'est un peu le sujet ici.

alors que je n'ose pas en parler au psy car son monde est tellement loin et trop de temps serait gaspillé en explications, alors que les potes minimisent et moi avec eux, alors que les changements mettent du temps à s'instaurer, un bilan sincère et objectif n'est jamais de trop.

je m'étais inscrite un matin envahi par les cauchemars au souffle coupé d'une nuit pas assez défoncée. je suis revenue à mon billet et je me souviens parfaitement de chaque sensation décrite. je ne croyais pas mais, j'ai une mémoire phénoménale pour les états d'angoisse, une mémoire presque physique.
j'ai lu certains blogs où l'année passée sur PA avait bouleversé les choses, où l'auteur n'était plus ce qui était un an auparavant. je ne peux pas en dire autant.

mon horizon s'est éclairci, les traces marrons se sont amplifiés au détriment de celle blanches et acides, j'ai avancé dans une direction que je n’espérais presque pas.

d'un côté, j'ai du mal à ordonner chronologiquement les instants qui se sont écoulés, à aligner les rencontres, les soirées et les journées. c'est comme si ça avait été depuis toujours le même présent, alors que ça n'a cessé de changer. je m'éparpille dans un long pavé que j'espère j'arriverai à condenser en moins de douze paragraphes. Un an c'est long, mon bilan l'est tout autant, patience et merci d'être là.

à mon inscription, ça faisait six mois que j'avais arrêté de fumer des joints et huit que la codéine avait été retirée des comptoirs. neufs que j'avais entrepris un suivi psy.

aujourd'hui, je peux rajouter un an à ces décomptes.


cannabis et tabagisme

un an et demi sans cannabis, essentiel compagnon garde-fou des mes déprimes pendant plus d'une décennie, je ne peux que me réjouir de l'avoir quitté. même s'il me manque encore, ce petit joint en rentrant du taf, cette taffe libératrice du poids sur les épaules. mais, mis à part ça, je ne regrette pas de l'avoir abandonné, d'avoir laissé mes paranos et mes angoisses incrustés aux boulettes douces et malléables que je n'ai pas fumées, de m'être libérée de la terreur d'avoir rien à rajouter à mon tabac. je me suis épargnée ces heures pliée sur le gravier à la recherche désespérée de mon bout qui ressemble bien trop étroitement aux petits cailloux foncés du sol.

maintenant tout ça me semble tellement loin, alors qu'encore il y a un an, je remplaçait le shit par de l'opium que je gaspillais dans des joints à la saveur douceâtre, histoire de m'apaiser avec quelques lattes d'un geste réconfortant.

remplaçant la beuh par des herbes prévues pour le sevrage tabagique, défaite de l'angoisse à la conduite, je me suis attachée au geste d'allumer les clopes sans effets que je méprisais. sans accroche à la nicotine, j'ai pourtant plus difficultés qu'avant à abandonner un rituel que je croyais vide de sens.

je ne sais pas et je ne pourrais jamais savoir si c'est la fin du PAWS ou un hasard, mais ça fait quelques semaines que je retrouve petit à petit mon sommeil d'avant l'arrêt. le moral aussi est une courbe dirigée avec constance vers le haut (malgré ses oscillations). fin du syndrome ou vie qui avance ?

tricher à la codéine après juillet
fini le padéryl à la demande, dans l'année écoulée, j'ai compris la facilité relative de négocier une boîte de plus sur l'ordonnance. ce n'est pas venu de moi, innocente acheteuse d'un médicament qui me calme migraines et prises de tête, mais comme bien avant 2017, j'avais découvert par hasard, demandant au comptoir d'une officine un remède pour mes dents, que la codéine était en vente libre, de la même façon j'ai entendu un pharmacien me demander « une seule boite de migralgine ? ». Pourquoi, deux sont possibles ? J'ai découvert l'astuce et depuis je tente avec succès de doubler la prescription (eh, rien d’illégal, c'est le pharmacien qui décide de me dépanner). Non pas que ça me permette de prendre un quelconque plaisir de défonce avec des dose telles, mais cela me légitime une plus douce redescente des sessions came de plus en plus recourantes.

parce que, libérée de codéine et cannabis, je n'ai pas fait le deuil de l'apaisement qui m'est nécessaire.


sans excitation

pendant cette année j'ai délaissé ces sautillements incessants d'un concert à l'autre, de longues nuits éveillées au son du speed qui monte dans les narines. j'ai retrouvé ponctuellement le plaisir des pupilles dilatées, sans en faire une constante comme dans le passé. je sentais en moi le besoin de refuser l'empressement et le fourmillement qui trop se serait ajouté à mon état d'intranquillité permanente. des sessions c sur plusieurs jours, à s'enfiler de force le troisième gramme une trace après l'autre, n'ont jamais eu un grand intérêt à mon goût, si ce n'est que pour trouver un bon prétexte pour m'assommer dans les downers.


tomber dans le pochon (came vs opium)

j'ai par contre répondu à l'appel d'un substance « exceptionnelle ». mon année a été émaillée de prises bien plus rapprochées de came. les boulettes d'opium m'ont ravagé l’œsophage, alors, propulsée par une nouvelle dynamique collective, je me suis plus facilement rabattue sur leur concentré poudreux.

j'ai toujours pensé, en regardant les études sur la toxicomanie, que les chercheurs se trompaient. pour prendre en compte le degré d'étroitesse avec une substance, à mon avis, la question à poser ce n'est pas de demander si on en a consommé. la vrai discriminante, dans l'utilisation du produit, de mon point de vue, est dans le fait d'en acheter pour soi. selon moi, c'est ça qui change le rapport dans la consommation. jusqu'à qu'on a pas un pochon dont on est le maître, on est maître de son indépendance envers le produit. tout change quand on peut décider de façon autonome d'y fourrer son nez. et c'est vrai alors, que plus de douze ans après mon inconcluante rencontre avec l'héro, cette année, j'ai pécho pour moi (pendant cette dernière décennie, j'avais déjà eu des pochons à moi, mais tombés du ciel sans que j'ai rien demandé).

bien moins de tout l'op, de tout le speed et le shit qui a transité par mes poumons les années d'avant, mais ce n'est pas la quantité qui compte, c'est un geste symptomatique d'un changement d'attitude. je me souviens la discussion entre deux potes, il y a maintenant fort longtemps, dans un pays étranger. on était quatre, dans une cuisine sombre aux rayons de soleil rasant. c'était début avril. la nuit d'avant, à une fête au bord de la mer, l'héro avait crépité sur l'alu au fil des heures. moi, que je croyais ne pas aimer, je m'en était écartée, alors que mon ami aux yeux clairs avait sucé la vapeur en suivant la goutte jusqu'à que ses paupières tombent de lourdeur. le pote qui nous y avait emmenés, le lendemain, en le voyant encore affalé sur un canap' grignoté par les chiens, lui faisait la morale. toute la discussion tournait autour du fait que ce n'est pas la même de prendre de l'opium que de fumer de la came. le pote plus âgé, qui ne refusait pas le cocon opiacé du latex oxydé, mettait en garde, sans la connaître, de la dangerosité de cette poudre beige foncé. l'amie aux cheveux bleu, bien addicte et connaisseuse, lançait des regards sans intervenir. l'ami aux pupilles rétrécies affirmait que c'était pareil, opium ou meuh, c'était la même came. moi je défendais la liberté du choix, sans savoir vraiment. aujourd'hui, mon avis n'est toujours pas tranché, mais je me rend bien compte que, même si c'est essentiellement le même produit et la même accroche, le végétal et ses multiples effets secondaires sont quand même plus faciles à manier en gardant les distances .

normalité défoncée
en tout cas, pour la première fois depuis des années (depuis toujours ??!), l'été passée je suis partie sans rien ramener avec moi. drôle de sensation de légèreté, étonnant renversement entre une normalité de défonce et l'exceptionnalité d'un mois sans toucher à rien. d'habitude c'était plutôt l’envers, les départs étant des occasions de percer la normalité avec des doses accrues. je rebougerai bientôt et je me pose la question.

benz...o
c'est qui est sûr, ce que dans mon sac ne manquera pas la boîte de benzo prescrite par mon psy. après moultes hésitations et quelques dépannages par des potes au milieu des sanglots, j'ai fini par demander que mon nom soit inscrit sur un papier avec une petite molécule apaisante. petit cachet bleu dont je fais un usage très précautionneux, mais qui a élargi la palette des remèdes. je n'ai pas de conclusions à tirer, je constate sa présence qui me rassure, malgré tout.

paradoxalement, ce blister m'accompagne depuis que les crises d'angoisse ont diminué, alors que je retrouve un peu de courage et j’éloigne l'anxiété.


légèreté

car depuis un an, je sombre de moins en moins. même physiquement, j'ai perdu ce lest qui m'alourdissait cœur et cuisses. j'ignore si ça vient du sport, auquel je m'accroche bien plus qu'aux opis, si ma faim existentielle a trouvé un apaisement dans l'espoir, si la régularité des substances a régularisé un appétit insatiable. j'ai fini les sessions défonce au fromage, où l’énième tranche est toujours la dernière, incapable de m'arrêter face à ce réconfort immédiat qui me goinfre de remords après. la bouffe comme ma pire addiction, obsession socialement légitimé à longueur de journées, c'est envolée et, avec elle, ces pantalons toujours trop étroits et ce IMC pathologique.

contrairement aux amis autour, je limite (pour l'instant) la boulimie aux opiacés. même s'ils sont light, comme le kratom peut l'être. car pendant cette dernière année, ce n'est pas juste moi à avoir changé.

l'amie, dont j'ai parlé dans une discussion ouverte sur le forum il y a plusieurs mois, a retrouvé son goût pour les états secondes, malgré mes efforts pour ne pas la tenter. ce n'est pas venu de moi d'ailleurs, elle a fait son chemin, mais j'ai bien vu de près comment c'est facile de s'engrener mutuellement.

et là tout de suite, je sais que ce n'est pas que le thermomètre a avoir chuté, les pruneaux a avoir amolli le transit, l'acétylcystéine a faire couler la morve...je sais que deux cachets de codéine feront l'affaire pour faire disparaître provisoirement ces symptômes. ça ne date pas de cette année cette découverte, rien de nouveau sous le soleil.

mais j'ai compris dans ces derniers douze mois que le soleil est là malgré les nuages, malgré les orages passagers (petit clin d’œil à un ami « découvert » cette année aussi) wink

parce que cette année, j'ai passé du temps non seulement à écraser des lignes, mais aussi à en écrire, ici sur le forum. et je ne peux que remercier cet espace et son équipe de m'avoir abritée, de m'avoir donné l'occasion de réfléchir sur mes pratiques, de m'informer, de faire le point et de ne pas subir les consos qu'on diabolise partout ailleurs.

grâce à vous tous, je vois mieux mes limites, je ne sais pas si je serai capable de les accepter ou je voudrais les dépasser, mais entre temps je suis là avec l'espoir de pouvoir de rendre le soutien et l'entre aide que j'ai reçu.

Reputation de ce commentaire
 
l'Orage renforce... simple impression **



Commentaires
Salut cependant,


Kewl ce billet, comme d'hab.

petit cachet bleu dont je fais un usage très précautionneux, mais qui a élargi la palette des remèdes. je n'ai pas de conclusions à tirer, je constate sa présence qui me rassure, malgré tout.

paradoxalement, ce blister m'accompagne depuis que les crises d'angoisse ont diminué, alors que je retrouve un peu de courage et j’éloigne l'anxiété.

Oui c'est quelque chose que je ressens bcp aussi. Avoir un benzo "au cas où", ça me rassure à mort et ça me permet de "dépasser" une crise d'angoisse/anxiété et la surmonter tt seul. c bô


Merci à toi pour ce billet. Je l'ai trouvé très sincère, honnête. Est-ce que je pourrais être si honnête avec moi-même? Je ne sais pas, je ne pense pas.. Donc j'admire non silencieusement, pour une fois.




J'aime bien tous ces blogs "anniversaires", qui permettent de faire le point sur soi-même, ça donne toujours plus de profondeur à la section blog je trouve ^^


Tout de bon cependant. Bonne journée


#2
Porygon
Adhérent PsychoACTIF
26 mars 2019 à  22:26
Très bien écrit comme d'hab.

Pas grand chose d'autre à dire si ce n'est que j'attends ton prochain blog avec impatience :)

Porygon,


Merci pour vos commentaires et appréciations smile

@ Agartha
Eh oui, avant pour moi c'était la codéine, maintenaint c'est les benzo...en tout cas, rassurante présence !

Sinon quant à la sincérité/honnêteté, j'ai essayé de faire de mon mieux, je crains que j'aurais pu faire mieux wink mais tant pis, c'est déjà ça, ça va me servir...(je me dis, si je ne craignais pas, j'en parlerais à mon psy, je ne sais pas si le fait que je n'aie pas envie c'est parce que réellement ça ne me pose pas de problème ou si c'est un façon de ne pas vouloir voir les choses en « face »...).

Toi c'est par rapport à quelles consos que t'as l'impression de ne pas pouvoir être honnête avec toi même ?

@ Porygon
hey ! cool que t'as aimé...sinon ça va pour toi ?
avancement pour le tso ?
en tout cas, j'espère que oui et que le prochain billet soit avant le prochain anniversaire wink


Anonyme813 a écrit

(je me dis, si je ne craignais pas, j'en parlerais à mon psy, je ne sais pas si le fait que je n'aie pas envie c'est parce que réellement ça ne me pose pas de problème ou si c'est un façon de ne pas vouloir voir les choses en « face »...).

Question difficile.
Quelque part, est-ce que ça te servirait ou te desservirait de lui en parler? Qu'est-ce que ça pourrait t'apporter dans le meilleur des cas? Qu'est-ce que ça pourrait "t'infliger" dans le pire des cas? En quoi son expertise te serait utile? (j'imagine qu'il/elle te connaît bien personnellement, donc à ce niveau ça pourrait te faire prendre du recul par ex. Quoique tu y arrives déjà bien je trouve...)

Je pense que la balance n'est pas forcément positive, et haut delà de savoir pourquoi tu ne souhaites pas lui en parler, je pense que ton désir de discrétion est peut-être lié à un souhait sous-jacent de simplement ne pas vouloir prendre le risque d’entacher votre relation de confiance?...

Bcp de suppositions, les réponses aux prochains épisodes j'imagine^^


Anonyme813 a écrit

Toi c'est par rapport à quelles consos que t'as l'impression de ne pas pouvoir être honnête avec toi même ?

/forum/uploads/images/1553/l-13377-when-any-slight-inconvenience-happens-i.jpg
si ça peut rep à ta question^^


a++


Salut,

Agartha a écrit

Je pense que la balance n'est pas forcément positive, et haut delà de savoir pourquoi tu ne souhaites pas lui en parler, je pense que ton désir de discrétion est peut-être lié à un souhait sous-jacent de simplement ne pas vouloir prendre le risque d’entacher votre relation de confiance?

Disons que j'ai eu des mauvaises expériences avec un psychologue bien culpabilisant envers mes consos (et les trucs qu'il m'a dit, même si j'ai su dès le premier instant que c'était de la merde, me restent encore en tête !)...donc déjà ça...avec le psy(chologue) actuel c'est une autre histoire, il est carrément bien, mais vu que je ne parle pas à toutes les séances de mes consos (car on avait établi ensemble que ce n'était pas ma priorité), j'ai compris qu'il pense que je ne consomme pas si je ne lui dis pas, alors que ce n'est pas le cas...mais si je lui en parle on s'y éternise, alors pleins de fois je préfère parler de trucs plus "urgents" dans ma tête sur le moment et il fini par rater pas mal d'épisodes que j'ai du mal à lui résumer...mais bref.

Et quant au psychiatre, je n'arrive pas à avoir totalement confiance, j'ai bien vu qu'il me case dans un certain cas (qui n'est pas celui d'UD) et j'avais peur de lui faire changer d'avis, d'autant plus que je l'ai vu (entre autre) aussi pour une prescription de benzo et je craignais qu'il me la refuse à cause des conso. Je sais c'est bien bête, mais on choisit pas les stéréotypes dans la tête des soignants !


Anonyme813 a écrit

si ça peut rep à ta question^^

T'inquiète, moi j'ai mis quinze ans avant d'être honnête par rapport à ma conso de cannabis :) Tu as le temps...


Bon, j'ai pris le temps de lire ce blog. J'ai eu besoin de quelques jours de calme, là j'ai bien dormi, mon dernier combo opiacés MDMA GBL date de huit jours... je suis en forme.
Car je ne lis pas @Cependant sans avoir toute mon attention.
@Cependant je ne voudrais pas sembler me livrer à une exégèse de ton écrit. Je ne ferai pas les éloges d’ailleurs bien mérités, ils ont déjà été exprimés, ici ou ailleurs. Mais me permettras tu quelques questions?

cependant a écrit

des traces marrons se sont amplifiés au détriment de celle blanches et acides,

peux tu m'être plus explicite? Traces marron, c'est la came marron à sniffer et fumer,  les traces blanches et acides, ce sont la H blanche qu'on injecte ?

cependant a écrit

j'ai pourtant plus difficultés qu'avant à abandonner un rituel que je croyais vide de sens.

belle formule poétique


cependant a écrit

j'ai délaissé ces sautillements incessants d'un concert à l'autre, de longues nuits éveillées au son du speed qui monte dans les narines. j'ai retrouvé ponctuellement le plaisir des pupilles dilatées, sans en faire une constante comme dans le passé. je sentais en moi le besoin de refuser l'empressement et le fourmillement qui trop se serait ajouté à mon état d'intranquillité permanente.

Qu'est-ce que j'adore aller aux concerts maintenant .. tu en es sevrée alors ? J'en suis encore à attendre avec impatience d'aller à ma première teuf...

cependant a écrit

bien moins de tout l'op, de tout le speed et le shit qui a transité par mes poumons les années d'avant, mais ce n'est pas la quantité qui compte, c'est un geste symptomatique d'un changement d'attitude. je me souviens la discussion entre deux potes, il y a maintenant fort longtemps, dans un pays étranger. on était quatre, dans une cuisine sombre aux rayons de soleil rasant. c'était début avril. la nuit d'avant, à une fête au bord de la mer, l'héro avait crépité sur l'alu au fil des heures. moi, que je croyais ne pas aimer, je m'en était écartée, alors que mon ami aux yeux clairs avait sucé la vapeur en suivant la goutte jusqu'à que ses paupières tombent de lourdeur. le pote qui nous y avait emmenés, le lendemain, en le voyant encore affalé sur un canap' grignoté par les chiens, lui faisait la morale. toute la discussion tournait autour du fait que ce n'est pas la même de prendre de l'opium que de fumer de la came. le pote plus âgé, qui ne refusait pas le cocon opiacé du latex oxydé, mettait en garde, sans la connaître, de la dangerosité de cette poudre beige foncé. l'amie aux cheveux bleu, bien addicte et connaisseuse, lançait des regards sans intervenir. l'ami aux pupilles rétrécies affirmait que c'était pareil, opium ou meuh, c'était la même came. moi je défendais la liberté du choix, sans savoir vraiment. aujourd'hui, mon avis n'est toujours pas tranché, mais je me rend bien compte que, même si c'est essentiellement le même produit et la même accroche, le végétal et ses multiples effets secondaires sont quand même plus faciles à manier en gardant les distances .

Alors je te dis en souriant que je n'ai rien compris... tu veux dire que l'opium pur c'est plus facile à gérer que l’héroïne?
Tu vas rire .. je n'ai aucune idée d'où on peut trouver de l'opium, je n'en ai jamais vu, et j'avais compris dans la littérature que c'était hyper technique à préparer pour le fumer..

"What's the way to the next whisky bar ? For if we don t have the way to the next whisky bar WE SHALL DIE ( Bertold Brecht und Kurt Weil, Alabama song)wink


Salut Cependant, beau texte de bilan :)

Je voulais juste rebondir sur la came vs l'opium: en fait d'après divers témoignages glanés ça et là, je CROIS que la diacetylmorphine est plus addictive de par le fait qu'elle passe très rapidement la barrière hémato-encéphalique, et qu'elle se dégrade en 6-monoacetylmorphine, lequel (c'est là que je suis moins sûre, mais je l'avais lu sur PA) libérerait nettement plus de dopamine que la morphine ou la diacetyl elles-mêmes. D'où un plus grand risque d'addiction que l'opium, qui apparemment ne contiendrait pas de précurseur de 6-MAM.
Bon et accessoirement, il y a aussi le fait que la diacetyl, ça se shoot.

Cela dit, je n'ai pour ma part jamais tenté de vérifier empiriquement^^" Le manque criant de pureté de la came doit pouvoir contre-balancer aussi je suppose.


Salut Boots,

j'étais absente ces jours-ci, je prendrai le temps de commenter ton superbe billet, mais avec le calme et l'attention qu'il mérite aussi, car d'une première lecture c'est merveilleux :)

Bootspoppers a écrit

cependant a écrit

des traces marrons se sont amplifiés au détriment de celle blanches et acides,

peux tu m'être plus explicite? Traces marron, c'est la came marron à sniffer et fumer,  les traces blanches et acides, ce sont la H blanche qu'on injecte ?

Oui, les traces marron c'est la came (sauf dans d'autres continents, ici je l'ai toujours vue comme ça, couleur crème/beige/grise/marronâtre).

Par contre non, blanc et acide, c'est plutôt le speed. J'ai réalisé que ma conso d'amphet a grave diminué ces derniers mois. Pendant un moment j'en consommais bien plus régulièrement.
Comme la photo publié sur le méga thread :
https://www.psychoactif.org/forum/uploads/images/1554/mini_img_20190406_073120.jpg

Cette année je me suis même surprise à passer un concert sans speed mais avec de la came...(chose que je ne concevais pas ; après il faut dire que j'en avais cherché, ma ma quête fût vaine).

Bootspoppers a écrit

cependant a écrit

j'ai pourtant plus difficultés qu'avant à abandonner un rituel que je croyais vide de sens.

belle formule poétique

poétique peut-être, mais tout autant problématique dans l'ancrage d'une pratique qui apporte bien plus d'effets nuisibles que d'effet tout court !


Bootspoppers a écrit

cependant a écrit

j'ai délaissé ces sautillements incessants d'un concert à l'autre, de longues nuits éveillées au son du speed qui monte dans les narines. j'ai retrouvé ponctuellement le plaisir des pupilles dilatées, sans en faire une constante comme dans le passé. je sentais en moi le besoin de refuser l'empressement et le fourmillement qui trop se serait ajouté à mon état d'intranquillité permanente.

Qu'est-ce que j'adore aller aux concerts maintenant .. tu en es sevrée alors ? J'en suis encore à attendre avec impatience d'aller à ma première teuf...

Eh, moi aussi j'adore les concerts, mais à une époque j'en enchaînais plusieurs par semaine, un week-end qui commençait le mercredi et s'arrêtait le lundi...je pense ce pas plus mal d'avoir réduit le rythme ! (là en vrai ça me manque un peu, mais même toutes les semaines ça devient dur).
Et bonne recherche pour une teuf ! (avec la bonne bande de potes aussi).

Bootspoppers a écrit

Alors je te dis en souriant que je n'ai rien compris... tu veux dire que l'opium pur c'est plus facile à gérer que l’héroïne?
Tu vas rire .. je n'ai aucune idée d'où on peut trouver de l'opium, je n'en ai jamais vu, et j'avais compris dans la littérature que c'était hyper technique à préparer pour le fumer..

Ça dépends probablement des milieux, certes tu vas pas en trouver en cité comme du teuch.
T'as pas compris parce que moi non plus j'ai pas compris. Mais oui, j'ai quand même cette impression... (je vais développer ça en répondant à MG).
Et pour la préparation pour le fumer...j'en sais rien, en le fumant « au couteau » il n'y a pas de prépa particulière, ni pour l’ingérer d'ailleurs (même si c'est probablement mieux de le raffiner).

Merci pour ton comm détaillé, j'espère avoir su répondre un peu aux questions...

Reputation de ce commentaire
 
Merci c est sympa ! Et rappelle toi alabama song. Boots


Salut Morning Glory, merci pour ton commentaire !

J'avais commencé à répondre, puis, j'étais bien fatiguée et défoncée...et je me suis écroulée !

Morning Glory a écrit

Le manque criant de pureté de la came doit pouvoir contre-balancer aussi je suppose.

Je crois que t'as touché un point cruciale. Comme tu le dis, il y a une différence importante entre les données scientifiques (que, au passage, je te remercie vraiment d'avoir expliquées !) et la "pratique". Je me souviens d'une pote bien dans la came emballée adonf par sa première prise d'op, en trouvant les effets des meilleures cames qu'elle avait goûté !

Par rapport à la came, dans l'opium il y a beaucoup plus d’alcaloïdes que, de ce que j'ai compris, sont perdus/modifiés dans le raffinage pour arriver à la came (selon l'Encyclopédie des Psychoactifs plants : de 3 à 23% de morphine, 1 à 2% de papavérine, 0,1 à 4% de thébaine, 0,1 à 4% de codéine, 1 à 11% de narcotine + 70 autres, dont la pyrazine).
L'effet final est du à la synergie de tous ces alcaloïdes.
Naturellement, comme toute plante, la concentration des alcaloïdes peut varier sensiblement selon la variété exacte, le terrain, l'ensoleillement, le moment de récolte, le séchage, l'"affinage"...donc donner des résultats assez inégales.

Dans mon expérience personnelle, en résumant en vrac quelques considérations :

-- par rapport à de la came de rue, la qualité "moyenne" de l'opium est meilleure. Il m'est arrivé de goûter à des cames avec des effets de défonce inexistants ou très chelous (plus proches des benzo ?), clairement dû à la coupe incertaine. Ce point paradoxalement joue pour moi plus sur le craving pour la came : quand j'en prends car j'ai envie d'être défoncée, mais j'ai presque pas d'effets...eh bah, ça me donne encore plus envie d'en prendre à tout prix (tout en sachant que le souvenir de quand les effets sont bons, ça joue sur la recherche des sensations) ; avec l'op, à moins de me gourer dans le dosage (ou en mélangeant avec du speed), j'ai plus facilement les effets attendus, alors j'ai tendance à m'en satisfaire plus facilement...et j'en prends moins.

-- l'opium prend plus de temps à monter et ses effets durent plus longtemps. Ce que pour moi en rend, plus "compliqué" la gestion. Je prends la came en trace, ça monte rapidement, une boulette gobée/pluggué d'op il me faut au moins une heure. Donc, par exemple, prendre de l'op en fin d'aprèm c'est vraiment la limite pour espérer dormir bien pour moi, alors que je peux prendre de la came dans la soirée et m'endormir dans la nuit. Donc c'est plus facile de vouloir consommer de la came, même en ayant des choses à faire le lendemain ;

-- l'opium (non raffiné, comme je le consomme) commence sérieusement à jouer sur l'estomac, œsophage si gobé et l'anus si pluggué, alors que la came beaucoup moins (certes, après les vomissements n'aident pas non plus pour lutter contre l'acidité).

-- en général, je remarque une plus forte constipation avec l'op, ce qui est assez chiant sur le long terme (et nuisible pour la santé, hémorroïdes comprises).

-- dans certains milieux, l'opium ça passe, alors que la came ça casse : l'un est accepté, l'autre fait "tox", ce stéréotype me révolte (bon, je vais pas dire que je consomme pour ça, ça ne serait pas très honnête).

-- quant aux effets, clairement opiacés les deux (quelle découverte !!), j'ai un peu du mal à les décrire. En effet, j'ai l'impression que l'opium est plus "complexe", moins direct au but chimiquement, en effet, plus envoûtant, mais pas forcement moins fort (si, il est moins fort à quantités égales, mais en adoptant les dosages, non). J’essayerai d'y penser la prochaine fois et faire un TR comparatif si j'y arrive...Après sûrement, la came fait augmenter la tolérance plus vite que l'op, alors vu que les quantités d'op pour être défoncés s’élèvent devient plus facile de se servir directement dans le produit le plus fort...

-- comme disait MG, les ROA ne sont pas les mêmes, perso, j'aime bien prendre des traces, déjà le geste en soi renvoie à une pratique qui n'est pas possible avec l'op (enfin jamais essayé !). Puis il y a la fume pour les deux, que j'aime bien à certaines occasions (le petit rush, ça fait un truc)...donc plus facile aussi de céder pour moi à l'appel d'une trace...

Mais cela dit, on peut tout autant tomber accro à l'op aussi (et je compte pas mal d'exemples dans mes connaissances).

Bon, je n'arrive pas à me faire un avis clair sur la question, si l'un est vraiment plus addictif que l'autre, je pense qu'en plus des différences que j'ai trouvées, ça dépend pas mal aussi des " rituels " de consommations, des habitudes mises en places...

En tout cas, je suis clairement de l'avis que la diabolisation de l'une en opposition à l'autre n'amène pas loin et l'accès à l'rdr et des protocoles de TSO peut changer grave la donne dans les conséquences sociales (pour revenir à l'histoire que je racontais dans le billet, le jeune pote est vraiment tombé dans la came et, dans un pays où l'accès aux TSO est relativement inefficace, il a "mal" fini...mais je suis persuadée que ce n'était pas la faute à la came en soi).

En tout cas, dans mon histoire personnelle, je vois un changement radical dans ma vision de la vie et dans mon rapport aux prods quand j'ai connus les opiacés. Mais paradoxalement, ce changement (un avant/après très net dans ma tête) a eu lieu avec des opiacés faibles. Mes premières prises d'opiacés forts (méthadone/héroïne) avaient été pour moi désagréables et, pendant longtemps, je n'en étais pas du tout attirée...puis j'ai découvert la rach, l'op et la codé et j'ai vraiment apprivoisé et apprécié ces molécules, au point de ne plus arriver à envisager ma vie sans. Et ce n'est que là que j'ai repris de la came...

Bref, voilà...

Reputation de ce commentaire
 
Merci, ça c'est de la réponse détaillée ~MG


Merci beaucoup pour ton analyse si détaillée! Ca m'éclaire beaucoup.
Je suis d'accord que le clivage social opium/héro est assez débile....

En tout cas, dans mon histoire personnelle, je vois un changement radical dans ma vision de la vie et dans mon rapport aux prods quand j'ai connus les opiacés.

C'est à dire? Ils ont remplacé les autres comme le speed, et tu ne consommais plus pour le fun mais plus pour t'apporter un soulagement ou un truc comme ça?


Salut, merci à toi :)

Morning Glory a écrit

En tout cas, dans mon histoire personnelle, je vois un changement radical dans ma vision de la vie et dans mon rapport aux prods quand j'ai connus les opiacés.

C'est à dire? Ils ont remplacé les autres comme le speed, et tu ne consommais plus pour le fun mais plus pour t'apporter un soulagement ou un truc comme ça?

Non, pas exactement...c'est qu'avant, j'avais l'impression que les drogues (cannabis exclu, mais à cette époque, dans ma tête ce en n'était pas une...mur) c'étaient un plus, mais je pouvais très bien m'en passer.
Après avoir apprécié la défonce opiacée, j'avais l'impression d'avoir "vendu l'âme au diable" (sorry pour le moralisme derrière l'image, je ne trouve pas de meilleurs mots), d'avoir connu un bonheur duquel je ne pouvais plus m'en passer.
Ça n'a pas du tout remplacé le speed (surtout à ce moment là), mais, même sans consommer régulièrement, j'y pensais super souvent...

C'est dur à expliquer, un peu la découverte de quelque chose qui change de regard sur la vie, comprendre que le bonheur peut exister, alors que jusqu'à là je ne pensais pas (hors des situations festives et exceptionnelles).

Voilà...je suis désolée de ne pas arriver à être plus claire.

Et pour toi, ça a changé les choses de consommer des opis (il me semble avoir lu que t'achetais du sken, mais je ne suis plus sûre) ?

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