K-Hole et bad ultime

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Trippe ta mine
Psycho périodique
Inscrit le 07 Sep 2014
143 messages
Bonsoir à  tous amis psychonautes.
Voila le récit d'un bad d'une intensité extrême, vécu il y a un an de ça. J'étais loin d'être néophyte dans le monde de la perche, sans être non plus un "easy rider" des psyché (et encore moins des dissos). Evidemment, j'étais beurré comme un petit Lu et bien trippé/foncecar au moment de l'insufflation. La RDR a brillé par son absence le temps d'un soir et ça s'est bien fait sentir! A 2 doigts de partir sur une civière le bonhomme. Le canna et l'acide ont certainement été la mèche ayant activé l'énorme caisse de dynamite alcoolisée et kétaminée.
Petite précision, ce TR a été rédigé (à  la base) pour contribuer au dispositif Trend/Sintes de l'OFDT.


Je suis un homme de 23 ans, pesant 60kg pour 1m71. Au moment de la prise, j'étais déja accoutumé aux champignons et au LSD consommés à  doses "raisonnables"  4 jours de suite lors d'un festival, une petite semaine auparavant. Je venais par ailleurs de consommer un peu de LSD (2 gouttes et 2 buvards dans une bouteille, appelée totem, à  6), ainsi que beaucoup de cannabis et d'alcool. Mon expérience avec la kétamine se résumait à  3 trips, dont un assez intense, un an auparavant.

Le set & setting en carton-pâte
Nous sommes donc dans un bar avec quelques amis, la plupart sous acide, cannabis et alcool. Rien de transcendant, mais juste assez high pour se poser devant un mur de son. L'ambiance est plutôt détendue, jusqu'au moment ou l'un de nos potes rencontré ce soir là  (appelons-le B) nous propose un peu de kétamine. B est d'origine gitane, et il ramènerait sa du Pakistan, il a d'ailleurs fait sa popote dans l'après-midi précédant cette soirée. A ce moment je suis avec A, mon habituel pote de trip, qui a consommé moins d'alcool et d'herbe que moi. Le troisième larron dépose donc un peu de poudre sur un appui de fenêtre, à  l'extérieur du bar. Manque de bol, un coup de vent balaie le tout et de la substance est perdue. Complètement dégoûté, B récupère ce qu'il peut et le met dans une enveloppe en papier. Il nous propose alors de taper à  même l'enveloppe.

L'ennui, avec cette pratique, c'est qu'il est parfaitement impossible d'estimer les doses insufflées. Nous prenons donc, chacun notre tour, un bon sniff puis un deuxième selon les sollicitations de B. Curieusement, je ne tilte qu'une dizaine de secondes plus tard que nous venions de priser un amas de poudre assez conséquent. A semble s'en être aperçu aussi. Malgré nous et notre propre volonté, nous ne pouvons que nous extirper de cette situation beaucoup trop festive pour notre état à  venir, laissant ici nos amis non informés de la situation.

EDIT: C'était pendant une fête municipale de grande ampleur, avec quasi-impossibilité d'avancer dans la foule. Ce détail a surement eu une importance capitale dans le décarochage de haute volée qui va suivre.

Ascenseur pour l'enfer
Nous marchons ainsi dix mètres, puis quinze, puis dix-sept. Mes jambes sont comme encerclées d'une couche de plomb, et il m'est impossible de continuer à  avancer seul. J'ai alors les idées claires, et suis complètement euphorique. L'effet me rappelle celui de l'ether consommé en sur-ventilation dans un sachet: le corps est dissocié, le monde interprété semble former une boucle ou un immense "déja-vu", etc. Puis, assez rapidement, je me mets à  divaguer hors de la réalité.

La sensation de boucle se transforme en un espèce de rembobinage en retour rapide. Le temps recule, et je me sens rajeunir. Ma vision forme un tunnel au bout duquel une faible lumière s'immisce. Je fixe le bout et perçoit une fenêtre sur le monde réel. Je me retrouve comme un enfant, seul face à  mes démons, incapable d'interagir avec le monde extérieur. Je sens des forces physiques autour de moi, qui me rappellent que je dois tenir bon et suivre la lumière. Mais rien ne peut m'aider, j'ai voulu jouer au con et voila l'ultime trip. Je me dis que la fin est arrivé, que je serai réveillé par une piqûre d'adrénaline ou par un psychiatre. Car à  ce moment là , pour moi, il est impossible qu'une ou plusieurs molécules psychoactives fassent cet effet. Je suis tout et rien à  la fois, je perçois l'infinie grandeur et l'insondable petitesse de l'univers. Les hallucinations visuelles, auditives et tactiles fusent dans tous les sens et s'associent de manière totalement illogique à  ma conscience. J'assiste à  des scènes d'une absurdité incroyable, confondant des passages de mon vécu et des idées délirantes aléatoires ; cela tient autant du clip d'Aphex Twin que de l'épisode de Tex Avery. Le semblant de raison qu'il me reste me susurre que je l'ai bien cherché avant de disparaître. J'ai à  la fois envie de baiser, de boire, de dormir. Plus rien n'a de sens. Je ne suis plus qu'un animal mourant.

Mon seul contact avec la réalité est la personne qui me tient debout et me parle, c'est à  dire soit A, soit mon frère. J'entends leur voix, et ils me parlent comme si de rien n'était. S'il y a un espoir, je ne peux m'en remettre qu'à  eux. Je voyage à  travers mon passé, mon présent et mon avenir, et les 2 autres sont mes guides et m'aident à  décrypter ma propre folie. Durant quelques instants, j'essaye de reprendre conscience et de me reconnecter à  la réalité. Et me voilà  maintenant face à  ce vide, ou plutôt, être ce vide, sans aucune enluminure. Je repars dans un délire complet. Ma vision est séparée en deux, et la moitié du monde est à  l'envers. Je regarde A, sa tête se déforme en largeur en haut et en bas, son visage est une espèce de caricature de lui-même. Il ressemble à  un monstre des bandes-dessinées "Kid Paddle", sans le côté drôle. Je tente de parler: "ARgeuf stuplé on restla niarfff". On se pose, entre deux voitures. Je m'allonge, et entends "yadégenkonpissé", alors je me relève, et c'est reparti pour un tour. Tout ce que je peux faire, c'est me laisser traîner. Chaque geste habituel que je tente me paraît complètement impossible; les lignes droites n'existent plus, les dimensions sont un concept. Mes jambes se superposent au dessus de mon torse, et j'essaye de marcher sur le capot d'une voiture. Je suis contraint de m'abandonner là , de jeter ma fierté aux oubliettes et de regarder mon inconsistance droit dans les yeux. Je n'arrive pas à  déterminer si je ris ou je pleurs, certainement les deux à  la fois. Je ressens plusieurs émotions en même temps. Mes pensées sont informes, et s'enchaînent à  2000 lieues de la raison.

La réalité reprend ses droits
Puis, petit à  petit, les morceaux se recollent. Je reconnais la rue, puis mon couloir, puis mon appartement. Je m'étale sur le canapé comme une loque. Maintenant, il redevient possible de marcher, de parler et de penser. En refumant un joint, toute cette sensation de trip de me revient, et me dégoute. Les déformations visuelles et les sensations de coulement continueront jusqu'au moment d'aller dormir. Aucune sensation de traumatisme n'est à  noter malgré l'intensité du bad trip.
Rétrospectivement, et même si cela peut paraître un peu cliché, je ne peux que repenser au film Enter the Void. Le film hallucinatoire de plusieurs heures, voire plusieurs jours (en réalité 30 minutes) consécutif à  ma prise ressemblait fortement à  l'enchainement d'images psychédéliques morbides faisant  suite à  la mort du personnage principal. Il est possible qu'une fois l'ego complètement anéanti par la drogue, le cerveau interprète le voyage comme une "mort symbolique". Une fois l'état de k-hole atteint, pour un sujet non renseigné, la seule explication possible à  ce phénomène est la mort tant l'état de "normalité" parait lointain.


Voila donc. Aujourd'hui, plus d'un an après, je garde un souvenir cuisant de cette expérience qui ne s'est pas déroulée aux frontières de la folie, la vraie, mais carrément en plein milieu. D'un côté, on ne vit qu'une fois, et je me dis qu'il ne doit pas y avoir énormément de moyens d'atteindre un état de conscience aussi incroyable. Mais d'un autre, je remercie mon corps d'avoir tenu le coup et mon cerveau de ne pas être resté scotché.

Merci de m'avoir lu! Et aux novices: sincèrement, faites très attention aux combos, ils peuvent s'avérer redoutables. Voici un parfait exemple de ce qu'il ne faut jamais faire en tant qu'UD!

Dernière modification par Trippe ta mine (19 octobre 2014 à  01:08)


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Horrorshow
Psycho sénior
Inscrit le 09 May 2014
851 messages
Grosse grosse perche t'as du bien avoir peur et beau TR , sans vouloir juger fais gaffe le prochain coup . :p

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Trippe ta mine
Psycho périodique
Inscrit le 07 Sep 2014
143 messages
Hello,
Merci de vos like et de vos réponses. Effectivement Horrorshow, depuis ce jour-là  je suis vraiment prudent sur les dosages et combos un peu random. Il faut quand même une certaine maturité pour appréhender un voyage de cette ampleur. Dorénavant mes excursions psychiques exigeront une préparation mentale en béton et surtout, SURTOUT, beaucoup d'humilité.
Cheers!

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Pataprout
Nouveau membre
Inscrit le 16 Jul 2014
16 messages
C'est pour ça que je n'aime pas les disso; cette sensation que plus rien n'a de sens, ne plus savoir si tu a trippé 10 min ou 3 jours; chaque geste ou paroles réclame un effort surhumain et souvent obsolète. Peu pour moi hmm

Autrement il m'est déjà  arrivé un méga bad d'une nuit entière, certainement du a un surdosage d'escaline. Je me suis retrouvé bloqué physiquement, je ne voyais plus rien du tout hormis cataclysme psychédélique. Puis je somnolais, et lorsque je sombrais je me voyais sortir de mon corp et m'élever, je pouvais voir mes amis et le reste, je croyais mourir, c'était terrifiant a un point que l'on imagine pas. Puis je me réveillé en sursaut en demandant de l'aide a mes amis. Et j'ai eu ces vagues de somnolences (sorti hors du corp) et retour terrifié le reste de la nuit.

Les bad trips psychiquement sont très dur mais ils restent pour moi (après du recul) une incroyable expérience.

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Laura Zerty
Banni
Inscrit le 02 Feb 2014
1262 messages
Ah ouaille !!! ça c'est de la NDE arf, remarque psyché/alcool/disso c'est ze combo pour vriller, alors avec du cannabis en plus :)

"Alors vous c'était pas mieux avant, ça sera mieux plus tard !"

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Trippe ta mine
Psycho périodique
Inscrit le 07 Sep 2014
143 messages
Pataprout: ça me rappelle un type que j'ai croisé à  Berlin ya 2-3 mois, un ukrainien... Le gars avait filé du 2cb à  ses 3 colocs d'auberge (il les connaissait pas), en tout cas c'est ce que eux nous ont dit. Parce que quand on l'a rencontré, le mec vivait la même scène en boucle depuis à  peu près 2h. Jamais trop essayé les phéné psyché mais du peu que j'en ai entendu (ton témoignage en plus), ça a l'air sacrément hardcore!

Laura: ouais effectivement, en mixant l'introspection hyper-poussé de la , son pouvoir incapacitant combiné à  celui de l'alcool, et la weed/le LSD pour l'imagination et l'anxiété... Il reste pu grand chose pour interagir avec ce qui se passe dehors lol

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mishmish
Nouveau membre
Inscrit le 17 Aug 2016
17 messages
j'ai vecu a peu pres la meme chose ce week end ambiance les scene psychedeliques ds la BD l'incal de Moebius et jodorowsky
Tres flippant....
ça a duré une bonne heure...
mon conseil de rdr....pas trop d'alcool...des petites traces bien espacées et tout ira bien...sinon c'est k-hole et c'est vraiment flippant.

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