[ Addiction ]
La toxicomanie est une maladie, juge le Tribunal fédéral

#1 
GinGon homme
Apprenti Astronaute Suisse
11 août 2019 à  11:51
Bonne nouvelle pour les Suisses,
Les personnes souffrant de dépendance pourront faire une demande pour avoir une rente AI (assurance invalidité).

https://www.google.com/amp/s/amp.rts.ch … deral.html

Pour le Tribunal fédéral, la toxicomanie est une maladie qui peut ouvrir le droit aux prestations de l'assurance invalidité, un changement majeur de la jurisprudence en la matière.
Dans un arrêt publié lundi, le Tribunal fédéral a donné raison à un Zurichois toxico-dépendant qui revendiquait le droit à une rente AI qui lui avait toujours été refusée, parce que la jurisprudence estimait jusqu'ici qu'une personne dépendante était elle-même responsable de son état, et que son problème pouvait sans autre être résolu par un sevrage.

Une rente AI ne se justifiait que lorsque la toxicomanie engendrait une maladie, provoquait un accident ou était la conséquence d'une maladie. Mais depuis lundi, le Tribunal fédéral estime qu'il faut tenir compte du point de vue médical. Qui indique qu'une dépendance correspond clairement à un phénomène ayant caractère de maladie.

Rente couplée à l'obligation de traitement

Tout comme pour les autres troubles psychiques, il faudra examiner à l'avenir jusqu'à quel point un syndrome de dépendance influence la capacité de travail. Et, dans certains cas, accorder une rente invalidité. Celle-ci sera couplée à l'obligation de diminuer le dommage par des traitements médicaux, un sevrage ou toute autre mesure en faveur de la réinsertion.

Une rente AI pour les toxicomanes devient donc possible, mais en principe pas pour la vie.


Je ne veux pas avoir la liberté de modifier ma conscience. Je veux avoir le droit de le faire dans de bonne condition.

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#2 
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Yog-Sothoth
Hackeur Vaillant
12 août 2019 à  00:52
Hum, je ne sais pas si c'est vraiment une bonne nouvelle. Ici, sur psychoactif, on se bat pour déconstruire les préjugés comme quoi l'usager de drogue est un malade. c'est même écrit dans la chartre.

Du coup, même si ça part d'un bon sentiment, est ce que ça ne risque pas au fond de renforcer les préjugés que nous combattons ?

Il existe ici des tuto détaillé sur le DeepW. Je ne répond pas aux MP de ceux qui ne les ont pas lu.

ECC: C94BCD0576D57A0CA3794151ED410079F18D2ED8
RSA: 0A0279F87BDD585E90653DE8B6E90802FF520AFE

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#3 
GinGon homme
Apprenti Astronaute Suisse
12 août 2019 à  01:14

Yog-Sothoth a écrit

Salut,
Alors déjà oui je suis totalement d’accord avec toi c’est vrai que quand on me dit qu’une personne dépendante est considérée comme malade ou même invalide ça me fait grincer des dents.

Sur la forme effectivement je trouve ça vraiment moche, mais sur le fond je me dis que ça peut-être vraiment utile pour des personnes dans le besoin qui aimerait se sevrer (ou de trouver une forme de stabilité avec un TSO même si il est dit que les personnes ayant droit à cette rentes devront diminuer progressivement leur dosage).
Et vu quand Suisse nos services médicaux sont moins remboursés qu’en France cela peut-être d’une grande aide pour certains je pense.

Mais oui je penses que ça renforce aussi les préjugés surtout dans la façon dont c’est présenté. (Sur le liens la première vidéo est bien glauque je trouve).

Je disais bonne nouvelle pour les personnes que ça pourrait aider, mais effectivement sur l’ensemble je ne sais pas si s’en est une. Désolé si je me suis mal exprimé.

GinGon


Je ne veux pas avoir la liberté de modifier ma conscience. Je veux avoir le droit de le faire dans de bonne condition.

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C'est hyper interressant comme débat...

Si les conduites addictives peuvent etre vues comme une maladie, la simple conso n'est est pas forcément une non plus.
Réduire l'usage à une maladie, c'est reconnaitre une forme de fatalité et une incapacité à faire autrement, comme si ça anihile tt volonté, possibilité de choix...

D'un autre coté, il me semble que les avancées majeures dont on a pu bénéficier, ça partait un peu d'une sorte de "charité envers les malades" (que ce soit pour soigner l'addiction, ou freiner l'essor du VIH par ex...)

J'aime pas les postures infantilisantes en mode "on va te sauver de toi même", mais j'attends peu de compassion / efforts si les consos sont vues comme un choix plutot qu'une maladie irrépressible...


Pour la décision suisse, ça peut aider certains usagers, réduire la précarité, mais ça ne sera pas aidant pour tout le monde...

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#5 
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janis femme
Adhérent PsychoACTIF France
13 août 2019 à  11:12
Oui je rejoins marla: tout dépend de l usage qui est fait de la substance. Si la personne se sent en danger, si elle appelle a l aide, alors ça peut être un bon dispositif. Mais il ne faudrait pas mettre tous les usagers sur le même plan .

De la même façon que tous les usagers d alcool ne se battent pas contre une dépendance.

Bisous
Janis

J'ai pour me guérir du jugement des autres, toute la distance qui me sépare de moi-même

A. Artaud

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#6 
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Hilde femme
Adhérent PsychoACTIF France
13 août 2019 à  12:21
Je vous rejoins: ça dépend du contexte.

Pris isolément, user des drogues n'est pas le signe d'une maladie, et je pense même que l'addiction n'est pas une maladie comme les autres...

Mais en embrassant plus largement le contexte, dans certaines situations on peut retrouver en amont ou en aval de l'usage de drogue quelque chose de pathologique qui peut bénéficier de soins médicaux.

En droit c'est souvent tout noir ou tout blanc : soit  la personne est responsable de sa "toxicomanie" soit elle ne l'est pas, auquel cas elle est décrétée malade et peut bénéficier d'une prise en charge.

Tant que ce n'est pas la règle qui définit la réalité c'est peut-être un moindre mal. Mais avec le temps souvent les choses s'inversent...

Ce n'est alors plus la réalité de l'usage de drogues qui inspire les règles de fonctionnement de l'assurance-maladie mais les définitions de l'assurance-maladie qui nous imposent leur perception de la réalité.

Faut pas chercher midi à quatorze heures -
"19 heures c'est un peu tôt"

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Bonjour, on peut voir les choses autrement. Si l'on regard la définition de l'AI elle répond à une invalidité, quelle que soit la maladie ou l'accident.

https://www.ahv-iv.ch/fr/Assurances-soc … A9#qa-1228

Dans quel cas une personne assurée bénéficie-t-elle d'une rente d'invalidité ?

Lorsqu'une mesure de réadaptation n'est pas couronnée de succès.
Une rente d'invalidité n'est octroyée uniquement si les mesures de réadaptation n'atteignent pas ou que partiellement leurs objectifs.

Donc ce qui motive l'AI c'est l'invalidité et non sa cause. Ce qui était anormal en fait c'est qu'on invoque la "responsabilité" de la personne (justifiant le refus de prise en charge), alors qu'on ne l'invoque pas pour le mal de dos, l'infarctus du myocarde, la psychose etc..

Donc je pense qu'on est tout à fait dans les valeurs de PA. Une personne qui consomme de l'alcool, des substances illégales, des comportements à risque etc.. mais chez qui cette consommation n'entraine pas d'incapacité de travail et de salaire,n'est ni malade ni invalide et ne relève pas de l'AI.

Mais si elle présente une incapacité à travailler et donc à subvenir à ses besoins, il est logique de l'aider financièrement à survivre, même si on considère qu'elle est en partie "responsable" de cette invalidité. Le juge considère en effet que l'addiction , lorsqu'elle entraine une invalidité n'est pas une question de choix mais de "maladie".

Amicalement


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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#8 
Rick
Adhérent Psychoactif
13 août 2019 à  13:38
Il y a des comportements maladifs avec les drogues. Ça existe.  C'est rarissime mais ça existe. Pour eux je trouve que ça peut être pertinent mais pour la majorité, c'est une très mauvaise nouvelle et approche.

Je hais quand les alcooliques se déclare malade, la seule solution c'est l'abstinence et quand ils tombe au fond du trou mentalement car ils ont bu une goutte. En tant que usagers de drogues ça me hérisse les poils.

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#9 
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similana homme
Psycho junior Suisse
14 août 2019 à  00:58

C'est considéré comme une maladie psychique depuis fin 2012, pour des questions de prise en charge par l'assurance-maladie.

L'intérêt de cette "re"décision du TF est que l'addiction sera considérée comme n'importe quelle affliction physique ou psychique pouvant engendrer une incapacité, totale ou partielle, de travailler.

L'AI (assurance invalidité) considérait que l'addiction, la dépendance, la toxicomanie, la junkie's attitude, les drogué(e)s - on s'en fout du terme, même si on devrait employer le terme addiction bordel à cul - avaient pour conséquences pathologies et autres délabrements dont l'éventail enrhumerait un ours polaire. Sauf que la personne est responsable de s'être délibérément infligée cette situation, et de ce fait n'entrait pas en matière avec cette clientèle. Coupable d'être malade (je ne parle pas de conso, mais de ses conséquences).

Mon avis est que c'est l'Ai est l'option la moins chère sur la durée, destinée aux vieux -ielles tox. J'y vois-là une injustice enfin corrigée, chaque victoire est importante, mais celle-ci déchire sa race de sa mère!!!


Les ténèbres n'existent pas. Nous errons dans le noir car aveuglés par trop de lumière !

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Sim, merci de ta réponse. Il faut bien comprendre que c'est dans un contexte suisse, qui est différent du contexte français de prise en charge de l'invalidité.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Rick a écrit

Je hais quand les alcooliques se déclare malade, la seule solution c'est l'abstinence et quand ils tombe au fond du trou mentalement car ils ont bu une goutte. En tant que usagers de drogues ça me hérisse les poils.

Si je peux me permettre, sans vouloir être désagréable, se dire malade est une chose, et si on s'arrête à ce terme creux, on ne peux pas vraiment savoir, ni comprendre se qui se cache dérrière. Se dire malade, c'est déjà accepter de se faire aider. On peut aussi assumer son alcoolisme comme un forcené, mais faut tenir la durée. S'il faut attendre une catastrophe pour commencer à douter, ou attendre que d'autres problèmes se greffent par dessus... l'alcool est une solution, on boit pas pour être malade. Il y a autant de cas que d'individus je pense. Je lis plus souvent d'histoires de décrochages aux drogues que de calvaire alcoolique (qui l'alcool dissimule trés bien), pourtant il y en aurait à raconter...

Amicalement.

Dernière modification par krash (14 août 2019 à  14:18)

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