fini les neuneuleptiques

Catégorie : Tranche de vie
05 avril 2021 à  23:21

Je me suis quand même bien marré la vache et d'une manière explosive et entière (mon surnom c'est rapido alias on/off) !

Ouais mais voilà, le corps médical a décidé de s'occuper de moi de manière radicale :

- "Monsieur, vous faites une psychose bipolaire, Z'inquiétez pas, on s'occupe de vous"
- "heu mais c'est quoi ce machin ? et pis je suis où là?" (J'ai un vague souvenir d'accident de bagnole, je porte une minerve, j'ai le citron et les guiboles en vrac, je suis en fauteuil et sous perf)
- "Nous vous administrons un traitement pour vous détendre et vous aider à reprendre pied"

Mazette, je pige queudalle, je pige que je suis en HP et que je sors d'une "absence" de plusieurs jours. Accessoirement j'apprends que je suis sous Tercian en IV et autres merdes qui ne sont pas des trucs extatiques, LOIN de là.

Le temps passe, je suis un légume, assommé et pour autant je vis chaque nuit comme une sale descente d'acide dont j'aurais trop abusé.
L'évasion est impossible, le service est fermé à double tour, de toute façon la reptation vers la sortie n'est pas envisageable vu mon état.

Là, je me rends bien compte qu'on m'as mis à la diète sévère et je prie pour ne serait-ce qu'un Gin-Tonic ...Dans mes rêves !

Je suis transféré dans mon bled sans en avoir vraiment conscience et là l'enfer de la pharmacopée anesthésiante prend tout son relief.

On me passe sous xeroquel, risperidone,etc, et je pleure pour avoir des benzos. Please ! un seresta 50 bordel ! Vous z'avez dit sevrage sec?

On m'annonce gentiment que tout alcool et autres bidules me sont désormais interdits car ils pourraient me mener à la perte. On me fait un cour sur la chimie du cerveau et autres organes vitaux bien cramés pour assurer le discours et corroborer la bienveillance que l'on m'accorde.

Là, je m'arrête dans le déroulé romanesque pour me réveiller quelques années plus tard, avec 45 kilos supplémentaires à porter, alcoolo notoire en berne, création artistique coulée (j'ai fermé ma galerie), avachi tantôt dans mon lit ou dans un sofa à zieuter des films qui s’effacent à mesure du visionnage, au point de me replier sur des "Columbo", seul machin digeste tellement ma sagacité et  mon vocabulaire même ont disparu. Je ne sais plus lire, plus écrire et je ne fais pas usage de mon téléphone réduit au rôle d'horloge burlesque, je n'écoute même plus de musique, moi le gogo dancer, le teufeur sauvage, avec l'oreille sur la barre de son, moi le créateur, l'imaginatif, le rigolo ....pfuit.
Mes potes sont partis, et moi aussi du reste.

Et puis, me voyant clairement mort à tout point de vue, et franchement irrécupérable je me fais une belle OD de Seresta 50, les boites restantes, histoire d'abréger la lente agonie. (stock à disposition dans une accumulation de médocs à faire pâlir la pharmacie du coin)

Pas de bol, mon corps en a vu d'autres, on me récupère (comme par hasard) et j'atterris à nouveau en HP. Encore ?

Bon sauf que là, c'est vraiment too much, je plie bagage une fois que la contrainte de soin est levée et après avoir bien baratiné psychos et psychiatres.

Alors je prends une décision radicale. J’arrête tout : Les neuros, les psychos, les bidules, les thymorégulateurs je choisis un AD pourtant "interdit" aux bipos type 2 (dont je suis m'a-t-on dit) à savoir le Prozac et je me réserve une petite marge de benzos (6 valiums 10/jour) pour assurer la chose ainsi qu'une once de Zolpi. Tout ça à ma sauce, en douce, par le biais d'un nouveau toubib où je peux faire mes courses, tranquille. OK, c'est un choix risqué et ce n'est pas un truc que je recommande, c'est une décision PERSONNELLE : j'insiste.

J'en ai chié !!! Un truc de dingue ...

Soyons clairs je ne fais pas l'apologie de la libre consommation de stups, en revanche je me demande combien de pingouins se sont faits camés à leur insu par des psychiatres acoquinés avec des labos destructeurs de neurones. Alors certes dans ma vie j'ai connu des épisodes de manque, mais pour le coup je ne trouve pas de comparaison pour expliquer le big malaise que ça m'a procuré.

Voici donc plusieurs mois que je suis sorti de cet enfer glauque (en trichant avec le corps médical) mais avec des séquelles que je perçois comme irrémédiables et pas spécialement paskeu j'ai trop gobé de Taz ou sucé du buvard à tire larigot, hein !

Aujourd'hui "ça va" (dit il après avoir sniffé un peu d'oxycodone, un verre de pif à la main), et même s'il y a encore des gros coups de mou, je "pense" et j'ai envie de causer (la preuve en écrit ici ^^). Le corps lui a bien morflé, fonte musculaire, effets secondaires pourris, bouffi, cœur & thyroide niqués, super pour un ancien sportif, certes un peu dopé ^^.

La prochaine étape, c'est les benzos car je suis bien imbibé et franco ça n'a plus trop les effets escomptés malgré des alternances de molécules et parfois des mix étranges, dont je suis le king.

Ben voilà, j'ai fini ma digression et j'espère bien retrouver la patate pour une autre tranche de vie bien plus festive. Reste à trouver une petite place pour les prods qui sont quand même un peu les carburants de ma création artistique .... Graaande question.

Merci de m'avoir lu jusqu'ici, et prendra qui veut ce qu'il a envie de cette expérience.

Kenavo !



Commentaires
#1
Mychkine
Artichaut dans une caisse d'oranges
07 avril 2021 à  17:24
Hey,
Salut et bienvenue sur PA.
Je kiffe ton style d'écriture et la façon dont tu racontes ton histoire, t'as bien la patate encore (mentale, verbale quoi) malgré tout ce qui t'est tombé sur la poire, je trouve.

ça fait flipper bon dieu des fois ce qu'on entend des HP !... J'espère que je les éviterai dans ma vie. Je croise les doigts, tiens...

Courage pour le sevrage des benzos. Tu trouveras plein de conseils ici.
Pour l'alcool, tu as arrêté aussi ?


Pour les prods si t'es bipo ça m'paraît compliqué, enfin la MDMA du moins y'a plus d'un psychohead qui te la déconseillerait aussi bien que moi cette très versatile molécule de l'ultrabonheur, concernant le reste j'en sais trop rien, peut-être que ça peut passer.

Au plaisir de te lire à nouveau en tous cas.


Salut,

Merci pour ton témoignage. J'avoue que je sens mon esprit comme "bridé" depuis que je prends de l'abilify (pourtant juste 5mg/j). Mais bon dans mon cas il semble assez vital.

J'espère que les choses vont aller de mieux en mieux pour toi :) Ca devrait le faire


Anonyme813 a écrit

Courage pour le sevrage des benzos. Tu trouveras plein de conseils ici.
Pour l'alcool, tu as arrêté aussi ?

Hey !

Heu ... Disons que pour l'alcool, je me suis vraiment calmé. Passer d'une teille de Gin (voire quaZi 2) par jour à une teille de blanc médiocre tous les 2 jours, je trouve ça plutôt plutôt positif. On va dire que je gère mon alcoolodépendance  au jour le jour, sachant que je m’octroie des jours "off" consécutifs sans trop morfler. Le sushi, c'est mon compagnon de route, qui, lui aussi dépendant, alimente la cave : Ce n'est pas évident.

En ce qui concerne les benZos, vu que je n'y trouve pas (plus) de récréation, c'est déjà plus facile. Pour le moment je freine largement attendu que je mange de la codéine et de l'oxy ... Forcément c'est plus confortable et presque aussi "efficace" que d'la MDMA qui reste mon addiction favorite ; je me confesse.

D'ailleurs, à ce sujet (MDMA j'entends) je ne suis pas aussi good psychoheading que prévu car je pense que mon stock de sérotonine a été deZingué depuis des lustres (et malgré l'usage de prods pour la recapture de cette dernière) ça ne fonctionne que de manière très modérée, voire nulle malgré la qualité des prods. Bon en même temps je n'abuse pas, les lendemains sont à chier et les abstinences de 6 mois trop utopiques pour moi. Que reste-t-il dans mon frigo ??? ^^^

Au plaisir mon cher !!!!


Anonyme813 a écrit

J'avoue que je sens mon esprit comme "bridé" depuis que je prends de l'abilify (pourtant juste 5mg/j). Mais bon dans mon cas il semble assez vital.

Hey !!!

Alors oui clairement l'abilify n'a pas du tout été bénéfique pour moi, enfin, devrais-je dire qu'il n'a pas comblé "la situation d'urgence". Ceci n'est valable que pour moi bien entendu.

Depuis combien de temps tournes-tu avec cette molécule ?


C'est très récent, ça fait genre deux mois^^ Si elle n'était pas si efficace sur moi je songerais déjà à la virer. Ca t'a fait quoi toi l'abilify?


Anonyme813 a écrit

#5 Posté par : Morning Glory Aujourd'hui à  18:49

... Euh, moi ça m'a scotché dans le fauteuil avec l'impression d'être neurolèptisé à point, non nommé ...
Berk, bouche pâteuse, aboulie, clairement rectifié mais dans le genre "pas bien du tout", incapable de penser vivement ou de faire quoique ce soit ... la dalle aussi, genre mauvais shit. Super glauque comme plan.
Mode reptation enclenché comme si t'avais abusé du Tercian ...


C'est peut-être venu de la dose aussi non? Je suis à 5mg


Morning Glory a écrit

C'est peut-être venu de la dose aussi non? Je suis à 5mg

J'ai démarré à 10 mg, pas de quoi vriller ... M'enfin nous ne sommes pas égaux, et je crois que je suis foncièrement allergique aux substances délivrées par nos chers psychiatres. Je me suis foutu ça dans le crâne, je ne sais pas pourquoi !


Yo!

Je surkiffe ton style d'écriture mec!

Pourquoi ne pas essayer de te lancer dans des exercices d'écriture? Avec des poèmes? Des petits textes?

J'en veux encore! Encore!

Ahah :')

Au plaisir d'avoir de tes nouvelles, très prochainement.

Bise! merci-1


T[] Morning Glory
Emmerdeuse
07 avril 2021 à  18:17[Merci pour ton témoignage. J'avoue que je sens mon esprit comme "bridé" depuis que je prends de l'abilify (pourtant juste 5mg/j). Mais bon dans mon cas il semble assez vital.]
Exactement le même pb pour moi avec l’abilify... j’étais à 15 avant le premier confinement. Je vous raconte pas la mort intérieure, le zombie emmotinnel... ni joie ni peine, juste le grand vide pimenté de cocaine histoire de ressentir putain de quelque chose parfois sad
J’ai tout arrêté... je me suis crashé une phase maniaque salée en pleine gueule, j’ai deconné grave, évité l’hosto de justesse, repris 5 et là... j’ai de l’epitomax et j’arrête à nouveau l’abilify (contre avis médical).

Je me rends compte que je me drogue juste pour vivre des émotions, ressentir des trucs, je vais pas tenir comme ça...
5 jours d’arrêt avec Epitomax en complément, c’est infiniment mieux..


T[] Morning Glory
Emmerdeuse
07 avril 2021 à  18:17[Merci pour ton témoignage. J'avoue que je sens mon esprit comme "bridé" depuis que je prends de l'abilify (pourtant juste 5mg/j). Mais bon dans mon cas il semble assez vital.]
Exactement le même pb pour moi avec l’abilify... j’étais à 15 avant le premier confinement. Je vous raconte pas la mort intérieure, le zombie emmotinnel... ni joie ni peine, juste le grand vide pimenté de cocaine histoire de ressentir putain de quelque chose parfois sad
J’ai tout arrêté... je me suis crashé une phase maniaque salée en pleine gueule, j’ai deconné grave, évité l’hosto de justesse, repris 5 et là... j’ai de l’epitomax et j’arrête à nouveau l’abilify (contre avis médical).

Je me rends compte que je me drogue juste pour vivre des émotions, ressentir des trucs, je vais pas tenir comme ça...
5 jours d’arrêt avec Epitomax en complément, c’est infiniment mieux..


Dounia a écrit

T[] Morning Glory
Emmerdeuse


Je me rends compte que je me drogue juste pour vivre des émotions, ressentir des trucs, je vais pas tenir comme ça...
5 jours d’arrêt avec Epitomax en complément, c’est infiniment mieux..

Hey !
Oui, l'émotion, quel choix cornélien.

Ces phases up tant redoutées autant que recherchées pour justement pimenter cet état de "lissitude" et, comme tu dis, de zombie émotionnel mais également intellectuel quand tu ne te rappelles plus le nom de ta mère.

Navrant de ne pas se sentir compris.e sur des retours négatifs de molécules, avec le sentiment de devoir jouer avec son soignant pour au fond gérer soi-même son traitement et parfois devoir faire du forcing, d'autant que les informations distillées au compte goutte sur les effets moléculaires sont carrément absentes en entretien. Google est ton ami ^^.

Les bipos 2 sont quand mème de nature addictive : Je l'ai constaté de façon flagrante. Et ça, c'est franchement un truc qu'il faut bien comprendre et apprivoiser. Je ne fais pas de restriction à l'usage de psychotropes, mais d'un état d'être globalement. Le souci des cerveaux gourmands sans doute.

Bon bref, je ne vais pas faire un pavé.

L'Epitomax je connais aussi, mais je lui trouve  un effet déprimogène qui m'a conduit à l'arrêter sans soucis particulier.

Bonne chance dans ton périple et attention quand même à la C qui n'est pas très compatible avec ton traitement (les conseilleurs ne sont pas les payeurs, hein^^)

See U !


#13
Mychkine
Artichaut dans une caisse d'oranges
09 avril 2021 à  19:50

james tictoc a écrit

Heu ... Disons que pour l'alcool, je me suis vraiment calmé. Passer d'une teille de Gin (voire quaZi 2) par jour à une teille de blanc médiocre tous les 2 jours, je trouve ça plutôt plutôt positif. On va dire que je gère mon alcoolodépendance  au jour le jour, sachant que je m’octroie des jours "off" consécutifs sans trop morfler. Le sushi, c'est mon compagnon de route, qui, lui aussi dépendant, alimente la cave : Ce n'est pas évident.

En ce qui concerne les benZos, vu que je n'y trouve pas (plus) de récréation, c'est déjà plus facile. Pour le moment je freine largement attendu que je mange de la codéine et de l'oxy ... Forcément c'est plus confortable et presque aussi "efficace" que d'la MDMA qui reste mon addiction favorite ; je me confesse.

C'est déjà pas mal d'avoir baissé comme ça.
Juste une chose, si tu veux arrêter les benzos... Attention à la compensation alcoolique GABAergique dont la tentation n'est jamais très loin. (peut-être que tu le sais déjà et que mon avertissement est obsolète, mais c'est toujours bien de le dire). (À mon sens) l'alcool est et reste bien la pire drogue au niveau de l'influence sur l'état mental (y compris à faibles doses). Vu que tu n'as plus l'air accro, ça serait dommage :)

Cheers !


Ah la galère la C...
J’ai l’impression que si je trouvais un traitement qui me permette de vivre mes émotions avec intensité mais sans que ça déborde non plus en phase maniaque ou dépressive, je serais moins tentée de craquer.

C’est clair que la bipolarité et les addictions c’est fréquemment associé même si c’est pas systématique.

L’epitomax aide pour les craving, mais là, j’avoue que je rechute un peu sad
Pas pour l’alcool au moins cela dit!

Pas simple tout ça... Courage à vous


Mychkine a écrit

james tictoc a écrit

Heu ...

C'est déjà pas mal d'avoir baissé comme ça.
Juste une chose, si tu veux arrêter les benzos... Attention à la compensation alcoolique GABAergique dont la tentation n'est jamais très loin. (peut-être que tu le sais déjà et que mon avertissement est obsolète, mais c'est toujours bien de le dire). (À mon sens) l'alcool est et reste bien la pire drogue au niveau de l'influence sur l'état mental (y compris à faibles doses). Vu que tu n'as plus l'air accro, ça serait dommage :)

Cheers !

Yes ... Je connais la compensation et je sais le terrain fragile.
Pour l'arrêt des benzos, et notamment depuis que je suis passé au Lexomil suite à la pénurie de valium, je n'ai pas du tout les effets escomptés ce qui pourrait être le moment, si ce n'est d'arrêter, au moins de diminuer et de ventiler différemment.

Et pis y'a l'oxy que je prends aussi qui clairement diminue mon appétence tant pour les benzos que pour la picole. D'ailleurs, là, je fais une pause niveau pinard car j'aurais tendance à repartir à la hausse. Je sais qu'il faut 10 jours off pour repartir sur de bonnes bases. argggh ... je vais assurer et foutre mes flashs de côté à coup de détournement de prod (shut).

@+

Je viens de poster un truc sur le forum [benzos] à ce sujet d'ailleurs.


Pour le valium j’avais arrêté super facilement avec l’aide de ma psy en le prenant en gouttes wink
Une petite gouttelette de moins tous les deux/trois jours et c’est passé crème!
Rien senti du tout smiley-gen013
Peut être a explorer ?

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