Sevrage, l’avenir d’une illusion ?

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pierre
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Bonjour,

J’interviens pour Psychoactif demain à un colloque à Bordeaux qui s’appelle « sevrage l’avenir d’une illusion ». Je trouve le nom tellement à propos et tellement en résonance avec ce que Psychoactif fait, que je n’ai pas pu m’empecher De vous le transmettre.

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hyrda femme
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bon colloque Pierre

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Lilas24 femme
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Passionnant sujet et quelle représentation édifiante.

J'aurai adoré pouvoir y assister.

Quand on lit le thème sevrage du site PA, c'est fascinant de voir la diversité des parcours, des réussites, échecs, rechutes, des méthodes aussi.

Moi qui ait fini il y a presque un an mon sevrage dégressif de la codéine mais qui continue à aller au CSAPA pour voir l'addicto et un psychologue (pour une TCC), tous deux exceptionnels, je ne cesse de réfléchir à ce sujet.

Pourquoi pendant des années on peut être dépendant et malheureux sans pouvoir agir ou en échouant et pourquoi un jour, il peut arriver qu'enfin on puisse aller au bout et perdre cette terrible envie de reprendre le produit. Quand cette usage à gaz à rechute s'est tarie, est-ce définitif ou pas?

C'est un grand mystère qui ne doit pas avoir de réponse générale mais lire les expériences de chacun est passionnant et je reconnais que si un support écrit de ce colloque était disponible je le lirai avec un très grand plaisir.

En tout cas, merci à PA d'exister, tout simplement.

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pierre
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Mon hypothèse est inverse (ou complémentaire pour ne pas faire polémique) et c’est ce que je vais développer cet après midi : on peut être dépendant, addict et heureux. Des lors pourquoi se sevrer ? A part pour répondre à une (grosse) pression sociétal et pour être « normal » ?

Et j’ajoute que pour moi, le fait d’etre Dépendant et malheureux est beaucoup du fait des préjugés et de la stigmatisation qui pèse sur les addicts. Et le travail N1 des Csapa, ce n’est pas de faire ou proposer des sevrages,  est de déconstruire les préjugés des addicts pour qu’ils vivent mieux leur addiction !

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Mascarpone homme
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pierre a écrit

on peut être dépendant, addict et heureux. Des lors pourquoi se sevrer.

Je suis on ne peut plus d'accord avec ça.

Pour moi, et selon les produits, le malheur vient bien plus souvent de la prohibition (et tout ce qu'elle induit)et de la stigmatisation des produits et des usagers que de l'addiction en elle même.

Combien de gens lambda bouffent ils des AD ou des benzos depuis des années sans être malheureux le moins du monde de par leur traitement?

Combien de diabétiques, d'hyper tendus et j'en passe sont ils malheureux parce qu'ils auront des médocs à prendre à vie au risque de mourir ou d'être trés mal sans?

Ce sont là les vraies questions je pense...


Qui pète plus haut que son cul, fini par se chier dessus!
Le pire con, c'est le vieux con, car on ne peut rien contre l'expérience!
Ce qui est bien chez les félés, c'est que de temps en temps ils laissent passer la lumière!

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similana homme
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pierre a écrit

on peut être dépendant, addict et heureux. Des lors pourquoi se sevrer ? A part pour répondre à une (grosse) pression sociétal et pour être « normal » ?

Lorsque le sevrage est une condition nécessaire pour atteindre un objectif personnel. Je me suis crashé en base(...)jump, et me suis remis aux opiacés jusqu'à ce que je sois remis sur pieds. Je devais passer un bilan médical pour obtenir le contrat d'assurance obligatoire pour que ma licence soit renouvelée. La morphine et ses dérivés, ainsi que l'héroïne (les TSO ne sont pas stipulés mais cela va de soi). J'ai obtenu ma licence, et j'ai arrêté de sauter dès que j'ai réalisé que mon épaule était trop niquée pour que je puisse choper mon extracteur en une fraction de seconde.

Je raconte ça parce que je pense que je ne suis pas le seul à m'être sevré d'un produit dans un contexte particulier, et je précise que se sevrer ne veut pas forcément dire arrêter de consommer toutes les drogues.

Par contre je te rejoins dans l'idée que se sevrer pour être "normal" ou pour ne plus subir la stigmatisation des biens pensants est navrant, et rarement bénéfique pour qui s'y essaie. Je suis addict, dépendant, j'aurais même dis il y a peu encore un gros tox wink, je l'assume et le vis très bien. Des fois je suis même heureux.


Je me dis que le discours de ceux qui voulaient nous obliger à arrêter toutes les drogues était catégorique. Notre expérience devrait servir à être plus nuancés qu'eux.






Sevrage : l'illusion d'un avenir...


Les ténèbres n'existent pas. Nous errons dans le noir car aveuglés par trop de lumière !

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Anonyme1756
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pierre a écrit

Mon hypothèse est inverse (ou complémentaire pour ne pas faire polémique) et c’est ce que je vais développer cet après midi : on peut être dépendant, addict et heureux. Des lors pourquoi se sevrer ? A part pour répondre à une (grosse) pression sociétal et pour être « normal » ?

Et j’ajoute que pour moi, le fait d’etre Dépendant et malheureux est beaucoup du fait des préjugés et de la stigmatisation qui pèse sur les addicts. Et le travail N1 des Csapa, ce n’est pas de faire ou proposer des sevrages,  est de déconstruire les préjugés des addicts pour qu’ils vivent mieux leur addiction !

On peut vouloir se sevrer parce que la consommation est trop toxique ou autrement dangereuse et met en péril la poursuite d'une existence heureuse (ou non d'ailleurs) aux doses de confort ou habituelles. Ce n'est peut-être pas le cas des opiacés mais ça l'est d'un tas d'autres substances PA.

S'il n'y avait que le problème de la consommation au temps t présent... éventuellement limité à la pression sociétale... Mais il y a la question des conséquences de l'ensemble des consommations passées et présentes sur les périodes suivantes. Pour certains vouloir se sevrer c'est déclarer une préférence pour le futur perçu, même tardive, plutôt que pour le présent. La vraie question est quelle vitesse de suicide est socialement acceptable? Si l'OD soudaine ne l'est pas, jusqu'à quel point le suicide lent au tabac et/ou à l'alcool l'est-il? Lorsque ça s'accélère au point de se poser la question de l'assistance à personne en danger?

Sur ce sujet c'est difficile de trouver une réponse unique qui s'appliquerait à tous les produits et à toutes les pratiques. Surtout tourner en dérision l'une des composantes de l'alternative - sevrage ou non-sevrage -, peut être une provocation utile à la réflexion, mais en pratique ce n'est pas en refusant le sevrage qu'on pourra aider les usagers dans leur diversité, y compris ceux qui souhaitent se sevrer à plus ou moins court terme.

Et puis de fait, hors angle CSAPA et soutien aux UDs, il y a en réalité un tas de personnes qui, dans leur coin et sans en parler à grand monde, se sèvrent avec succès de différents produits, personnes dont on n'entend jamais parler. Au minimum le sevrage doit être une option, sinon proposée par les tiers, lorsque l'intiative du sevrage vient de l'usager. Après tout la RdR a aussi vocation à s'appliquer au sevrage.

EDIT: finalement, il était bien ce colloque?

 

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pierre
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Alors je vais pas développer ici parce que je vais écrire un article.

Juste :

je ne dis pas que le sevrage ne sert à rien, je dis que tout le dispositif institutionnel est encore fondé sur cela, et que la place de la réduction des risques est complétement minime et reservée au public précaire des CAARUD.

Après, vous avez beau jeu de dire qu'il ne faut pas opposer sevrage et RDR. C'est facile ce discours quand il n'y a que le sevrage !

La vraie question est quelle vitesse de suicide est socialement acceptable? Si l'OD soudaine ne l'est pas, jusqu'à quel point le suicide lent au tabac et/ou à l'alcool l'est-il

Alors ca, je trouve extrêmement limite de comparer l'addiction à un suicide...  Je peux t'opposer l'inverse, l'addiction est là pour certaine personne justement pour ne pas se suicider. ET puis je te renvoie les fameux "mort guéris". Les usagers qui se sont sevrés et qui trouvent la vie tellement dégueulasse comme cà qu'ils préfèrent faire une OD ou autre...

Mais comme j'ai dit, je vais écrire un article developpant mon propos.

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Anonyme1756
Invité

pierre a écrit

Juste :

je ne dis pas que le sevrage ne sert à rien, je dis que tout le dispositif institutionnel est encore fondé sur cela, et que la place de la réduction des risques est complétement minime et reservée au public précaire des CAARUD.

Oui, dans ce contexte la formulation ne me pose pas de problème.

pierre a écrit

Après, vous avez beau jeu de dire qu'il ne faut pas opposer sevrage et RDR. C'est facile ce discours quand il n'y a que le sevrage !

    La vraie question est quelle vitesse de suicide est socialement acceptable? Si l'OD soudaine ne l'est pas, jusqu'à quel point le suicide lent au tabac et/ou à l'alcool l'est-il

Alors ca, je trouve extrêmement limite de comparer l'addiction à un suicide...  Je peux t'opposer l'inverse, l'addiction est là pour certaine personne justement pour ne pas se suicider. ET puis je te renvoie les fameux "mort guéris". Les usagers qui se sont sevrés et qui trouvent la vie tellement dégueulasse comme cà qu'ils préfèrent faire une OD ou autre...

Mais comme j'ai dit, je vais écrire un article developpant mon propos.

Ce n'est pas tant l'addiction que les comportements qui peuvent être suicidaires - addiction ou non d'ailleurs. Dans le sens où l'on se conduirait soi-même à la mort, malgré soi, pas dans celui où l'on souhaiterait mourir.

Je réagis surtout parce que ce qui est dit plus haut ne peut pas s'appliquer au tabac ; et pourquoi me gênerais-je, quand c'est pertinent tu n'hésites pas à prendre le tabagisme en exemple? Oui, à consommation constante on peut réduire les risques, surtout pour les autres d'ailleurs, mais pas jusqu'à un niveau acceptable; quoiqu'on dise un traitement de substitution au tabac correspond à un véritable sevrage, et s'il n'y a pas de solution RdR hors arrêt ou TS, il n'y en a pas hors sevrage, éventuellement partiel, mais qui reste un sevrage de toute façon. Un sevrage contraint de tabac peut certainement conduire à un pétage de plombs mais pas à une OD.

Et oui, en ce qui concerne le tabac il ne faut pas opposer sevrage et RdR, pas plus qu'il ne suffit d'évacuer le problème du sevrage à coups de hausse des taxes, en pariant sur une prétendue élasticité de la consommation par rapport aux prix, ou en affirmant que les substituts nicotiniques font facilement l'affaire, un seul - et le plus combattu - ayant une efficacité réelle, ce qui permet en substance de balancer aux usagers: "démerdez-vous!", et plus tard, de vaguement consentir quelques aides, extrêmement tardives et limitées, en particulier en termes d'accompagnement. 

Clairement tu n'as pas la même perspective que la mienne, la problématique des CAARUD a peu de liens avec ce que je dis, mais en ce qui concerne le tabac il n'y a pas de solutions à niveau de risque acceptable sans abstinence, et il ne suffit pas de penser que magiquement les gens vont se sevrer parce qu'on se contente de poser des interdictions de consommation croissantes et de les taper au portefeuille (l'essentiel du dispositif institutionnel en ce qui concerne ce produit), en clair que les efforts qu'on fait pour les marginaliser et les dénigrer vont payer par effet de dissuasion ou de persuasion, et qu'on ne va pas laisser un tas de gens sur le bord de la route. Clairement on a passé par pertes et profits les fumeurs de longue date et pour autant on n'arrive pas à dissuader suffisamment de jeunes à ne pas commencer. Alors si en plus le sevrage est une illusion d'avenir, on peut rêver de voir le dispositif institutionnel s'étoffer et entrer en cohérence avec les belles déclarations d'intention.

Après c'est clair que ce n'est pas ton combat principal ni celui de PA, mais le tabac est une drogue, hyper toxique, les fumeurs sont des UDs, peut-être heureux mais avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête, etc., donc ça fait aussi partie du sujet au sens large, même si c'est légal, que la galénique est l'essentiel du problème tout en n'en posant car à partir du moment où l'on a mis les usagers en quarantaine ils sont autonomes et ne prennent ni plus ni moins de risques...

 

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Mascarpone homme
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Anonyme1756 a écrit

Ce n'est pas tant l'addiction que les comportements qui peuvent être suicidaires - addiction ou non d'ailleurs. Dans le sens où l'on se conduirait soi-même à la mort, malgré soi, pas dans celui où l'on souhaiterait mourir.

Anonyme1756 a écrit

le tabac est une drogue, hyper toxique, les fumeurs sont des UDs, peut-être heureux mais avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête, etc.

Wawwww! thinking

Que le tabac ne soit pas le meilleur truc pour la santé, je n'en doute pas, mais il y en a tant d'autres dont on ne parle pas (ou beaucoup moins) parce que ça arrange beaucoup de monde big_smile

Le bourrage de crane des "autorités" je n'y suis pas sensible et je m'en méfie comme de la peste! La majorité du temps, les messages de prévention sont moisis et biaisés par la loi, l'opinion publique ou la morale (quelleque soit la drogue) je l'ai toujours dit.

L'air qu'on respire en général, ce qu'on mange sont archi pollués. Les industries et les produits chimiques autour de nous font au moins autant de mal que le tabac! Ce qu'on nous fait bouffer aussi. J'ai autour de moi, plus de gens morts d'un cancer du poumon qui n'ont jamais fumé que de fumeurs qui ont eu la même chose (je n'en fais pas une généralité, mais, bon, ça fait relativiser...)sans oublier, les ondes relatives aux lignes haute tension et les relais telephoniques, on s'en prend plein la tronche big_smile

Alors parler de "suicide" involontaire je trouve ça fort de café lol
Non mais de quoi jme mêle! surpris Je conchie les gens qui veulent faire mon bien malgré moi et ceux qui s'occupent de mes fesses sans qu'on leur ait rien demandé.
A chacun de prendre ses responsabilités. Il faudrait arreter avec les lois et les comportements infantilisants et plutôt informer objectivement en laissant à chacun la responsabilité de sa propre vie et de sa propre santé .

La drogue, j'ai le choix, respirer de la merde et bouffer des trucs blindés d'antibios, de pesticides etc beaucoup moins (surtout si j'habite loin d'une grande ville et près d'une centrale d'élimination des déchets par exemple big_smile )

Vouloir faire le bien des gens contre leur gré gerbe quelle horreur!

Et puis le tabac, hyper toxique lol pas plus que la coke ou la meth à mon avis big_smile comme pour tout c'est question de dose, si tu fumes une clope 1 fois la semaine après le repas du Dimanche, certes c'est pas hyper safe, mais bien moins toxique que de te faire un rail de coke 3 fois la semaine  big_smile comme pour tout, c'est question de dose et d'utilisation et c'est l'abus qui augmente les risques...

Une vie hyper saine où l'on fait attention à tout ce qu'on fait tout ce qu'on respire et tout se qu'on ingère peut aussi se réveller tellement chiante qu'elle en devient toxique et pourrait en amener certains au suicide lol

Quoi qu'il arrive et quoi qu'on fasse, on va tous y passer, cette époque a parfois du mal à l'accépter big_smile

Conclusion: Qu'on se contente déjà d'informer objectivement les gens en n'omettant pas volontairement la notion de plaisir et qu'on leurs laisse le choix en mettant à leurs dispositions tous les moyens pour se sevrer OU avoir la consommation ou la substitution la plus safe possible sans orienter systématiquement vers un sevrage qui ne serait, selon eux big_smile, que la vraie solution à tous les problèmes.

Dernière modification par Mascarpone (15 novembre 2018 à  06:56)


Qui pète plus haut que son cul, fini par se chier dessus!
Le pire con, c'est le vieux con, car on ne peut rien contre l'expérience!
Ce qui est bien chez les félés, c'est que de temps en temps ils laissent passer la lumière!

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et pourquoi me gênerais-je, quand c'est pertinent tu n'hésites pas à prendre le tabagisme en exemple?

Le tabac est probablement l'exception qui confirme la règle, un contre-exemple. drapeau-blanc
Même l'héroine peut se consommer dans un cadre RDR avec une héro pharma et une limite de la quantité quotidienne pour que l'usager bénéficie de good vibes dans sa vie et à tous les étages, car il est possible d'agir sur la consommation dans un cadre de soin également.
Certains pro de la santé travaillent encore avec cette représentation que l'abstinence est la seule voie.
Bien que, j'ai constaté que certaines personnes pouvaient avoir un usage raisonnable du tabac, limitant la conso à quelques clopes, cigares joint par an, utiliser le tabac dans ton argumentaire revient à instrumentaliser une exception.

Clairement tu n'as pas la même perspective que la mienne, la problématique des CAARUD a peu de liens avec ce que je dis, mais en ce qui concerne le tabac il n'y a pas de solutions à niveau de risque acceptable sans abstinence

Il me semble, que tu, nous ayons tous été longuement formatés.
C'est le discours tenu pour l'alcool et les autres drogues depuis des lustres, et heureusement que c'est en train d'évoluer dans le bon sens.
Impossible d'envisager de passer à la vape et de conserver le plaisir occasionnel d'une clope d'un joint ou d'un cigare ?
Je me demande si l'abstinence, même pour le tabac est la seule et unique voie y compris pour toi. Ce serait nier les process engagés par les fumeurs qui pour certain réduisent en vapotant la journée et en combustant uniquement le soir ou le week end ou plus rarement quand ils tapent un apéro avec des aminches.
Il s'agit de sortir d'un dogme qui laisse croire que l'abstinence est la seule et unique solution en l'idéalisant au point de t'exclure de toute possibilité de modification du comportement en dehors du privatif.

Dernière modification par Mister No (15 novembre 2018 à  08:45)


Just say no prohibition !

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Anonyme1756
Invité

Mascarpone a écrit

Wawwww! thinking

Que le tabac ne soit pas le meilleur truc pour la santé, je n'en doute pas, mais il y en a tant d'autres dont on ne parle pas (ou beaucoup moins) parce que ça arrange beaucoup de monde big_smile

Le bourrage de crane des "autorités" je n'y suis pas sensible et je m'en méfie comme de la peste! La majorité du temps, les messages de prévention sont moisis et biaisés par la loi, l'opinion publique ou la morale (quelleque soit la drogue) je l'ai toujours dit.

L'air qu'on respire en général, ce qu'on mange sont archi pollués. Les industries et les produits chimiques autour de nous font au moins autant de mal que le tabac! Ce qu'on nous fait bouffer aussi. J'ai autour de moi, plus de gens morts d'un cancer du poumon qui n'ont jamais fumé que de fumeurs qui ont eu la même chose (je n'en fais pas une généralité, mais, bon, ça fait relativiser...)sans oublier, les ondes relatives aux lignes haute tension et les relais telephoniques, on s'en prend plein la tronche big_smile

Mais oui. Pour les fumeurs la solution passe par le sevrage de tabac, complet ou partiel, mais alors que certains fumeurs auraient besoin d'être très accompagnés pour y arriver et on s'est essentiellement contenté de les stigmatiser.

Le niveau de haine anti-fumeur est effrayant pour un produit qui enfumait tous les plateaux TV d'il y a 40 ans, les bureaux d'il y a 30 ans, les trains d'il y a 20 ans, et les cafés-restaurants d'il y a 15 ans. Ce n'est pas pour insister sur le fait qu'à l'époque le tabagisme passif préoccupait peu, mais que l'incitation passive au tabagisme était omniprésente et très efficace. Depuis, effectivement, au lieu d'aider les fumeurs à réussir un arrêt souvent ultra difficile, on les a désigné comme responsables de tous les maux, ce qui justifiait de les matraquer fiscalement. Et puis c'est toujours commode un bouc-émissaire. Les gens dans la rue se préoccupent davantage de la pollution émise par le co-passant fumeur que par toutes les voitures qui circulent ou que par les particules métalliques présentes dans l'air du métro, ou que par leur voisin qui brûle des déchets végétaux dans son jardin sous un vent défavorable, ou de leur cheminée au tirage pourri. D'une part on a pointé du doigt la fumée secondaire du tabac, qui certes est nocive, mais à concentration élevée donc en espace clos, mais en volume n'est rien en comparaison de la pollution liée au trafic automobile, et à un tas d'autres sources, comme source de tous les maux, et d'autre part on a évité de s'en prendre à d'autres cancérigènes pourtant bien réels.

Je ne suis pas sensible au bourrage de crâne culpabilisant des autorités, ou en sens inverse car stigmatiser n'est pas soigner, c'est une solution d'hypocrite; il n'en reste pas moins que le tabagisme primaire, secondaire et tertiaire est hyper nocif pour la santé.

Mascarpone a écrit

Alors parler de "suicide" involontaire je trouve ça fort de café lol
Non mais de quoi jme mêle! surpris Je conchie les gens qui veulent faire mon bien malgré moi et ceux qui s'occupent de mes fesses sans qu'on leur ait rien demandé.
A chacun de prendre ses responsabilités. Il faudrait arreter avec les lois et les comportements infantilisants et plutôt informer objectivement en laissant à chacun la responsabilité de sa propre vie et de sa propre santé .

Là je ne suis pas d'accord. Enfin, oui, "suicide" involontaire ce n'est peut-être pas idéal, est-ce qu'auto-destructeur passerait?

D'abord les autorités se sont peu préoccupées des fumeurs, ce n'est pas leur bien qu'elles recherchaient, et à partir du moment où elles décidaient de bouleverser totalement les règles du jeu elles auraient dû mettre en place des mesures proactives d'accompagnement des fumeurs. Parce que pour certains c'est hyper difficile d'arrêter et que l'information n'y fait rien d'autant qu'elle n'est pas nouvelle (super efficaces les nouveaux paquets à gerber hein?). C'est là que l'addiction entre en jeu, et que le libre-arbitre et la responsabilité individuelle y sont assujetis.

Mascarpone a écrit

Conclusion: Qu'on se contente déjà d'informer objectivement les gens en n'omettant pas volontairement la notion de plaisir et qu'on leurs laisse le choix en mettant à leurs dispositions tous les moyens pour se sevrer OU avoir la consommation ou la substitution la plus safe possible sans orienter systématiquement vers un sevrage qui ne serait, selon eux big_smile, que la vraie solution à tous les problèmes.

Je ne suis pas opposée à cela, mais je crois pas que c'est ce qui a été fait du tout avec le tabagisme : où étaient les moyens, et quelle substitution autre que placebo ou bullshit ou cadeau aux big pharma a été promue pendant des années? Comment a été accueillie la cigarette électronique par les autorités? Les moyens mis en oeuvre c'était essentiellement la stigmatisation, la contrainte pratique et financière d'une part et, d'autre part de demander au médecin de rappeler à la fin de chaque consultation à chaque patient fumeur qu'il faudrait qu'il arrête de fumer ou y songe. Génial, hyper efficace! On sent la volonté d'assassiner la vache à lait!

Mister No a écrit

Je rejoins Mas et Pierre.

    et pourquoi me gênerais-je, quand c'est pertinent tu n'hésites pas à prendre le tabagisme en exemple?

Le tabac est probablement l'exception qui confirme la règle. drapeau-blanc
Même l'héroine peut se consommer dans un cadre RDR avec une héro pharma et une limite de la quantité quotidienne pour que l'usager bénéficie de good vibes dans sa vie et à tous les étages, car il est possible d'agir sur la consommation dans un cadre de soin également.
Certains pro de la santé travaillent encore avec cette représentation que l'abstinence est la seule voie.

Oui, pas de solution unique compte-tenu de l'hétérogénéité des produits, de leurs effets, et leur statut... Même avec le tabac le sevrage ne devrait pas être proposé de façon agressive, je réclamerais juste la mise en oeuvre de véritables moyens humains. Il y a déjà des personnes qui font un super boulot, mais trop peu par rapport à l'enjeu.

Je suis bien d'accord que l'abstinence, en général, n'est pas la seule voie. Dans certains cas elle n'est pas du tout la voie, dans d'autres l'abstinence partielle ou réduction des consommation l'est. Pour l'alcool par exemple l'abstinence partielle peut très bien fonctionner dans certains cas, puisque la toxicité en aigu et à LT de prises ponctuelles et raisonnables est limitée.

Mister No a écrit

Bien que, j'ai constaté que certaines personnes pouvaient avoir un usage raisonnable du tabac, limitant la conso à quelques clopes, cigares joint par an, utiliser le tabac dans ton argumentaire revient à instrumentaliser une exception.

C'est exact, certaines personnes y arrivent (je le sais bien, elles ont tendance à me taxer) et je ne crois pas que leur consommation soit problématique, je m'intéresse principalement à la façon dont on traite les fumeurs quotidiens qui restent nombreux.

Mister No a écrit

Il me semble, que tu, nous ayons tous été longuement formatés.
Impossible d'envisager de passer à la vape et de conserver le plaisir occasionnel d'une clope d'un joint ou d'un cigare ?
Je me demande si l'abstinence, même pour le tabac est la seule et unique voie. Ce serait nier les process engagés par les fumeurs qui pour certain réduisent en vapotant la journée et en combustant uniquement le soir.

Et oui, nous sommes tous formatés d'une façon ou d'une autre.

Pas nécessairement l'abstinence totale, mais pour un gros fumeur cela revient à presque la même chose au final: un sevrage. Les processus dont tu parles ce sont des sevrages ou contrôles de consommation auto-initiés par les fumeurs, pour certains cela marche bien en effet, mais si on pouvait arrêter de parier que parce qu'on lui pourrit la vie tout fumeur va trouver la solution tout seul ou avec un accompagnement superficiel, ce serait déjà une belle main tendue vers les fumeurs en difficulté avec leur consommation.

Et mis à part le tabac, si le sevrage ne doit pas être la solution systématiquement envisagée à LT et promue par les soignants, à l'inverse il faut accueillir les demandes de ceux qui veulent se sevrer et demandent de l'aide. Je pense à l'exemple de Mimi ici.

Là on est dans une situation où on va dire aux fumeurs motivés ou non par l'arrêt: "c'est stupide de fumer, vous êtes stupides et c'est un euphémisme, mais débrouillez-vous, sevrez-vous tous seuls, good luck", et à une personne dépendante aux opiacés dans une démarche de sevrage volontaire: "laisse-tomber, ce n'est pas une bonne idée, tu vas te planter, renonce à te sevrer, du moins on ne va pas t'encourager ou t'aider on a autre chose à faire". 

surpris

 

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La substance addictive du tabac, c'est la nicotine. Avec le geste et la sensation (le hit dans la gorge). On peut avoir les deux avec la vape (du moins si l'on a le bon "terrain"). Bien sûr l'état n'en parle pas, au contraire il aurait aimé assassiné la vape dans l'oeuf (c'est ce qu'il s'est passé dans certains pays).
C'est un exemple éclairant de la façon dont l'état considère les accros à la clope, et par extension tous les addicts. Quand une solution existe, de substitution satisfaisante, on se garde bien de la mettre en avant. Tapez "vapoter" sur un traitement de texte, le mot s'affiche en rouge. C'est un signe parmi d'autres, le mot n'existe pas officiellement. Tout un symbole.

La drogue c'est de la merde, surtout quand t'en as plus.

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La dépendance à un produit psychoactif fait parti des sujets relevant de l'intime pour lequel il n'y a aucune réponse générale mais seulement une somme infinie d'individualité.

Personne ne détiens de vérité et tenter d'imposer sa vision me parait être une façon de s'éloigner de plus en plus du réel pour se focaliser uniquement sur ce qui va dans notre sens, la dépendance heureuse ou malheureuse.

Personnellement, j'ai découvert sur PA que certaines personnes vivaient leur dépendance de façon positive en maitrisant leur consommation sans se mettre en danger, ça j'ignorais que c'était possible et maintenant je le sais.

Par contre, on ne peut voir dans le sevrage qu'une simple illusion, une obligation sociétale bien pensante. Pendant mes années de dépendance à la codéine, j'ai toujours mal vécu cette addiction car je savais au fond de moi qu'elle ne résolvais aucun de mes problèmes, sans compter qu'elle m'abrutissais totalement en journée, même si je la prenais uniquement le soir en me couchant.

Pendant des années j'ai été confronté à un terrible effet miroir lorsque je faisais des permanences aux comparutions immédiates. Cette défense d'urgence est terrible lorsqu'on prend son métier à coeur et se confronter à des polytoxicomanes décharnés, édentés, prématurément vieillis, malades, alors qu'on est une sorte de bobo (par mon métier pas mes origines sociales) dépendante à la codéine en vente libre, c'est une confrontation avec le tréfonds de la misère humaine difficile à supporter mais salvatrice.

Ces personnes, c'étaient mes doubles et j'éprouvais pour elles une compassion qui m'a fait m'impliquer dans leur défense jusqu'à l'overdose mentale, c'est le cas de le dire, car j'ai fini par me rendre malade de voir un toxico partir en prison alors qu'il aurait du être hospitalisé après avoir été jugé par un magistrat aux lèvres pincées.

Il ne faut pas ériger de grands principes pour ce qui ne peut qu'être un parcours individuel. Pour ma part, j'ai beaucoup appris de ces personnes au bout du rouleau et j'apprends toujours de ces fumeurs de crack que je vois dans le métro, bien plus que de mes confrères qui reniflent de la coke pour tenir leurs cadences de travail en se croyant les rois du pétrole.

Alors moi, j'ai fini par choisir de me sevrer, un sevrage dégressif et cela n'a strictement rien à voir avec le jugement de la société dont je me contrefous. Si je devais comparer mon état il y a deux ans et aujourd'hui, c'est le jour et la nuit. C'est vrai, je prends un AD pour mon trouble anxieux et du valium pour le syndrome post sevrage qui est encore puissant chez moi sur le plan physique après 10 ans de dépendance, même si je ne prends plus de codéine depuis 11 mois.

Certains comme Mascarpone vont juger que c'est plus grave de prendre un AD et un benzo, c'est son droit, mais moi aujourd'hui je suis bien dans ma tête, j'ai retrouvé mon acuité mentale, une partie de ma personnalité qui avait été enfouie sous les angoisses et la codéine. Le sevrage n'est pas une illusion pour moi mais une solution et une très bonne. Elle me pousse maintenant vers la méditation de pleine conscience qui me fait un bien fou et que je n'aurai jamais pu entreprendre abrutie par la codéine.

Il faut admettre que c'est possible de faire un sevrage et en tirer un mieux être réel, tout comme moi j'admets qu'on peut être dépendant, bien dans sa tête et son corps. Je sais aussi depuis toujours qu'un sevrage fait quand on est pas prêt fini souvent en calamité et qu'il vaut mieux parfois faire profil bas plutôt que de forcer un arrêt qui va finir en rechute.

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