[ Arrêt & Sevrage ]
De la codéine à la Buprenorphine

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#151 
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MushRocks homme
L'infréquentable
08 mars 2018 à  03:36
Hello à tous

Désolé du retard, un peu perdu ces temps ci.

Donc pour la petite histoire et donné des nouvelles j'y suis retourné, mardi.
J'ai demandé à voir la psychiatre pour faire le point : elle ne sait plus quoi faire.

Et je la comprends. Selon elle, je me fais mes questions et mes réponses, j'exige des traitements que je ne suis pas, et je ne suis pas du tout dans une démarche de soin.

Elle m'a demandée de faire le point avec la psychologue, savoir ce que je veux vraiment avant de reparler de TSO.

Je vous avoue que j'ai peur, encore ce soir j'ai 1G avec moi (coke). Cela fait 3 semaines que je suis en arrêt, j'ai presque tappé tous les soirs. Ce qui me fait peur c'est la perte de contrôle, j'aurais en fait souhaité me faire hospitaliser, mais même ça, je leur ai mis des plans 2 fois.

J'aurais bien aimé que ce soit un peu forcé car au final je me laisse allé et c'est de pire en pire.
Surtout avec la cocaine.

Voila voila, donc ils sont perdus et moi aussi.

Cordialement,
MushRocks
« Une vision sans action n'est qu'une hallucination. »
« Des raisons ? Y a pas de raisons. On a pas besoin de raisons quand on a l'héroïne. »

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#152 
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Harfonte homme
Nouveau Psycho France
09 mars 2018 à  01:36
Hello,

Je me retrouve dans ton histoire (du moins ce que j'en ai lu).

Je t'invite à lire mon 1er post si tu veux en savoir un peu plus mais pour résumer ma situation :

J'ai 27 ans et je suis sous subutex depuis 3 ans (je viens à l'instant de réaliser que ça faisait 3 ans surpris)

J'ai commencé la codéine quand j'avais 21 ans et ce n'est qu'à 24 ans que mes prises mensuelles puis hebdomadaires étaient devenues bi-journalières (je tournais autour de 3 boites de paderyl par jour sur la fin (1 et demi la matin vers 11h et 1 et demi vers 18h).

Je bossais dans un cabinet de conseil et c'était ce qui me "dopait" : gros regain d'énergie et motivation, gros boost de confiance en moi, suppression du stress et des tensions de la journée... à 18h, commençais souvent la deuxième moitiée de mes journées de travail ... j'ai bossé parfois jusqu'à 2h-3h du matin, soit des semaines proches de 60h... Je consommais aussi des amphétamines pour tenir...

Bref, au bout de plusieurs mois à cette cadence, je commençais à me réveiller le matin avec des débuts de symptômes de manque. Du coup, avant même d'arriver au bureau, je passais par la pharmacie et m'envoyait mes 20 et qq cachetons avec une petite gorgée d'eau seulement thinking

Ma copine était au courant et j'ai finalement craché le morceau auprès de mes parents.

J'ai pu ensuite être aidé par un Csapa.

Franchement, tout ce que j'attendais, c'était d'être mis sous TSO, avec la ferme intention de pouvoir continuer à ressentir ce que la codéine me faisait ressentir. J'ai commencé à 0.2, puis immédiatement je suis passé à 2mg, puis 4mg car je faisais part de mes cravings de codéine, plus fort que jamais, que la buprénorphine ne calmait pas.

Puis, après avoir lu à droite à gauche différentes manières de l'utiliser, j'ai commencé à la sniffer - moitié matin et moitié après-midi (mêmes heures que mon ancien rituel de codéine). Je commençais à apprécier le subutex, que j'avais du mal à accepter jusqu'alors. Peu de temps après, à cause d'une crise de psychose liée à une consommation d'a-pvp (alors que j'avais peu de tolérance aux stimulants), on m'a doublé mon subutex pour passer à 8mg.

J'ai continué à sniffer pendant plus d'un an (4mg le matin, 4mg le soir) ne ressentant pas la moindre envie de retourner à la codéine, mais consommant de plus en plus de stimulants (RC dont principalement 2-fma, MDPV puis A-pvp, Cocaine, amphétamines ...), et étant aussi sous 30mg de valium, le maximum que l'on pouvait me préscrire (j'avais oublié de préciser qu'avant tout cela, j'étais dépendant à l'étizolam, puis au Xanax, puis Lorazepam pour finir par le valium).


Ma tolérance était telle que je prenais 100mg de valium avant de prendre l'avion, qui me stress beaucoup. 100mg me faisait l'effet de 10mg "naif" mais avec un effet beaucoup plus abrutissant sans pour autant me mettre KO (on va dire que ça me donnait un débit de parole plus ou moins similaire à Doc Gyneco:vap:, mais avec la faculté d'articuler, la cohérence dans mes gestes et l'inhibition en moins ... )
Dire que j'invoquais comme excuse le fait d'avoir pris "1 petit comprimé en plus pour le stress" auprès de mes parents ou ma copine mur
Pour information, ça fait plus d'un an que je ne prends plus aucun benzo et le sevrage s'est fait sans la moindre difficulté en diminuant progressivement les doses sur plusieurs mois... En fait, je me suis carrément rendu compte un jour que je ne prenais plus de valium..

Pour l'anecdote, j'avais passé un bilan cognitif à l'époque ou je prenais encore du valium, qui m'avait diagnostiqué un TDA (trouble de l'attention) bien marqué, mais que j'étais toutefois un individu à "haut potentiel" (ça a redonné un petit coup de boost à mon égo..).
J'ai repassé le même bilan il y a quelques semaines et j'avais en moyenne 3 à 5 points en plus (les échelles sont toutes différentes mais les tests sont fait de telle sorte que l'on est pas censé gagner ou perdre des points avec le temps... ce qui montre à quel point mes capacités cognitives ont pu être perturbées par le traitement, mais sont finalement redevenues normales après l'arrêt. DSL je me suis complètement égaré là... je laisse le passage au cas où, il est bon de se rappeler que ces produits ne sont pas anodins


Bref, pour en revenir à mon TSO détourné (sniff et parfois plug pendant les vacs), je pensais avoir trouvé mon dosage de confort (8mg) mais en réalité je ne me rendais pas compte sur le moment que j'avais toujours cette furieuse envie de tester de nouveaux produits et explorer de nouvelles sensations... Or, si j'ai bien compris, le TSO s'il fonctionne bien, est censé agir sur ces envies compulsives, peut être pas en les supprimant totalement, mais au moins en les rendant largement contrôlables et permettant de garder les idées claires pour prendre assez de recul quant aux probables conséquences / risques auxquels on peut s'exposer en voulant tester certains produits... Et dans mon cas, ça aura été des RC Opioïds (O-DSMT & U-44770) puis des dérivés de fentanyl (butyr-fentanyl, puis acetyl-fentanyl, furanyl-fentanyl et enfin acryl-fentanyl, avec lequel j'ai fais une OD, la seule OD de ma vie (voir mon post vers le 7ème paragraphe : https://www.psychoactif.org/forum/t3226 … html#divx) et où j'aurai peut être pu y rester ...

La où je veux en venir, c'est que le fait que tu saches passer commande sur le Darknet "Ring a bell" comme on dit dans ma langue maternelle.

Toute ma vie, je me suis juré une chose et une seule (après avoir vu requiem for a dream haha) : Je ne toucherai jamais à l'héroine...

J'ai essayé tous les types de drogues, suis devenu dépendants de très peu d'entre eux alors que j'en ai consommé beaucoup de manière très régulière pendant des laps de temps plus ou moins long : Cannabis 7J/7 pendant 10 ans (même en partant en vacances à l'étranger je trouvais toujours un moyen de choper quelques heures après être arrivé... Je me souviens être parti au Maroc avec ma famille il y a quelques années, et en 5min à 10mètres dans leur dos, j'ai chopé quelques grammes d'un shit qui me fait encore saliver en y repensant, auprès d'un gamin de rue qui avait choisis d'être notre guide entre le souc et notre hôtel situé à 200m à peine big_smile) , Alcool 7j/7 pendant quelques mois, Speed/CC 7/7 pendant 1 an, Benzos 7j/7 pendant presque 1 an, Kétamine/MXE pendant qq mois, GHB/GBL, MDMA tous les WE pendant plusieurs mois, et RC stimulants (beaucoup de 2-fma, 3-mmc et d'a-pvp)...

Et finalement un jour je me suis dis que ça ferait plaisir de retrouver cette chaleur que m'offrait la codéine, et pas TSO... C'était en Septembre dernier (2017). En 5 mois, j'ai lapidé des milliers d'euros en achetant de l'Héroine brune par paquets de 10g via le DN, et via un ami qui a une amie faisant de nombreux allés-retours soit dans le sud de la France ou aux Pays-bas.

J'ai donc complètement laché mon subutex pendant 5 mois (en m'envoyant parfois 32mg d'un coup pour palier (à peine) le manque entre les livraisons en retards, ou les plans foireux). Je me suis fais porté à ma demande "inapte" auprès de la médecine du travail (...à oui ça faisait 1 an et demi que j'étais en arrêt maladie pour "burnout" (plutôt abus de stims et de nuits blanches mur), donc je suis maintenant au chômage, et ma copine m'a quitté il y a 2 mois car trop de mensonges (feuilles d'allus à droite à gauche, traces noirs sur les murs (ceux qui chassent le dragon comprendront surement) et l'impression que je n'allais jamais m'en sortir...

Cette rupture a été pour moi l'hécatombe, mais aussi la plus grosse opportunité que je n'aurai jamais pour me reprendre en main. Cela fait plus d'un mois que je reprends mon subutex après quelques jours de manques chez mes parents (et frères) qui sont d'un soutien incroyable et qui ne m'ont jamais laissé tombé et seront toujours là (je vous aime).

Alors qu'est ce qui fait qu'aujourd'hui je n'ai plus envie de produits

(à part quelques stimulants encore pour le moment, je ne vais pas mentir, mais c'est plus pour tuer l'ennui qu'autre chose en ce moment car les jours où je suis occupé, non seulement je n'en prends pas mais n'y pense quasiment pas, du moins pas d'envie impérieuse de consommer)

: C'est que je me suis finalement dit que peut être que si mon addicto m'a passé de 8mg à 12mg c'est qu'il y a surement une raison.

J'ai oublié d'expliquer que l'augmentation s'est faite suite aux incidents avec les dérivés de fentanyl ... j'ai fais un sevrage ultra brutal de l'acryl-fentanyl en passant d'1g étalée sur la semaine à RIEN... même 1/2g de furanyl-fentanyl ou butyr-fentanyl n'ont pas calmé le manque qui, contrairement au manque de codéine pointant le bout de son nez progressivement sur 2 jours, celui de l'acrylfentanyl est venu en 10min après la dernière prise... c'était pire que la fois où j'ai fais l'erreur de prendre mon subutex par dessus une dose d'héroine (syndrome de sevrage précipité). J'étais chez mes parents ("par chance") et j'ai vécu l'enfer. J'avais quitté cold turkey la codéine (avant de rechuter 10j plus tard) de 500mg à rien, ce qui était une promenade de santé à côté.

Je ne pouvais plus marcher, ma mère m'enroulait dans des serviettes de bain géantes pour éponger les litres de sueurs, qu'elle changeait toute les heures, je hurlais de douleur en m'étirant / recroquevillant 50 fois / minute à cause des jambes "sans repos", j'avais l'impression qu'on m'électrocutait le crane, j'avais des sortes de bouffées délirantes et bien entendu la classique sensation d'être à la fois frigorifiée tout en crevant de chaud (et inversement tongue). Par "chance", le sevrage de ce dérivé de fentanyl (à très courte durée d'action) était très bref (24h-36h à en baver réellement et très vite ça redevient plus "classique". C'est comme si on avait condensé un sevrage plus long sur une très courte période, et donc tout est beaucoup plus intense.

Pour en revenir à l'augmentation du subutex que je prenais depuis plus d'1 an à 8mg mais que je refusais de prendre à 12mg (ne voulant pas être "plus dépendant" lol), et bien j'ai réalisé que 8mg n'était tout simplement pas suffisant car dès lors que j'ai commencé à prendre mes 12mg en 1x, sous la langue et non sniffé, je n'ai plus aucune envie de codéine et encore moins d’héroïne (Je ne suis pas injecteur, je ne sais pas si cela aurait changé la donne).

Pour conclure et faire le lien avec ton histoire, j'étais très longtemps dans une logique paradoxale où je n'assumais pas / n'acceptais pas l'idée d'être sous TSO, tout en voulant garder n'importe quelle "béquille" médicamenteuse du moment que ce soit un opiacé / opioid, peu importe si c'est à vie, tant que je peux profiter des effets.

Après 3 ans, ce n'est que très récemment que je comprends vraiment l'intérêt du TSO, et surtout la qualité de vie que cela m'apporte. Alors je sais que tu n'es pas dans cet état d'esprit à l'heure où j'écris ces lignes, mais pour moi la différence s'est faite au moment où j'ai arrêté de considérer mon Subutex comme une fin en soit pouvant m'apporter un peu de bien-être (pour ne pas dire défonce mais si le terme est un peu fort pour qualifier ce que cela me procure) mais juste un petit bonus dans une vie où je cherche mon bien-être ailleurs que dans les produits (bon il aura fallu que je me brûle un peu les ailes avant d'en arriver là, et c'est sûr que certaines de mes expériences associent désormais certains produits à du malheur et beaucoup de chagrin (héroine & fentanyl en l’occurrence).

Je disais, bien plus haut, que j'avais un peu peur que l'accès à tous les produits du DN te fassent faire certains choix que j'ai moi-même fait, et dont certains sont des regrets, d'autres de bonnes leçons pour l'avenir.

Je n'ai absolument pas de conseil à te donner vis à vis de si tu dois ou non envisager un TSO sur le long terme (méthadone ou subutex). Toutefois, j'aurai tendance à dire :

- Si tu penses réussir à diminuer progressivement la codéine en stimulant ton système de récompense autrement (comme le sport par ex), tout en acceptant l'idée que le chemin sera surement pas une promenade de santé et que le processus peut prendre beaucoup de temps (disons que d'un point de vu relatif, le temps est toujours long lorsque l'on ne se sent pas bien, mais à l'échelle d'une vie ?). Je ne le cache pas, j'ai personnellement échoué 3-4 fois et cette option n'était, au regard de ma nature, ma fragilité émotionnelle et mon état d'esprit à cette époque, vouée à ne jamais être un succès

- Si tu sais qu'il est impossible que tu renonces à des extras, et au regard des produits qu'il t'es possible d'obtenir, le subutex est plus safe que la méthadone (perso avec ce que je me suis envoyé, si j'avais eu de la méthadone dans le sang, j'y aurai peut être laissé ma peau... peut être je dis

- Si tu veux te discipliner avec un TSO un peu plus "chaleureux" (bon ne prend pas pour argent comptant cette idée car je n'ai jamais pris de methadone de ma vie, mais il semble que tu as bien ressenti ce que tu attendais, mais d'après les différents témoignages, ce sentiment ne serait pas éternel ?) sans envisager d'extras, ou plutôt en appréhendant des extras avec extrême précaution

Si j'ai un bon conseil à te donner, c'est de ne surtout pas te retenir de faire part (sur le forum si tu veux mais surtout au personnel qui assure ton suivi addicto) de tes cravings, envies ou fantasmes, encore moins cacher le fait que tu ai succombé à des extras alors qu'on te délivre ton TSO, de même si tu fais le yoyo avec tes dosages... J'ai été longtemps têtu, pensant pouvoir gérer ce que je faisais en "douce" sans en parler à mon addicto (parce que pas envie qu'on me fasse la morale, pas envie qu'on me juge etc etc.), mais je me suis rendu compte que parler de toutes ces choses que je voulais garder pour moi, à a chaque fois conduit à une évolution positive de mon approche vis à vis des produits, et de manière plus générale, une amélioration de ma santé et de ma vie.

Désolé pour le pavé mais je ne me suis encore jamais vraiment exprimé, et je n'ai pas encore beaucoup témoigné. Je lis beaucoup de témoignages de "vétérans" qui m'ont beaucoup appris, bien que nous ayons tous une "caractéristique/particularité" profonde en commun, je ne me retrouve pas forcément entièrement dans ces histoires car chaque génération vis différemment son/ses addictions selon son environnement et la façon dont ce dernier évolu. Ainsi, les similitudes que je perçois dans nos histoires (ce que j'en ai compris tout du moins) m'ont donné envie de te faire part de mon expérience, en espérant que cela ne vienne pas te perdre encore plus wink 

Si tu veux échanger, je serai ravis, de même si tu as la moindre question, je t'invite à ne pas hésiter

Dernière modification par Harfonte (09 mars 2018 à  04:50)

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