Je propose de redéfinir l'expression "toucher le fond"

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Naoy homme
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France
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Inscrit le 12 Aug 2016
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Toucher le fond sans fond c'est finalement chuter dans un vide dont on fini par ne pas en voir le bout.
C'est difficile de commencer mon post comme ça mais c'est ma pensée du soir que j'ai pris la décision de partager avec vous. Enfin si vous avez le courage de lire le pavé d'un homme qui n'a finalement pas de si gros problèmes que ça mais qui sombre et ne s'en sort plus.

Toucher le fond c'est la manière la plus explicite de se dire qu'on est allé au delà des limites de ce qu'on peut accepter avant de se dire qu'on est une grosse merde et qu'il faut se sortir de ce trou dans lequel on est tombé. Je suis venu sur ce forum en 2016 m'exprimer parce que je passais beaucoup de temps déjà à lire ce forum comme à chaque fois que je suis high et cette fois j'ai senti qu'il fallait que j'exprime moi aussi un problème que je vivais sur le moment. En me relisant je me suis dit que j'étais très pragmatique "bonjour, j'ai tel soucis, vos avis ? ok merci" puis je ne me suis plus exprimé sur le forum jusqu'en 2019. En 3 ans j'ai pu lire et relire beaucoup de post (c'est presque devenu compulsif, comme si j'allais y trouver une sorte de réponse, et je finissais au bout de 2h de lecture par fermer enfin le site avec à chaque fois une énorme frustration et un sentiment de solitude). Mais du coup en relisant un énorme post au sujet de la gestion de la descente après une prise de cocaine j'avais était ravis de lire certains commentaires bienveillants qui m'ont sur le moment soulagé... Mais en suivant la suite des messages je suis sorti de mon statut de membre passif en rédigeant un pavé qui m'avait fait du bien, je me souviens. La raison de cette soudaine envie d'écrire avait été provoqué par un enchainement de lecture de commentaires du type "je prends tel medoc, tel drogue, tel truc" pour m'aider dans ma descente, et parfois ça allait à mon sens trop loin avec des conseils du type "j'enchaine avec une bonne dose de crack ou d'héro"... Bref à l'époque ça me choquait et je me disais que je touchais peut-être le fond mais que j'étais loin d'en être là, loin de la détresse que certain exprimait avec tristesse et d'autres avec presque de la conviction (ce que je trouvais dangereux pour les personnes fragiles sans repère qui pourraient vite se dire que ce serait aussi la voie à prendre). Je lisais beaucoup de message où chacun exposaient le contenu de leur pharmacie, avec quelque chose finalement de flagrant dans les conseils prodigué : chacun y va de sa recette, totalement à l'opposé des uns et des autres pour répondre souvent à une même question. En lisant tout ces messages je me sentais loin de ces problèmes, j'étais quand même interpelé en me demandant comment une personne en détresse pourrait s'y retrouver, mais finalement confiant dans la résolution de mon addiction car je n'avais finalement que ça à traiter et puis ce sera derrière moi.

Bon je pense que vous avez compris si vous avez lu jusque là qu'il y'a eu non seulement une conso qui ne s'est jamais arrêtée mais qu'en plus je glisse vers ce que je pensais être quelque chose qui ne me concernerai jamais. Le fond que je pensais avoir touché et que j'étais sûr de pouvoir remonter  était au final une belle couche de merde dans laquelle je me suis embourbé. Et je viens tout juste, là perché dans ma chambre d'hôtel, de m'en rendre compte. Le fond n'existe pas, c'est un vide abyssale dans lequel beaucoup de choses nous retiennent pour donner du sens et ne pas définitivement sombrer, mais ces choses auxquelles ont crois un jour peuvent d'un coup perdre tout sens, sans même que ce soit volontaire. J'ai jamais décroché de la coke, mon a plus grosse abstinence a durée 4 semaines, mais sinon c'est toute les 2 à 3 semaines avec parfois 2 ou 3 craquages en 1 semaine. J'ai pourtant j'ai mis en place beaucoup de stratégie en y croyant dure comme fer, j'avais un sentiment incroyable d'en avoir fini des 10aines de fois, je me sentais fort. À chaque fois ça a donné un effet elastique, plus je m'abstenais plus je me sentais mieux et dès que je me sentais au top je devenais euphorique avec une envie dingue d'en prendre et de façon irraisonnée (impossible de me contenter d'un peu). J'ai commencé à avoir des conso que je m'étais toujours interdite, au travail, en voiture, avec la famille, et de moins en moins jusqu'à plus du tout en soirée ou cadre festif. Mais j'ai pratiquement avoué à chaque fois chacune de mes prises à ma copine. Elle a essayé de m'aider et parfois de façon surprenante pour que  je me sente moins pathétique et m'accompagner en se disant "profite c'est la dernière". Je sais ça a l'air très con mais elle a la chance de ne prendre que 2 ou 3 traces et ne jamais aller plus loin (5 ans qu'on est ensemble). Mais ça fait plusieurs semaines qu'elle ne m'accompagne plus parce que la dernière fois promise n'est jamais arrivée. Pire...

Cela fait plusieurs moi que je traverse un sentiment que je n'avais jamais eu jusque là. J'ai eu d'un seul coup un énorme vide, une fatigue incroyable, une démotivation qui même après toutes ces années de conso ne m'étais jamais arrivée. Je n'arrive plus à faire ce qui normalement donne un sens à ma vie, j'ai des angoisses énormes quand je me retrouve avec mes amis ou dans mon taff. Et d'un seul coup la journée suivante c'est l'euphorie totale pendant 2/3h... Avant de finir par avoir un sentiment énorme que plus rien n'a de sens. Le pavé que j'ai fait en intro était important parce qu'aujourd'hui je me retrouve dans une situation que beaucoup vivent ici et décrivent dans leur commentaires et dont jamais je pensais la vivre. J'ai sous les conseils de mon doc (à qui je n'ai rien dit de ma conso) vu un psychiatre, j'étais plutot motivé par la démarche. Je lui ai répondu que je prenais occasionnellement de la cocaine sans lui avouer ma vrai conso , j'étais pas à l'aise. Il m'a direct après un questionnaire signifié que je me trouvais dans un était dépressif majeur à 1 point d'un niveau modéré. J'ai toujour vu la depression comme un état dépendant de notre simple volonté à aller bien ou mal. Et là il me dit que j'en souffre, que c'est une maladie et qu'il faut la soigner. Donc prendre ce que j'ai toujours rejeté au point de juger ceux qui en prennent : Benzo + Anti dépresseurs ... Je lui confi n'être pas du tout prêt à ça aillant vu mon grand père se détruire avec ces traitements qui l'ont conduis à Parkison .... Il m'explique à l'époque que c'était des neuroleptiques qui effectivement avaient des conséquences...

Je sors donc de là avec une ordonnance ... Et puis je me dis "et si c'était la solution", me sentir enfin bien et en finir avec ma conso... J'ai commencé le traitement, j'ai directement eu les bénéfices du Diazepam, et après 3 semaines aucun effet positif concernant la fluoxétine mais par contre une merveilleuse déconnexion avec mes envies... Qui vous vous en doutez n'aura pas durée. J'ai craqué total. Et je me suis retrouvé à cherché des mot clef que je n'avais jamais jusque là utilisé. "Cocaine + Diazepam" Cocaine + Fluoxetine ... Et à lire attentivement tout ce que jusque là ne me concernait pas en me rassurait de ne pas l'être.

J'en suis venu à faire quelque chose que je pensais impensable, une grosse prise de diazepam pour palier une descente que j'avais toujours jusque là gérée sans rien. Depuis le début de mon traitement c'est arrivée qu'une seule fois et le lendemain je me suis promis encore une fois que je mettrai tout en place pour ne plus acheter. En déplacement à Paris j'avais pris soin de tout effacer les numéros et msg des livreurs. Mais putin, ce soir j'ai réussi à retrouver dans une putin d'archive d'un imsg stocké sur mon ordi...... Et j'ai une grosse boite de diazepam qui m'attend. Et c'est rien pour beaucoup d'entre vous finalement. Je sais que bcp sont dans le même état que moi voir bien au delà, je me sens terriblement seul et démuni face à mes pulsions et ma chute. J'avais de gros motifs d'espoir de plus en arriver là où j'en suis ce soir qui se sont totalement évanouis. Je m'étais dis que je pourrai peut-être vivre avec, mais non, c'est laisser la boite de pandore ouverte qui je le réalise maintenant m'expose au risque d'autres comportements que je me refuse encore. Je suis surement dans quelque chose que travers bcp de gens mais là et je crois quand même que ma prise de conscience est un motif d'espoir. Mais qu'est-ce que je me sens perdu, ma motivation à m'en sortir se perd et ne m'a en plus mené à rien jusque là...

Je ne vais pas en rajouter à ce pavé et je suis désolé si ça n'a aucun sens, je ne vais pas le relire sinon je suis certain de tout effacer et de ne pas le publier. J'ai le sentiment que je dois le faire même si j'ai un énorme doute là j'ai peur de rester seul avec mon pavé et me sentir comme une merde d'avoir partager un écrit que je n'aurai jamais fait sans avoir consommé. Je vais publier parce que j'ai quand même un petit espoir d'être lu avec bienveillance, je sens au fond de moi avoir rapidement besoin d'aide.... Merci <3

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prescripteur homme
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champi vert102champijaune0cxhampi rouge0
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Bonjour,

je sens au fond de moi avoir rapidement besoin d'aide..

Oui, c'est clair, jusqu'ici tu sembles ne pas avoir vraiment sollicité d'aide (pas un mot au médecin et juste un aperçu pour le psychiatre). Comment veux tu qu'ils t'aident si tu ne leur expose pas tout le problème ?
Donc je te recommande de consulter avec ce que tu viens de dire. Tes médecins ou un CSAPA ou addictologue si tu préfères. Il y a dans les CSAPA des spécialistes de la cocaine.

https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxiou1.pdf

Et de faire confiance aux autres (médecins mais aussi entourage etc..) pour qu'ils t'aident dans l'impasse où tu es. Pas faire à ta place, ce que personne ne peut faire, mais t'aider.
Amicalement

Dernière modification par prescripteur (26 septembre 2020 à  08:11)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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