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Aux origines de l’Héroïne et de la Cocaïne. HISTOIRE 



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A l'origine de l'héroïne et de la cocaïne


Les laboratoires et la mondialisation

J’ai souvent rêvé de vivre au début du siècle dernier, avant la prohibition. Pour ceux qui voudraient savoir quelle fut l’histoire des drogues modernes. Lisez comment l’Occident s’est inventé une relation spéciale aux substances psychoactives. En plusieurs fois c'est long! Mais le minimum à savoir...

Il y a un avant et un après le Harrisson Act, 1914, la loi américaine qui interdit l’usage «non médical» de cocaïne et d’héroïne (et opiacés) et va influencer la législation internationale.
La politique mondiale sur les substances comme le tabac, l’alcool, ainsi que sur les psychotropes et produits pharmaceutiques, a moins à voir avec le problème de santé publique, qu’avec des visées commerciales, et même impérialistes des Etats.
https://cdn.rbth.com/all/2017/08/18/kokain1.jpg
Au XIXème siècle, la pharmacie fait des pas de géants. L’opium est connu depuis très longtemps et surtout comme remède (ou poison), mais le fait d’identifier ses alcaloïdes est une innovation. Une révolution pourrions nous dire.
Dès 1804, la morphine est isolée. Mais il faut attendre l’arrivée, en 1850, de la seringue de Pravaz, du nom de son inventeur, pas dépravé, qui permet de lui donner sa pleine efficacité, grâce à son aiguille trouée, avec l’utilisation, poire ou piston, qu’on lui connaît.

Durant la guerre de sécession elle trouve son utilisation a grande échelle. Tout à coup les cris cessent dans les hôpitaux de campagne, où l’on ampute à tour de bras (si je peux me permettre).
D’un autre côté des états du sud ont déjà, sous l’impulsion de pasteurs et de ligues de femmes vertueuses, décrété l’interdiction de l’alcool, 12 états sont «dry», secs.
Mais la morphine, excellent anti-douleur, fabriquée aux USA (il y a les champs de pavot du Sinaloa au Mexique), va faire parler d’elle pour «la maladie du soldat», qui arrive par ce biais dans les gazettes, la célèbre morphinomanie.
En effet, certains, dix pour cent à peu près, restent accrochés à leur traitement et le prolongent. C’est légal. Comme maintenant, mais sans ordonnance.
On ouvre, en Suisse, les premières cures, pour les nantis, ex-coloniaux, poètes maudits, originaux.
Puis se développent des usages moins distingués, on parle de fléau. en Allemagne, on cherche à créer un «remède à la morphinomanie». Car celle-ci commence à grandir aussi dans les quartiers interlopes de Hambourg ou de Paris. La ville lumière où l’opiomanie, en 1900, dans ses deux cents fumeries indochinoises, s’épanouit.
  En métropole on interdit, on taxe, on vend, et dans les colonies on produit et s’enrichit. C’est la Régie française du tabac, du kif et de l’opium. Joli monopole, destiné, surtout, à vendre aux indigènes, la production d’autres indigènes. Technique mise au poin(g) par les Anglais, qui produisent l’opium en Inde, par centaines de tonnes, et le vendent en Chine. Malgré le refus des autorités, ce qui entraînera la première guerre pour le commerce mondial, la (les) guerres de l’opium. Substance peu utilisée par les Chinois, autrefois, elle est introduite par la perfide Albion, pour le pognon.
La Chine est maintenant face à un énorme problème, qu’elle va tenter de régler par la force. La consommation d’opium ronge la société.
Entre les boulets de canon, de quelque navires anglais, faisant plier un  empire millénaire, et le chef redouté de la police de Shangaï, qui organise des autodafés de pipes, enferme les opiomanes, la guerre contre l’Angleterre impériale est perdue. Et le cachet de sa majesté sur les paquets, les boules d’or noir, de rouler à nouveau sur les bateaux, débarquant sur les quais Honk-Kong les songes d’un peuple esclave, prisonnier du «libre» échange.
Pour les Britanniques il ne s’agit que de commerce et de pouvoir. Nous sommes au milieu du 19ème siècle.

Revenons aux laboratoires européens quelques trente ans après. Un chimiste, le même jour, découvre le procédé pour faire du diacétylmorphine, et celui de l’aspirine. La dernière, pense t-il, n’a pas d’avenir (!), quand au premier, il succombe a ses charmes, en chante les louanges, c’est tout simplement : l’héroïne.
Heroïsh en allemand «énergique» voir héroïque. Tel est le nom commercial que lui donne la firme Bayer, toujours l’une des plus grosses multinationales, de nos jours, comme Coca-Cola d’ailleurs…
L’héroïne est préconisée pour soigner la morphinomanie. Garanti sans dépendance ni accoutumance, le médicament idéal. Effectivement les morphinomanes se trouvent mieux, on les comprend. Ils ignorent à l’époque, étrangement, le fait que cette héroïne, injectée, se transforme en morphine en quelque secondes. Certes les patients, clients et honnêtes-gens ne lâcheraient plus le diamorphine pour la morphine, qui doit paraître bien terne à côté. Surtout quand des petits malins eurent l’idée de piquer dans la veine.

L’héroïne est un remède à tout, véritable fiole miracle des colporteurs de l’ouest, comme dans Lucky Luke Pour le sommeil, l’énergie, la toux, la fièvre et la mélancolie, le tonus, l’anxiété, le dos, l’anus et plus.  C’est pas faux, et c’est le meilleur antalgique, on continue à l’utiliser dans certains pays, comme...le Royaume Uni. Remède pour tous, les femmes pendant leur règles, les travailleurs pour le labeur, les enfants pour qu’ils dorment. Les ouvriers avaient accès pour moins cher que l’alcool à des drogues bientôt prohibées. Pour l’instant, largement consommées, malgré des accidents sur des enfants avec les opiacés (qui eurent lieu aussi récemment, avant le bouchon sécurité des fioles de métha), on en voit la publicité et en vend à la pharmacie ou à domicile.
Pour consommer il y a toute sorte d’objets, porte-sniffettes, étuis à fléchette, cachettes ingénieuses.  Certaines gardent sur elles des seringues prêtes à l’emploi, les femmes bien nées vont se repoudrer le nez.
A Paname, dans les années 1900, puis 1920, plus ou moins prohibée mais sous la responsabilité de la corrompue brigade moeurs, la came était injectée par les femmes du monde ou d’ailleurs, à travers les jupons. Et mille cachettes et boites à tirettes se vendaient à la sauvette avec les produits. Les peines étaient légères au début.
Quand le célèbre gangster, Ben ‘Bugsy’ Siegel, sera assassiné dans sa villa à LA, on retrouvera une pompe en or pur, avec ses initiales.
La cocaïne est aussi un fruit de ce siècle de révolutions qui inventa à la fois la pharmacie moderne, la psychanalyse et la toxicomanie.
On a isolé la cocaïne et pu fabriquer, à base des feuilles des Andes, un sel pur, injectable.
Freud en fit l’éloge, dans son premier livre, on trouve dans sa correspondance des preuves de son propre usage. «je suis l’homme (ivre de désir ou un truc du genre), fort qui a de la cocaïne dans le corps...». Vigueur, énergie et sens décuplés. Cela plaira à certains aviateurs de la grande guerre.
Pour l’instant on a déjà le problème du sevrage des morphinomanes et héroïnomanes plutôt aisés, même si les prix des drogues sont ridicules, ceux des cures sont prohibitifs. Ce sont tous, soit des militaires ou dignitaires ayant connu aux colonies les délices du bambou ou du chandoo, soit des médecins, pharmaciens et aussi poètes et hashishins plus un, tel Quincey (Confessions d’un mangeur d’opium).
Le meilleur ami de Sigmund vient se faire soigner chez lui, à Vienne. Accroché à la morphine, son désormais thérapeute lui prescrit des injections (massives pour nous) de cocaïne.
Mais, le patient étant morphinomane, les effets sont renforcés par la potentialisation. Et surtout, impossible de baisser la morphine dans ces conditions, et pourtant ils tentent! Le gars est dans un piège il ne peut ni arrêter, ni continuer, il ne ne supportera pas.
Il laisse son ami se faire lui même ses injections, de speed-ball donc..
Bien sur Fleishl maigrit, a des infections, augmente les doses. Et meurt.
Freud ne s’en remettra pas. Il arrête les injections de cocaïne, essaie de faire disparaître ses écrits (mais il y a le livre qui devait le propulser en haut de l’affiche), il dit :
«J’ai eu tort, mais je pense que si l’injection est à proscrire, la prise peut être bénéfique.»
On a eu notre premier speed-ball expérimental, jusqu’au bout, que de la qualité pharmaceutique.
Ca fait rêver? Un peu.
A ce moment là, la prohibition n’existe pas sur les produits pharmaceutiques, on se fait envoyer par la poste, cocaïne et héroïne sous toutes leurs formes. Pilules, sirop, poudre, sels, solutions, huiles, boissons, bonbons, chewing-gum, cigarettes à la morphine ou l’héroïne. Colis discret, livré partout. Et pareil pour la cocaïne. Pour de vrai!
Un mélange  fit la fortune d’un pharmacien, un certain Mariani, un Corse, ayant pignon sur rue, Bd Hausman à Paris. Ce ne sera pas le dernier corse de ce nom à s’illustrer dans ce domaine, de la french à nos jours. L’usage du vin et coca- éthanol, fait miracle. Jusqu’aux tranchées de Verdun.
Il eu l’idée commerciale de faire une boisson à base de vin et de coca. Le vin Mariani à la coca des Andes est né. Ancêtre du Coca-Cola de Pemberton, seul importateur légal actuel de coca sur le sol américain.
Quand ils décocaïnisent, que font-ils du plus gros stock de cocaïne pure des Etats-Unis? J’ai du mal à croire qu’ils brûlent autant d’argent tout en dépensant tellement, pour soi-disant offrir un goût incomparable à leurs clients? Moui? D’accord ils sont fous.

Ce vin Mariani eu un succès international, un verre équivalait à un grosse trace, il paraît.
Sur son livre d’or, le pharmacien millionnaire a récolté toutes les signatures prestigieuses de l’époque. Y compris le général Pétain, qui écrit en substance :
Sans votre breuvage  (qui donne du courage) nous n’aurions pu gagner la guerre!

La coke a sauvé la France, rien que ça! Les gaulois aiment les potions magiques, pourtant la coco est bannie (vite dit), sous cette forme pure, car allemande.
Je ne sais si M Mariani a reçu la légion d’honneur, mais c’est très possible.

Quelques années plus tard, tous ces produits seront prohibés et les Mariani poursuivis (sauf un député empêcheur de danser en rond). Ainsi que les consommateurs risquant des peines de prison. Jusqu’à a loi de 1970, qui fait de la France la championne de la prohibition en Europe. Avec un bilan, c’est rien de le dire, honteux.

Voilà comment, avant la prohibition, la toxicomanie est arrivée, la douleur domptée et la guerre gagnée, avec beaucoup de billets verts à la clef.
Car de l’Europe où le problème est encore mondain, mais commercialement stratégique, à l’Amérique ou l’on s’en saisit vite pour des raisons politiques et racistes, les choses vont changer.
Malheureusement, les USA  imposent vite leur loi.
Et de faire d’un problème de santé, une guerre mondiale (contre des plantes)!

Georges Washington avait du cannabis dans son jardin, et des esclaves, le Président était aussi le plus riche du pays. Il est sur chaque billet d’un dollar.
Cent cinquante ans après, encore, et pour longtemps, l’herbe va servir à stigmatiser et criminaliser les noirs. Et aujourd’hui devenir l’or vert d’Etats pourtant historiquement esclavagistes et prohibitionnistes, le vert c’est la couleur du dollar.
Mais c’est une autre histoire.

Sérieux et long, mais bon à savoir.
Mais je reviens dans le même ton qu'avant la prochaine fois, pour des tranches de vie et des road-trips.


Bibliographie (partielle) :
De la cocaïne, Freud
Cocaïne An Unauthorized Biography, Dominic Streatfield, 2002
Le dragon domestique, A. Copel, C. Bachmann, 1989
L’impossible prohibition, drogues et toxicomanies en France de 1945 à 2017, Alexandre Marchant, 2018

Catégorie : No comment - 13 avril 2019 à  21:49

#heroine cocaine opium chine usa prohibition histoire seringue bayer

Reputation de ce commentaire
 
Merci.
 
Je connaissais tout ça mais je l’ai relu ac plaisir suf
 
très intéressant merci Hyrda
 
Intéressant
 
Fort et vert MrNo



Commentaires
#1 Posté par : ismael77 14 avril 2019 à  13:34
Le MDMA, aussi, a été synthétisé dans les années 1870, en Allemagne (décidément) et même fabriqué par la firme Merck (qui faisait la cocaïne) en 1912.
Elle sera oubliée jusqu'à la fin du siècle.
Ce sont bien les laboratoires allemands, français et américains qui ont créé et distribué les drogues qu'ils produisent parfois encore. Il y a des champs de pavot (papaver somnifère) pharmaceutiques, en France.
Certains malins dorment dedans, incisent au nez et à la barbe des gendarmes, et en tirent un latex, de l'opium made in France.
Je sais plus comment j'ai fait, mais je l'ai shooté, ce concentré d'alcaloïdes.

 
#2 Posté par : Mister No 14 avril 2019 à  13:45
Je suis avec délectation tes réflexions et j'attends avec impatience que tu y incorpores les premiers RC opioides de l'Histoire.

 
#3 Posté par : Bootspoppers 14 avril 2019 à  19:26
J aime l'histoire et te lis avec plaisir.

 
#4 Posté par : ismael77 14 avril 2019 à  21:10
super! merci, j'avais peur de vous perdre là! J'en ai d'autres...
C'est quoi les RC?

 
#5 Posté par : ismael77 14 avril 2019 à  21:10
super! merci, j'avais peur de vous perdre là! J'en ai d'autres...
C'est quoi les RC?

 
#6 Posté par : Anna93 14 avril 2019 à  23:45
ça me fait penser à cette série "the knick" avec clive owen en chirurgien cocainomane

 
#7 Posté par : Anna93 14 avril 2019 à  23:46
ton blog est bien cool au passage

 
#8 Posté par : morphe07120 15 avril 2019 à  12:13

Anna93 a écrit

ça me fait penser à cette série "the knick" avec clive owen en chirurgien cocainomane

Bonjour c'est drôle en lisant ton article j'ai de suite pensé à cette série que j'ai grave apprécié


 
#9 Posté par : morphe07120 15 avril 2019 à  12:17
PS ; si je ne m'abuse l'histoire de l'héroïne et de la CC qu'elle soit pharmaceutique ou pas remonte à bien plus loin que ça, Non ? Surtout sur sa mondialisation ....

Perso, je n'aurais pas aimé vivre au siècle dernier ! Encore moins en tant que consommateur d'héro.

 
#10 Posté par : morphe07120 15 avril 2019 à  12:26
L’impossible prohibition, drogues et toxicomanies en France de 1945 à 2017, Alexandre Marchant, 2018 . Communément appelé La French Connection;
super livre que j'ai dévoré très rapidement; Alexandre Marchant revient sur la naissance du régime prohibitionniste actuel et nous raconte l’histoire et les voies des trafics des stupéfiants et les liens tissés entre la France et les Etats-Unis autour de la lutte contre le trafic d’héroïne d’une French Connection qu’on espérait concentrée entre les mains d’un seul noyau dur alors qu’elle était bien plus tentaculaire que ça. Il nous explique comment l’émotion et le scandale suscité en 1969 par le drame de Bandol dans le sud de la France, à savoir le décès par overdose d’héroïne d’une adolescente dans les toilettes de son lycée, a conduit le gouvernement à faire voté la loi de 1970. Il nous invite à le suivre sur le parcours d’évolution des usages depuis les années soixante jusqu’à nos jours, et sur celui des politiques des gouvernements français successifs, de gauche ou de droite, gouvernements qui n’ont jamais réussi à se dépatouiller d’une loi qui mélange répression et prise en charge médicale.

PS;,Je me permet de poster un lien d'une interview avec l'historien Alexandre. Marchand par Bastamag ....Intéressant et cultivant ! Sincèrement à écouter
https://www.bastamag.net/Drogues-et-can … on-est-une

Je tiens à rappeler qui est A. Marchand ;
Ancien élève de l'ENS de Cachan, agrégé et docteur en Histoire....

 
#11 Posté par : ismael77 15 avril 2019 à  15:01
Je connaissais tout ça mais je l’ai relu ac plaisir suf

Merci, ça c'est le commentaire que j'espérais!

 
#12 Posté par : Mister No 15 avril 2019 à  19:34
Les RC ou parfois design drugs ne datent pas d'hier, je te laisse suivre le lien. wink
Dés les lois prohibitives de l'opium act les premiers opioides de synthèse sont apparus. Leur histoire est liée.
Je te laisse chercher le parallèle.

Dernière modification par Mister No (15 avril 2019 à  19:36)


 
#13 Posté par : ismael77 15 avril 2019 à  21:33
Ok M No, tu veux pas nous faire un petit topo? Un billet? En tout cas merci ça je connais mal.
Salut!

 
#14 Posté par : Mister No 29 avril 2019 à  20:30
Hello,

Les designer drugs ont une histoire parallèle à celle des drogues de rue ou pharma.
Wikipedia évoque les premiers RC ou designer drugs qui appartiennent à une démarche ancienne, en premier lieu pour les opis et l'alcool.
A noter aussi des lois ou plutôt des interdits qui favorisent l'emergence de nouvelles molécules, historiquement l'opium tax act et la prohibition de l'alcool.
Des nouveaux produits de synthèse, certains anciens.

United States of America   
Edit
1920s–1930s   
Edit
Following the passage of the second International Opium Convention in 1925, which specifically banned morphine, the diacetyl ester of morphine, heroin, and a number of alternative esters of morphine quickly started to be manufactured and sold. The most notable of these were dibenzoylmorphine and acetylpropionylmorphine, which have virtually identical effects to heroin but were not covered by the Opium Convention. This then led the Health Committee of the League of Nations to pass several resolutions attempting to bring these new drugs under control, ultimately leading in 1930 to the first broad analogues provisions extending legal control to all esters of morphine, oxycodone, and hydromorphone.[7] Another early example of what could loosely be termed designer drug use, was during the Prohibition era in the 1930s, when diethyl ether was sold and used as an alternative to illegal alcoholic beverages in a number of countries.[8]

Ce serait intéressant de réaliser une frise chronologique où se superposent lois ou interdits, apparition de designer drugs... on aurait un visuel qui révèle que les interdits en plus des dommages pour la société et les usagers génére une plus grande diversité de produits susceptible de nous fonfon. super

https://en.m.wikipedia.org/wiki/Designer_drug

Héroine 1874 / 1898
Oxycodone 1916
Méthadone 1937
Fentanyl 1960
Tramadol 1970

Dernière modification par Mister No (29 avril 2019 à  20:42)


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