Assis sur la margelle du puits

Catégorie : Poèmes
29 janvier 2020 à  11:28

#amusement #avec ou sans prod. #exil #La mort #le puits #ma mort
Je viens de lire « le puits »
https://www.psychoactif.org/blogs/Le-Pu … html#b5373
https://aquajimi.wordpress.com/2020/01/28/le-puits/

J’ai re-écouté Ferré
https://www.youtube-nocookie.com/watch?v=ebeibrd0J58
 
Léo Ferré - Ne chantez pas la mort (Caussimon) Extraits du texte :

[i]« La Mort... La Mort...
Je la chante
(…)
La Mort qui nous attend, l'amour que l'on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort... La Mort...
La mienne n'aura pas, comme dans le Larousse
Un squelette, un linceul, dans la main une faux
Mais, fille de vingt ans à chevelure rousse
En voile de mariée, elle aura ce qu'il faut
La Mort... La Mort...
De grands yeux d'océan, la voix d'une ingénue
Un sourire d'enfant sur des lèvres carmin
Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin
La Mort... La Mort...
(..)
La Mort c'est la beauté, c'est l'éclair vif du sabre
C'est le doux penthotal de l'esprit et des sens
La Mort... La Mort...
Et n'allez pas confondre et l'effet et la cause
La Mort est délivrance
(…)
Elle est Euthanasie, la suprême infirmière
Elle survient, à temps, pour arrêter ce jeu
Près du soldat blessé dans la boue des rizières
Chez le vieillard glacé dans la chambre sans feu
La Mort... La Mort… 
»

Extraits de NE CHANTEZ PAS LA MORT! Jean-Roger Caussimon
http://www.frmusique.ru/texts/c/caussim … lamort.htm



Depuis la margelle,
je lance quelques cailloux dans le puits :


Ma Mort, Ma Mort …
La mienne ne viendra pas dans l’éclair d’un sabre
ni au décours d’un trip
non plus dans le regard « d’une fille de vingt ans à chevelure rousse »[/i]

Ma Mort, Ma Mort …
ce n’est pas la chose faite, dans un battement d’aiguille,
ma dépouille répugnante, n'est rien,
la mort n'est pas le problème,
c’est ce qui vient "avant", qui est problème.


Cette tristesse,
Je meurs d’être seul
encore plus seul avec tous
seul encore avec celles auxquelles je me suis frotté
dont j’ai cherché la chaleur
dans « le flash », le shoot d’un orgasme rituel.

"À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.".

Louis Aragon/ Est-ce ainsi que les hommes vivent ?



Je n’attends rien d’aucun produit,
licite ou illicite,
qui me laissent pareillement seul,
partout où j’ai lancé mon coeur
je suis revenu blessé.

Je suis du pays des exilés,
de ce qui est périphérique,
des pays humiliés de Zabulon et Nephtali.
Et même dans cet exil,
j’erre seul dans mon pays,
ne pouvant m’agglomérer à aucun.


La Mort ce n’est pas ce qui vient après,
elle nous habite, coule dans nos veines
de nos vies désertées,
soit dans notre absence à nous même où nous nous trahissons,
soit dans notre isolement.

Nous ne devrions pas avoir peur de la mort,
du vertige au bord du puits,
de « la suprême infirmière »
mais de l’absence dans nos vies
autrement terrifiante.


Et puis pour mourir,
il faut déjà être vivants..
Eternité des spectres.
Plus spectres dans la normalité,
que dans la périphérie.

De la normalité suintent les violences
violences par laquelle les spectres,
dans un sacrifice rituel inventent et immolent "le non eux"
pour se faire croire qu’ils existent,
comme si ils savaient qui ils sont.
Spectres qui pensent être habités par "les lumières",


Etc etc.

JPM



Commentaires
Ben je me réponds à moi même :

Je ne dis pas que c'est très poétique,
mais au moins là je m'amuse
et je suis fidèle à ce que je suis.

C’est plaisant de se sentir entier
et que de ma bouche sortent des mots
que je reconnais comme miens.

Lol..

Dernière modification par JPM (29 janvier 2020 à  21:51)


Remarque que je me fais à moi même,
pour prolonger le commentaire ci dessus.

Je viens pour dire quelque chose qui m’intrigue :
Pourquoi je me suis senti mieux après avoir écrit
mon billet-poème
« Depuis la margelle,
je lance quelques cailloux dans le puits »

Le 29 janvier, au lever j’étais « mal », 
je me sentais triste, vide
je me sentais « manque »
et rien pour réduire,
plaie ouverte
impression d’en crever.
D'en crever,
à me demander si vivre vaut la peine..

J’ai cherché sur psychoactif un billet pour réagir.
Pour me sortir de mon vide
je suis tombé sur « le puits » de Jimi.
J’ai commencé à réfléchir, à re-écouter Ferré,
puis à écrire.
Au début je me sentais hargneux.
Juste décrire, un petit délire autour du puits,
de ma mort
de la mort.
Au bout d’une petite heure,
je m’étais sorti du rien,
mon état d’esprit pesant était envolé.

Je souligne :
Comment la plaie du vide, du manque  s’est  dissipée ?
Je suis rentré dans mon billet du bout des lèvres,
petit à petit j’y ai mis mon attention,
j’ai un peu forcé le noir pour suivre en moi, ce que je ressentais du texte de Jimmy
et du texte chanté par Ferré.
Je me suis engagé dans le suivi,
en moi,
des cailloux que je lançais dans mon puits,
avec les idées,
le plaisir,
une sorte de joie
sont venus.

Je précise :
Ce n’est pas de me moquer des spectres de la normalité
qui m’a rassuré sur moi,
et les spectres s’en foutent.
Ils ne sont que concepts,
avatars, souvenirs de ce que je crois avoir été,
dans l'une de mes autres vies.
Je crois, ce qui a pansé la plaie,
c’est par le fait d’exprimer
ce par quoi une partie de moi vient au jour,
et existe.

« Autrement dit, en s’écoutant parler, l’individu apprend ce en quoi il croit »
Le psychologue en addictologie. Edition In Press. Chapitre 7 Cocaïne Nokileta  Kostagianni.


J’ai l’impression de pouvoir même pousser un peu :
En s’écoutant parler
il est possible sinon de découvrir qui je suis,
au moins « d’aller vers » (celui que je suis).

Le vide, le manque
est une besoin, une blessure
que les produits et autres pratiques n’apaisent pas
ils ne font qu’assourdir.
Je peux m'abrutir de travail, de musique, de loisirs, etc.
je m'emmerding toujours.. 

Le contraire, du vide, du manque
c’est le trop plein, le bruit.
Le manque, la plaie deviennent moins hostiles, moins menaçants :
Le manque  bien utilisé
peut-être « une porte vers » 

A voir
à tester la prochaine fois que je goûterai
à la morsure de mon manque ...
lol

PS: Je ne parle que de mon expérience
je ne fais que  proposer, partager.
Je ne prétend pas être plus malin,
juste je revendique la sincérité.

Dernière modification par JPM (02 février 2020 à  21:16)


Salut JPM
j'ai lu tes billets, j'en suis resté songeur et intéressé par tes réflexions
sans trop savoir comment y réagir... comme un ocean de questions et d'interpretations différentes
Et cette ambivalence de relation/fonction du vide...

Anonyme813 a écrit

C’est plaisant de se sentir entier

:)
AMHA le lieu peut y participer, peut-etre/j espere si c'est le cas

Anonyme813 a écrit

Je crois, ce qui a pansé la plaie, c’est par le fait d’exprimer ce par quoi une partie de moi vient au jour, et existe.

tant mieux tu en as retiré un "mieux", ou en tout cas un fil de pensées qui prend un peu de cet espace...

Anonyme813 a écrit

Le vide, le manque est un besoin, une blessure que les produits et autres pratiques n’apaisent pas. ils ne font qu’assourdir. Je peux m'abrutir de travail, de musique, de loisirs, etc. je m'emmerding toujours.. 

et puis le ton résigné et sombre m'a inquiété un peu aussi pour pas te mentir.
Beau, résigné et ... sombre.

pleins d'autres réflexions bien confuses me viennent en tete, je reviendrai quand je les aurai ordonné un peu

d'ici là, pensées pour toi.


#4
Hilde
Adhérent PsychoACTIF
04 février 2020 à  00:33
Franchement - je tombe dessus un peu par hasard - tes écrits sont très beaux JPM...


Merci !

Merci plotchiplocth,
de ta lecture attentive et bienveillante,
ton attention
et je suis sauvé,
cet espace ouvert en toi,
me permet d’exister.
Je crois nous sommes tous faits de la même façon.

Merci Hild,
«  tes écrits sont très beaux »
Faut pas me dire des trucs
comme cela Hild,
pour lire quelque chose comme cela
je peux écrire des kilomètres
Merci encore.

J’essaierai de développer
mais là, maintenant, pour moi
c’est l’heure de prendre mes gouttes
et de pioncer.
« avec votre confiance seulement, je serai heureux. »
Nuit de l’Enfer, Arthur Rimbaud.

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