Ettt oui encore un addict au trama !
TL;DR :
Cela fait 3 ans que j'ai découvert le
tramadol et depuis presque 1 an que j'en prends quotidiennement à 800 voire 1 g. Je me suis décidé à me sevrer suite à diverses raisons, je viens donc vers vous pour avoir votre avis sur mon plan :
3 mois MAX
Sevrage dégressif à raison de 50 mg de moins par semaine/2 semaines (oui les calculs sont pas bons haha)
aide si possible de molécule autre, je veux bien un peu de conseils sur ça.
Préface :
Bonjour tout le monde !
Je suis ce qu'on peut appeler un psychonaute de l'ombre. Je vous lis toutes et tous sur le forum depuis bien 5 ans, et ce, sans jamais écrire. Merci à vous tous de m'avoir accompagné et aidé dans mes aventures avec les différentes substances !
Ce qui suit est une explication en plusieurs chapitres du pourquoi et comment je me suis retrouvé à parler ici. C'est long, très long, prenez un bon thé (et un bon coussin).
N'hésitez pas à sauter des paragraphes, à lire en diagonale. Sincèrement, je n'écris pas pour trouver réponse à tout. J'écris surtout pour pouvoir enfin dire à quelqu'un ce qu'il se passe dans ma tête, parce que je n'ai pas le courage de le dire en face d'autres (on y reviendra). Pour vider mon sac et faire un bilan de la situation pour moi-même.
Première partie : le passé
Tout a commencé il y a 6 ans. Je rentre au lycée, en pleine période covid, et direct : internat. Le contexte global + le changement radical de cadre fait que je tombe dans une "dépression" assez méchante. Pensées sombres, envies suicidaires quotidiennes (j'avais rédigé mon testament c'est pour dire), on est nombreux à avoir vécu ça. Par une connaissance, je découvre le merveilleux monde des drogues. Je me renseigne beaucoup dessus, je trouve ça passionnant que parfois quelques milligrammes d'une substance changent radicalement notre manière d'être. Je prenais un plaisir fou à lire les
trip reports des gens et les rapports d'expérience de l'Apo. Puis, de cette même personne, je découvre les
opiacés. Ça commence avec la
codéine, qu'on extrayait avec un CW. Je m'en souviendrai toute ma vie de ces premiers moments. Puis je découvre le principal intéressé : le
tramadol.
J'y vais pas à pas, faibles doses et très espacées car j'avais lu toute la fiche du psychowiki plusieurs fois et je flippais un peu des effets secondaires.
POINT IMPORTANT : Faut savoir que je vis à la campagne et que, mis à part cette fameuse connaissance, je ne connais aucun dealer dans le coin pour ce genre de trucs. Étant vachement dans l'informatique (c'est mon métier), je me rabats donc sur le
DW. Je trouve de tout, c'est pas hyper cher malgré mes faibles ressources et je me débrouille assez bien pour prendre des trucs de qualité.
Je me souviens avoir pris 100 mg pour ma première dose, et surtout que je l'avais prise à 19 h. Je m'étais dit que si jamais ça se passait mal, ça se verrait pas trop de nuit. Fallait voir comment j'ai bien dormi !!
Enfin bref, je "soigne" mes problèmes de l'époque par des prises de
tramadol, une semaine sur deux, à 100 mg le soir. La consommation n'est même pas tant si régulière, c'est vraiment occasionnel.
Début de ma première, mon état mental va un peu mieux, mais étant toujours en internat + dans le même lycée, forcément j'ai des "traumas" de ce qui s'est passé l'année précédente. Je continue de me renseigner sur toutes les drogues, j'apprends presque toutes les fiches du psychowiki par cœur mdr.
Je continue ma prise occasionnelle de
tramadol, finis par épuiser mon premier stock, et en rachète. Il m'arrive de temps en temps certaines nuits d'avoir du mal à dormir ou des impatiences dans les jambes. Moi qui avais tout lu sur la molécule, je savais même pas reconnaître une crise de manque.
Hop, on passe en terminale et on va pas passer par quatre chemins, j'ai diminué le temps entre chaque prise. Je commence à compter les jours jusqu'au week-end et à toujours plus savourer ce fameux samedi de défonce. J'adorais plus que tout la nuit que je passais et les rêves que je faisais. Le
tramadol me fait énormément rêver.
Je m'étais fixé une règle : pas de drogue pendant les vacances d'été. J'ai réussi à la tenir assez facilement, j'étais pas à un stade énorme de l'addiction à l'époque donc je pouvais encore arrêter quand je le voulais vraiment.
Le bac arrive, je me mets à la clope/cana et fais mes premières teufs. C'est là que je découvre d'autres drogues dont je connaissais l'existence et leurs effets mais que je n'avais jamais prises. Ça commence par un
taz, puis un autre jour un carton, un benzo pour une redescente. Un soupçon de
ké pour voir.
J'adore tout. Non pas que j'aie envie de reprendre parce que ça me fait sentir mieux, mais parce que j'adore le côté "modification biologique de la psyché".
Bac nickel, Parcoursup : aucun problème, je me retrouve en études sup, à 2 h de ma terre natale dans une ville où je ne connais personne. Je recommence mes prises de
tramadol et là je suis à 400 mg deux jours par semaine. 3 mois après c'est 500 un jour sur deux. Mon mental retombe assez bas, la personne qui comptait le plus pour moi s'en va pour un bout de temps. Je passe à 600 tous les jours.
Faut savoir que depuis ma seconde, la seule chose qui a fait que je n'ai pas passé le pas c'est que "je vivais pour quelqu'un". C'est-à-dire que je ne vivais qu'avec l'objectif de revoir cette personne. Et cette personne a plusieurs fois changé (5 fois en 6 ans). C'était aussi bien un ami qu'un membre de ma famille ou une amoureuse.
Or là elle est partie. Je suis loin de chez moi et je ne connais personne. Ce qui explique mon état à ce moment-là et mes prises de
tramadol.
Je me frotte évidemment aux problèmes habituels, prise le midi dans les toilettes de la fac, manque en pleine journée de cours parce que j'ai mal géré mes stocks. Le market où j'étais fermé, je me rabats sur un gars que j'ai rencontré en teuf pour me fournir. Ça ne dure pas longtemps car je me dis que si je veux arrêter un jour, plus c'est dur de s'en procurer, mieux c'est.
Je vais voir un psy parce que j'en peux plus et j'ai suffisamment de courage pour aller en parler à quelqu'un. Il me traite comme un chien (classique psy) et je n'irai plus jamais, en tout cas jusqu'à maintenant.
Vacances d'été, j'arrive à arrêter, ce sera la dernière fois.
Rentrée 2024, je suis en alternance et je rencontre deux personnes dans mon entreprise qui deviennent ma nouvelle raison de vivre. J'adore mon métier et je sais que ma vie ne pourrait pas être meilleur. Mais je reprends ma consommation, les semaines à la fac me déchirant le cœur de ne pas être avec eux. Je change de molécule pour passer sans vraiment le vouloir sur du Santeria. C'est une marque peu connue d'un labo clandestin. Je sais pas à quel point j'ai le droit de dire des trucs dessus mais en gros ça agit plus rapidement, plus longtemps et avec plus de puissance, affreusement pas chère, tout bénéf quoi.
Je continue occasionnellement de prendre d'autres trucs, comme du L ou de la 3. Surtout de la 3. Tant que ça me défonce et ça me permet d'arrêter de penser...
Chapitre 2, Le présent :
Là je suis à 800 mg tous les jours depuis octobre dernier. Et ce jusqu'à maintenant.
il m'est arrivé d'atteindre les 1 g voire 1,1 g quotidien. Les jours de soirée je prends seulement le matin et, si je le sens, je m'autorise à boire ou prendre autre chose à faible dose la nuit. Je reprends évidemment dès le réveil le lendemain.
Je gère affreusement mal mon stock étant uniquement fourni via le
DW, je me retrouve à faire croire que j'ai attrapé une grippe alors que j'étais juste en manque. Il y a 1 mois je me suis tapé ma première crise depuis 6 mois, j'ai cru que j'allais y rester. Je me suis vu sauter par la fenêtre de mon immeuble. Première fois que j'ai eu aussi peur. Ça a commencé à me faire pas mal réfléchir sur la situation.
Et depuis 2 semaines ce fameux Santeria n'est plus trouvable nulle part sur le
DW ; je pense que le labo s'est fait choper à mon grand regret. Je passe donc sur une autre molécule, mais je supporte très mal. Ça me suffit à peine à combler le manque.
J'avais parlé un peu de ces problèmes que j'avais, mais toujours des bribes à droite à gauche, jamais je n'ai parlé de tout ça à une seule personne. Pas même à mes ex. Mais récemment, une personne de mon entourage est venue me parler de ça justement. Du fait qu'il faudrait peut-être que j'en parle plus en détail, "parce qu'on commence à s'inquiéter". Et là c'est le déclic. Mon état mental, la majorité des problèmes qui m'arrivent avec les gens que j'aime ou avec moi-même viennent de mon addiction. Sans elle, je ne peux qu'aller mieux.
Le problème est que j'ai une peur ATROCE du
sevrage. J'ai failli y rester à la dernière crise. Alors je me suis dit qu'il fallait que je fasse un truc carré, quitte à passer outre mes peurs et aller chez un addicto ou un psy si c'est vraiment nécessaire.
Chapitre 3, la solution :
Après de longues réflexions et de recherches ici, j'ai fini par choisir cette méthode :
-
Sevrage dégressif, surtout pas arrêter d'un coup sinon j'y reste ou je reprends. 50 mg toutes les deux semaines, en alternant entre prise du matin, midi et soir.
- Aide d'une molécule externe si nécessaire. Je ne veux surtout pas me retrouver à dormir 1 h par nuit pendant 3 semaines, ni à avoir des pensées de merde. J'avais pensé au
valium pour le sommeil / anxiété mais je n'ai pas d'idée sur l'antidépresseur. Et surtout pas d'autre opiacé, je ne veux pas retomber dedans.
J'aimerais bien être à 0 pour le Nouvel An, ça peut peut-être me motiver.
C'est dans cette optique de guérison que je viens vous pondre des pavés.Je sais pertinemment que la majorité des questions que je pose ici ont déjà été répondues, mais je ne souhaite pas forcément une réponse à tout, le simple fait de savoir que quelqu'un a pensé à moi, ne serait-ce que le temps d'une lecture, m'aide à aller mieux et à en parler à d'autres. Je veux d'abord parler en anonymat, derrière mon écran, et ensuite, quand je trouverai le courage, aux gens que j'aime. Et puis j'ai toujours un doute quand je lis les réponses sur un autre post. "Oui mais c'est pas à moi qu'il/elle a répondu", alors que la réponse pourrait très bien me correspondre. Mais c'est plus fort que moi.
Je vis actuellement la meilleure période de ma vie mais en même temps la pire, c'est terrible.
Voilà voilà, merci d'avoir lu, même si vous n'avez lû que le TLDR. Ne vous forcez pas à répondre à tout, seulement à ce que vous souhaitez !
Bizu