Vos avis sur l'une de mes bafouilles

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Townes
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Hello,
(Je ne suis pas sûr de poster au bon endroit, si jamais je m'en excuse.)
Accro au crack, depuis quelques temps je me suis mis à  écrire, histoire de tenter d'apprivoiser un peu plus ce craving sauvage.
Je partage rarement mes écrits mais on m'a conseillé ce site, et j'avoue que l'avis de quelques "initiés" m'intéresse assez. Donc allons-y, soyez francs, j'encaisse ;>

Trou noir

Les bouches de métro sont des allers sans retour. Un labyrinthe ferroviaire où serpente un royaume prospère. C'est un antre noir où défilent les jours perdus. Son roi n'a ni voix ni visage. On le surnomme d'un terme impropre mais commun - crack. Ses émissaires patrouillent, inlassables, le long des voies. On les appelle modous, ces silhouettes noires aux poches pleines et aux sourires plastifiés. Altières elles dégueulent leurs saintes pierres à  la face du mendiant salivant. Sous les plastiques si vite défaits les cailloux tant désirés. Le regard absorbé par le blanc, le crépitement sur le cuivre exaltant, une inspiration jusqu'à  l'asphyxie et la fumée qui s'envole, avec les lendemains et les peurs. Et puis le flash, ce quasi bonheur, le cœur à  mille à  l'heure. Aux lèvres un sourire complaisant et à  l'esprit une obsession bienfaisante. Parfois s'y dessine la jouissance aveugle de la première bouffée, parfois même l'image craquelée d'une enfance à  la lumière lointaine et parcellée. Mais la plénitude est partielle, et sitôt goutée, sitôt dissipée dans sa volute de fumée. Des extases avortées, répétées, qui laissent exsangue ; en proie à  la descente tyrannique, cette petite mort qui vide. Une quête sans fin, sinon celle de la trachée en cratère et des poumons putréfiés ; ils le savent, ces crackheads livides, affamés, affaissés sous le poids de leurs propres espoirs.

Les bouches de métro sont des trous noirs. Elles dévorent la lumière et les rêves et en recrachent la fumée. Ce sont des entonnoirs qui broient lentement les âmes. Les âmes perdues les armes depuis longtemps rendues, aux regards las et aux visages figés, qui errent hagardes, au craving insatiable faisant sans cesse offrande des amnésies enfumées. Elles déambulent le long des rames et, suicides après suicides, lorgnent vers la pâle lumière au loin, attirées comme des insectes par les mots doux et leur chimère qui poudroie - "Comme à  la première fois"

Dernière modification par Townes (14 octobre 2014 à  09:06)

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Do-p
Nouveau Psycho
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Perso,  trouve ça excellent, on y est vraiment! On est en imersion dans cet univers et c'est ce que j'aime dans les bouquins...
Et puis quand on a consommé du crack, on ressent vraiment ce que tu explique, ce plaisir, intense, ce "bonheur" illusoire car tellement éphémère.
Franchement, continus, ce n'est pas du temps perdu! Je parle de l'ecriture, pas du crack wink
Tu écris depuis longtemps?

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Amaranthe
Ancienne consommatrice
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Je trouve ça bien écrit Townes ! Je ne suis pas tombée accro mais on reconnait bien, que ça soit la fugacité des effets ou le commerce du crack dans le métro. Merci du partage :).

/!\ Je ne suis plus d'accord avec beaucoup de mes posts écrits sur Psychoactif de 2014 à 2016. /!\
Pour en savoir plus voir mon blog.

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YourLatestTrick
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Très agréable à  lire !

Je ne connais pas le crack, mais le fait que ton texte plutôt sombre soit parsemé de notions comme le bonheur, la jouissance, la plénitude, me parle assez ! Je veux dire, tu décris bien plus qu'un trou noir au final.

Avec mes encouragements, n'hésite carrément pas à  partager d'autres choses !

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sijavais
PwaSaR
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122 messages
Ruuulez !  
Moi même parolier (amateur passionné) j'aimerais beaucoup arrivé à  décrire les choses avec un style aussi poétiqo-réel !

Dans l'exact ligné des textes que j'aime: abstrait, mais si tu connais, tu sais... !

Le talent c'est pour les feignants ! (confession alternative d'un never-been)

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Townes
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Merci pour vos réactions. Je suis surpris de voir ici tant de personnes vierges de la galette wink (agréablement hein.)

Do-p a écrit

"Tu écris depuis longtemps?"

2 semaines environ :3
Enfin à  mon époque héro j'avais pondu quelques textes, mais au style assez différent. J'pense que les prods consommés et leurs différents effets influent beaucoup sur la forme des textes qu'ils inspirent. D'ailleurs j'ai trouvé bien cool que vous voyiez dans celui-ci "l'âme du crack" (ou plutôt son absence hmm)
C'est surtout ça que je voulais savoir en postant ce texteici.
Jl'ai aussi balancé sur un forum littéraire, et au milieu de pas mal d'éloges tout de même t'as toujours le connard adepte de poésie rétro-avant-gardiste qui te balance un "rien de bien nouveau dans le sujet comme dans sa forme" bien arrogant. K, donc on peut plus écrire sur la came, quant à  la forme me semble que la drogue est presque toujours abordée sur un mode trash, pas lyrique.
Enfin je m'égare, ce qui m'importe c'est que le texte sonne juste, et vos avis me confortent :)

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Townes
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A J.M

A la fumée envahissante se mêlaient les toux et les rires. Dans cette petite chambre suspendue au climat nuageux on parlait de rien et de tout. Certains déjà  à  terre sur le plancher délabré, jonché des seringues usagées.
Un peu à  l'écart J.M, comme à  son habitude peu loquace, trop affairé à  sa cuillère vorace. Il était de ces minutieux qui chérissent le moindre grain de poussière. Aux lèvres ce large sourire édenté, ce rictus de folie qu'il portait toujours, quand son sang bouillonnait à  l'idée de la chaude étreinte, le pieux dans l'artère.
Il était de ceux dont la présence irradie.
Et je fus celui qui le premier remarqua la froide longueur de son absence.
Toc toc à  la porte des chiottes. Et à  elles le lyrisme abscons face à  l'effroyable silence.
Je me souviens de son sourire alors apaisé - je ne l'avais jamais vu si apaisé.
Sa peau avait tourné bleue. Un bleu tétanisant. Il m'avait captivé ce bleu.
Et puis ses yeux exorbités, me dévisageant. Et il me murmurait "il t'en reste bien, en aval, quelques larmes à  faire couler".

J.M j'aurais voulu que tu saches que pour toi j'ai versé une larme ; moi qui me croyais sec jusqu'à  l'os, il faut croire que tu avais raison, il doit me rester un peu d'eau.
Que faire de plus face à  l'absurde, que dire de plus. T'as pas eu de veine.
Alors, en attendant de te rejoindre J.M, sous les chrysanthèmes puisses-tu reposer défait aux côtés d'Hélène.

----------------------------------

C'est un texte écrit d'une traite, plein de maladresses mais que je me refuse à  retoucher. C'est trop frais, et puis j'ai juste voulu saisir l'instant ; pas pondre un chef-d'œuvre baudelairien (j'ai quand même calé pas mal d'alexandrins, de demi et de 16 pieds ;  attrapez-les tous !). Aux chiottes le lyrisme :)
Pour le coup c'est personnel, mais je le poste ici comme je pense ne pas être le seul à  avoir vécu une situation semblable dans le coin.

Dernière modification par Townes (21 octobre 2014 à  12:02)

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monsieurwhite
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C est proche de arturo martin. J aime bien :)

Inverser le schéma n'est pas sortir du schéma.

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ziggy
Michel HAmBurger avec nous
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salut Townes, on sent que tu as du talent - sans quoi je n'aurai pas lu ni pris le temps de te répondre

Donc allons-y, soyez francs, j'encaisse ;>

OK c'est toi qui le demande !!!!

M'en veux pas mais sur les textes j'ai tendance à  etre tres reulou et tres critiques... donc c'est un simple avis personnel qui a comme limite mes gouts qui sont assez spécifiques en matiere de prose... donc je te dirais ce que j'en pense exactement comme je pourrais me le dire à  moi-meme ou à  un ami...

Pour dissiper toute ambiguité laisse moi te dire d'abord que si je te répond c'est parce que j'ai beaucoup apprécié comme les autres ton texte et ton talent....

Alors bien sur c'est un peu court quelques lignes pour parler de la prose de quelqu'un mais sur ce que tu as livré la j'ai quelques remarques... Pour de la prose, le coté cool c'est l'ambiance, c'est les analogies et ta sensibilité - qui offre pas mal de possibilités. Pour autant - c'est plus sur le style que y a deux ou trois trucs qui m'ont direct tilté et qui ont un peu bloqué ma lecture et ne l'ont pas rendu fluide ... je ne sais pas trop ce qui a bloqué mais je dirais certainement c'est le dosage et l'utilisation un peu systématique de métaphores poétisantes - un procédé qui peut être extrêmement efficace quand il est utilisé avec parcimonie mais qui peut s’avérer vite un poil pompeux quand le texte en abuse... Et également les rimes - si c'est faire une rime pour de la rime en chansons ca passe mais en prose, ca peut alourdir le texte et le rendre artificiel; Comme tout procédé d'écriture et toute figure de style, je crois qu'elle aura tout son intérêt à  marquer un contraste pour souligner un temps fort du récit mais en mettre trop, ca donne ce que les critiques littérarires appellent souvent l'hyperstylisation outrancière. Apres dernier truc mais ca m'est plus personnel qu'autre chose, c'est l'absence de sujet dans ton texte - la narration est écrite d'un point de vue "omniscient" - je cite en ex : les bouches du métro sont des allers sans retours - et perso, je trouve que ça gagne en poigne et en vitalité quand la narration se place dans l'intérieur d'une personne (quelque soit le procédé) et ça évite le style péremptoire et affirmateur. c'est juste un avis à  froid qui ne doit pas occulter le fait que ce texte respire bien l'ambiance glauque des matins de galette et pour ca bravo;


ma seule critique c'est que l'emploi systématique de métaphore poétisante peut rendre le style un poil pompeux


Life on Mars ..........................................

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Townes
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Merci pour ton temps et ta franchise.

Je crois qu'il va nous falloir s'accorder sur notre désaccord :)
La plupart des choses qui t'ont fait tilter sont en fait des parti-pris.
Tu parles d'absence de sujet dans la narration ; je n'emploie jamais de sujet tiers, parfois "je", parfois un "tu" désincarné parce qu'en fait je n'écris pas de texte narratif mais, je ne sais pas trop, de la prose poétique sinon de la poésie en prose. D'où l'abus pompeux des rimes et des métaphores poétisantes wink tout ce qui importe c'est que ça coule. Tu n'as pas trouvé ça fluide, c'est que chez toi j'ai du échouer. Dommage, mais on ne peut pas plaire à .. argh pardon j'ai failli vomir, une image télé dans la tête.
Enfin je précise que c'est le premier jet que j'ai posté et qu'il y a eu quelques changements, par exemple ces an-an qui, pour le coup, alourdissent bien. Mais je ne peux pas éditer le post hmm tant pis.
Quant au point de vue omniscient, il ne se veut pas péremptoire ou affirmateur. Je n'assène pas des vérités, surtout pas, je ne fais que livrer un ressenti, un point de vue qui n'engage que moi.

Dernière modification par Townes (20 octobre 2014 à  13:39)

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ziggy
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t'inquiète - t'as pas besoin de te justifier - tu voulais un avis et je trouve ton texte bien - moi je suis htyper reulou et très "difficile" - que ce soit en cinéma ou en littérature - c'est rare que j'adhere d'un coup - parfois il peut y avoir des écritures un peu touffues auuxquelles je finirai par adhérer apres un temps d'habituation...

puisque tu demandais un avis sur des bafouilles j'ai donné juste mon ressenti sachant que comme disait Arnold, il faut de tout pour faire un monde... pour autant et tu dois etre d'accord je pense, tout est toujours perfectible - je ne crois pas à  l'hyper spontanéité et au génie immédiat (surtout en écriture) . Quand on voit comment un taré comme Céline revenait sans cesse sur une portion de texte pour réussir à  donner cette sensation d'oralité à  l'écrit - en fait ca n'a rien de naturel et comme il disait il passait des heures sur son texte à  simplifier, à  épurer et à  décharner le texte pour arriver à  en dégager l'essentiel. Si un mot n'est pas essentiel c'est qu'il n'est pas nécessaire ? Poubelle et pas de fioritures.. Et il pouvait passer des mois sur un chapitre. Quand on relit le "voyage au bout de la nuit" c'est imparable - on comprend comment un sinistre médecin de banlieue inconnu va forcément atterrir en haut de la pile de Gallimard, avec un texte aussi incisif cela ne peut être autrement.

perso, y a beaucoup d'auteurs que nombreux adorent que moi je n'arrive pas à  lire à  cause des schématiques de style qui, des que je les identifie ,me rende le texte artificiel - et à  ce moment, pour moi, les mots redeviennent juste des signes, la page se vide de sons sens et je dois retripler de concentration pour rentrer dedans et ça me casse la tete.

Ainsi Tolstoi ou Proust, je ne pourrais jamais (pas faut d'avoir tenter) alors qu'un Dostoie va me "kidnapper" en une demi page et après - je sctoche jusqu'au milieu de la nuit... plus ça marche et plus je suis à  fond dedans et pour moi c'est un peu ça la magie d'un auteur. Juste du papier, juste des mots, le discours de l'écrivain et le transport que cela me crée - l'auteur arrive à  me sortir de ma bulle. Certains cinéastes me procurent cet effet même si ca devient rare.

donc voila simplement l'effet que m'a produit ton texte sur le plan stylistique - un texte intéressant

Dernière modification par ziggy (20 octobre 2014 à  18:40)


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Townes
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ziggy a écrit

tu dois etre d'accord je pense, tout est toujours perfectible

Je suis bien d'accord, d'ailleurs le texte a été pas mal retouché depuis que je l'ai posté ici.
Cela dit, je dirais qu'autant certains textes (la plupart) demandent à  être réécrits dix fois, autant d'autres, rares, gagnent je pense à  être laissés tels qu'au premier jet, même si perfectibles. Pour ne pas "violer" l'instant. Le deuxième que j'ai posté je le retoucherai pas par exemple, malgré ses maladresses flagrantes. Parce que je l'aime tel quel, un peu comme on aime une personne avec ses défauts.
C'est une question de parti-pris de départ.
Je vois qu'on a en commun la vénération de Céline smile(enfin, de son œuvre) et de Dosto o/

Dernière modification par Townes (21 octobre 2014 à  11:51)

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ziggy
Michel HAmBurger avec nous
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non et puis quelque part, avant toute chose faut voir que ma critique n'a finalement pas grand intérêt pour toi - c'est plus une question de gout qu'autre chose- c'est finalement comme si un romancier prenait l'avis de quelqu'un qui ne kiffe pas trop les romans. Ou comme demander à  Pierre Boulez si il trippe NTM bref a part dans le hip hop j'admets que les trucs un peu "poétiques" je n'y arrive pas car j'ai pas mal de difficultés à  rentrer dans ce genre d' écriture - à  part peut être les poemes de Bukowsky qui sont hilarants-  merci pour ton partage... Ah oui Dosto. Imprenable.

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Townes
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L'étoile noire

Voilà  que la dopamine crie famine et que les mu à  l'agonie m'entraînent dans l'abîme.
D'abord les sueurs et les frissons, ce mal qui vous broie et vous tiraille. L'estomac qui braille, les muscles qui brûlent et les jambes fauchées.
L'oreiller martelé comme dans une supplication ; le corps jouant des contorsions, se hasardant à  toutes les positions, mais de la fœtale à  la plus rigide toutes échouent à  soulager et seul le mouvement incessant parvient péniblement à  dompter l'intolérable, drapé dans sa puanteur de mort.
Voilà  les premiers signes, ces nuisances du corps qui n'émergent que pour mieux préparer aux ténèbres, à  l'âme en chienne. Et la douleur se noie dans l'angoisse grandissante.
Voilà  dans cette angoisse infinie le manque devenu vide, néant vulnérant. Quelques grotesques tentatives de remplir ce vide – par des chaleurs humaines présentes ou passées ? ha – ou bien d'alléger l'air qui écrase.
Voilà  l'atmosphère et la matière térébrantes, les visions noires et les ombres d'extase. La terrible réalité chimique et spirituelle, toutes défenses affaissées, de l'amer cruauté du monde. Face à  lui la volonté désagrégée, et la douleur pour ultime et précieuse amie, elle qui seule vous rappelle au réel et vous extirpe des affres de l'idéel. Un fœtus baignant à  l'abandon dans l'obscurité glaciale ; l'enfer en expansion.
Et des heures et des heures oscillant dans cette stase infernale, des plaintes déchirées aux prières au ciel :

Aux corps sains, dans vos chaumières bénies ; voyez-là  ces corps qui rampent, brisés dans la glace.
Puissiez-vous profiter de vos nuits tièdes et chaleureuses, de ces sourires qui étreignent le moelleux de vos lits ; tandis qu'au-dehors cruel s'acharne la grêle.
Puissiez-vous chérir la lumière de vos souvenirs, votre enfance ; ma continuité perdue dans les toiles sombres.
Puissiez-vous lors de vos sommeils si pleins de vie et d'espoir, sacrifier une parcelle de vos rêves aux cauchemars de ceux qui tremblent dans le noir, trop vides pour le repos.
A envier la vitalité des suicidés.

-------------------------

Bon OK c'est un peu lugubre mais à  ma décharge j'étais en chien :3

Dernière modification par Townes (31 octobre 2014 à  13:32)

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Psilosophia
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Si on parle style et forme uniquement, permets moi d'être un poil pointilleux aussi. :)
Il faudrait peut-être que tu songes à  "alourdir" le rythme de ton texte, qui à  mon sens est haché de trop de virgules largement dispensables dans la plupart des cas. Tu as choisi le chemin de la prose poétique pour t'exprimer, le rythme et la fluidité du texte sont donc des piliers sur lesquels il faut reposer.

Continue comme ça. :)

"Vieil océan, aux vagues de cristal ... tu rappelles au souvenir de tes amants, sans qu'on rende toujours compte, les rudes commencements de l'homme, où il fait connaissance avec la douleur, qui ne le quitte plus."

Les Chants de Maldoror Isidor Ducasse

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YourLatestTrick
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Merci pour le partage ;

Une question me taraude : j'imagine que tu prends plaisir à  écrire ; est ce que ça te fait du bien quand tu es en manque ? Je sais que quand je sors ma gratte, même si mes doigts me font horriblement mal, ça peut soulager vraiment pas mal le manque opi !

Le plus dur est de se motiver à  le faire en fait. C'est comme le coup du sport ; parait-il que ça fait énormément de bien, mais c'est absolument la dernière chose que j'ai envie de faire quand je suis en manque. Rien que marcher pour aller m'acheter de quoi manger un peu, c'est le calvaire, avec une démarche de petit vieux ...

La musique me sauve vraiment la vie.

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Townes
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Rien ne me fait du bien quand je suis en manque hmm et l'idée d'aller marcher dehors brrr mais y a un moment j'y suis obligé pour aller chercher de quoi me mettre bien et.. la démarche de petit vieux c'est trop ça :p
Mais il faut bien passer le temps, une fois qu'on a refait 10 fois le tour de toutes les positions possibles du corps humain dans son pieux wink et j'suis totalement incapable de manger (d'ailleurs dans le passé c'est ce qui m'a fait avorter un sevrage.)

@Psilosophia : j'imagine que tu m'engageais à  alléger le rythme et non l'alourdir ?
Enfin dans tous les cas c'est le genre de trucs que je peaufine à  postériori. Puis certaines, même si dispensables, sont là  pour marquer le rythme en dégageant un alexandrin par exemple (ex l'avant-dernière phrase), donc c'est un peu compliqué : dispensable ne signifie pas inutile. Mais si in fine ça sonne "lourd" c'est qu'il y a un problème ouais. 'fin merci, j'en ai déjà  jarté 4/5. Comme pour le texte initial, c'est un premier jet. Mais j'aime bien avoir quelques avis avant de m'acharner sur un texte, que je perde pas mon temps quoi neutral

(thx la déclaration d'amour)

Dernière modification par Townes (30 octobre 2014 à  10:22)

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Townes
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Ennemi du Soleil

Aujourd'hui, dès le réveil à  l'esprit l'appel entêtant de l'obscurité.
Je ne sais quels cauchemars, quel fiel entretenu au fil de mes sommeils m'inclinent à  me lever ainsi chaque matin en ennemi du Soleil.
Jusqu'en haïr le rayonnement, en expectorer la lumière.
Alors je laisse la nuit se noyer dans mes veines, mes idées convulser et mes désirs pourfendre le jour ; en attendant qu'enfin le soir vienne.
Et ce soir, à  l'ombre de l'astre maudit et ses rayons, je me défais, je m'abandonne à  l'hilarité la plus vaine.
Ce soir je craquèle un peu plus mes ecchymoses, je mutile ma chair de mille béances et j'en contemple le sang qui perle, hypnotisé par le spectre de ses couleurs, du rouge noirâtre au plus souillé des pourpres, tout ce sang qui saille de mes veines de fer.
Ce soir je me vide jusqu'en vomir, je détruis ce qu'il me reste de souvenirs ; je désire n'être plus que le chien quotidien de mes rêveries poudreuses.
Ce soir je trahis ma parole et tous les miens, ces promesses fumeuses.
Je me fais esclave de la chimie, de sa prévalence sur l'esprit ; submergé, je ne suis plus que le pourpre et le noir qui inondent les scléroses de mes bras.
Je me préfère fétichiste de l’infime, des aiguilles et du sang, des nuances infinies de la conscience dont on se fait maître, plutôt que tributaire morose de ses aléas.
Alors cette nuit vainement je danse hilare et défait sur les rambardes de l'Alma, la Seine seule témoin de mes hurlements, perdus dans les trous noirs qui étiolent chaque nuit un peu plus la mémoire. Et à  la mort ; "Pourquoi lui et pas moi ? il te fuyait terrifié, je te tends les veines."
Et si jamais j'en émerge vivant alors, pour la énième fois, face au Soleil levant je vomirai ma haine !

-------------------------------------------------------

(J'ai trouvé un éditeur o//)

Dernière modification par Townes (19 novembre 2014 à  08:41)

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Townes
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Ce texte étant un peu différent de ce que j'ai pu écrire auparavant, dans la mesure où il s'émancipe de la came comme seul sujet (même si elle est centrale), je serais assez friand d'un ou deux commentaires, même si (surtout !) "relou" et critiques.
Merci x)

Dernière modification par Townes (21 novembre 2014 à  10:33)

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Townes
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Beaucoup de vues mais si peu de réponses hmm
Allez écrire "c'est naze" ça prend pas beaucoup de temps x)
Bon j'ai créé un blog ici, si l'envie vous prend de commenter, ce sera peut-être mieux là -bas Black Star

Dernière modification par Townes (21 novembre 2014 à  14:11)

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turlubudu
Psycho militant
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Beaucoup d'utilisateurs se contentent de lire sans pour autant prendre part aux discussions, sa ne les empêche pas d'apprécier pour autant! J'ai préféré justement écrire ce post pour te rassuré sur ce point :)

En tout cas je t'invite à  continué ton écriture en suivant les critiques positives que d'autres ont pu te faire, j'apprécie beaucoup ton inspiration même si je ne consomme pas les mêmes produits il y à  des faits qui se ressemblent.

L'écriture est une thérapie qui malheureusement je ne connais plus... depuis des années je n'ai plus pris le temps de mettre sur papier ce que je ressentais... tu m'as redonné envie et pour sa je t'en remercie merci-1

Turlu

Adepte du libre.

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Townes
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Inscrit le 14 Oct 2014
19 messages
Matière sombre

Dans la voiture un froid extrême,
Je m'allonge pour fuir le soleil levant.
La fumée dans ma gorge m'expulse de mes songes,
J'essaie de me relaxer mais..
J'échoue à  me connecter, putain de fracture qui me ronge.

C'est devenu une carrière à  plein temps.
Mourir jeune ne m'aurait pris que dix-huit ans,
Descendre mon lycée à  coups de pompe,
Cramer un car de CRS,
Le cirque de la presse aurait fait de moi une star.

La matière sombre innerve mes veines,
Aussi forte que le silence qu'elle brise,
La plupart des choses pourrissent, question de jours,
Le produit est vendu, le corps se consume et la mémoire sombre.

Ecrasé comme une herbe,
Dans le flot de la rivière,
Je sais que je suis.

Sans titre

Voir le monde comme un amas d'atomes ; ne plus rien sentir.
Cet ennui interminable, celui-même de ces longues journées d'été quand môme, on épurait le temps jusqu'à  le figer.
N'y- a t-il pas perception plus pure ?
Etreinte plus dénudée de l'horreur du monde, déshabillée de ces petites vies qui nous en tiennent éloignés ?
Des vagues de néant s'écrasent contre un mur.
Des vapes opiacées, enfin appartenir.

A J.M

A la fumée envahissante se mêlaient les toux et les rires. Dans cette petite chambre suspendue au climat nuageux on parlait de rien et de tout. Certains déjà  à  terre sur le plancher délabré, jonché de seringues usagées.
Un peu à  l'écart J.M, comme à  son habitude peu loquace, trop affairé à  sa cuillère vorace. Il était de ces minutieux qui chérissent le moindre grain de poussière. Aux lèvres un large sourire édenté, ce rictus de folie qu'il affichait toujours, quand son sang bouillonnait à  l'idée de la chaude étreinte, le pieux dans l'artère.
Il était de ceux dont la présence irradie.
Et je fus celui qui le premier remarqua la froide longueur de son absence.
Toc toc à  la porte des chiottes. Et à  elles le lyrisme abscons face à  l'effroyable silence.
Je me souviens de son sourire alors apaisé – je ne l'avais jamais vu si apaisé.
Sa peau avait tourné bleue. Un bleu tétanisant. Il m'avait captivé ce bleu.
Et puis ses yeux exorbités, ils me dévisageaient. Et il me murmurait "il t'en reste bien, en aval, quelques larmes à  faire couler".

J.M j'aurais voulu que tu saches que pour toi j'ai versé une larme ; moi qui me croyais sec jusqu'à  l'os, il faut croire que tu avais raison, il doit me rester un peu d'eau.
Que faire de plus face à  l'absurde, que dire de plus ? "T'as pas eu de veine", t'ironisais.
Alors, en attendant de t'y rejoindre J.M, sous les chrysanthèmes puisses-tu reposer défait aux côtés d'Hélène.


/ouais ça fait beaucoup d'un coup, désolé ; j'écris pas mal en ce moment :>

Dernière modification par Townes (06 juin 2015 à  08:16)

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Fabrice
Psycho junior
Inscrit le 25 Jan 2013
306 messages
Ce n'est pas mal, en tout cas continue à  écrire car c'est comme cela qu'on progresse.
J'ai toujours aimé la litterature, si j'ai le temps je reviendrais faire des remarques constructives sur ton texte.
Il y a beaucoup de choses à  réécrire mais le résultat tel quel est déjà  pas trop mal.

Vite fait: "La fumée dans ma gorge m'expulse de mes songes,". 
redondance de la lettre M. C'est mal écrit. Tu as de la fumée dans ta gorge ca te réveille. Parce que tu tousses peut-être?

"Voir le monde comme un amas d'atomes ".
La comparaison n'a aucun sens. Ce n'est pas poétique non plus. C'est difficile de trouver une bonne métaphore ou comparaison.

Dans l'ensemble c'est correct je pense.

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Townes
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Analyse médiocre, non-constructive  (au moins évite de lâcher dix fautes.)
Mieux ? Je voudrais pas commencer à  croire que mes frères d'armes ne valent pas mieux que le reste.

Dernière modification par Townes (06 juin 2015 à  11:00)

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Townes
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Eloge de la folie

Sans une dose de démence, ni initiative ni entreprise. La raison n'est que rouille de notre vitalité. C’est le fou en nous qui nous intime l’aventure ; qu’il nous abandonne et nous sommes perdus : tout dépend de lui, même notre vie végétative ; c’est lui qui nous invite à  respirer, qui nous y contraint, et c’est encore lui qui force mon sang à  se promener dans mes veines sclérosées. Qu’il se retire, et me voilà  seul ! à  l'abandon – je ne peux être normal et vivant à  la fois. Si je conçois le futur, un heureux détraquement de mon esprit en est la cause. Je subsiste et j’agis dans la mesure où je déraisonne, où je mène à  bien mes divagations. Que je devienne sensé, et tout m’intimide : je me dissolve dans une infinité d'esprits, je glisse vers l’absence, vers des sources qui ne daignent pas couler, vers cette prostration que la vie dut connaître avant de concevoir la démence ; j’accède à  force de lâcheté au fond des choses, tout acculé à  un abîme dont je n’ai que faire puisqu’il m’isole de l'avenir.

Dernière modification par Townes (08 juin 2015 à  05:12)

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Syam
गोविन्द राधे राधे श्याम गोपाल राधे राधे
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(Je me dissous, présent de l'indicatif (concordance avec le reste de la phrase).)

La force dynamique de l'univers (shakti) est-elle folie? Oui bien sûr, il faut redevenir ce que tu appelles "le fou en nous". Là  où la raison s'anéantit dans sa propre source.

http://img15.hostingpics.net/pics/796629mat.jpg

La came t'aide-t-elle en cela? Je ne veux pas dire temporairement lorsqu'elle dissout effectivement la raison et ses chimères pour quelques heures, mais au long terme, est-ce qu'elle effectue un processus de fond?

Dernière modification par Syam (06 juin 2015 à  11:18)


Psychoactif propose l'analyse de vos produits (effets indésirables ou inhabituels) de manière anonyme, gratuite et par courrier (dispositif SINTES). psychoactif.org/sintes

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Townes
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Merci pour la faute, j'ai, euh.. beaucoup travaillé ce texte et la phrase était initialement au subjonctif, bref.
La came m'aide, mais seulement temporairement comme tu le dis ; entre les défonces je suis aussi paumé qu'on peut (puisse ? ahah) l'être ;>
(Tu me rassures wink
edit : Qui plus est, le verbe dissolve existe, en anglais, c'est mon côté bilingue qui me joue des tricks ;/ (ma langue "maternelle" est l'anglais)

"Voir le monde comme un amas d'atomes ".
La comparaison n'a aucun sens.

Ce n'est pas une comparaison, puisque le monde, normalement vu par l'homme, n'est pas juste un amas d'atomes. C'est en cela que c'est.. glauque, inhabituel, pur.. ?

Et il ne s'agit pas d'insulter, mais si l'on critique mon texte, je me permets de critiquer la critique, à  fortiori si, comme je l'ai dit elle est stérile. Sry.

Dernière modification par Townes (08 juin 2015 à  06:59)

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La lie
Banni
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1945 messages

Townes a écrit

Eloge de la folie

Sans une dose de démence, ni initiative ni entreprise. La raison n'est que rouille de notre vitalité. C’est le fou en nous qui nous intime l’aventure ; qu’il nous abandonne et nous sommes perdus : tout dépend de lui, même notre vie végétative ; c’est lui qui nous invite à  respirer, qui nous y contraint, et c’est encore lui qui force mon sang à  se promener dans mes veines sclérosées. Qu’il se retire, et me voilà  seul ! à  l'abandon – je ne peux être normal et vivant à  la fois. Si je conçois le futur, un heureux détraquement de mon esprit en est la cause. Je subsiste et j’agis dans la mesure où je déraisonne, où je mène à  bien mes divagations. Que je devienne sensé, et tout m’intimide : je me dissolve dans une infinité d'esprits, je glisse vers l’absence, vers des sources qui ne daignent pas couler, vers cette prostration que la vie dut connaître avant de concevoir la démence ; j’accède à  force de lâcheté au fond des choses, tout acculé à  un abîme dont je n’ai que faire puisqu’il m’isole de l'avenir.

Townes a écrit

j'ai, euh.. beaucoup travaillé ce texte

lol
https://www.psychoactif.org/blogs/Eloge … html#c9679


Par delà les miens et les balles ...

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Leaf
Psycho sénior
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Pwned!!!

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Mammon Tobin
Modéranimateur à  la retraite
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