Courrier International Salles De Shoot A Copenhague

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mariemeuh
Psycho junior
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J'ai recopié l'article, au cas où cela intéresserait quelques personnes.

Courrier international n) 1247 du 25 septembre au 1er octobre 2014

Bonne fin de journée!

Le succès des salles de shoot de Copenhague

Depuis 2 ans, les toxicomanes de la capitale danoise peuvent consommer leur drogue de prédilection dans des lieux sûrs et surveillés, mais souvent bondés.

Dans la salle de shoot Skyen, rue Istedgade à  Copenhague, les règles sont simples les fumeurs prennent la porte de droite, la porte de gauche étant réservée aux toxicomanes qui se piquent. Les usagers reçoivent du matériel, mais doivent apporter leur drogue et se droguer tout seuls.

Derrière le comptoir du hall d'accueil, l'infirmière Maria Johanse, entre des informations sur les usagers dans un ordinateur. Ils sont tous inscrits sous le pseudonyme de leur choix et doivent indiquer quelle drogue ils vont consommer. Les renseignements cochés sour un formulaire informatiques  : héroïne, cocaïne, méthadone, substance inconnue...
Dans le hall, MJ, 29 ans, vêtements décontractés, chaussures vert pâle et casquette blanche, attend qu'une place se libère chez les fumeurs. Elle raconte qu'elle est psychiquement malade et qu'elle entend des voix. Ce jour là , en tout cas, elle est agitée et très mécontente. « Cet endroit est pourri. Il y a beaucoup trop de jalousie et de vols. J'ai été tabassée plusieurs fois parce que je ne voulais pas prêter mon verre à  d'autres. Et le personnel change tout le temps et n'a aucun respect. Pourquoi est-ce que les fumeurs doivent utiliser les mêmes toilettes que ceux qui se piquent  ? C'est dégoûtant quand il y a du sang sur la poignée de porte  !  » s'exclame-t-elle. Maria Johansen est convaincue que les salles de shoot ont permis d'atténuer les conflits entre toxicomanes. Mais la demande est souvent supérieure à  la capacité, même, si, avec les trois derniers centres ouverts, Copenhague compte maintenant vingt-deux nouvelles places d'injection et huit de plus pour fumer. « C'est un lieu de travail très animé, avec beaucoup de passage. Nous pourrions facilement avoir quatre fois plus de places pour fumer  » estime Maria Johansen  »
    Chez les fumeurs, derrière la porte de droite, les 8 box sont tous occupés en ce début d'après-midi. Certains usagers tiennent un verre d'eau au-dessus d'un briquet et sniffent la fumée. Le verre est couvert d'une feuille de papier aluminium percée de petits trous, sur laquelle la cocaïne repose comme une masse dure, après avoir été mélangée à  de l'ammoniaque ou de la levure chimique. D'autres sont affalés, dans un état second, sur la tablette de leur box ou sont occupés à  préparer un verre.
    Les fumeurs ne peuvent rester plus de 35 minutes dans la salle. Ils doivent ensuite sortir dans Istedgade pour laisser  la place aux suivants. Maria Johansen surveille le temps imparti à  chacun et entre régulièrement dans la salle pour vérifier que tout va bien. Même si l'aire de la salle est renouvelé 32 fois par heure, il y a trop de fumée pour que des non-toxicomanes puissent y rester. Derrière la porte de gauche, il y a en permanence une assistante sociale ou une infirmière dans le local. Elle surveilles les 9 box aménagés pour les usagers qui se piquent et distribue des seringues, des serviettes et des petites d'eau. Chacun de leur box, 5 à  6 hommes, les pantalons baissés jusqu'aux genoux, essaient de se piquer à  l'aine. Dans un autre box, un usager prépare sa seringue tandis que dans le box d'à  côté un homme saigne de la cuisse et s'affaire avec une serviette. Peu après, il s'allonge sur un lit de camp, les yeux fermés.
    A 47 ans, Krolle est toxicomane depuis sa jeunesse. Il vient souvent à  Skyen et apprécie beaucoup les salles de shoot. « On n'est plus dans la rue et on peut prendre sa drogue au calme  » explique t il.. Outre sa méthadone quotidienne, il consomme aussi de la cocaïne par voie intraveineuse. Il vit dans la rue ou chez des amis, toujous avec son chien Odin. « Il a eu 5 ans en juillet et c'est mon meilleur ami. La vie serait triste sans lui, alors il est prioritaire. Toujours  !  » confie krolle en caressant l'animal.
    Depuis les presque 2 années d'existence des salles de shoot, le personnel a connu 210 cas d'overdose. Krolle a, lui aussi, survécu à  une overdose parce qu'il s'était fait une injection dans un endroit adapté et surveillé.
    « C'était dans la salle de shoot de Halmtorvet, il y a environ un an. Je ne sais pas ce qui s'est passé, parce que j'ai perdu connaissance et me suis réveillé sur un lit d'hôpital  » raconte t il.
    Krolle dépense près de 1 000 couronnes (134 €) par jour en cocaïne, qu'il se procure en mendiant ou en vendant Illegal (revue vendue par des toxicomanes). Cela marche incontestablement mieux quand il fait beau. Si les passants ont les mains dans le spoches à  cause du froid ou de la pluie, elles n'en ressortent pas, raconte t il. « Je fais la manche depuis 7 ou 8 ans. Mes jambes ne sont plus ce qu'elles étaient, mes bras non plus, et je me fiche du vol. Je laisse M Tout Le Monde m'aider  » affirme Krolle, qui assure n'avoir jamais eu maille à  partir avec la plice. « Je n'ai jamais été pris pour possession de drogue. Au contraire, il m'est arrivé que des policiers me donnent un billet de 20 ou m'apportent un sac de couchage quand il fait froid  . Les policiers sont aussi des êtres humains.  » rappelle Krolle.
    La salle Skyen emploie 10 infirmières et 10 assistantes sociales, raconte Rasmus Koberg Christiansen, le travailleur social qui dirige le centre. Avant l'ouverture de la première salle de shoot du quartier Vesterbo, il y a près de 2 ans, on se demandait quelle serait la fréquence d'utilisation du lieu par les toxicomanes. La réalité a largement dépassé les attentes puisque à  ce jour 3 090 usagers sont inscrits (511 femmes et 2 579 hommes) « A l'époque, notre objectif était de 100 à  200 prises de drogue par jour. Or rien qu'hier 412 toxicomanes sont passés à  Skyen  » affirme t il.
    Le but des salles de shoot n'est pas uniquement d'offrir un cadre sûr et d empêcher les décès dus à  une overdose. « Notre offre vise aussi à  tisser des relations avec les usagers. Si un usager a besoin d'aide, nous pouvons la lui offrir, mais il est essentiel que la demande émane de lui  » souligne Christiansen  .

« On n'est plus dans la rue et on peut prendre sa drogue au calme  »

    L'inscription anonyme a permis un meilleur contrôle des usagers et, surtout, de leur consommation. Trois sur quatre fument ou s'injectent de la cocaïne, qui remplace désormais l'héroïne à  la première place du palmarès des drogues consommées. « La cocaïne la moins chère et, contrairement à  l'héroïne, l'usager ne devient pas apathique, mais plutôt survolté et prêt à  reprendre une nouvelle dose s'il en a les moyens  » explique Christianse.
    A l'association Gadejuristen (L'avocat des rues  ) nanna Gotfredsen se bat depuis des années pour la création de salles de shoot. Même si elle est satisfaite des salles, la situation peut, selon elle, être encore améliorée. « Si un médecin y était rattaché, les toxicomanes pourraient se faire prescrire de la méthadone et d'autres traitements appropriés  ».
                        Ulrik Dahlin, Publié le 17 septembre

Courrier International n° 1247 du 25 septembre au 1er octobre.

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ziggy
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ils ont gagné donc ??? coool pour eux... mais nous, ça raconte quoi alors ?

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