Maniac

Catégorie : Tranche de vie
31 janvier 2021 à  08:15

Maniac. Je sais quand c'est arrivé, le divorce de mes parents où j'ai compris que je n'avais rien vu, rien calculé, rien senti. A 10 ans je me suis senti menti par mes parents. Ils avaient vécu des années en feignant une vie parfaite. Et du jours au lendemain tout s'était écroulé. Je me suis senti très con et fragile. Pris pour une bile.

Ma première crise maniac en 2008-2009 c'était, insominies infernales, megalomanie, psychoses. Ca a fini en fauteuil roulant loxapac et bave au refectoire du service pierre janet. 21 ans ma vie n'avait pas commencée mais j'étais déjà fini. Le premier problème que javais voulu resoudre m'avait terrassé. Ma representation du monde était complexe a construire, la première ébauche était solide scientifiquement mais javais du mal a y integrer l'humain. C'est singulier l'humanité et ma première approche m'a rendu fou.
Et puis j'ai décidé dans les couloir du service de me battre contre moi-même avec moi-même. J'aime le monde mais j'aime pas trop ce qu'on en fait.

13 ans plus tard, quelques maximes en poche, je me suis construit, je me connais bien (pour ce que j'ai conscience), un états maniac c'est comme une drogue le cerveau fini par s'y habituer. J'ai deconstruis tout mes délire et les ai remplacé par de la réalité.

Quand j'ai une situation stressante mon cerveau refuse de se faire baiser. Aucun laché prise, je m'active je suis hypersensible, hyper actif, hypermnesique, et avec les années j'ai appris à dormir à manger et à m'occuper de moi dans ces états. Je délire plus. Enfin si parfois j'ai des petits delirs interpretatif devant une serie mais j'en ai conscience et je m'en amuse. Je suis posé a mon niveau et j'ai compris que certains problèmes sont insoluble.
Ma manie je l'aie embarquée au boulot, c'est lui qui me permet de bien vivre ces phases en canalisant mon energie dans quelque chose de concret.

Avant quand j'avais une crise de manie je me retrouvais face a moi même et loin de tout ce que je voulais, sans utilité, dans un échec de vie qui m'étais insupportable. 
Maintenant je suis là je regarde le chemin accompli, les responsabilités que j'ai prises, ma place dans ce monde me plaît.  Et maintenant les phases maniac je les contrôles mieux, avant javais l'impression d'être largué et a côté du monde dans ces moments. Mais maintenant que je me suis construit, compris, mes manies sont un outil dont je me sers pour avancer. Je prend ces phases pour ce quelles sont, un mode de fonctionnement de mon cerveau. Et j'arrive a y monter et a en redescendre sans trop de casse. Je crois. Elle ne me font plus chuter.
Ma manie c'est mieux que la coke, pendant la journée je dépense une énergie folle. Mais si je dors 8-10h mon cerveau se recharge et je peux tenir comme ça des semaines, des mois,  jusqu'à resoudre mon problème. Ma manie se fractalise et elle agit là ou jen ai besoin en s'éteignant le soir après avoir mangé.

Avant j'avais pas l'habitude d'être là, avec moi-même pleinement au commandes. Je cherchais a m'ettouffer et  me reendormir en depression dans ces moments là.
Maintenant je suis dans cet état depuis des mois, et j'y ai trouvé un équilibre. J'espère crever dans cet état parce que y'a que dans cet état où je suis moi-même. 

Je crois que je suis maniac. Et pour la première fois je crois que ca me dérange pas.



Commentaires
Bjr

Ca me parle tout ca.... plusieurs diags me concernant dont bip qui s'est imposée a moi en fin  d'ado, s'est absentée qqs années puis retour feu d'artifice à 26ans avec peut être ma maniac la plus impressionnante mais tellement surpuissante d'impression de vie.
Le neutre du quotidien Losq cet état s'atténue me désole de tristesse, quasiment tout est fade et sans saveur.. addict presque 20ans essentiellement a la coke et a l'héro (et usagere tres frequente de tt ce qui passait a proximité en plus évidemment) ce qui rythmait mon quotidien, je confirme ton ressenti: je n'ai jamais vécu plus intense et transportant que ce que mon cerveau s'est auto administré...aucun psycho actif que j'ai connu ne m'a amenée aussi loin dans le bien être, l'absence de peurs et inhibitions, plus de complexes on assume tout ss douter le moins du monde, on vit des dépersonnalisations, des de réalisations, des dissociations qui sont de vrais moments de suspension, de pause, de distance, de coton,... tt en gardant suffisamment de réalité pour pouvoir le vivre en laissant aller, en laissant le contrôle au pilote automatique: on le vit ms a distance, protégé de ce qui ns met habituellement en déséquilibre émotionnel, on est serein et calme qd on ne vit pas les choses de l'intérieur, l'implication est tellement moindre on se rapproche de l'anhedonie mais éprouve tt de même de la satisfaction, le circuit de la récompense continue de fonctionner. Certains ont même la surprise lors de ces moments aigus psychotiques qui surviennent en maniac de rencontrer celles que j'appelle mes "colocs": mes voix... encore une expérience jamais vécue jusque là et personnellement troublantes au tout début mais tellement nourrissantes pour nous qui sommes toujs en quête de nouveauté, changement, découvertes, tout sauf la routine e et la répétition lassantes. Bien que je sache que ce n'est pas toujours le cas et que pour certains elles peuvent être t'es remués et pas toujs pour un bénéfice a en retirer, mes colocs m'ont toujs amusée même qd elles auraient pu me faire faire l'erreur de trop, je ne leur ai jamais donné que l'importance qu'elles devaient avoir, n'ai j'aimais interagi avec elles, n'ai jamais écouté ni leurs provocations ni leurs incitations mal intentionnées, là encore le lâcher prise a fait que je les ai laissées exister sans m'y accrocher. Dc encore une fois c'était vraiment drôle tant lors des instants fugaces durant lesquels on repose ne serait-ce qu'un seul orteil ds le réel, ds le "classique", on réalise a quel point le cerveau et sa chimie sont plus Ue puissants et capables d'extra-ordinaire (au delà de l'ordinaire). Lorsqu'il s'agit de dissociations ou derealisations aussi tout est agréable, simple, rapide, facile et sans risque...c'est une succession de jours, de semaines..qui sont juste grisantes comme j'aimais on n'aurait pu imaginer, c'est un shoot de speedball décuplé, un peu d'hallucinogènes, de k mélangés. J'essaie de rendre le plus vivant possible ce que je vis dans ces périodes dont je pourrais ne pas revenir tellement elles me stimulent donc m'abreuvent de ressentis d'être existante comme j'aimais autrement.
Le manque de peur et de limités de la morale et de l'éducation peut en revanche nous amener à un réel sentiment d'invincibilité et ce tt puissance, de maîtrise absolue donc parfois nous positionner en petits dictateurs, domina ts et parfois aussi agressifs ou violents, sans empathie,... Peuvent s'en suivre des mises en danger multiples puisque ns sommes i destructibles en maniac, imperméables a la douleur phy ou psy, au delà de toute résistance habituellement, anormalement lucides et en maîtrise selon nous, rapides a l extrême psychiquement et accumulant les raccourcis puisque tout est d'une simplicité désarmante,... Nos attitudes, postures souvent déterminées parce que nous n'avons aucun doute de nou mm, notre estime de nous est over booster, notre ego explose et les inter actions sociales ne peuvent plus s'envisager qu'au travers de notre prisme étant donné que nous sommes ceux qui sont les plus efficaces, performants, justes, dans le vrai, en position de domination, oui nous sommes capables de tout encaisser ss dégâts et en mesure de protéger l'autre puisque toute confrontation avec un danger ne peut pas être une défaite...c'est indicible ce ressenti!!
Le deuil de ces maniacs est d'une difficulté rare...vivre le neutre et moyen du quotidien d'un random est un sevrage violent puis qui dure, dure, dure... Ca reste le plus douloureux pour moi et je rêve toujours secrètement du prochain virage qui me ramènera en hauteur avec comme seule défonce celle que ma chimie cérébrale me procurera, elle est la plus orgasmique.


Héhé, Drim, tu ne te doutes pas à quel point ça me fait du bien de lire ton texte...

De mon côté, j’ai clairement enchaîné trop d’années à naviguer entre manie et mélancolie et à mal le vivre. 

De te lire me donne envie de prendre le bon où il est, et surtout de fermer sa gueule à la petite voix dans ma tête qui me dit :
« tu te sens heureuse, tu gères trop au boulot, tu te sens vivre... c’est la manie... tu vas tout perdre, tu vas te cracher encore et cette fois tu vas vraiment te foutre en l’air pour de bon etc. ».

Je te lis et je me dis de prime abord, c’est typiquement ce qu’on écrit en phase maniaque... Je te lis et je me dis (comme dans un atroce roman de Marc Lévy)... « et si c’était vrai? ».

Il y a quelques semaines, après 72h sans fermer l’œil, je suis arrivée en larmes et tiraillée par des hallus persistantes chez mon addicto. J’ai négocié un Loxapac pour faire « bouton off » et échapper à l’internement d’office....

Et ben, ça a marché, je galère, je tape beaucoup trop, je dors pas, je claque trop de fric, je bosse trop... mais je tiens le cap et j’aime ma vie malgré tout putain!

Soit dit en passant (et j’aimerais avoir ton ressenti sur la question), j’ai l’impression que le fait pour moi d’avoir pris tant de substances diverses, d’avoir tant modifié mon état de conscience m’aide vraiment à gérer ma bipolarité, au sens où j’ai conscience que parfois c’est elle qui parle et que (comme on sais que ses hallus sont dues au LSD ou autre), c’est gerable et ça passera...

Bref, chapeau et si ça te tente de discuter plus en détails un jour, MP?


Merci de m'avoir lu,

bubuuzi a écrit

Le neutre du quotidien Losq cet état s'atténue me désole de tristesse, quasiment tout est fade et sans saveur..

Je comprend bien ce que tu exprime. Avec les années j'ai remarqué que si j'arrivai a pas monter trop haut et a bien dormir et bien manger, et bien je ne dois pas payer mes phases maniac par des longues depression. C'est vraiment le surmenage induit par la manie qui provoquait la descente et comme tu dis un dur retour a une morne réalité. Le truc aussi c'est de reussir a se construir une vie qui nous pzrmette d'être fière de nous.
Maintenant j'oscille quasiment plus. J'ai un état dequilibre qui est plus proche d'une hypomanie que d'une hypodepression.
Quand on est des années sous traitement ou sous drogue quand on le cerveau se reveil d'un coup c'est super violent. C'est pour ça selon moi qu'il faut constament chercher à evacuer cette énergie a construir et a apprendre a éviter les écueils de la manies a savoir la megalomanie et les delir de toute puissance. Et simplement apprendre a se connaitre de façon humble et respectueuse des autres dans ces états.
Et vraiment essayer de rejoindre les deux mondes celui de la manie et celui de la depression/melancholie.
Et pour moi tout ça c'est possible si je garde un lien avec mon état sans drogue. C'est quand je suis foncedé pdt longtemps et que je reviens a mon état normal que j'ai oublié que c'est violent.

Dounia a écrit

De te lire me donne envie de prendre le bon où il est, et surtout de fermer sa gueule à la petite voix dans ma tête qui me dit :
« tu te sens heureuse, tu gères trop au boulot, tu te sens vivre... c’est la manie... tu vas tout perdre, tu vas te cracher encore et cette fois tu vas vraiment te foutre en l’air pour de bon etc. ».

Je te lis et je me dis de prime abord, c’est typiquement ce qu’on écrit en phase maniaque... Je te lis et je me dis (comme dans un atroce roman de Marc Lévy)... « et si c’était vrai? ».

Et ben Dounia, moi 72h sans dormir c'est un drame. Déjà une nuit de 6h quand je suis en phase hypomaniac c'est une alerte, moins je dors et plus l'hypomanie laisse place a la manie puis au delir et a la folie. Autant quand je suis "normal" je gère bien le manque de someil, autant c'est vraiment critique de pas dormir quand mon cerveau tourne a fond.
Mes manies se déclenchent quand je vaporise de la weed longtemps puis que j'arrête ou diminu. Elle se declenche aussi lors de stress comme le taf ou une rupture.
Mais maintenant quand je suis au tout début de ces états je connais tout les pièges et notamment celui du manque de someil. Et a force d'habitude jarrive  me calmer le soir tranquillement en rentrant du taf en mangeant un bout devant une serie.
Moi mon bouton off c'est le Xeroquel que je prend quand vraiment je sens que je dérape (typiquement quand je dors moins de 6h plusieurs jours de suite alors que je suis dans mon rythme normal), je sais plus ça doit faire plus d'un an que j'en ai plus pris. Je suis content car j'ai l'impression vraiment de gérer ma manie. LES trucs important pour moi c'est de rester les pieds sur terre et de bien comprendre que tout ce qu'on prend en ressources mental le corp le puise quelque part. Dans le sommeil et la nourriture, le sport m'aide a avoir une bonne fatigue et a évacuer du stress aussi.

Vraiment au taf je suis cadre, je gère mon service depuis 5ans, ça se passe super bien, j'en suis pu au stade de "si c'était vrai" j'en suis au stade "c'est vrai". Je ne me voile pas la face je sais que mon sommeil est super important, que je suis pas un sauveur. Que le monde je veux le changer mais a mon échelle, après c'est a moi de me faire l'échelle qui me convienne.

Les bipolaires la manie c'est un peu le truc honteux qu'on recherche et dont il faut redescendre car c'est pas un états vivable. Quand on est en manie on a tendance a être megalo, super lucide et comme dit bubuuzi on vire autoritaire et super sur de nous. Nos amis nous disent qu'on change. Mais perso je suis plus comme ça. Je remonte plus jamais dans un état totalement exalté et sur de moi. Et j'ai pu de depression. Quand je redescend (petites descentes en fait juste je dors mieux) la vie que je me suis construit me permet d'être assez content de moi et de juste continuer sans consequences.

Donc pour resumer y'a 10 ans quand j'étais dans ces états je finissais imancablement en hp, mais aujourd'hui rien, depuis 2013 c'est pas toujours rose et parfois je pars loin mais de moins en moins et de plus en plus plus je maitrise mes manies et plus elles sont objectivement positives dans ma vie.
Je suis entier au taf je bosse bien en phase maniac et quand je demande deux jours a mon boss parce que "j'en ai besoin" il sait que je connais ces états, même si on a la tête sous l'eau il me donne mes jours car il sait que je me connais.

Hésite pas a me MP Dounia

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