Adieu âme jumelle

Si peu réelle, tellement imaginée. En réalité jamais tu as existé, tu étais une image doucement construite, enfouie tellement profondément que tu m'étais ignorée. Je t'ai déterrée sans le réaliser. Et je t'ai collée patiemment, gentiment, tout doucement sans écraser son visage, sur lui. J'ai gommé ses horreurs, j'ai ignoré le dégoût, j'ai décidé que le moment était venu. Tu allais vivre, j'allais vivre, nous allions vivre, vivre enfin ensemble. Jouer joyeusement dans les poudres. Tirettes au souffle retenu. Para qui monte comme un feu d'artifice. Rushs, quatre rushs avec toi , quatre rushs en deux mois. Tu clignotes entre tes baisers. Tu brilles. J'aime la perche qui nous permet de tout oublier ; moi mes peurs, toi tes schémas pathétiques et arriérés.
Ce midi, embrumée d'éthanol et d'opiacés, en plein dans le théâtre de mes souffrances les plus arides, je suis affreusement endeuillée. Même l'amour le plus fou, même l'amitié la plus fidèle, n'a pu résister à tes trahisons, tes tristes renoncements, à ton affligeante banalité.