Meditation sur le sniff

C'est deux heures du matin, mon courrier est surveillé de près, mais j'ai réussi à faire passer des opiacés en e-liquide parce que je vapote. Comme j'aime pas le résultat vapoté (mauvais matériel), je prends une seringue orale que je remplis de ma dose + de diluant et m'injecte dans le nez.

Le produit est plus potant que celui que je sniffais, j'ai moins d'effets désagréables, mais même si j'apprécie mieux le high je ne ressens pas cette satisfaction du sniff. Chose très étrange, je me sens plus sale après avoir dilué mon produit dans un reste d'infusion très légère d'une plante qu'on utilise parfois pour soigner le rhume (pas accès à de l'eau) que quand je me tapais des pointes dans les chiottes des ter sncf avec un vieux tiquet de caisse qui traînait au fond de mon sac (ne faites pas ça vous risquez de choper une infection et en plus le train ça bouge vous risquez de perdre du prod mdr)

Je sais pas pourquoi ça m'a rappelé le post de quelqu'un qui n'avait jamais touché à l'hero mais si je me souviens bien voulait essayer car il se sentait déjà junkie ou qqch comme ça (son utilisation du terme) et qu'il voulait savoir ce que ses parents ex consommateurs avaient ressentis. Comme on me l'a très justement dit ici, avec certaines formes de conso il y a un goût de l'interdit, mais malgré tout il y a a mon sens une certaine forme d'esthetisation de certaines formes de conso dans la culture populaire et dans les posts de gens qui conso (sur des sites non rdr) : des lignes bien fines, le geste en lui même qui devient un petit rituel familier... Comme le fait d'avaler des pilules qu'on retrouve dans certains médias ou même la popularisation du lean par certains rappeurs, au point que sur des forums américains j'ai vu des gens préparer des leans maison.

Et je me dis, ce soir, c'est pas le pire truc que j'ai fait quand on y pense (j'ai volé chez des gens, j'en suis pas fière, la plupart des addicts que je connais ne font pas ça mais comme j'étais toujours en rad de thunes j'ai fait passer mes principes après la conso, plus jamais), mais pourtant sur le coup c'est le truc qui m'a fait me sentir le plus sale.

Ça m'a fait aussi pensé à un post récent très intéressant sur Ces biais négatifs qui nous (les puds) desservent (https://www.psychoactif.org/blogs/Ces-b … id#b7209). Et je me dis purée, ces biais cognitifs et les clichés véhiculés par la société en général sont tellement ancrés en moi que je me sens plus sale après avoir fait quelque chose de pas ouf mais de nettement plus inoffensif que beaucoup de mes pratiques, parce que ça ne collait à aucun de mes rituels établis, mais aussi car ce n'est pas l'image du pud négative qu'ont les gens ni la version esthétisée (ou classique) que j'ai pu voir dans certains médias ou dans les mêmes et photos de conso que j'ai pu voir relayé par mes amis dans le truc.

Bref, excusez moi, j'ai pas tout à fait les pieds dans les basquettes et il se fait tard. N'oubliez pas de nettoyer vos narines et de les hydrater avec de la vaseline ou du cicafalte les amis, et d'utiliser une paille stérile