Comprendre la consommation et l'addiction

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Syam
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https://www.drugabuse.gov/publications/ … -addiction

Comprendre la consommation et l'addiction

Beaucoup ne comprennent pas pourquoi ni comment d'autres deviennent accros à  une drogue. Ils peuvent penser à  tort que ceux qui se droguent manquent de valeurs morales ou de volonté et qu'ils leur suffirait de le décider pour arrêter leur consommation. En réalité, la dépendance est un symptôme complexe et arrêter demande généralement une démarche plus profonde que de simples bonnes intentions ou une volonté de fer. Les drogues modifient le fonctionnement de cerveau d'une façon telle qu'arrêter est délicat même pour ceux qui le veulent ardemment. Heureusement, les chercheurs en savent plus sur ce phénomène que jamais auparavant et ont mis au point des traitements qui peuvent aider à  guérir de l'addiction et à  mener une vie productive.

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Qu'est-ce que l'addiction?

L'addiction est une maladie chronique caractérisée par la recherche de produit et son usage compulsif - ou difficile à  contrôler malgré les conséquences néfastes. La décision initiale de consommer est généralement volontaire, mais l'usage répété peut mener à  des changements dans le cerveau qui vont menacer la capacité de l'usager à  se contrôler et modifier sa résistance à  l'appel urgent du produit. Ce changement peut être durable, c'est pourquoi la maladie est considérée comme propice aux rechutes même après des années d'abstinence.

La rechute est banale, mais elle ne signifie pas que le traitement ne fonctionne pas. Comme pour les autres maladies chroniques, il faut maintenir le traitement et l'ajuster en fonction de son fonctionnement sur le patient. Il faut revoir régulièrement le traitement en fonction des besoins du patient qui changent aussi.

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Que se passe-t-il dans le cerveau quand une personne se drogue?

La plupart des drogues affecte le circuit de la récompense dans le cerveau en l'inondant de dopamine. Ce système contrôle à  son tour la capacité à  trouver le plaisir et motive la personne à  recommencer les comportements de la même façon qu'il encourage à  manger ou à  fréquenter les personnes qu'on aime. Cette stimulation intense mène à  consommer encore et encore.

Quand la personne continue de consommer, le cerveau ajuste la réponse des capteurs. L'intensité du plaisir finit donc par diminuer (on appelle cela la tolérance) ce qui peut mener à  consommer plus pour trouver le même plaisir, mais cela diminue aussi le plaisir qu'ils trouvent dans les choses qu'ils aiment : nourriture, activités sociales...

L'usage au long cours peut aussi modifier :
la capacité d'apprentissage,
la capacité  de jugement,
la capacité décisionnelle,
l'angoisse,
la mémoire,
le comportement.

Bien que sachant cela, beaucoup d'utilisateurs continuent de consommer, ce qui est la nature même de l'addiction.

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Pourquoi certaines personnes deviennent dépendantes et pas d'autres?

Il n'y a pas de facteur unique pour déterminer qui va devenir dépendant aux drogues, mais une combinaison de risques. Plus une personne combine de risques, plus elle a de chances de transformer sa consommation en dépendance. Non exhaustivement, citons les risques :
Biologiques : Le génotype de naissance aurait une part de 50% dans le risque de dépendance. Le sexe, le groupe ethnique et d'autres désordres mentaux peuvent jouer aussi.
Environnementaux : L'environnement inclue diverses influences : famille, amis, statu social et qualité de vie générale. Des facteurs comme la pression sociale, les agressions physiques ou sexuels, la précocité de l'exposition aux drogues, le stress et l'éducation peuvent énormément affecter le probabilité de consommation, puis de passage de la consommation à  la dépendance.
De développement : Les facteurs génétiques et environnementaux interagissent avec des moments critiques du développement dans la vie d'une personne pour aggraver les risques de dépendance. Même s'il est vrai qu'à  tout âge une dépendance est possible, plus la drogue arrive tôt dans la consommation, plus elle a de chance de mener à  la dépendance. C'est spécialement problématique pour les adolescents. Parce que leur cerveau est encore en développement, notamment les aires responsables du jugement, de la prise de décision, et du self-control, les adolescents sont spécialement exposés aux comportements à  risques, incluant la consommation de drogues.

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Peut-on prévenir et guérir les dépendances?

Comme pour la plupart des autres maladies chroniques telles que le diabète, l'asthme, ou les maladies cardiaques, le traitement n'est généralement pas une garantie de guérison. Néanmoins la dépendance peut être traitée et contrôlée avec succès. Ceux qui guérissent de la dépendance risques de rechuter pour des années ou pour la vie. Les recherches montrent que combiner un traitement à  l'addiction et une thérapie comportementale assure les meilleures chances de succès pour la plupart des patients. Des traitements ajustés de manière personnalisée et adaptés en fonction de la substance consommée et des modes de consommations, ainsi que des autres problèmes médicaux et parfois mentaux ou sociaux peuvent mener à  une guérison durable.

Une autre bonne nouvelle c'est que l'usage et la dépendance peuvent être évités par la prévention. Les résultats des recherches financées par le NIDA ont montré que les programmes de prévention impliquant les familles écoles, communautés et médias sont efficaces pour prévenir et diminuer la consommation et l'évolution en dépendance.  Même si des facteurs personnels ou culturels affectent les tendances à  la consommation, lorsque les jeunes voient les dangers d la consommation, ils tendent à  moins consommer. Par conséquent, l'éducation et la prévention sont des clés pour aider les gens à  comprendre les risques de ces consommations. Les professeurs, les parents et les professionnels de la santé ont des rôles cruciaux dans l'éducation des plus jeunes et dans la prévention de la consommation et de la dépendance.

Dernière modification par Syam (23 août 2016 à  20:04)


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Syam
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Commentaire personnel : je trouve l'introduction intéressante pour un document gouvernemental. Je n'adhère pas tout à  fait à  l'idée de maladie mais j'admets que ce statu convient pour certaines personnes et qu'il est aussi un "moindre mal" par rapport aux thèses gouvernementales habituelles.
Pour le reste je traduis plus pour montrer comment les concepts évoluent outre-atlantique que pour réellement informer sur un forum où beaucoup sont déjà  documentés sur le fonctionnement des drogues (quoi que). Je n'adhère pas nécessairement à  tout le contenu de l'article.

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Attention, l'addiction est exclusivement quand l'usager veut arrêter sa consommation et n'y arrive pas. Il faut donc la distinguer de l'usage et de l'usage abusif où l'usager ne veut pas arrêter. Souvent on utilise le terme "addiction", surtout des produits illégaux pour tout usage qu'il y ait ou non des conséquences néfastes et qu'il y ait ou non volonté de l'usager d'y mettre un terme.

L'addiction est une maladie chronique caractérisée par la recherche de produit et son usage compulsif - ou difficile à  contrôler malgré les conséquences néfastes.

C'est donc bien un problème de santé sinon une maladie.
Amicalement


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Syam
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- Bien entendu qu'aux US la définition populaire est que tous les consommateurs réguliers qui n'arrêtent pas malgré les risques sont addicts, la clause de "veut arrêter mais n'y arrive pas", je ne l'ai jamais observée dans la presse américaine. En fait cet article est déjà  (!) plus rigoureux que la moyenne, puisque bien souvent là -bas l'usage est considéré comme abusif dès lors que la substance est illégale et le consommateur comme addict dès lors qu'il consomme régulièrement.

- Ce serait intéressant de savoir si au niveau des définitions médicales, les définitions sont les mêmes là -bas qu'ici (?)

- Problème de santé : oui, maladie : au cas par cas ; du moins à  mon avis, l'utilisateur étant libre de considérer -ou non- qu'il est volontairement consommateur. Lui seul est apte à  définir s'il est malade. Autrement c'est une dérive dans laquelle on pourra stigmatiser comme "malades" tous les gens qui ont un comportement qui n'est pas conforme à  la "normalité". Et pourquoi pas les soigner de force. Pour autant tout est relatif : aux US, les UD sont tellement mal considérés que l'idée qu'ils sont malades est en un sens moins néfaste pour eux que leur statu actuel d'ennemis publics dangereux (ça évolue tout de même : depuis que les consommateurs ont souvent la peau blanche, on admet parfois qu'ils sont aussi victimes).

Dernière modification par Syam (22 août 2016 à  06:41)


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Bonjour,
En effet dans la définition de l'addiction il y a bien le fait de ne pas réussir à  arrêter malgré les conséquences négatives mais on ne précise pas si l'usager veut ou non arrêter lui même.

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK20368/

What does matter tremendously is whether or not a drug causes what we now know to be the essence of addiction: uncontrollable, compulsive drug seeking and use, even in the face of negative health and social consequences. This is the crux of how many professional organizations all define addiction, and how we all should use the term. It is really only this expression of addiction””uncontrollable, compulsive craving, seeking and use of drugs””that matters to the addict and to his or her family, and that should matter to society as a whole. These are the elements responsible for the massive health and social problems caused by drug addiction.

En France j'ai trouvé cette définition http://sante-medecine.journaldesfemmes. … definition

L'addiction se définit comme la dépendance d'une personne à  une substance ou une activité génératrice de plaisir, dont elle ne peut plus se passer en dépit de sa propre volonté

Mais ce n'est pas partagé par tous. Notamment la MILDECA reprand la définition Nord Américaine.

Pour ce qui concerne PA je crois qu'il est indispensable de séparer le "soin" de ceux qui veulent arrêter et n'y arrivent pas et qui cherchent de l'aide pour cela, qui est donc le traitement de l'addiction et le "problème" (pour l'entourage le plus souvent) de ceux qui ne veulent pas arrêter malgré les conséquences néfastes.
La difficulté étant de faire la balance entre le positif et le négatif. Remarquons que c'est une situation courante dans beaucoup d'autres habitudes de vie (collectionneurs, bricoleurs infatigables, fanas de sports extrêmes, joueurs invétérés etc..) où la balance de l'entourage ne donne pas le même résultat que celle de l'usager.
Il est donc important de ne pas classer cette situation comme maladie mais on ne peut pas déclarer non plus que ce n'est pas un "problème" (entre guillemets pour indiquer que la signification ici de "problème" est elle même à  géomètrie variable).
D'ailleurs les médecins sont souvent confrontés au problème à  la demande de l'entourage mais aussi parfois de l'usager qui "navigue" entre les effets positifs et négatifs. Mais ici selon notre définition on ne traite pas une "maladie" mais un "problème". C'est donc plus de l'éducation à  la santé (comprenant une action sur la motivation) qu'on attend du médecin qu'un véritable traitement. Le but étant de clarifier pour l'usager les aspects positifs et négatifs et éventuellement de faire prendre conscience d'alternatives. La RdR est une partie importante de cette action.
Amicalement

Dernière modification par prescripteur (22 août 2016 à  09:57)


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Syam
गोविन्द राधे राधे श्याम गोपाल राधे राधे
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Voilà  j'ai terminé la traduction (parties 3 et 4) que j'ai ajoutées dans le message d'origine. Ce document est loin d'être parfait, mais mis en ligne récemment sur un site gouvernemental, il montre une belle évolution dans la manière de considérer le problème chez certains professionnels aux US (faisant quand même référence apparemment).

Dernière modification par Syam (23 août 2016 à  16:49)


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