Blogs » Serrah » 

Mélange incongru - Vol. I 



Un samedi matin de Mars 2021,

Je me réveille encore dans le gaz de la veille à la kétamine. Troublé par la pressante envie de pisser et de me mettre un rail. Là, comme ça, sans raison apparente, juste un rail. J'aimerais me convaincre que c'est pour l'expérience mais ça n'est pas le cas, ça n'est pour rien, ça demeure gratuit, vide, creux, appelant à l'insipide.

N'étant pas dans une phase de ma vie où je vais bien par concomitance entre la mort de mon oncle et le cancer destructeur de mon grand-père, je sombre vite dans le vice, j'y vais, les bras ballants et le nez prêt.

Une bière ouverte et bien fraîche, un xanax pour calmer l'anxiété qui commence à prendre une place que l'on m'annoncera de "chronique" dans ma vie - et au fond je le sais je suis neuropsychanalyste (encore en formation à ce moment là mais véritable fin de cursus). Mon expérience et mon état ne semblent pas s'accorder et ce sera mon état amoureux du vice qui triomphe sur le coup.

Je prépare quatre rails d'une double-centaine de milligrammes chacun. Un premier passe, j'attends une bonne vingtaine de minutes et je suis content, débile, mais pas encore dissocié en tous points (j'ai une bonne permatolérance qui s'est accumulée au fil des consommations).

Le deuxième me fait rentrer dans un état de forte dissociation, mais je peux encore bouger, tenir debout (bizarrement certes), mes propos deviennent cependant difficilement compréhensibles, j'invente des mots, les modifie, les arrange.

Le troisième me fait enfin claquer le K-hole, et là c'est le voyage, le grand saut, comme je les aime. Je mets un bandeau de méditation sur les yeux, monte légèrement le son de la musique (Pink Floyd - Shine on you crazy diamond Full parts, et Maroonned qui tournent en boucle). Des voyages incroyables, le grand saut vers l'extraconscient, la réponse métalytique, une extraspection des plus magiques.

Le voyage est de courte durée, retour sur Terre en moins d'une heure comme pour ceux qui ne s'assagissent pas suffisamment. Et boum, le dernier rail me couche, retour dans le K-hole, moins agréable, moins vivant, très froid et métallique. Je reviens sur Terre plus dépité et surtout avec une profonde léthargie et une incapacité à ne pas penser à la kétamine... J'ai trop accroché.

Lecteurs, merci d'avoir donné de votre temps,
Bien à vous tous,
Serrah

Catégorie : Expérimental - 05 juillet 2021 à  00:49



Remonter

Pied de page des forums