L'après sevrage de la codéine...une quête sans fin ?

Bonjour,

Je me pose cette question depuis 9 mois que j'ai fini mon sevrage dégressif de la codéine. Ce n'est pas un parcours facile quoique certains puissent écrire car vers la fin, c'est physiquement éprouvant, surtout si on en a pris beaucoup et longtemps comme moi.

Mais j'ai la chance de ne pas souffrir de craving, ni pendant, ni après. Moi mon souci, ce sont certaines manifestation physiques nées en cours de sevrage et qui sont encore là 9 mois après l'avoir terminé (ces ignobles impatiences nocturnes toutes les nuits de 6 à 7 heures de suite ont heureusement disparu en mars 2018).

Ce qui reste c'est une tension physique intense, une sensation désagréable à douloureuse comme si le sang refluait des bras en raclant les vaisseaux ou me mettait les nerfs à vif. A gauche, ça donne une sensation d'oppression autour du coeur (tout va bien, il n'a rien), des douleurs intercostales sous le coeur et derrière à gauche, puis ce sont les mains qui me font mal comme si je les avaient figées en crochet des heures durant, enfin, j'ai cette désagréable impression que mon ventre et mon sternum vont exploser sous la pression (alien...). La tension nerveuse et bien c'est moi sans codéine, enjouée, vive, nerveuse, mais puissance 10. Je suis frénétique, je parle, je ris, je saoule et me saoule, je m'épuise, mais le souci c'est qu'avec tout ça je fais de l'insomnie.

Alors voilà, quand j'ai fini mon sevrage, l'addicto ma prescrit 10 mg de valium car c'était vraiment dur physiquement et le but était juste d'apaiser ces sensation déplaisantes. Il n'a pas suffit à couvrir ces sensations jusque fin juin mais peu à peu j'ai vu les manifestation régresser en douceur. Début juillet, du jour au lendemain, je n'ai plus eu de tension physique, la tension nerveuse redescend à un niveau acceptable et je dors enfin normalement.

Je me dis, ça y est, c'est fini et j'insiste fin juillet pour baisser le valium. L'addicto pense que ce n'est pas le bon moment mais comme je suis têtue elle me rend la main fin août et je passe à 7mg. Pendant 7 jours, les tensions sont revenues avec l'insomnies en montant crescendo, puis ça a commencé à redescendre et je me suis dit, bon Ok, ça va rouler tout seul, dans 3 mois je ne prends plus de valium.

Sauf que les 6 semaines suivantes ça s'est figé à un niveau qui était environ celui où j'était fin mars, soit une vrai régression de mon ressenti. J'étais en colère en me disant que ce foutu valium m'avait rendue addict alors que je m'en fous royalement, je n'ai aucune sensation en le prenant. Sauf qu'un soir en buvant un coup avec mes copines, il m'est arrivé une expérience flippante qui m'a fait comprendre que le problème n'était pas là.

Un petit cocktail sous codéine ou avec 10mg de valium c'est pareil pour moi. Comme je ne bois presque jamais j'ai un peu chaud, je suis joyeuse et un chouia pompette mais c'est tout. Là, j'ai ressenti une énorme chaleur dans l'oesophage, le ventre puis une onde de chaleur m'a fait disjoncter le cerveau car je me suis retrouvée pendant 1mn environ coupée du dehors, toute à ma sensation de plaisir intense, comme une 1ère prise de codéine ou plutôt comme la piqure surdosée de morphine qu'on m'a fait une fois à l'hôpital après une opération, les hallucinations en moins. C'est la panique qui m'a fait reprendre pied mais la sensation de plaisir déplacé a duré 3 longues heures.

J'ai compris que cette réaction était anormale. Mon addicto m'a bien sur engueulée en me disant qu'avec mon entêtement  je risquais de mettre part terre la réussite de mon sevrage et elle a repris la main en me repassant à 10mg de valium. Bien entendu, tout a disparu dès que je suis remontée à 10, je n'ai plus de tension physique, la tension nerveuse est redescendue et je dors de nouveau.  3mg de valium, c'est donc ce qui me sépare de sensations déplaisantes dont l'accumulation m'a rendue misérable, alors que là je suis en pleine forme, d'autant que le valium que je prends vers 23H ne me plombe pas, contrairement à la codéine qui m'abrutissais.

Si j'ai compris ce que m'a dis l'addicto c'est qu'une fois le sevrage fini, on ne se remet pas comme ça de 10 ans d'addiction à la codéine. Il faut du temps et même si je n'éprouve pas d'envie, mon cerveau lui il a encore ce besoin et faute de codéine il a pris son pied de manière disproportionnée avec l'alcool, car le valium ne couvrait plus assez mes besoins pour le calmer. J'ai bien sur lu le sujet sur le PAWS mais je n'y voyais pas un état permanent, juste des trucs qui vont et viennent sur une durée qui peut aller jusqu'à 2 ans.

Je ne sais pas si quelqu'un peut me répondre car c'est vrai que le sevrage dégressif de la codéine est moins pratiqué que le TSO qui est souvent pris pendant des années. Ce que je vis, c'est ça le PAWS ? C'est normal que ce soit continu sans valium ? Est-ce que cela va régresser et un jour me permettre de baisser le valium ou est-ce que je peux me retrouver coincée comme ça à vie sans amélioration?

J'ai fini par me raisonner sur la peur de l'addiction secondaire car je n'ai aucun désir pour le valium, c'est une béquille utile et même si j'y suis accoutumée, je sais que je pourrai supporter le manque, du moment que le reste aura régressé ou disparu. Par contre, l'idée que je vais peut être devoir prendre du valium des années ou un jour passer à un TSO parce que je ne peux pas aller mieux me fait flipper.

Je me rêve sans médoc mais je commence à me dire que je n'y arriverai peut être pas...

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Bonjour, oui on peut dire que c'est un PAWS.

https://www.psychoactif.org/psychowiki/ … de_sevrage

Mais c'est une notion encore peu connue et peu étudiée, donc pour le traitement etc.. il y a beaucoup d'incertitudes. En plus tu as deja fait beaucoup de ce qui est généralement conseillé.
Donc ça va sûrement s'améliorer avec le temps mais est ce un problème de semaines ou de mois ? difficile de te répondre. Par contre c'est sûr que tu es dans la bonne direction. Et pour le valium n'aie pas trop de complexes no de scrupules. Si ça t'aide c'est bien.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Merci beaucoup Prescripteur,

J'avoue que je me sens un peu perdue car j'ai jeté toutes mes forces dans mon sevrage dégressif sans comprendre qu'il y aurait un après qui ne serait pas facile.

Je croyais comme une idiote que c'était pour un TSO qu'on en prenait pour des années. C'était d'ailleurs une des raisons pour ne pas suivre ce protocole. Je m'étais lourdement trompée.

Pour le valium, malgré ma tête de pioche, j'ai pris sur moi de ne plus culpabiliser ou d'avoir peur. J'en ai besoin et c'est comme ça car avec mes 10mg de valium je suis en pleine forme et sans aucun symptôme. Je vais continuer en espérant que ça va se compter en mois et pas en années pour en finir...

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Je plussoie ce que t'as écrit Prescripteur pour avoir vécu ce fameux PAWS il y a fort longtemps après quelques années Héroïne puis 5 ans de codéine.

Comme les addictologues de années 80 à 90 ne s'y connaissaient pas encore des masses, j'ai été malheureusement sevré sec de 300 mg de tranxène/jour en mêm temps que l'opiacé.
J'en ai tellement chié que j'ai terminé alcoolo dépendant bien dans les règles.

C'était il y a trente ans. Aujourd'hui, je vis super peinard avec un TSO et j'ai encore besoin de 4 mg de Valium par 24 heures pour rester dans un équilibre bien assis sur ses trois pieds de tabouret.

Si tu en as besoin, ne te prives surtout pas de ce médicament dont 3 mg de moins peuvent te pourrir l'existence. Cette dose est basse et facile à sevrer doucement en passant par le Valium 2 mg quand le temps sera venu.

Surtout, ne cherches pas à accélérer un processus qui se doit d'être lent afin d'équilibrer tout un tas d'hormones et de neurotransmetteurs qui sont en vrac après un sevrage.

IL n'y a aucun mal à se faire du bien.

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#5 
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Shaolin femme
Modératrice à la retraite France
02 octobre 2018 à  19:02

Lilas24 a écrit

Pour le valium, malgré ma tête de pioche, j'ai pris sur moi de ne plus culpabiliser ou d'avoir peur. J'en ai besoin et c'est comme ça car avec mes 10mg de valium je suis en pleine forme et sans aucun symptôme. Je vais continuer en espérant que ça va se compter en mois et pas en années pour en finir...

T'as bien raison de ne pas culpabiliser.
Et ne te prends pas la tête avec des notions de durée "mois, années".
Si tu en as besoin plusieurs années pour retrouver un équilibre, j'ai envie de te dire "et alors??".
L'important est que tu sois bien dans tes pompes. Comme dit Filou, tu as besoin de retrouver un réel équilibre avant d'envisager quoique ce soit.

Je me suis battue des années contre ma métha, mais maintenant je me bats avec elle (et j’abats cent fois plus de choses dans ma vie). J'ai décidé de la prendre tant que j'en aurai besoin, sans penser à combien de temps ça prendrait, car j'ai autre chose à faire que de penser tout le temps "diminution,sevrage..."
Et ça m'a changé la vie!
Peut être qu'un jour je diminuerai, pour l'instant jsuis bien et je n'ai pas envie de casser un équilibre que j'ai mis tant d'année à retrouver.

Donc comme tu dis, pas de culpabilité!
Amicalement


Faut rien regretter... Revendique tes conneries, elles sont à  toi. Et surtout, vis à  fond! On vieillit bien trop vite. La sagesse, ça sera pour quand on sera dans le trou.        Jacques Brel

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Merci à vous tous.

Vous ne pouvez pas savoir à quel point vos retours me font du bien. Je me demandais si j'étais une devenue une chochotte chouineuse après tous les efforts accomplis pendant le sevrage dégressif de la codéine ou si j'avais un truc qui clochait avec cette énorme tension intérieure et les insomnies qui en résultaient.

Je ne vais plus culpabiliser avec le valium. J'en ai besoin et il viendra un moment où je pourrai le diminuer mais je laisse la main à mon addicto, elle ne s'est jamais trompée dans tout ce qu'elle a fait depuis fin juillet 2017 qu'elle me suit.

Psychoactif, c'est une béquille humaine de premier ordre car si je suis bien entourée, personne en dehors de vous ne peut vraiment comprendre ce qu'est une addiction, même avec toute la bienveillance du monde.

Je travaille avec mes 2 de mes amis les plus proches (je leur ai tout dit quand j'ai consulté en CSAPA) et j'ai bien vu qu'ils étaient déconfits de me voir totalement perchée et tendue comme un arc toute la journée pendant près de 6 semaines  quand j'avais baissé le valium à 7mg et stupéfaits que du jour au lendemain à 10mg je sois de nouveau en top forme, bien plus sereine et calme.

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Lilas24 a écrit

Psychoactif, c'est une béquille humaine de premier ordre car si je suis bien entourée, personne en dehors de vous ne peut vraiment comprendre ce qu'est une addiction, même avec toute la bienveillance du monde.

Merci d'avoir saisi l'essence même de l'utilité de notre forum. Un vécu ne peut pas être remplacé par la bienveillance et de plus rien ne permet de les comparer.

La sincérité du dialogue, même virtuel avec des personnes ayant enraciné dans leur corps le vécu d'un après sevrage associé à la bienveillance d'une équipe médicale, on arrive à quelque chose de nouveau et intéressant comme auraient écrit les anciens d'Actuel.

Allez, la vie avance tant qu'elle est là !

Amicalement

Fil


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Je suis très touchée par tes propos Filousky et cela d'autant plus qu'en évoquant Actuel, cela a un énorme écho en moi.

Mon père était un lecteur invétéré de ce magazine et j'ai formé toute une partie de mes convictions dès l'adolescence en commentant avec lui ce que j'avais lu et compris.

Ce magazine me manque beaucoup (tout comme les discussions à bâtons rompus sur tous les sujets avec mon père d'ailleurs) et je ne suis pas surprise qu'une personne ayant aimé le lire puisse me répondre ainsi.

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