[ Actualité ]
Deux articles Chem Sex - Octobre 2017

ARTICLE 1 : La chemsex, la nouvelle culture gay. De Érik Rémès
La question de l'utilisation des drogues dans les pratiques sexuelles n'est pas de dire c'est bien ou c'est mal, mais de prévenir que c'est dangereux et de participer à une prévention radicale. C'est en tout cas l'objet de ce blog.


ARTICLE 2 :  Le chemsex : un danger extrême pour la communauté gay De Laurence Moisdon
Avoir des rapports sexuels sous l'effet de certaines drogues favoriserait les comportements à risque et la transmission du VIH. La population homosexuelle est la plus touchée par cette pratique.

ARTICLE 3 : Les Inconnus du ChemSex De aspider7




ARTICLE 1 :
La chemsex, la nouvelle culture gay



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Photo : Frederic Gaillard. DR


La question de l'utilisation des drogues dans les pratiques sexuelles n'est pas de dire c'est bien ou c'est mal, mais de prévenir que c'est dangereux et de participer à une prévention radicale. C'est en tout cas l'objet de ce blog.


Avertissement : La façon dont les drogues peuvent ravager vos récepteurs du plaisir est d’autant plus inquiétante qu’elle pourrait simplement TUER LA VIE SEXUELLE. Sans parler de notre capacité générale à VIVRE et à ressentir de la joie sans prendre de la drogue, un problème qui n’est malheureusement pas rare chez les addicts. Mal gérées, les drogues représentent un véritable danger, mortel. La drogue abîme la vie. Le chemsex, le sexe sous drogue abîme le sexe. Le blog du Gay tapant n’est pas fait pour promouvoir les drogues mais pour informer. En cela il participe à une prévention radicale, chère à l’auteur qui l’avait déjà employé dans le passé pour les pratiques sexuelles à risques et le bareback. Après, chacun, en son âme et conscience, est libre de faire ce qui lui plaît. Parmi les drogues certaines sont pires que d’autres: sont a bannir par exemple le cristal meth (Tina) et surtout le slam, l’injection par voie intraveineuse.

Et qu’on ne me fasse pas de procès en sorcellerie, non, je ne dis pas que les drogues c’est mal, les drogues il faut faire avec, les drogues, bien gérées cela peut être formidable. Je suis moi-même toxicomane, et j’assume, addict au GHB et aux cathinones, Nouvelles Drogues de Synthèse, NDS. Après avoir été addict à l’alcool et au tabac (les pires des drogues, pourtant légales et des drogues d’État). Ce blog sera aussi auto fictionnel et j’aurai à parler de moi comme un exemple parmi tant d’autres. Me jetant en pâture comme dans mes romans. Dont acte.

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Photo : Frederic Gaillard. DR

Une société de toxicomanes

Beaucoup de personnes utilisent les drogues pour se relaxer, se sentir plus sensuels et sexe avec l’autre, pour diminuer leurs peurs de ne pas être à la hauteur, pour faciliter certaines pratiques sexuelles comme le fist (qui se développe fortement), pour assumer des fantasmes sexuels qu’ils n’oseraient pas assouvir sans drogue, etc. Enfin, et surtout, pour faire des plans longs. Parce qu’endurer un fist plusieurs heures, ce n’est pas évident. Nous vivons dans une société toxicomane. Des hommes souhaitent modifier leur apparence : être plus bronzés, avoir plus de muscles ou au contraire paraître plus féminin. D’aucuns veulent être plus performants, notamment sexuellement. Cela passe par l’utilisation de suppléments nutritionnels, d’hormones, de médicaments détournés voire de molécules illicites. Les drogues, il est vrai, c’est implacable, cela modifie les capacités de jugement, ça diminue les inhibitions et les fait disparaître. On se sent invincible et tout-puissant. Sexe. Mais tout cela à des conséquences…

Je me souviens de ce que disait mon copain psychiatre-addictologue, Philippe Battel : «plus on vit sa sexualité sous drogue, plus les relations sexuelles sans drogue paraîtront ennuyantes jusqu’à une perte de plaisir de la sexualité». Il est certain que la prise de substances psychoactives dans ce cadre peut s’avérer problématique lorsque cela devient systématique. Cela peut rendre difficile, à terme, d’envisager des relations sexuelles sans produit. Au départ on prend de la drogue pour faire du sexe et à l’arrivée on fait du sexe pour prendre de la drogue.

Les drogues provoquent des troubles psychiatriques sévères comme une insomnie rebelle, des états sub-maniaques, des attaques de panique ou des bouffées délirantes à thématiques persécutives. Ces dernières peuvent conduire à des passages à l’acte hétéro-agressif ou auto agressif comme une défenestration ou un suicide. Enfin, la désocialisation apparaît très vite avec une restriction du champ d’intérêt et du champ social, des absences injustifiées et une perte majeure d’efficacité professionnelle. Sur le plan thérapeutique, la préparation au changement est longue, car l’ambivalence entre quitter ces produits et les continuer semble souvent se nourrir de l’incapacité à envisager une sexualité sans injections, encore moins sans produit. Les sevrages le plus souvent ambulatoires s’accompagnent d’un suivi médical très régulier et peuvent se renforcer par quelques séances de thérapie cognitives et comportementales.


Gentrification du Marais


À Paris, on assiste à une transformation en profondeur du Marais, l’espace physique urbain gay est en train de sérieusement se rétrécir. Bientôt, on se demande s’il restera encore des lieux gays quand tous les magasins sont occupés par des grandes marques de prêt à porter. Il demeure quelques bars, mais le solde est négatif. Peut-être y a-t-il un moindre besoin de se retrouver dans des lieux identitaires parce que l’acceptation est meilleure. C’est la vision angélique. Mais, c’est une illusion. On constate un moindre engagement de la jeune génération dans les commerces, mais aussi le milieu associatif. En même temps, il y a une plus grande intégration, on parle de plus en plus du mariage gay, on parle de la question gay presque en permanence. De là à dire qu’on n’a plus besoin d’un quartier gay, c’est aller trop vite.

Les homos se rencontrent par des moyens nouveaux : Internet, donc plus besoin d’aller dans un bar, dans un lieu de drague, un sauna, ou une backroom. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de socialité gay, mais elle s’exprime d’une autre manière. La sociabilité gay moderne, c’est la partouze. C’est assez différent d’un bar gay même si ça peut être très sympathique.

Si ces produits augmentent la libido et favorisent les rapports sexuels répétés, non protégés avec des contaminations à la clef (VIH, Syphilis, Hépatites et patata), compulsifs et rarement satisfaisants (il en faut toujours plus), les usagers décrivent très souvent un glissement et un appauvrissement des conduites sexuelles. Le scénario habituel est le suivant : 1) Le produit est pris initialement pour agrémenter une sexualité de petit groupe. 2) Ce groupe va se fidéliser en plans communs réguliers et slammés. 3) Très vite, la prise de produit va perturber la sexualité au point de s’y substituer 4) Le SEX devient alors un alibi pour une prise commune de drogues. L’étape suivante est le développement d’une dépendance telle que le slammeur va se piquer seul chez lui ou pour partir travailler.

(1 ) Chemsex ou le sex sous drogue.

A lire un article de Gaystarnews à lire ici.
https://www.gaystarnews.com/article/gay … gs.jeKp2UU

PS 2 L’association Aides a lancé un numéro d’appel sur le chemsex et le slam, offrant la possibilité aux gays consommateurs ou à leurs proches de discuter par SMS, messagerie virtuelle ou de vive voix, d’être soutenu et orienté vers des services de santé adaptés. Si vous ou l’un de vos proches êtes concernés, appelez-le 01 77 93 97 77.

On peux également contacter l’excellente structure Drogue info service ici ou 08 00 23 13 13 de 8h00 à 2h00 7/7


ARTICLE 2 :  Le chemsex : un danger extrême pour la communauté gay


Avoir des rapports sexuels sous l'effet de certaines drogues favoriserait les comportements à risque et la transmission du VIH. La population homosexuelle est la plus touchée par cette pratique.

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Le "chemsex" consiste à réaliser des performances sexuelles avec des produits psychoactifs tels que la cocaïne, la MDMA ou la méthamphétamine appelé crystal. Cette pratique reste rare mais n’est pas sans danger comme le souligne le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 19 septembre 2017. Elle concerne en particulier les homosexuels porteurs du VIH. "Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le chemsex n’est pas un microphénomène parisien" mais est un vrai problème qui prend de l'ampleur à Montpellier par exemple, explique Philippe Batel, psychiatre addictologue et président de SOS addiction.

En 2015, un questionnaire anonyme a été proposé durant une semaine à tous les patients venus consulter dans quatre structures de dépistage/suivi du VIH et des hépatites virales des Alpes-Maritimes. Ce questionnaire recueillait des données sur la consommation de produits psychoactifs, leur mode d’administration, leur utilisation au cours des relations sexuelles et les prises de risques sexuels associées. Au total, 306 personnes ont participé.

"Notre travail avait pour objectif de décrire les consommations de produits psychoactifs au cours des relations sexuelles, leur association avec la prise d’alcool et les pratiques sexuelles à risque, ainsi que les déterminants de ces comportements dans une population fréquentant quatre lieux de dépistage et/ou de suivi du VIH et des hépatites virales dans les Alpes-Maritimes"
, indiquent les auteurs de l’étude.

Une majorité d'hommes jeunes, homo ou bisexuels

Sur l'ensemble des participants, 36% avaient consommé des produits psychoactifs dans le mois précédent, dont 16% pendant des relations sexuelles. Chez ces derniers, on notait 88% d’hommes, un âge médian de 34 ans et dans plus de la moitié de cas des homo/bisexuels. Dans 44% des cas, les patients ont déclaré une séropositivité au VIH.


Parmi les psychoactifs consommés on retrouve "les stimulants, les drogues de synthèse, le cannabis, les produits pharmaceutiques et surtout les nouveaux produits de synthèse (NPS) qui gagnent en importance par rapport à l’héroïne", précisent les auteurs. "En effet, les cathinones, nouvelles drogues de synthèse, sont des amphétamines pures et puissantes telles que le crystal. Elles vont donner une sensation d’empathie très forte et provoquer des hallucinations. Par exemple, lors d’une relation sexuelle, un des partenaires va effleurer une zone non érogène du corps de l’autre et celui-ci va avoir l’impression que ce mollet est la zone la plus érogène de son corps", précise l’addictologue.

Les principaux risques sexuels associés étaient d'avoir eu plus d’un partenaire dans le mois, de ne pas porter de préservatif ou de pratiquer une activité sexuelle en groupe. Ces drogues sont prises pour augmenter le plaisir et la performance mais en réalité elles abîment la sexualité. En effet, pour avoir une sexualité satisfaisante, il faut que le cerveau soit en bon état. "Or avec les psycho-actifs, il y a un trouble de l’attention et une obsession à jouir," ajoute le spécialiste. "De plus, parmi ceux qui pratiquent le chemsex, il serait pertinent de mener une étude afin d’identifier quelles sont les personnes qui ont des troubles addictifs avec les nouvelles drogues de synthèse".

Des consommations plus fréquentes chez les porteurs du VIH


Pour ce qui est des habitudes de consommation, "la prise d’alcool et/ou de produits psychoactifs, hors tabac, au cours des relations sexuelles sont des facteurs de risque de contamination par le VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH)", notent les auteurs de l'étude. Ces consommations sont plus fréquentes chez les HSH, particulièrement lorsqu’ils sont séropositifs au VIH. Les consommations de produits psycho-actifs au cours des rapports sexuels étaient occasionnelles pour 84% des personnes et régulières pour 16%. De plus, 6% des patients ont déclaré pratiquer l’injection par intraveineuse de drogues au cours des rapports sexuels, cette pratique est appelée le slam.

"Ces résultats devraient permettre d’adapter les stratégies d’éducation pour la santé dans cette population en combinant la réduction des risques sexuels et des risques liés à la consommation de produits psychoactifs", indiquent les auteurs. La pratique du chemsex mène dans certains cas à des drames. Au delà de la transmission du sida ou de l’hépatite C, il y a aussi des morts par overdose ou par mélange de drogues et aussi des suicides déguisés.

Pour cette raison Philippe Batel rappelle que la question de la prévention est essentielle. "Il faut sortir de l’ostracisme intra-communautaire des chemsexeurs et des slameurs. On a besoin d’un réveil et d’une solidarité de la communauté gay. Le problème est que beaucoup d’entre eux ne se considèrent pas comme toxicomane. Il faut dire et répéter aux homosexuels qui pratiquent le chemsex de se mettre sous prophylaxie pré-exposition (PrEP traitement médicamenteux préventif contre le sida ).

Les associations aussi s'emparent du problème, c'est le cas de AIDES qui a développé un réseau national d’entraide communautaire pour les usagers de chemsex, leurs proches, leurs partenaires. Ce numéro d’appel d’urgence est destiné à gérer les situations qui requièrent une prise en charge immédiate.

    #DROGUES - Une #etude parue dans le BEH rappelle que le #chemsex augmente le risque #VIH et #VHC. Cf. dispositif d'urgence @assoAIDES pic.twitter.com/qgxhPAQJ6q
    — Coalition PLUS (@CoalitionPLUS) 21 septembre 2017

par Laurence Moisdon Twitter journaliste à la rédaction d'Allodocteurs.fr











Je vais tenté de finir l'article du wiki ghb dès que possible, notamment sur le sevrage. Pour que psychoactif reste une source d'information utile pour les usagers, car ça reste difficile de trouver des infos sur ce produit...

bonne fin de semaine à tous


Analyse de produits psychoactifs aux effets indésirables ou inhabituels et de manière anonyme, gratuite et par courrier. modos@psychoactif.org
https://www.psychoactif.org/sintes
Compte inactif!

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Merci pour cet article. Pour moi le chem sex ça a été une révélation. C'est vrai que c'est compliqué ensuite de pratiquer sans produit. Mais bon. Mes meilleurs souvenirs de relation intime c'est sous drogue.
En l occurrence c'était de la tendresse c'est tout .... Incapable d'être actif... Mais quelle connivence avec l'autre... J'en ai encore les larmes aux yeux.
drogue-peace

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Coucou ! Un nouveau billet de blog sur le thème du chemsex punk1


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Les Inconnus du ChemSex
Seul, à deux, plus, beaucoup plus…le «ChemSex», c’est la consommation de produits psycho-actifs en contextes festif et sexuel. «Chem» diminutif du mot anglais “Chemical” (produits chimiques) et “Sex”: ils désignent, à eux deux, une pratique qui a toujours existé.

Aujourd’hui, elle a un nom, de nouvelles substances, une tendance à se pratiquer en groupe et ses adeptes consomment dans un but différent: la socialisation à travers le sexe.

«C’était plus occasionnel, c’est devenu quelque chose de systématique»
-Boris, 40 ans-

Boris consomme de la 4MEC, 3MMC. Il commence en soirée avec des amis, en club. Avant c’était de manière occasionnelle, maintenant, c’est plus régulier. Á chaque plan. Des clubs, il rentre en bonne compagnie. Pour rester dans le mood, une fois chez lui ou chez ce nouveau garçon, il continue de consommer, l’inconnu aussi.

«Je me suis beaucoup amusé avec et j’adore ça, je dois l’admettre, c’est l’un des rares plaisirs que j’ai.»
-Boris, 40 ans-

Un regain d’énergie, plus d’inhibitions, une envie de sexe irrépressible. Si son partenaire ne bande plus, il a du Viagra. Tout devient facile. Les sensations sont plus intenses. Tout ce qui est douloureux devient simple et délicieux.

La sodomie, son partenaire l’assaille de coups de rein, il tient. Il en veut plus. Une inspiration au Poppers. Il se détend encore. Le fist, il abandonne le contrôle de son corps, plus de pensée. Il est aux mains de cette autre personne dont même l’identité n’a plus d’intérêt.

Il jouit plusieurs fois sans éjaculation. Ça dure des heures. Ils reprennent du GHB. Cette fois, ils se caressent, s’embrassent, se lèchent, se sucent. Ils entament leur descente dans les bras l’un de l’autre. Ils discutent un peu, sans barrière. Le GHB aide à échanger à un niveau très intime. C’est le moment de se séparer. Ils ont eu ce qu’ils voulaient. Ils ne se reverront plus.

Les Effets Secondaires

Ça s’est bien passé. Fabien se souvient de la fois où le mec a eu un délire paranoïaque. «Il a chopé le sachet de MD (MDMA) et l’a caché dans l’appart pour le récupérer 2 minutes après et le cacher à un autre endroit, sans fin. Il n’entendait plus rien. J’ai dû entrer dans son jeu pour essayer de le faire redescendre. Tout se passait bien jusque là, il a craqué en quelques secondes.» -Fabien, 39 ans-.

Certains produits, TAZ/MDMA, les Cathinones, le LSD…entrainent des paranoïas, des addictions fortes et qui durent, des complications cardiaques. D’autres comme la Keta ou le GHB provoquent des pertes de mémoires, de conscience.

«On est pas égaux face aux drogues. Untel peut prendre vingt doses en une soirée et ne pas avoir plus d’effet que ça et un autre pourra prendre une toute petite dose de coke et ça lui sera fatal. Tout dépend de la constitution et l’état dans lequel on est quand on consomme.» -R., 63 ans-.

Patrice aime retrouver ou rencontrer des nouveaux amis. Il prend des produits pour les sensations, la désinhibition. De la prise au pic et jusqu’à la descente, il aime ce contrôle sur sa consommation. Une règle: jamais de prise après samedi midi pour s’assurer une descente maitrisée et bien attaquer la semaine.

Les Effets de Groupe

«Toutes les personnes qui prennent de la drogue sont un peu des dépendants affectifs aussi»
-David, 24 ans-

Tous les mecs baisent. Ils changent de partenaires. Ils s’arrêtent pour fumer une clope, pour discuter. Des fois, ils se font prendre alors qu’ils discutent. Ils se connaissent à peine. Leurs rapports sont sans capote. C’était clair sur les réseaux “TOUZE BBK” («Partouse Sans Capote»). C’est implicite mais ils sont tous sous PrEP (Pré Exposition Prophylaxie) ou séropositifs à charge virale indétectable. Ils ne sont pas sûrs d’être en mesure de mettre une capote à chaque rapport. Ils cherchent du contact, pas forcément sexuel. Certains sont là depuis plusieurs heures et n’ont encore rien fait.

Dans cette partouze, un peu plus de 50 individus sont passés. Des inconnus qui baisent avec d’autres. Sans capote, sans manger, ils tiennent grâce aux produits. Ceux qui ne bandent plus sont remplacés par les suivants. Le temps défile différemment. Certains sont là depuis deux jours, sans sommeil. Ça continuera encore un jour et demi.

    «C’est quand tout le monde part et que tu rentres tout seul que ça devient difficile. Alors tu reprends ton portable et tu cherches une autre soirée et ça s’arrête plus»
-Loïc, 29 ans-

Pour Loïc, il suffit que le courant passe bien avec l’un d’entre eux pour qu’il s’imagine vivre avec lui. Sa dépendance affective: un vide qu’il ressent et nourrit avec le sexe. La proximité immédiate que ça procure, la connexion qui s’établie ne lui suffisent pas. La continuité des parties compense ce manque. Ce qui n’aide pas sa consommation. Il se laisse convaincre de prendre un peu plus alors qu’il sait qu’il a atteint sa limite pour que personne ne parte, que la soirée ne s’achève jamais.

Les conversations, les fellations, les doubles pénétrations sont interrompues par l’appel du G. L’action se déroule dans un appartement privé, le propriétaire et ses amis ont des rôles bien définis. L’un d’entre eux note le nom des amateurs de GHB, la quantité qu’ils prennent et l’heure de leur dernière dose. L’appel, c’est lui. Tout le monde consomme à la même heure, ça facilite l’organisation.

Il évite les G-Holes. Quand un mec en fait un, il est difficile à gérer. Il se répète puis s’effondre, il est pris de spasmes. Le benjamin de la soirée en fait un. Le propriétaire et le type derrière la grille des prises le soutiennent, un bras chacun. Il n’est pas capable de sniffer de la coke. C’est leur solution pour contrer les effets du G (ou GHB). Le G ralentit, la coke excite. Ils le font boire. Après une gorgée, ils l’allongent en PLS (Position Latérale de Sécurité).

Un volontaire, il ne connait personne, s’assied à côté de lui et veille à ce qu’il respire, qu’il ne vomisse pas, qu’il s’endorme profondément. Ca peut prendre des heures. Á certaines soirées, ils se relaient, là non. Il ne fait rien d’autre que s’assurer qu’il aille bien. Après trois heures, il se réveille.

Les chemsexeurs sont bienveillants. Plus précisément, ils voient où se trouve leur intérêt: personne ne doit faire de malaise là où ils sont responsables. Dans ce cas, ils ont fait en sorte que tout se passe bien.

     D’autres fois, «le mec m’a mis dehors quand il a vu que je commençais un G-Hole. J’ai ouvert les yeux dans l’ambulance, je me rappelais de rien et j’avais du sang sur le front.»          -Gérome, 26 ans-.

    «Pour le moment, je n’ai encore rien fait. J’essaie de faire venir ce mec [il montre un garçon sur une application de son téléphone] mais il veut venir avec celui-là et lui je l’aime pas. Il cherche toujours à s’incruster.»
    -Sébastien, 36 ans-

La Consommation Isolée


Sébastien reste sur le canapé. Il a l’oeil rivé sur son portable. D’habitude, c’est parce qu’il a pris trop de produits pour faire quoique ce soit. Le moment où tous les participants sont sur leur portable dans le même état est vite atteint. Là, il fait venir du monde et bloque ceux dont il ne veut pas chez lui. Pour lui, ils ne savent pas consommer, ne connaissent pas leur limite ou il ne les aime pas.

Il apprécie la tâche. Il est chez lui, entouré d’individus séduisants qui veulent tous la même chose: du sexe, des produits et une ambiance où ils peuvent être qui ils souhaitent. Seulement s’ils ne pratiquent pas le «Slam» (Consommation par voie intraveineuse de produits psycho-actifs en contexte sexuel).

     «Sniffer, c’est plus noble que se piquer. Tout de suite on te voit comme un “Junky” si tu consommes avec une seringue, même quand tout le monde se défonce à n’importe quoi.»
    -Adil, 21 ans-

Sébastien annule un RdV avec un client pour ne pas devoir partir. Ça lui est arrivé de laisser le client en plan. C’est pas bon pour son image. Il prétexte être très malade et s’arrête pour une semaine. Il ne doit pas quitter son appartement. Une «Sex party» pour passer le temps lui semble idéale. Une semaine sans arrêt ne lui semble pas de trop.

A ce moment, intervient M… Il connait pas beaucoup les garçons mais il a déjà participé aux fêtes de Sébastien. Il voit depuis quelques jours qu’ils recrutent sur les applis. Cet état lui est familier. Il l’a déjà fait. Il passe en coup de vent pour voir s’ils ont dormi, leur apporter de quoi manger. M… reste habillé. Il discute, repart après une heure avec eux, il a essayé de les convaincre de faire une pause. Si après son passage un seul d’entre eux se met à faire autre chose, c’est déjà ça.

    La fête et les soirées ne sont pas les seules raisons pour pratiquer le chem-sex. «Un pote qui était escort depuis plus longtemps que moi m’a donné de la MD pour que le travail soit plus facile. Ça a marché .»   -Adil, 21 ans-.

La consommation liée à la prostitution, hors des cas de prostitution choisie, facilite le travail, aide à oublier. Se pose la question du consentement lorsque la rémunération se fait en produit à consommer, quand la détresse financière ne permet plus de pouvoir dire non. Il est difficile de savoir qui est responsable quand la consommation est assez importante pour ne plus consentir à ce qu’il se passe mais pas suffisamment pour oublier que l’on a dit «oui». S’interroger sur la validité d’une tâche quand la seule façon d’effectuer un travail, qui n’est pas reconnu comme tel par la société, est de consommer ce qu’on a du mal à se payer. Sans compter les violences physiques, associations et institutions trouvent peu de solutions aux violences morales et sociales.

Arthur est seul. Il slam avec ce qu’il arrive à chopper comme produit. Il ne fait pas tester ses substances par qui que ce soit. Il veut consommer tout de suite. Il va sur des sites de rencontre, des applications, des site porno, des vidéo-chats et il chauffe des mecs. Il consomme seul avec la stimulation sexuelle du contact virtuel. Il peut faire ça des nuits entières sans aucun contact physique.

    «Quand ils ont un partenaire ou sont en partouze […] les autres le voit [le danger] et il y a une possibilité pour ceux-là, qui ne sont pas dans le même état, d’appeler les pompiers, le SAMU: ça sauve des vies.»
    -Fred, 49 ans-

Le ChemSex est une pratique aussi variée qu’il existe d’adeptes, cet article ne saurait tout couvrir. Il est un ensemble de portions de vie de différents profils de Chemsexeurs et couvre les situations, les problématiques les plus courantes.
Les associations comme les institutions de santé (Aides, Gaïa, Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie: CSAPA, entre autres) offrent un premier degré de solution à ceux qui aimeraient trouver des conseils, un accompagnement dans leur consommation et leurs pratiques.


Auteur : aspider7
Blog : ThrUThe "I" OfaBlindGuy
Source: http://aspider7.tumblr.com/post/1663767 … -deux-plus

Analyse de produits psychoactifs aux effets indésirables ou inhabituels et de manière anonyme, gratuite et par courrier. modos@psychoactif.org
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#4 
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ElSabio
Antifa...narchiste
02 novembre 2017 à  18:05
Bonjour,


Quand j'ai vu cette étude, j'ai pensé ne pas ouvrir un autre thread étant donné le sujet, j'espère que je n'ai pas fait de bêtise, c'est le résultat d'une étude basée sur un questionnaire et portant sur le chemsex. salut





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Questionnaire exclusif Hornet: Un quart des répondants gays pratiquent le chemsex




C’est la première étude de ce genre à cette échelle en France. Vous avez été près de 4000 à répondre à notre questionnaire « Le chemsex et les gays ».  Les résultats ont été présentés en avant-première hier lors de la première édition de Conversation, notre rendez-vous de débats autour d’un thème de santé communautaire. Ils sont détaillés ci-dessous, avec l’analyse de Stephan Vernhes du Spot Beaumarchais et de Fred Bladou, de Aides.

Près de 1000 chemsexers

Rappelons d’emblée qu’il ne s’agissait pas d’un sondage portant sur un échantillon représentatif. Vous avez été précisément 3 736 à répondre, en grande majorité via un message reçu dans vos messages Hornet. Parmi les répondants, 965 ont coché la case « Oui » à la question « Avez-vous pratiqué le chemsex ces douze derniers mois », soit 25% de toutes les réponses.


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Dans les différentes classes d’âge, les 36-45 ont été un peu plus nombreux à répondre oui (30%) et les 18-24 ans un peu moins (20%).

Parmi ceux qui ont déclaré avoir pratiqué le chemsex, 70% disent être séronégatifs, 21% séropositifs et 8% ne savent pas. Par ailleurs, 82% de ceux qui ne pratiquent pas le chemsex sont séronégatifs et 6% sont séropositifs.

66% de ceux qui pratiquement le chemsex sont célibataires.

Tous les âges sont représentés. Parmi les répondants chemsexers, 24% ont entre 18 et 24 ans ; 36,8% ont entre 25 et 35 ; 28,8% ont entre 36 et 49 ans et 10,4% ont plus de 50 ans.

Les principales raisons qui ont poussé nos répondants à pratiquer le chemsex sont à quasi égalité «Pour améliorer ta vie sexuelle», «Parce que tes partenaires le faisaient» ou «Parce que tu es allé à une soirée où tu étais pratiqué» (environ 27% chacun).

Les répondants pratiquent le chemsex avec un ou des partenaires réguliers qu’ils connaissent déjà (61%), puis avec des partenaires inconnus (49%), lors de soirées chemsex et avec leur boyfriend (respectivement 23 et 24 %) et seul avec du porno à 16%.

A ceux qui se demandent si le sexe seul est bien du sexe, Fred Bladou de Aides a répondu lors de notre Conversation: « Une étude a montré que la stimulation par l’image était équivalente au rapport sexuel, parce qu’elle active les mêmes zones dans le cerveau.  Le chemsex a aussi bouleversé ce constat que les gens n’ont pas forcément besoin d’avoir des relations sexuelles avec d’autres personnes pour faire du sexe. »


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7% des chemsexers pratiquent plusieurs fois par semaine

Pour ce qui est de la fréquence, les répondants affirment en majorité pratiquer le chemsex plusieurs fois par an (31%) et plusieurs fois par mois (29%). Ils sont un peu moins nombreux pratiquer une fois par mois (18%). Ils sont 7% en revanche à pratiquer plusieurs fois par semaine.

Les produits utilisés sont en majorité le GHB, GBL ou « G » à 48%, les Cathinones (3MMC, 4MEC) à 46% suivis de la MDMA, à 38% de la ketamine à 16%. Les répondants ont également déclaré utiliser d’autres produits comme la cocaïne ou la weed à 32%. A noter que chez les 18-24 la MDMA est le premier produit, avec 43%, devant le G et Autres (les cathinones sont en dessous de 30%).

61% des répondants affirment sniffer ou inhaler les produits, 27% à les ingérer et 8% à pratiquer des injections.


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Parmi les répondants, 33% affirment consommer des produits en dehors du sexe, avec quelques variations selon l’âge: les 18-24 ans le font à 47%, les 50-60 à 20%. Par ailleurs, les Parisiens sont  45% à consommer hors relation sexuelle.

Paradoxalement, la vie sexuelle est la plus impactée

Nous avions ensuite demandé aux utilisateurs d’Hornet quel était l’impact des produits sur leurs vies sexuelle, affective, sociale, professionnelle et sur leur santé globale. Les réponses se présentaient sous forme d’une échelle de 0 à 10. « 0 » correspondait à un impact nul, une consommation totalement maîtrisée ; « 10 » correspondait à un impact très important avec une consommation hors de contrôle.

En moyenne sur chacun de ces items, entre 20 et 30% des répondants ont déclaré que leur situation était de problématique à très problématique (soit entre 5 et 10). L’impact le plus fort est sur la vie sexuelle, avec 32% des répondants pour qui la consommation commence à poser de sérieux problèmes. Cela monte jusqu’à 50% pour les utilisateurs qui déclarent pratiquer le chemsex plusieurs fois par semaine. On notera par ailleurs que plus de 50% des répondants ont coché la case 0 pour leur vie affective, leur vie sociale et surtout leur vie professionnelle (59%).

Ces chiffres font réagir Stephan Vernes. Le responsable du Spot Beaumarchais, qui anime chaque mardi un groupe de paroles autour du chemsex pointe notamment un paradoxe: « On parle beaucoup de désocialisation, d’isolement, mais on parle peu du fait que le chemsex est censé déshiniber et améliorer les sensations lors de relations sexuelles et au final on voit que c’est la vie sexuelle la plus impactée ».

82% des répondants affirment n’avoir eu aucun recours à des professionnels de santé. Ce chiffre tombe à 66% pour les usagers les plus fréquents de chemsex, ceux qui pratiquent plusieurs fois par semaine. Commentaire de Stephan Vernhes:

   

« On parle beaucoup des garçons en grande difficulté, mais malgré tout il semble que la grande majorité des usagers soit en contrôle. Ceux qui sont en difficulté sont une minorité, qui semble aller en grandissant, mais une minorité tout de même ».



« T’es tu stigmatisé en raison de ta consommation de produits? », demandions nous. 80% ont répondu « Non, pas vraiment » ou « Non, pas du tout ».

En publiant les résultats de son enquête, Gaystarnews avait titré sur un chiffre choc « 1 répondant sur 4 connaît quelqu’un qui est mort suite à une séance de chemsex. Nos résultats montre une tendance assez proche: 43% de nos répondants chemsexers connaissent une ou plusieurs personnes en difficulté ; 18% connaissent une ou plusieurs personnes qui ont fait une overdose ».

Fred Bladou, de Aides se veut prudent: « Avec les réseaux sociaux, tout le monde connaît quelqu’un qui a eu des difficultés ».  C’est en tout cas moins vrai pour les répondants qui ne pratiquent pas le chemsex. Ils ne sont que 15% à connaître une ou plusieurs personnes en difficulté et 5% à connaître une ou plusieurs personnes qui ont fait une overdose.


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Source : hornetapp
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« La liberté des autres, étend la mienne à l'infini ».
Mikhaïl Bakounine

Hors ligne

 

Bonjour,

une étude a également été récemment réalisée à Bruxelles sur ce sujet, sur base d'un questionnaire en ligne diffusé sur les réseaux et applications de rencontre gay, à travers les groupes Facebook et les pages officielles de partenaires, via des mailing listes ainsi qu’à l’aide d’une distribution de flyers dans les saunas et cinémas gays ainsi que des bars et événements festifs.

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J'en ai résumé les principaux résultats dans le cadre de mon activité professionnelle d'"observateur". En voici l'accroche:

Le chemsex (contraction de « chemicals » et de « sex ») est un terme qui désigne l’utilisation de substances psychoactives dans le cadre de rapports sexuels. Cette pratique est fortement assimilée au milieu gay, aux personnes bisexuelles et aux HSH[1], et a été abondamment illustrée à travers le slamming[2], auquel il ne se limite pourtant pas. L’utilisation de substances psychoactives pour améliorer les performances ou sublimer le plaisir lors de rapports sexuels est en effet une pratique ancienne qui ne concerne pas uniquement ces milieux. Le chemsex semble toutefois y avoir pris de l’ampleur ces dernières années, et fait l’objet d’une couverture médiatique et scientifique, ce qui contribue aussi à sa visibilité. L’enquête exploratoire met en évidence que cette pratique existe aussi dans le milieu gay[3] à Bruxelles, qu’elle peut prendre différentes formes et qu’elle peut être associée à certaines prises de risque et conséquences sur le plan sanitaire.

Et en suivant ce lien tout le résumé du rapport d'enquête

Michaël

Eurotox
Observatoire socio-épidémiologique alcool-drogues en Wallonie et à Bruxelles

Hors ligne

 

source:https://hornetapp.com/stories/fr/temoignage-chemsexer/

Pierre, chemsexer: « Dans l’absolu, j’aimerais arrêter, mais… »

Pierre* pensait qu’il avait de bons garde-fous pour ne pas se mettre au chemsex et devenir un « chemsexer ». D’une, s’il on excepte le poppers, il n’a jamais été un consommateur de drogue dans un cadre sexuel. De deux, le compagnon avec qui il est depuis plus de dix ans s’est mis au chemsex il y a quelques années, avec de forts effets négatifs sur sa vie. Et puis…

La première incartade date d’il y a trois ans. « La première fois que j’en ai consommé c’est lors d’un plan fétiche, raconte Pierre. J’ai pris du NRG-4 en sniff. Ca m’a permis de repousser mes limites. Le plan a duré longtemps, 7 ou 8h. » La descente a été violente et il a été échaudé, mais pour un temps seulement…

Car les incitations sont de plus en plus nombreuses. « Les chems ont commencé à apparaître de plus en plus pendant les plans se souvient-il. Je me sentais à l’écart. Il arrivait que des mecs avec qui j’étais en train de coucher arrêtent le plan parce que je n’en prenais pas. Moi je pensais que je pouvais aller vers des pratiques extrêmes. Mais j’ai compris après pourquoi les mecs ne voulaient pas continuer. »

Il finit par reprendre des produits, des cathinones [une nouvelle classe de produits de synthèse», en sniff, en parachute, ou en plug. L’injection (qu’on appelle « slam » dans le vocabulaire du chemsex) le rebute. « J’étais traumatisé par les piqûres. Je suis séropositif depuis mes 20 ans, et ma phobie des piqûres m’a conduit à me retrouver parfois dans des situations délicates, parce que j’évitais de prendre un traitement ou de faire mon suivi. » « J’étais du genre à me cacher les yeux quand on voyait une piqûre dans un film », ajoute-t-il. Et puis le fait d’avoir découvert que son compagnon slammait sur le tard le rend prudent. « On me l’a proposé plein de fois, j’ai toujours refusé. »
Du sniff à l’injection

Un événement va changer la donne. Début 2016, il fait un burn-out et quitte brutalement son travail: « Lorsqu’on prend des produits, on entre dans une parenthèse, on a l’impression que plus rien d’autre n’existe. Quand j’ai fait mon burn-out, j’ai eu besoin de ça. »

Lors d’un plan, un mec lui propose à nouveau une injection. « Il n’était pas pushy comme d’autres ont pu l’autre, il a juste proposé parce que lui le faisait. Si j’avais dit non, il n’aurait pas insisté », précise Pierre. Cette fois-ci pourtant, il ne refuse pas. « Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai dit oui ». « On dit que lorsque l’aiguille rentre, elle ne ressort jamais », dit Pierre. « C’est monté tout de suite. Le premier rush, si on ne l’a jamais fait, on ne sait pas ce que c’est. C’est une montée de chaleur dans la gorge. Tu te libères de toutes tes chaînes. Et tu ressens une grande excitation sexuelle.  » L’effet est d’autant plus fort quand l’autre vit la même expérience au même moment.

Dans le questionnaire Hornet, « Le chemsex et les gays » 8% des hommes qui déclaraient pratiquer le chemsex, prenaient les produits par injection. Pierre fait désormais partie de ceux-là.

Le mec lui propose de le refaire, mais il rate sa piqûre du premier et la phobie est toujours là.

Mais le souvenir de l’expérience reste. « J’étais au volant et j’y ai repensé. Le souvenir du rush était si fort que la sensation se recréait en moi », se rappelle Pierre.

Deux ou trois semaines plus tard, un voisin, plus âgé, vient chez lui. Il slamme et convainc Pierre en lui disant qu’il « sait bien piquer ».

« Au début, tu n’es que dans le positif », indique Pierre. « Tu te lâches avec tes partenaires. »
Les longues séances de chemsex créent une intimité entre les partenaires

Pour Pierre, le chemsex change aussi l’expérience du plan cul. « J’ai toujours une une vie sexuelle intense. Avec mon ami, on a toujours été en couple libre, donc les plans en dehors étaient des plans courts. Je n’étais pas du genre à discuter ou dire des trucs perso. J’étais cloisonné. » Avec le chemsex, les plans sont beaucoup plus longs. Ils peuvent durer plusieurs heures, voire plusieurs jours. « Il y a des reflux. Tu reprends du produit et ça repart. Tout ce temps crée une proximité avec les partenaires. Une intimité. »

Lors de l’événement Hornet Conversation, consacré au chemsex, le Docteur Philippe Batel, psychiatre et addictologue, a évoqué des patients chemsexers qui pouvaient se faire jusqu’à 90 injections en une session. Il n’avait jamais vu ça de toute sa carrière.

« Tu as toujours envie de recommencer », raconte Pierre. Contrairement à d’autres, il n’est pas branché par les plans en groupe. Il décrit des scènes où « les mecs slamment, reprennent du produit et beaucoup sont sur leur téléphone, à chercher d’autres mecs, à mater des films pornos. Beaucoup ne sont plus dans le plan sexe en lui-même ». Pour les chemsexers qui restent dans l’ambiance: « 80 à 90% des mecs sont passifs. Les actifs ne bandent plus, donc d’autres pratiques se développent, avec des godes notamment. »

C’est peut-être l’un des garde-fous qui lui reste: Pierre a de son aveu « des pratiques hard assez excluantes. » « Les partouzes, ça ne correspond pas à ce que je fais. » Il a eu quelques mauvaises expériences aussi, avec des mecs qui ne maîtrisaient pas bien les produits. « Je me suis retrouvé deux ou trois fois avec des mecs qui étaient trop barrés. Je terminais le plan en étant pas bien. »

Dans notre questionnaire, il apparaissait qu’une majorité écrasante des chemsexers ne faisait pas appel à des professionnels de santé. Pierre n’est pas de ceux là. « J’ai consulté très vite un psy, ce que je n’avais jamais fait de ma vie. » Il consulte également un psychiatre addictologue.

Sa phobie de la piqûre le taraude toujours, d’autant qu’il tombe parfois sur des mecs qui piquent mal. Alors il va apprendre à le faire lui-même. « J’étais en vacances, dans un lieu où on ne trouve pas des produits, j’ai fait du sexe sans chems, et à côté j’ai regardé des tutos pour apprendre les techniques d’injection. »

En revenant il doit faire un plan avec un mec qui ne sait pas piquer. « Je me suis mis un challenge, pour me piquer et le piquer. J’y suis arrivé. »

Son ami, qui a dû prendre un peu de champ et aller vivre régulièrement en province pour pouvoir décrocher, craint que le sexe ne devienne qu’un prétexte à slammer.

« Je ne veux pas ça », rétorque Pierre. « Je n’ai pas envie d’user mes veines. » Il évoque les mecs du monde entier qui regardent parfois des plans via le logiciel de conversation vidéo Zoom. Ca n’est pas pour lui. Il veut que ça reste dans un cadre sexuel.

Il a eu envie d’arrêter « plusieurs fois », lorsque son ami n’est pas là et qu’il est seul chez eux, c’est une barrière de plus qui tombe. « Seul, avec du temps libre, des voisins qui pratiquent… la cadence s’accentue. La bulle dure de plus en plus longtemps, l’extérieur disparaît. »

De temps en temps, il a des rapports sexuels sans produits. « Tu dis au mec « c’était bien », mais « qu’est ce que ça sera quand on prendra des produits », explique-t-il un brin fataliste.

Lorsque son addictologue lui demande s’il a vraiment envie d’arrêter, il répond que « dans l’absolu », oui il aimerait arrêter. « Je sais que la fin inéluctable de ça, c’est la mort », lâche-t-il. Mais difficile de se passer des sensations que procurent les produits… Et Pierre de décrire l’excitation qu’il ressent lorsque le sang remonte dans la seringue, juste avant l’injection du produit. « Tu sais alors que l’aiguille est bien rentrée et que le plaisir va être immédiat. »
Le danger du crystal meth

Après avoir fait des plans à l’étranger, il pointe le danger du crystal meth, dite « Tina ». Le produit n’est pas très utilisé en France, mais il l’est aux Etats-Unis, en Angleterre ou en Espagne. « C’est considéré comme plus dur que les cathinones [plus utilisées à Paris]. La descente est plus forte aussi. » Il a noté fait une mauvaise expérience à New York, au terme de laquelle il s’est « retrouvé complètement seul. » « Un cauchemar », se souvient-il. « Si la tina arrive à Paris, les vrais ravages vont commencer », craint-il.

Et rentrant à la maison, le burn-out s’est transformé en dépression. « Cela m’a presque détruit », ajoute-t-il. Et toujours sans travail, sa situation financière se complique. Il a de la chance d’avoir une famille à l’aise financièrement, mais refuse d’aller demander de l’argent à ses parents tous les quatre matins. Les anti-dépresseurs l’aident à « reprendre la dynamique de sa vie personnelle », en dépit d’une vie en « on-off », suivant le cycle de la prise de produits.

Tout son entourage — « à part ma grand-mère! » — est au courant, parfois en version édulcorée de son addiction. Et tout le monde se montre compréhensif. « Je ne me suis jamais senti ostracisé », reconnaît-il. Son ami n’a pas encore totalement arrêté, en dépit de ses efforts. « Il n’a jamais fait de prosélytisme avec moi. Cela lui fait mal que je sois tombé là-dedans. », dit Pierre. « Mais c’est un garde fou moral. J’ai la chance de ne pas être seul ou isolé d’un point de vue familial. »

Il sent qu’il contrôle encore à peu près son utilisations des produits — « je connais les doses à ne pas dépasser en ce qui me concerne », mais sait aussi que c’est sans doute une illusion. Il veut malgré tout maîtriser sa pratique du chemsex pour ne pas se retrouver comme certains avec « des hématomes sur les bras ». « ça fait junkie et c’est no sexe au possible », dit-il. « Pour le moment, en tout cas, il n’y a pas d’évolution exponentielle. Pour moi, c’est lié au sexe et ça reste lié au sexe », conclut-il.

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