Opium - Première expérience : un étrange assoupissement.

Catégorie : Trip Report
25 juillet 2021 à  11:47

Quasi naïf aux opiacés, et pas particulièrement attiré par les classiques héroïne, morphine, codéine et toute la "clique", j'éprouvais en revanche depuis longtemps une certaine curiosité pour l'opium, probablement liée à l'histoire millénaire de cette drogue, et à son aura mystérieuse et romantique...Si je voulais expérimenter un opiacé,  c'était bien l'opium, l'origine même de toute cette classe de substances. Mais, comme vous l'avez sans doute constaté, l'opium ne se trouve pas à tous les coins de rue, et n'étant pas un acharné du darknet, cette idée demeurait plutôt un voeu pieux voire un fantasme de vieux drogué...

L'opportunité de goûter à la midnight oil s'est pourtant finalement présentée tout récemment, au cours d'un festival passablement hippie perdu au fin-fond des montagnes d'Ardèche, lorsqu'un gars avec qui j'avais sympathisé m'en a offert une petite boulette. Oh, pas grand chose, un demi-gramme de pâte noire et collante, à l'odeur intense de pavot, aussitôt rangée dans ma boîte magique en vue d'un usage ultérieur : déjà sous l'emprise d'un entactogène et d'un psychédélique ce soir-là, je ne me voyais pas ajouter l'opium au menu, au risque soit de mal le vivre soit de passer à côté de l'expérience.

C'est donc hier soir, deux semaines après ce festival, que tranquillement posé dans ma tanière et sous la discrète supervision de mon amoureux, j'ai commencé, réduction des risques oblige, par ingérer 0,2g du légendaire latex de Papaver Somniferum, accompagné d'une large gorgée de lait sucré pour essayer d'en atténuer le goût aussi amer que persistant...Puis allongé sur un matelas moëlleux, sur un mix de slow-trance particulièrement planant, je me suis préparé à accueillir les effets.

Ce furent tout d'abord, au bout d'une heure à peu près, une torpeur et une pesanteur : la sensation de ressentir la gravité avec une acuité toute nouvelle, comme si soudain je pesais 150kg et que ce poids me clouait littéralement au sol, rendant beaucoup plus difficile le moindre mouvement...Sensation associée à un état quasi-hypnotique, proche de ce que l'on éprouve lorsque le sommeil approche, que l'on est pas encore endormi mais que l'on se sent partir. Une somnolence pas désagréable en somme, mais rien de très impressionnant. Un peu plus de deux heures après la première prise, curieux de pousser l'expérience plus loin, j'avalais donc 100mg supplémentaires, dont les effets ne se firent pas attendre très longtemps...

Une petite demi-heure après le second drop, la sensation de pesanteur s'atténua, et je retrouvai une relative aisance de mouvement, alors que la première montée m'avais plutôt cloué au lit. Je constatai un certain tangage en me déplaçant, mais beaucoup moins marqué que celui qu'on éprouve par exemple lorsqu'on a trop bu : cela s'apparentait plutôt à un léger vertige. Autre effet remarquable, une certaine altération de la perception du temps, associée à des phases de complète hypnose...C'est à dire que je pouvais rester immobile, les yeux et les pensées dans le vague, pendant un laps qui me semblait durer quelques secondes, alors qu'en réalité je venais de "scotcher" pendant une bonne dizaine de minutes. Je me souviens avoir dit à mon mari que le terme "être stoned" était particulièrement approprié pour définir cet état.

L'effet le plus spectaculaire et le plus intéressant se manifesta peu après, lorsque j'entrais dans une phase de rêve éveillé (le terme est un peu galvaudé mais il reste assez juste), durant laquelle, sans que je m'endorme, et particulièrement si je fermais les yeux, mon imagination se mettait à divaguer sur le mode "marabout-bout d'ficelle", élaborant par association d'idées des images et des scénarios délirants, dont l'absurdité même finissait par m'alerter et dont j'émergeais presque en sursaut, ne rassemblant mes esprits que pour mieux repartir dans un autre hors-piste mental, les divagations succédant aux divagations sans que je puisse contrôler le processus. Il ne s'agissait pourtant pas d'hallucinations et à aucun moment je ne perdai conscience du réel ni ne m'endormai, simplement sous l'influence de l'opium mon imagination semblait décidée à déclarer son indépendance et à s'émanciper du contrôle de ma raison, qui ne pouvait que la regarder faire. Le gars qui a inventé le slogan "l'imagination au pouvoir" était probablement opiomane.

Quelques deux ou trois heures plus tard (l'appréciation du temps, à ce stade, étant devenue plus qu'hasardeuse) je finis par avaler ce qui me restait d'opium, soit 0,2g environ. L'effet n'en fut pas spectaculaire, cela prolongea simplement la sensation de rêve éveillé et accentua légèrement l'intensité des divagations, sans que cela n'atteigne à aucun moment, il faut le préciser, l'intensité dramatique, l'adhésion subjective au délire ni la complexité des hallucinoses que l'on expérimente en prenant par exemple du LSD ou d'autres psychédéliques. L'opium, du moins au dosage où je l'ai consommé, propose une expérience beaucoup moins intense et d'une nature très différente, qui se rapproche plutôt de ce que l'on ressent lorsque l'on somnole, que l'on est pas encore totalement endormi mais que l'on commence déjà à rêver. Finalement, après plusieurs heures dans cet état, le sommeil finit par m'emporter, mais je me réveillai plusieurs fois durant la nuit, pour constater que la substance agissait toujours.

Pour décrire l'expérience aussi précisément que possible il faut aussi évoquer ses aspects moins plaisants, dans mon cas ce fut un body-load assez important, avec une sensation de légère nausée constante durant toute l'expérience et une impression assez diffuse mais plutôt désagréable d'intoxication. Difficile à décrire, je la résumerai ainsi : la conscience très nette d'avoir ingéré une substance que mon corps peinait à assimiler. Enfin pendant tout le voyage, et jusqu'à m'endormir, j'ai souffert de démangeaisons plutôt intenses, particulièrement au niveau des jambes et des parties génitales. Le matin au réveil, je constatai que si les divagations avaient cessé, la sensation de torpeur et d'engourdissement demeurait très nette, associée à une légère gueule de bois, bien moins sévère cependant que celle infligée par l'alcool. C'est dans cet état, aidé de quelques cafés bien noirs, que je rédige ce rapport d'expérience.

Bien que satisfait d'avoir assouvi ma curiosité à l'égard de l'opium, je terminerai en confessant une légère déception : si les effets de la substance ne sont pas inintéressants, ils s'avèrent nettement moins puissants que ce que j'avais imaginé. C'est possiblement lié au dosage raisonnable que j'ai ingéré, mais l'intensité du body-load et la sensation d'intoxication très nette ne me donnent pas envie d'essayer d'en prendre une plus grosse dose, d'autant que je n'ai pas l'intention de me mettre à la recherche d'un plan régulier, la régularité dans les prises d'opiacés étant me semble-t-il une autoroute vers la dépendance. Mon désir est donc rassasié, mais je sais désormais d'expérience que l'opium, malgré l'engourdissement sympathique et la stimulation de l'imaginaire qu'il procure, n'est pas "ma" came.



Commentaires
Salut,
Alors plusieurs choses :
- Je ne trouve pas que ce sont des petites doses que tu as pris pour une premiere et en étant naif aux opiacés.
Ce qui explique aussi surement le fait que tu ai eu la nausée et l'impréssion d'être intoxiqué.
- Les espèces de rêve éveillés ou tu te "réveille" presque en sursaut c'est ce que on appel piquer du nez et ça n'arrive que à relativement grosse dose.
- Tu as pu le remarquer mais au bout d'un certain temps il est inutile de redrop l'opium, c'est gacher et 0.5 g pour une premiere c'est vraiment beaucoup même si tu n'a pas tout pris d'un coups.

A cotés de tout ça tu n'a pas sentie un sentiment de bien être intense dans tout ton corps, de relâchement de zénitude de paix intérieur ?

Après les opiacés je trouve que ça peut prendre quelques prises à réellement capté et à apprecier, surtout que comme beaucoup les premieres fois tu avais d'autres attentes.

Si jamais tu devais retester reste sur un 0.1, 0.2 grand max (et pas en même temps).
Après si tu comptes en rester là c'est pas plus mal parce que quand on commence à kiffé les opiacés les problèmes peuvent vite arriver.


#2
Cub3000
Adhérent PsychoACTIF
25 juillet 2021 à  14:53

fafefifofu a écrit

A cotés de tout ça tu n'a pas sentie un sentiment de bien être intense dans tout ton corps, de relâchement de zénitude de paix intérieur ?

Pas tellement plus que d'habitude, mais je suis quelqu'un de plutôt "zen" et en paix intérieurement la plupart du temps wink

Pour les doses je me suis calé sur les recommandations RdR que j'avais pu lire ici ou là, qui conseillaient de commencer à 0,3g et éventuellement à augmenter si peu d'effet, j'ai donc commencé à 0,2 et effectivement l'effet étant light j'ai augmenté progressivement. Après je suis un peu un mastard de 95kg pour 1,85m, donc possible qu'il m'en faille un peu pour que ça décolle wink


Ok je suis surpris car d’expérience mes potes naïfs qui ont pris plus de 0,1 on finit par gerber ou à trouver ça trop fort (après il est vrai que ils n’ont pas le même gabarit que toi).
Meme moi sous metha la première fois que j’en ai pris j’ai pas eu besoin d’en prendre beaucoup et ça m’a surpris car pourtant la metha m’a créer une grosse tolerance sur les autres opiacés plus classique.
0,3 ça me semble vraiment beaucoup pour quelqu’un de naïf même si ce sont les recommandation Rdr.
C’est sûrement pas dangereux mais le truc avec les opiacés c’est que si on en prend un peu trop ça deviens très désagréable comme expérience.
Apres au niveau des opiacés il y a de grande variation individuelle au niveau de la metabolisation.


#4
Cub3000
Adhérent PsychoACTIF
25 juillet 2021 à  15:22

fafefifofu a écrit

Ok je suis surpris car d’expérience mes potes naïfs qui ont pris plus de 0,1 on finit par gerber ou à trouver ça trop fort.
Meme moi sous metha la première fois que j’en ai pris j’ai pas eu besoin d’en prendre beaucoup.
0,3 ça me semble vraiment beaucoup pour quelqu’un de naïf même si ce sont les recommandation Rdr.
Apres au niveau des opiacés il y a de grande variation individuelle au niveau de la metabolisation.

Possible aussi que ce qu'on m'ait filé ait été un opium artisanal plus proche de la rachacha que d'un opium authentique...c'est fâcheux ça, il va falloir que je réitère l'expérience alors lol


Meme si il avait un pourcentage moins élevé les effets que tu décris sont les effets d’une bonne dose quand même, tu risquerais surtout de kiffer d’avantage les opiacés si tu recommences mdr

Moi par exemple j’ai commencer avec la codéine et il m’a fallut bien 3/4 essaie avant de cerner les effets et de trouver ça kiffant de ouf (le temps de trouver le bon dosage également).

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