le docteur Escoffier-Lambiotte et le LSD en France

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janis femme
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Bonjour,

Je relaye ici un premier texte de Zoe Dubus sur la façon dont une série d'articles du docteur Escoffier-Lambiotte a signé la fin des essais en clinique avec le LSD en France.

Je relaierai ses passionnantes analyses sur cette question au fur et à mesure.

Bises
Janis

Zoé Dubus, SFP:

"Il y a 54 ans, Le Monde publiait la fin d’une série de trois articles qui allaient sonner le glas des études sur le LSD en France.

Le 21 avril 1966, tandis que, selon la préfecture de police de Paris, il n’y a pas de traces d’usage de la substance dans le pays malgré une surveillance « active », Le Monde publie un premier article d’une série nommée « Les poisons de l’esprit », enquête sur « la vague de folie collective qui emporte aujourd'hui la jeunesse américaine. »

Cette trilogie est l’œuvre de la médecin Claudine Escoffier-Lambiotte. Elle va lancer la vague de panique morale à l’encontre du LSD en France et déboucher, seulement deux mois plus tard, sur le vote de l’interdiction de la substance hors cadre médical, signant du même coup l’arrêt des études cliniques.

Le contenu de ces articles vise à alerter les français·es au sujet de la drogue « la plus dangereuse » : le LSD. Celle-ci serait en passe de provoquer la « désintégration psychique » de toute une génération de jeunes adultes aux Etats-Unis et menacerait désormais la France.

L’autrice décrit les Etats-Unis comme submergés et impuissants face à la consommation massive de LSD, dans les universités et même les collèges. Le produit est qualifié d’« arme chimique » : dans le contexte tendu de la Guerre Froide, cette comparaison est terrifiante.

Les « acid party » conduiraient les jeunes à des actes insensés : « L'agitation est alors très grande ; le jeu de la « corrida » s'organise ; il consiste à se jeter au milieu des voitures, un jour de grand trafic, pour défier les dangers d'un monde extérieur qui n'est plus. »

Ce « scalpel mental » ferait ainsi croire à « un paradis où l'on croit trouver la fin des dépendances, la vérité et la liberté suprême, alors qu'il n'est guère, aux yeux du médecin, de forme plus avilissante et plus mensongère de la servitude humaine »
L’article se montre très alarmant : cette substance, qui serait la cause aux USA des mouvements de contreculture (manifestations anti-guerre du Vietnam, luttes féministes et anti-raciales, mouvements de défense des droits LGBT, refus de la société capitaliste…) serait en train d’ « envahir » la France.

A l’appui de cette allégation, la journaliste, elle-même médecin, se base sur le témoignage du docteur Bensoussan, de l’hôpital américain de Paris. Il affirme ainsi que 75% des étudiants du Centre américain pour étudiants et artistes du boulevard Raspail auraient eu une expérience avec le LSD.

Or, quelques jours après la publication de l’article, Le Monde publie une lettre du directeur de ce centre, « stupéfait » que de telles allégations frauduleuses figurent dans ce journal.
Bensoussan, contacté, avoue que ces chiffres sont approximatifs mais qu’il croit « du devoir de chacun de nous de prendre conscience du danger réel que peut représenter l’extension de cette nouvelle forme d’intoxication ».

Ce chiffre de 75% a donc été utilisé en sachant qu’il était extravagant, dans le but de susciter la peur du produit. Il n'est pas rare à l'époque de trouver ce type de publications mensongères publiées pour susciter la peur du LSD.

Des médecins sont d’ailleurs condamnés pour avoir diffusé dans la presse de fausses affirmations concernant des accidents dus à la substance, comme ce directeur du Bureau des aveugles de l’État de Pennsylvanie, qui affirme en 1968 que six étudiant·es ont été frappé·es de cécité totale et permanente pour avoir longuement fixé le soleil après avoir pris du LSD. Suite à une enquête de police qui découvre la supercherie, le docteur déclare avoir agi de la sorte parce qu’il était inquiet de l’usage croissant du LSD par les adolescents. Or ces démentis de quelques lignes n’ont évidemment pas l’impact des articles originaux : cette histoire de cécité est présentée dans la plupart des travaux scientifiques sur la substance, même les plus favorables.
Le corps médical diffuse donc dans la société l’idée selon laquelle le médicament serait une substance dangereuse, impliquant un haut degré de technicité pour le manier, dont seul le médecin serait en mesure d’évaluer la pertinence d’une consommation.

On peut s'attarder sur l’usage dans l'article d’un champ lexical particulièrement orienté avec des expressions comme : "plantes maudites", "sordide", "visages de terreur", "angoisse mortelle", "pitoyable", "servitudes", "profonde tristesse", "suicide", "angoisse intolérable", "visions terrifiantes", "morts intellectuelles", "cauchemar", "restent prisonniers", "fléau national", "bête noire", "arme psychochimique", "effets violents", "répandre ensuite la graine empoisonnée dans les écoles", "crime collectif", "désarroi", "désastre".

Pourtant, le LSD est encore à cette époque surtout un médicament, l'un des plus étudiés au monde pour la période 1950-1970. Les scientifiques étudient ses bienfaits dans de nombreuses applications : soulagement de la douleur, traitement des addictions, réduction de l'anxiété des personnes en soins palliatifs, dépression, troubles sexuels... Or, cet aspect thérapeutique est absent des articles d'Escoffier-Lambiotte.

Pause et demain on verra comment cet article a fait boule de neige et a donné lieu à une vague de publications anti-LSD ayant mené à l'arrêt des études cliniques en France!"

J'ai pour me guérir du jugement des autres, toute la distance qui me sépare de moi-même

A. Artaud

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Mister No homme
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Encore un splendide travail d'Histoire.
J'attends la suite. Ce serait cocasse d'accéder aux articles de l'époque.
Merci du partage.

Dernière modification par Mister No (24 avril 2020 à  11:32)


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Ocram homme
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Merci du partage Janis, comme toujours tu nous trouves de jolies perles!

Ocram

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janis femme
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Mister No a écrit

Encore un splendide travail d'Histoire.
J'attends la suite. Ce serait cocasse d'accéder aux articles de l'époque.
Merci du partage.

Je suis sur le coup pour essayer d'accéder aux articles, si j'y arrive je les mets ici.

Janis


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A. Artaud

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janis femme
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Hello,

Alors je mets un premier article, paru en 1966 dans le Monde.
Avant de commencer l'article, il faut avoir en tête qu'avec le docteur ESCOFFIER-LAMBIOTTE, on est dans la diabolisation de la Drogue, apparentée à l'adoration du Diable. Il parle d'ailleurs de chaire du Diable quand il aborde les champis. Pourtant ses articles sont intéressants, on y trouve une posture de la société par rapport à la jeunesse, par rapport à une substance qui en 66 est une outil exploratoire et thérapeutique en psychiatrie et en neurosciences.

On y trouve aussi tout un vocabulaire extrême (il parle de "drame humain", des psychédéliques comme " des plus redoutables, les plus irrémédiables de ces poisons de l'esprit"); on trouve ce type de vocabulaire et de ton dans les anciens textes de l'inquisition, je pense notamment ici au Malleus Maleficarum (Marteau des sorcières, XVe siècle) et à la façon dont on y parle des femmes. Quel rapport avec les psychédéliques? Ce ton employé entre attirance, curiosité et rejet quasi biblique de la substance. Comme si un combat du mal avec le bien se jouait dans le fait d'interdire les psychédéliques.

On y trouve aussi toutes les légendes urbaines sur le fait de rester perché, les suicides, la tendance à la défenestration etc. (extraites : " ; il arrive aussi que le voyage soit sans retour et se termine par un suicide, effectué souvent par défenestration, sous le coup d'une angoisse intolérable ou de visions terrifiantes.")

Bon je me retire et vous souhaite une bonne lecture

Janis


"I. - Des Aztèques à l'arme chimique
L'homme a cherché depuis la nuit des temps à s'arracher aux conditions terrestres, à rompre l'ennui ou l'angoisse de sa vie quotidienne, à percevoir, dans un au-delà qui serait un refuge, la justification de sa souffrance et de son désarroi. La passion chez les uns, l'ivresse toxique chez les autres, conduisant à l'oubli ou au dépassement, ont tenu ce rôle de " paradis artificiel " ; un paradis où l'on croit trouver la fin des dépendances, la vérité et la liberté suprême, alors qu'il n'est guère aux yeux du médecin de forme plus avilissante et plus mensongère de la servitude humaine. Le drame qui se déroule depuis trois ans aux États-Unis, et que nous commençons à connaître en France, relève lui aussi de cette quête éternelle vers " le sublimé ou l'innommable ", de ce désir d'évasion facile qui jette tant de désaxés et trop d'intellectuels à la poursuite de drogues sans cesse plus efficaces et sans cesse plus nocives.

Par ESCOFFIER-LAMBIOTTE Publié le 21 avril 1966 à 00h00

Les hallucinogènes, le L.S.D., qui sont utilisés à cette fin et détrônent aujourd'hui les stupéfiants de Baudelaire, représentent sans conteste, et sous des aspects bénins, les plus redoutables, les plus irrémédiables de ces poisons de l'esprit.
Les Aztèques, qui les connaissaient bien, avaient su en limiter l'usage à des fins rituelles ; leur société était. sans doute mieux structurée que la nôtre, qui laisse déferler dans le silence et l'inaction la plus dangereuse vague de folie que le monde ait jamais connue.

Mexique : les Chichimèques au seizième siècle
Un médecin espagnol, Francisco Hernandez, et deux moines franciscains, Motolinia et Sahagun, décrivent, dans les chroniques monumentales qu'ils consacrent à l'histoire de las Cosas de Nueva España et aux mœurs des Aztèques, de bien étranges pratiques. Ces Indiens, disent-ils, ont une grande connaissance des herbes et des racines, et ils utilisent à des fins diaboliques une herbe, le " serpent vert ", dont la semence se nomme ololiuqui, un cactus, le peyotl, ou encore un champignon qu'ils nomment teonanacatl, ce qui signifie " chair de Dieu ", " et que j'appelle, moi, " chair du diable ", note Motolinia, " de ce diable qu'ils adoraient ainsi et qu'ils recevaient en communion avec cette amère nourriture ".

Lorsque les prêtres aztèques absorbaient des extraits de ces plantes, " ils voyaient mille fantasmes et mille démons et pouvaient converser avec leurs dieux " et des cérémonies se déroulaient régulièrement, au cours desquelles de nombreux Indiens consommaient du miel et ces plantes maudites ; " ils commençaient alors à danser ou à chanter, et certains sanglotaient ; d'autres ne voulaient plus penser et s'asseyaient à l'écart, immobiles, pétrifiés dans une attitude de profonde songerie ; d'autres avaient des visions et voyaient d'affreuses bêtes sauvages qui les dévoraient ; et d'autres encore se voyaient riches ou captifs, ou sur Je point de commettre un vol... Ceci pour une journée, car le lendemain ils pleuraient beaucoup ".

Le teonanacatl, ajoute Sahagun, " enivre, donne des étourdissements, rend violent, fait souffrir, rend triste et inquiet, incite à s'enfuir, effraye, pousse à se cacher ; celui qui en mange voit beaucoup de choses ; il terrifie les gens, les fait rire, s'étrangle, se précipite d'endroits élevés, pleure, est épouvanté ".

Cette étonnante description, qui pourrait être reproduite telle quelle dans les traités modernes de médecine ou de psychiatrie au chapitre des psychodysleptiques, ou à celui des armes chimiques, s'accompagnait des détails les plus précis concernant les plantes utilisées et la façon d'en extraire les principes hallucinogènes. Tradition transmise, semble-t-il, de génération en génération, depuis les temps reculés des civilisations précolombiennes.

Les autorités espagnoles, et surtout l'Église, s'opposèrent violemment à ces rituels magiques et firent tomber sur eux, et sur toutes les connaissances se rapportant aux drogues maudites, une chape de silence - et sans doute de sagesse - qui devait durer cinq cents ans.
Une douzaine d'étudiants hirsutes, américains pour la plupart, mais aussi anglais, allemands, Scandinaves ou même français, se réunissent dans une chambre d'hôtel sordide pour une " acid party ".

Ils entreprennent un voyage vers l'extase, un " trip ", comme ils disent, et leur véhicule est un petit carré de buvard imprégné d'une seule goutte d'une solution alcoolique et qu'ils absorbent sous la forme d'une boulette mâchée avec soin. Il leur en coûte 30 francs ; beaucoup moins cher que la marijuana ; d'autant moins que deux " trips " mensuels suffisent apparemment au bonheur de leur collectivité.
Un " Guide ", âgé comme eux d'une vingtaine d'années, mais qui a manifestement une grande expérience des drogues hallucinogènes, contrôle cette absorption ; la dose qui lui est réservée est plus faible que celle des impétrants, ce qui lui permet de garder une certaine lucidité, tout en atteignant cependant ce stade du délire mystique auquel s'établira le " contact " entre les délirants, d'une part, et le monde étrange qu'ils cherchent à découvrir de l'autre.

Son rôle, fort important, est tout d'abord d'ordre " métaphysique " : il explique à l'initié la signification de ses visions, taches colorées mouvantes et visages de terreur, de ses sensations, celle de perdra son corps et l'angoisse mortelle qui en résulte ; il lui fait ainsi franchir toutes les étapes de l'anxiété, du délire et de la dépersonnalisation pour le mener à l'abandon total, à ce stade de la plénitude et du bonheur où se trouve " la communion avec l'univers ".

Cette communion, qui est le but de l'expérience (de leur " recherche ", comme ils disent), conduit, paraît-il, à la connaissance de la Vérité, en un instant sublime " où le monde extérieur a perdu toute réalité "; Le silence est profond ; la communion avec le Guide est cependant complète, mais elle s'effectue sur un mode non verbal qui rappelle les expériences parapsychologiques. " Chacun pénètre totalement la pensée de l'autre. "

Quelques paroles - très profondes, mais d'une banalité pitoyable - ont été échangées cependant, avant que soit atteint ce stade de l'illumination, que semblent trouver ensemble, dans cette chambre sinistre, quinze esprits désincarnés. Bien que les corps n'existent plus, " ne nous concernent plus ", " nous soient devenus étrangers ", certaines petites servitudes viennent rappeler aux initiés leur condition charnelle ; le " Guide " se charge en effet de les faire uriner, car il sait, lui, que l'oubli du corps conduit à l'incontinence, fâcheux travers des grands " mystiques ".

Il arrive que cette montée vers l'extase se déroule dans des conditions moins parfaites et moins intellectuelles. La sensibilité particulière de certains sujets, ou un dosage excessif de " l'acide ", peuvent conduire en effet à des accidents aigus d'ivresse toxique. L'agitation est alors très grande ; le jeu de la " corrida " s'organise ; il consiste à se jeter au milieu des voitures, un jour de grand trafic, pour défier les dangers d'un monde extérieur qui n'est plus et ce corps méprisable que traîne avec dégoût l'esprit glorieux du délirant.

Des crises convulsives, ou épileptiques, des comas, peuvent survenir, et c'est à l'Hôpital américain que se retrouve alors l'initié pour sa reprise de contact avec les dures réalités terrestres.

Ce " retour à la terre ", cette " re-entry " (le vocabulaire spatial se substituant ici à la terminologie mystique), n'est d'ailleurs jamais agréable et se manifeste, même lorsque le " trip " s'est effectué sans incident, par une profonde tristesse, une fatigue intense et un état dépressif qui peuvent durer plusieurs jours ; il arrive aussi que le voyage soit sans retour et se termine par un suicide, effectué souvent par défenestration, sous le coup d'une angoisse intolérable ou de visions terrifiantes.
Le docteur Pierre Bensoussan, neuropsychiatre de l'Hôpital américain, auquel je dois toutes mes informations cliniques ou sociologiques, a vu depuis trois ans plusieurs de ces suicides.

Il voit aussi, à un rythme qui devient inquiétant, des morts intellectuelles plus impressionnantes encore que la mort charnelle ; les adeptes de " l'acide " connaissent en effet, pendant six à huit heures, durée moyenne du " trip ", un délire aigu hallucinatoire s'accompagnant de troubles de la perception du monde extérieur et d'une dissolution des fonctions supérieures, de la conscience. Ils vivent un cauchemar dont la plupart se réveillent, mais dont certains, plus fragiles, restent prisonniers. On voit ainsi de grands délires hallucinatoires se prolonger durant plusieurs semaines, ce que la psychiatrie, grâce aux méthodes thérapeutiques modernes, ne connaissait plus depuis plus de dix ans. On voit encore des adolescentes qui, ayant absorbé une goutte unique de ce fameux "acide", ayant vécu le délire recherché et la tristesse normale du retour à la terre, présentent après un temps de latence de trois à quatre semaines un état délirant chronique dont l'évolution peut être fort longue et qui s'élabore sur les thèmes de l'intoxication primaire.

Traités en milieu hospitalier - où ils sont admis en ce moment et pour un seul centre parisien au rythme de quatre par semaine, - soumis aux neuroleptiques (chlorpromazine et halopéridol) qui sont les antidotes classiques des hallucinogènes ils se remettent généralement, mais après plusieurs mois de traitement. Quelques cas de " folie irréductible " ont été cependant signalés aux États-Unis, chez des sujets prédisposés.

• Berkeley : le délire collectif

Si ce dangereux engouement n'atteint pratiquement, pour l'instant, et dans notre pays, que les milieux intellectuels américains, peintres, écrivains, musiciens ou étudiants (1), il a pris aux États-Unis les proportions d'un fléau national. Le diéthylamide de l'acide lysergique ou L.S.D. 25, car c'est de lui qu'il s'agit, y est devenu la bête noire de tous les directeurs de collèges ou d'universités, des psychiatres, de la police et des responsables de la santé publique. Il ne se passe plus de jour sans que la presse d'outre-Atlantique en relate les méfaits, et décrive les délires collectifs, les suicides ou les crimes commis sous son empire.

Le L.S.D., qui est l'arme psychochimique la plus puissante et la plus précise que connaisse la science moderne, a détrôné, dans le cœur de cette " élite intellectuelle " où se recrutaient les drogués, tout ce qui l'avait précédé ; barbituriques, stimulants, morphine, cocaïne, marijuana, tout cela est balayé par l'hallucinogène aux effets si violents, à la fabrication apparemment si simple et au prix tellement avantageux... (il revient à 35 cents la dose, soit 2 francs, au fabricant, qui le revend 15 francs à ses clients).

Les autorités annoncent que sur les soixante-dix mille étudiants de l'université de Californie dix mille sont des adeptes du L.S.D. L'une des distractions les plus populaires dans les collèges américains est devenue la " roulette russe chimique " qui s'organise lors d'une sauterie, ou d'un thé, et consiste à distribuer aux collégiens des doses variables, et inconnues, de substances hallucinogènes diverses.

La capitale de cette nouvelle mystique est l'université de Berkeley, en Californie, où, nous apprend un jeune médecin français, le docteur Soubrier, qui effectue en ce moment un stage au centre de prévention des suicides de Los Angeles, l'élite intellectuelle, professeurs, artistes, chercheurs et écrivains, mène la danse.
Une réunion monstre, groupant plus de six cents étudiants, s'est déroulée très récemment sur le campus de cette université, constituant le plus fabuleux délire collectif jamais encore observé. Le problème revêt une ampleur telle qu'une consultation spécialement destinée aux victimes du L.S.D. vient de s'ouvrir à Los Angeles.

Le chef de la police de cette ville a acquis la certitude qu'un gang contrôle et organise la fabrication et la distribution de cette drogue, et le tout dans une impunité désarmante, car le diéthylamide de l'acide lysergique ne figure pas sur la liste des stupéfiants telle qu'elle a été établie par l'Organisation mondiale de la santé, et n'est pas non plus un médicament dont la vente pourrait être soumise à la législation pharmaceutique.

La lutte est donc fort inégale, et si des dispositions législatives ne peuvent être prises rapidement, " la folie hallucinatoire pourrait prendre aux États-Unis les proportions d'un désastre national ".

À l'origine de ce désastre se trouve un homme. Un médecin, hélas ! Chargé à l'université Harvard de la chaire de clinique psychiatrique, Timothy Leary y entreprit en 1961 des expériences de psychochimie visant à l'étude des possibilités d'expansion de la conscience sous l'influence de drogues diverses. Deux ans plus tard, Leary était renvoyé de Harvard : plus de quatre cents étudiants s'étaient vu administrer par ses soins trois mille cinq cents doses d'un hallucinogène puissant, la psilocybine. Nombre d'entre eux le suivirent à Acapulco, où il ouvrit dans un vieil hôtel désaffecté une sorte de pension pour délirants, où, pour 200 dollars par mois et 6 dollars la dose, chacun pouvait connaître la béatitude lysergique.

Le gouvernement mexicain l'ayant expulsé, il revint aux États-Unis pour créer dans l'État de New-York, tout près des collèges de Vassar et de Bennett, une " Fondation Castalia " remplie de statuettes religieuses et de maîtres du yoga, mais aussi de réserves de marijuana, de mescaline ou de L.S.D...

Des centaines de jeunes suivirent sa " formation mystique " pour en répandre ensuite la graine empoisonnée dans les écoles, les collèges et les universités du pays tout entier. Ce crime collectif devait durer près de trois ans, et il fallut attendre le 10 mars dernier pour que la justice se saisisse enfin, sous un prétexte fiscal, d'un homme qui, à quarante-cinq ans, avait déshonoré son université et une profession où il assumait les plus lourdes responsabilités.
________________________________________
(1) 75 % des étudiants du centre du boulevard Raspail ont eu, dit le docteur Bensoussan, au moins une expérience avec le L.S.D."

J'ai pour me guérir du jugement des autres, toute la distance qui me sépare de moi-même

A. Artaud

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Cet article fait le lien avec la prohibition actuelle et la volonté particulière des médias, certains en particulier de... diaboliser.

Il parle d'ailleurs de chaire du Diable quand il aborde les champis.

Les plus sectaires, les plus en opposition du power flower ont des thèses concernant des alliances douteuses entre certains artistes et da devil. girl_devil
Les beatles par exemple. Des cassettes audios pour dénoncer ces alliances tournaient, émanant d'obscurs groupes religieux, souvent proche de l’extrême droite.
Tout ceci a un côté WASP, mais le rock and roll est un outil du diable et ce genre de thèses complotistes ont circulé en France, jusqu'au début des années 80. Des cassettes audios certainement accompagnées d'un fascicule.
La chasse aux sorcières n'est pas terminée. Ce qu'ont voit dans le rétro, finit par nous doubler, le temps que l'on ne regarde plus en avant. fume_une_joint


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Bonjour,

Je vous propose aujourd'hui la seconde partie des articles publiés par Escoffier-Lambiotte. C'est intéressant et si je ne devais isoler qu'une partie de ce second texte ce serait celle là:

"Les travaux se multiplièrent alors, confirmant le fantastique pouvoir hallucinogène du L.S.D., montrant qu'il était bien le " scalpel mental " le plus puissant que l'on puisse imaginer, et grâce auquel on pouvait espérer que les hypothèses concernant l'origine chimique de certaines maladies psychiques pourraient être précisées.

La découverte d'Hofmann n'avait de valeur, à ses yeux, que dans cette perspective, et il ne pouvait se douter alors qu'il venait d'isoler l'arme chimique la plus dangereuse et la plus efficace que connaissent les armées modernes, et qu'il ouvrait la voie du même coup à la vague de folie collective qui emporte aujourd'hui la jeunesse américaine."
Escoffier fait un rapprochement classique entre l'étude des maladies mentales et les recherches sur le LSD. Il néglige complètement les travaux de 1953 sur le LSD en micro-dosage et l'activité neuronale, notamment dans le contexte des ralentissements neurologiques. Pourtant nous sommes en 1966. Il néglige également l'apport des recherches sur le LSD et la psilocybine, les progrès de la pharmacologie (découverte des neuroleptiques) et l'avènement des neurotransmetteurs.

Et si on réfléchit mettre l'accent sur les liens entre psychiatrie et LSD lui permet de basculer sur l'idée d'une arme chimique mortelle pour la psyché. La référence à l'armée américaine est aussi assez évidente.

Bon je vous souhaite bonne lecture et je reviens plus tard avec un autre texte.

Bonne journée
Janis

Archives le Monde
II. - L'antisociété par l'hallucination
Des rites incantatoires des Aztèques aux dangereuses orgies de la jeunesse américaine, l'histoire des drogues hallucinatoires est, comme leur action sur l'esprit, toute remplie d'étrangetés. (" Le Monde " du 21 avril.)

Par ESCOFFIER-LAMBIOTTE Publié le 22 avril 1966 à 00h00

Bien que l'étude et l'enseignement des substances perturbant l'activité mentale n'aient commencé à faire l'objet d'une discipline spéciale que vers 1953, l'une d'entre elles, et l'une des plus connues, la mescaline, avait été isolée et identifiée dès 1896 par l'Allemand Heffter. Il avait utilisé à cette fin un cactus que le pharmacologiste Lewin lui avait rapporté du Mexique, où les Indiens, qui l'appelaient peyotl, le mangeaient pour se plonger dans un état d'ivresse " qui leur donnait des forces, leur enlevait toute peur et les comblait de visions effrayantes ou risibles ", comme le signalait déjà le moine Sahagun en 1650.

Corps chimique simple, dont la synthèse fut réalisée dès 1918, la mescaline provoquait une dissolution de la personnalité, une déviation délirante du jugement, des hallucinations colorées et des sensations émotionnelles ou mystiques variant selon la psychologie et le degré d'équilibre de ceux qui la subissaient, et aussi selon la dose injectée (400 à 700 mgr représentant la dose moyenne).
Cette découverte ne suscita qu'un intérêt mitigé, et il a fallu attendre 1952, les premiers succès de la psychopharmacologie, et surtout le retentissement mondial des événements étonnants survenus dans les laboratoires de la firme suisse Sandoz, pour que les effets étranges de la mescaline soient à nouveau étudiés.

Le L.S.D. 25

Hofmann et Stoll, deux chimistes attachés à cette firme, y conduisaient depuis 1935 de brillants travaux sur les dérivés d'une moisissure toxique, l'ergot de seigle, à partir de laquelle ils avaient isolé diverses substances, l'ergotamine et l'ergométrine notamment, que l'on utilise toujours en gynécologie et en obstétrique.
Un jour de 1943, Hofmann avala accidentellement une quantité infime d'un dérivé de l'ergot de seigle, ou plutôt de son principe actif, l'acide lysergique. Il s'agissait d'un diéthylamide qu'il avait préparé pour étudier son action sur la contraction utérine. Au bout d'une demi-heure il ne percevait plus son corps. Son humeur avait changé, des visions fulgurantes l'assaillaient, et il avait perdu toute notion du temps et de l'espace. Intrigué, il répéta l'expérience sur lui-même d'abord, sur ses collègues ensuite, et confirma que cette drogue semi-synthétique, qu'il nomma L.S.D. 25 avait, à la dose infinitésimale de 20 à 40 millionièmes de gramme, le pouvoir de provoquer chez l'homme des modifications transitoires du comportement et de la conscience analogues à celles observées dans les maladies mentales. La mescaline, dont l'étude fut reprise, produisait des effets similaires, mais pour des doses cinq mille fois plus élevées.

Les travaux se multiplièrent alors, confirmant le fantastique pouvoir hallucinogène du L.S.D., montrant qu'il était bien le " scalpel mental " le plus puissant que l'on puisse imaginer, et grâce auquel on pouvait espérer que les hypothèses concernant l'origine chimique de certaines maladies psychiques pourraient être précisées.
La découverte d'Hofmann n'avait de valeur, à ses yeux, que dans cette perspective, et il ne pouvait se douter alors qu'il venait d'isoler l'arme chimique la plus dangereuse et la plus efficace que connaissent les armées modernes, et qu'il ouvrait la voie du même coup à la vague de folie collective qui emporte aujourd'hui la jeunesse américaine.

Du champignon à l'ipomée
Gordon Wasson, un banquier de New-York, et sa femme, Valentine, tous les deux passionnés d'ethnologie et de mycologie, avaient suivi avec intérêt les travaux suisses, car ils étaient convaincus qu'en dépit des dénégations officielles certains rites hallucinatoires étaient toujours en vigueur au Mexique, où ils avaient effectué plusieurs expéditions.

En 1955, Wasson réussit enfin à participer, dans un village mazatèque, à l'une de ces cérémonies secrètes au cours de laquelle il consomme un champignon et en éprouve d'impressionnantes sensations. Il se fait accompagner l'année suivante par Roger Heim, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris, qui identifie ce champignon et arrive même à le cultiver dans son laboratoire, où l'on peut contempler sa curieuse forme en sombrero idéalisée par les statues de pierre qui ornaient au IVe siècle les villages aztèques.

En quelques mois, Hofmann et ses collaborateurs avaient isolé le principe actif du téonanacatl - appelé aujourd'hui " psilocybe mexicana Heim ". Ils donnaient le non de psilocybine à ce dérivé de l'indol et en réussissaient la synthèse en 1958.
Les troubles psychiques obtenus par la psilocybine se révèlent très semblables à ceux que produisent la mescaline au le L.S.D., mais a la condition d'utiliser des doses cent fois plus fortes que pour la mescaline et cinquante mille fois plus grandes que pour le L.S.D.

Sur les trois plantes maudites décrites par un médecin et deux moines espagnols, deux, le peyotl et le téonanacatl, avaient livré leur secret. Il ne restait plus que l'ololiuqui, le serpent vert, dont les semences, disait Hernandez en 1651, étaient plus redoutables que tous les cactus et tous les champignons du Mexique.

C'est à nouveau grâce à l'acharnement de Wasson, et aux liens d'amitié qu'il avait établis avec un curandero, ou prêtre indien du Mexique du Sud, que ce dernier mystère put être percé en un coup de théâtre qui devait provoquer chez Sandoz " une surprise considérable ". Wasson avait envoyé à Hofmann deux échantillons de graines que lui avait remis le prêtre d'Oaxaca ; mises en terre à Bâle, elles donnèrent naissance à des plantes grimpantes : une ipomée et une rivea corymbosa.
L'analyse chimique de ces graines permit d'isoler une substance dont l'activité psychique fut confirmée par auto-expérimentation (1), ce qui était prévisible, mais dont la constitution paraissait étonnante, car elle contenait cinq dérivés de l'acide lysergique. Or ce dernier corps était considéré comme un produit exclusif de certains champignons inférieurs (tel l'ergot de seigle) et n'avait jamais encore pu être décelé dans des phanérogames…

La boucle se refermait, car les cinq principes actifs du " serpent vert ", tous dérivés indoliques, se rapprochaient étroitement, bien qu'aucun d'entre eux n'en ait la structure exacte, du diéthylamide de l'acide lysergique ou L.S.D. 25.
Ce dernier corps est le seul de tous les hallucinogènes qui n'ait jamais été trouvé dans la nature et qui n'existe donc que sous forme semi-synthétique. Sa fabrication ne paraît pas poser de problèmes très complexes, et on peut déplorer, comme le souligne le docteur Bensoussan, qu'elle soit à la portée " de tout étudiant en pharmacie tant soit peu débrouillard ".

La substance de base, l'acide lysergique, est extraite de l'ergot de seigle, qui parvient en France sous la forme de moisissure séchée, en provenance de Yougoslavie ou de Tchécoslovaquie. Une suite de réactions chimiques simples permet ensuite de la transformer en L.S.D. 25, et c'est la solution alcoolique de ce dernier qui est vendu soit " à la goutte ", absorbée ensuite sur un morceau de sucre, soit sur un buvard quadrillé qui rappelle l'élua des réactions chromatographiques.

Le dosage est naturellement approximatif, mais il oscillait autour de 250 à 400 millionièmes de gramme dans tous les cas observés aussi bien en France qu'aux États-Unis, c'est-à-dire de dix à vingt fois la dose utilisée en psychiatrie expérimentale.
________________________________________
(1) On peut admirer au passage que les chercheurs de Bâle aient réussi à conserver leur agilité intellectuelle, au travers des multiples expériences de désintégration psychique auxquels ils semblent se soumettre sans relâche depuis vingt ans !
ESCOFFIER-LAMBIOTTE

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janis femme
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Bonjour,

Voici un troisième article de Lambiotte-Escoffier (1966) paru dans Le Monde. L'intérêt majeur est d'y voir se croiser les thèmes de la naissance de la psychopharmacologie avec ceux du LSD dans la culture et la littérature avec toute la diabolisation qui accompagne ces développement en dehors de la médecine.

Un tel questionnement se pose de nouveau d'ailleurs avec la "Renaissance psychédélique" actuelle: de quelle façon les recherches en neurosciences faites sur la psilocybine et les lysergamides vont-elles laisser une place pour le débat sur la légalisation de tous les usages, y compris récréatifs?

Bonne lecture
Janis

III. - Aux sources de la folie
Cependant que se nouait, par-delà les siècles et les océans, l'aventure scientifique des poisons de l'esprit (" le Monde " des 21 et 22 avril), une discipline nouvelle, dont le nom, " psychopharmacologie ", apparaît pour la première fois en 1956, prenait son essor (1).
Par ESCOFFIER-LAMBIOTTE Publié le 23 avril 1966

Jusqu'alors aucune lésion anatomique n'avait jamais pu être observée, qui puisse expliquer les désordre" mentaux, et leur traitement restait fort empirique, puisqu'on ne connaissait aucun médicament qui soit capable d'agir sur eux directement et spécifiquement.

C'est en 1952 que fut découvert par Laborit le premier de ces médicaments, la chlorpromazine, qui se révéla remarquablement efficace (comme le montraient Delay et ses collaborateurs) pour la plupart des psychoses majeures s'accompagnant d'excitation ou de délire, et c'est en 1957 qu'apparurent les premiers médicaments antidépresseurs. La psychiatrie disposait dès lors d'une gamme de thérapeutiques chimiques actives qui devait en bouleverser complètement l'exercice et stimuler les recherches entreprises dans le but de trouver, à l'origine de la folie, certaines perturbations biochimiques que l'on pourrait alors corriger.

Les hallucinogènes, ou phantastika, ou psychodysleptiques comme on les nomme à présent, se trouvaient, L.S.D. en tête, au cœur de ces recherches. Puisqu'elles étaient capables de produire chez l'homme normal, et à des doses infinitésimales, des troubles psychiques analogues à ceux des malades mentaux, on pouvait imaginer que ces substances pourraient sans doute être décelées dans l'organisme de ces malades, qu'elles " intoxiqueraient " ainsi de façon constante.

Les recherches se poursuivent sur ces thèmes, cependant que l'on s'efforce de comprendre le mode d'action de ces drogues et leurs rapports avec les composantes chimiques normales des mécanismes cérébraux.

L'étude de cette action n'est pas simple, et n'est pas sans danger (2). Elle ne peut, en effet, s'effectuer sur l'animal, chez lequel il n'est pas de " fait mental ", ce qui interdit de définir chez lui en termes psychologiques les propriétés de ces drogues qui agissent essentiellement sur l'esprit. On constate cependant chez la souris et le lapin une activation des centres nerveux et une sensibilisation du cerveau à l'égard des perceptions extérieures qui donnent une base plausible à certains phénomènes d'hallucinations visuelles ou auditives éprouvés, voire recherchés, par les adeptes des hallucinogènes.

On observe aussi, et cette fois chez l'homme bien évidemment, une sorte de résurgence du subconscient se traduisant par des réminiscences d'épisodes oubliés ou refoulés parce que trop pénibles, et que le sujet revit avec la même émotion que par le passé. Cette propriété a été utilisée - et l'est encore en certains lieux - pour faciliter la communication avec le médecin au cours des analyses ou comme substitut des narco-analyses.

Mais les risques que présentent ces pratiques incitent nombre de psychiatres - et notamment les docteurs Bensoussan et Thuillier - à les proscrire formellement ; elles ne seront par ailleurs plus possibles aux États-Unis, où la firme Sandoz vient de suspendre totalement la diffusion du L.S.D. 25 qui ne figurait cependant pas sur la liste des médicaments mais sur celle des substances à usage expérimental strictement réservées à des spécialistes qualifiés.

Cette mesure a été prise pour répondre à l'émotion que suscitent là-bas, et à juste titre, les événements actuels.

L'extase et la destruction

Son effet devrait être très limité, puisque nous avons vu que les initiés n'ont pas recours à Sandoz pour se procurer une drogue qu'ils fabriquent eux-mêmes.
Il y aurait lieu, en revanche, d'obtenir au plus vite que les psychodysleptiques soient placés par l'Organisation mondiale de la santé sur sa liste de stupéfiants, ce qui permettrait aux polices française et américaine d'entreprendre une lutte plus efficace que l'aveugle refoulement, à nos frontières, des jeunes gens pauvres ou hirsutes, ou que les arrestations ordonnées pour des motifs relevant de la fraude fiscale.

Cette mesure - qui s'impose - est rendue difficile par le fait que les hallucinogènes n'ont, sur le plan pharmacologique, rien de commun avec les stupéfiants (opiacés, cocaïne, etc.). Alors que ces derniers agissent rapidement sur la vigilance, la conscience et la volonté, et déclenchent un état euphorique, une ivresse considérée comme la cause de la toxicomanie qu'ils engendrent, les hallucinogènes donnent un sentiment de dépersonnalisation et des troubles de la perception qui se produisent à l'état de veille, sans trouble de conscience, et par conséquent sans accoutumance.

Telle est du moins l'opinion qu'émettaient à leur sujet jusqu'à présent les auteurs spécialisés, et qui, si elle reste vraie pour les doses relativement faibles utilisées expérimentalement, ne l'est manifestement plus rue de la Huchette ; les troubles de conscience allant jusqu'au coma y sont monnaie courante, et si l'on ne peut parler d'accoutumance, de " besoin physique ", il est indiscutable, cependant, qu'un état de tolérance s'installe peu à peu (et notamment chez les " guides "), exigeant des doses de plus en plus fortes, et que l'on peut constater une assuétude non plus physique mais psychologique au L.S.D., assuétude s'accompagnant d'une désocialisation profonde et d'un véritable conditionnement à un certain mode de vie.

Alors que la toxicomanie classique a des motivations essentiellement individuelles et vise soit à la recherche d'un plaisir ou de l'oubli, soit à l'apaisement d'une douleur ou d'un tourment, l'assuétude au L.S.D. est presque toujours collective et s'effectue sous la forme d'un prosélytisme matériellement désintéressé (3) qui répond à une préoccupation positive, métaphysique, d'adolescents cherchant à accéder à une vérité qu'ils ne peuvent percevoir, dans un monde qui leur semble étranger et dont ils ne comprennent plus ni les valeurs spirituelles ni les fins.

L'horreur du " Festin nu "

La solution à leur désarroi est cette " anti-société " qu'ils forment, avec ses signes distinctifs, son vocabulaire, son uniforme, ses règles intérieures strictes, et cette forme suprême de la communion, de l'appartenance au groupe, qu'est le L.S.D. Une sorte de " guide touristique " de l'hallucination, leur permet de savoir en tous pays et en tous lieux à quelle porte il leur faudra frapper pour recevoir cette extase que certains d'entre eux comparent à la béatitude des Ashram indiens, but suprême de leur errance.

Les films présentés lors de la conférence médicale du S.H.A.P.E. consacrée aux armes psycho-chimiques donnent une idée de cette " béatitude " subie à une grande échelle…

On y voit " manœuvrer " des soldats discrètement drogués par un souffle de L.S.D. ajouté à leur café ; l'hilarité est générale ; on se couche par terre, on lâche son fusil, on grimpe aux arbres, on pleure aussi et le désordre est total ; " la guerre enchantée ", comme dit le colonel Nardi…

Les descriptions célèbres d'Aldous Huxley (The Doors of Perception, 1954) et d'Henri Michaux (l'Infini turbulent, 1957) sont plus poétiques et plus dangereuses que ce sinistre film d'anticipation, et l'on peut y trouver la clé de cette fascination où s'enlisent pêle-mêle intellectuels et désaxés.

" L'incroyable, le désiré désespérément depuis l'enfance, l'exclu apparemment que je pensais que moi je ne verrais jamais, l'inouï, l'inaccessible, le trop beau, le sublime interdit à moi, est arrivé ", écrit Henri Michaux. " J'ai vu des milliers de dieux. J'ai reçu le cadeau émerveillant. À moi, sans foi, ils sont apparus... Qu'avais-je à faire de croire, puisqu'ils étaient là ? ... Je vois l'innommable. Immense monde. Orgasme métaphysique... brisements, jouissances précipitielles en avalanche... cataclysmes de délectation, extase démoniaque... "

Mais il ajoute que les hallucinogènes " ne valent vraiment que par la transe. Le reste est imagerie, distraction, morcellement, piétinement, ratissage, emportements, impatiences, dysharmonie, dérapages, renversements, éparpillements, échantillonnages, successions infernales qui font en somme destruction... ".

Cette destruction - car en fin de compte il ne reste que cela - peut être observée chez les loques humaines délirant sans trêve et depuis des semaines sur les lits de l'Hôpital américain.

Elle peut être vécue, et ses motivations comprises, dans le terrible livre consacré par l'écrivain américain William Burroughs à ce qu'il appelle le Festin nu. Ce " festin nu ", dont il décrit l'horreur impitoyable mais auquel il conviait hier encore, au nom de sa solitude et de son désarroi métaphysique, tant de victimes plus jeunes encore, et plus désaxées que lui...

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A. Artaud

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Mister No homme
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Encore merci pour le partagepour ces articles.
Inutile de préciser que je trace un parallèle avec les croisés anti cannabis, je parle juste du volet thérapeutique.
Je sais que le docteur Escoffier publiait pour le Monde, mais il me manque des éléments pour évaluer d'où viennent ses peurs.
Par exemple Costentin de l'Académie de Médecine, farouche opposant du cannabis y compris pour les patients perdrait financièrement si le cannabis était distribué en pharmacie ou même légalisé.
Pour le docteur Escoffier, je me demande si il ne me manque pas des éléments pour appréhender sa posture.
Journaliste, triple doctorat en médecine... Pro avortement.
J'aimerais mieux comprendre ce qui a pu l'influencer ainsi.
J'aimerais mieux connaitre l'ensemble de ses rémunérations.
Perso, je pense qu'un des plus gros problèmes du LSD, c'est qu'il peut être efficace en une seule prise à vie... Un produit avec trop peu d'avenir pour le business pharma.
Autant pour le cannabis, j'ai des certitudes concernant les connexions entre opposants et brevets ou médicaments menacés, autant pour le LSD, j'en suis resté à un constat de bigoterrie.
Pourtant, à mon avis, il doit y avoir matière à tirer sur le morceau de ficelle, c'est ce que je me dis avec le doc Escoffier ou d'autres croisés...

Dernière modification par Mister No (26 mai 2020 à  15:35)


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Zoë.D femme
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Bonjour et merci pour le partage de mon travail! Je vous mets du coup la suite de ce petit compte rendu en attendant l'article complet.

Hier, ici on a vu comment une série d'articles avait brusquement fait découvrir aux français·es une nouvelle substance sous un jour particulièrement anxiogène : le LSD. Aujourd'hui nous allons voir les conséquences de ces articles sur la recherche clinique.

Poursuivons d'abord par les affirmations frauduleuses. D’après l'autrice, les victimes du LSD se retrouveraient hospitalisés au rythme de 4 par semaine dans un seul établissement hospitalier parisien ; « ils se remettent généralement, mais après plusieurs mois de traitement. » Étrange affirmation lorsque l’on sait que les médecins des hôpitaux de Haight-Ashbury à San Francisco, épicentre de la consommation de LSD aux USA, ne recommandaient comme traitement des « épisodes psychotiques » que pouvaient subir certain·es consommateurs·rices que de « mettre à l’aise » les individus et d’avoir avec eux une attitude « sympathique » visant à les tranquilliser sur leur état. Pour les cas d’états psychotiques avancés, qualifiés de « rares », une injection de chlorpromazine permettait de mettre fin aux symptômes.
Bien que les admissions à l’hôpital soient en augmentation, les professionnels en charge de les accueillir n’étaient donc pas dans une attitude alarmiste vis-à-vis de la santé mentale de ces jeunes. Pourtant, selon Escoffier-Lambiotte, le LSD serait bien à l’origine d’une « destruction intellectuelle » : "Cette destruction - car en fin de compte il ne reste que cela - peut être observée chez les loques humaines délirant sans trêve et depuis des semaines sur les lits de l'Hôpital américain." Des auteurs s’insurgent d'ailleurs contre le caractère mensonger de cet article en faisant savoir que l’autrice aurait avoué dans une lettre n’avoir jamais vu un seul des cas traités à l’hôpital américain de Neuilly.

Une autre déclaration de l’article allait causer une grande inquiétude et connaître une non moins grande postérité : Bensoussan y affirme ainsi que la fabrication du LSD serait à la portée "de tout étudiant en pharmacie tant soit peu débrouillard". Nombreux sont alors les auteurs scientifiques qui protestent contre cette information : la synthèse totale est en réalité qualifiée de résultat “remarquable”, au point de rendre célèbre un des plus importants chimistes amateurs des USA, Augustus Owsley : réputé d’une pureté incomparable, son LSD est répertorié dans le très sérieux dictionnaire d’Oxford, qui contient une entrée pour le nom « Owsley » en tant que « type de LSD extrêmement puissant et de haute qualité » ! J’ai dit hier que l’autrice n’évoquait pas les potentialités thérapeutiques du LSD. La seule mention à son usage scientifique concerne l’espoir de trouver l'origine chimique de certaines maladies mentales, une indication en réalité largement abandonnée depuis le début des années 1960 au profit d’autres recherches cette fois-ci à dimensions réellement thérapeutiques. Pourtant, la médecin enfonce le clou : « La découverte d'Hofmann n'avait de valeur, à ses yeux, que dans cette perspective ». Cette affirmation est à nouveau parfaitement fausse : Albert Hofmann, découvreur du LSD, en consomma lui-même toute sa vie (il meurt en 2008 à l’âge de 102 ans) et participait à nombre de congrès présentant les recherches sur les bénéfices thérapeutiques du LSD.

L'article sème la terreur dans la population française d'autant plus que cette série est immédiatement suivie par des dizaines de reportages dans d'autres revues, sur le même ton. La propagation d’articles alarmistes se produit autant dans la presse nationale autant que régionale. En quelques mois, des dizaines de revues mettent le LSD en Une : moins de deux semaines plus tard, Paris-Match titrait ainsi : « LSD, nouveau péril pour l’humanité » et produisait 8 pages de reportage très largement inspiré par la série du Monde. Le LSD serait un nouveau « fléau » produisant les « loques humaines » conduisant au « crime ou au suicide ». Noir et Blanc titrait, avec une couverture des plus angoissantes : « Le LSD 25 a fait son apparition en France. Alerte à la drogue qui rend fou ! ». (J'ai mis l'image et celles qui suivent sur mon twitter @ZoeDubus)

C'est désormais dans ce cadre conceptuel que sera présenté le LSD : une substance provoquant la folie de ses usager·es. Cette représentation erronée se poursuit jusqu'à nos jours et est à l'origine de bien des "bad trip"... Pourtant, dès le début des années 1960, les scientifiques étaient formels : en dehors de pathologie mentales pré-existantes, aucun risque de développer une psychose à cause du LSD. Ces données sont corroborées par les études actuelles sur la population américaine où un pourcentage élevé d'adultes (17% des 21-64 ans) ont déjà consommé du LSD sans que cela n'impacte leur santé mentale.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3747247/

Dans la presse française, le LSD est pourtant désormais présenté de manière univoque comme "la drogue qui rend fou". La revue Le Crapouillot sort à son tour dans les mois qui suivent un numéro spécial devenu célèbre : avec sa couverture jaune vif, sa photo terrifiante et surtout son contenu particulièrement péjoratif, ce numéro va faire date. On y trouve notamment un article de Jean Cau (qui deviendra le fer de lance de la lutte contre le LSD) dans lequel il décrit l'expérience au LSD d'un jeune homme dans des conditions dramatiques et sur un ton paternaliste et moralisateur. Le titre de cet article : "Une visite en enfer". Une médecin commente dans une thèse sur le LSD soutenue en 1977 : "Vues les conditions de l’expérience – notamment le doute que l’on peut formuler sur la bienveillance de Mr Jean Cau à l’égard du « sujet de l’expérience » - quand on sait l’importance de l’ambiance dans cet état d’hypersuggestibilité qu’est un voyage à l’acid, ce ne pouvait guère être autre chose en effet. »
Jean Cau déclare d'ailleurs dès les premières lignes de l'article qu'il trouve "indigne" la consommation de LSD et développe pendant plusieurs paragraphe le "mépris" que lui inspirent les "morts-vivants" qui se livrent à cette "démission de la volonté". On aurait pu trouver observateur plus objectif en effet... Mais ça n'est clairement pas le but du Crapouillot, qui multiplie les articles concernant les "drames" causés par le LSD.

En quelques semaines, la presse s'enflamme donc contre cette nouvelle substance qui risque de détruire la jeunesse française. La menace des mouvements de contre-culture à l’œuvre aux USA est systématiquement mise en avant : on craint un bouleversement profond de la société. Le LSD devient "la poule aux œufs d'or de la presse" selon un médecin de l'époque. On assiste à une surenchère d'exagérations : dans l'Intransigeant, le journaliste Paul Parisot affirme que la substance provoque "la folie durant 30 à 48 heures, parfois plus".
Ces exagérations sont à leur tour reprises dans les débats politiques : le député Pierre Mazeaud affirme ainsi qu'un microgramme de LSD permettrait "des centaines de "voyages"".

Pour certains jusque dans le monde médical, cette campagne de presse aurait été orchestrée à dessein. Le docteur Bonnafé prend ainsi la parole : « Il semble clair aujourd’hui que l’on observe une résistance accrue aux fortes pressions que nous avons subies depuis quelques temps. Un certain chœur demandait aux psychiatres d’approvisionner une véritable campagne d’inflation du discours sur « la drogue » et de cautionner des conduites de répression à l’égard des victimes. Le sens de cette campagne était pour moi très clair. Il s’agissait de charger « la jeunesse » d’une fonction de bouc émissaire des pêchés de la société. Aussi me semble-t-il bon, pour l’honneur de la psychiatrie, qu’elle se défie de toute complicité avec une telle entreprise. »
Une autre médecin renchérit : "Les "abus commis par les toxicomanes" ne semblent pas pouvoir expliquer à eux-seuls l’intervention des pouvoirs publics et il convient ici de parler de la situation confortable mais aussi ambigüe des médecins dans ce domaine."

En effet, l’État ne tarde pas à intervenir dans cette affaire : par un arrêté du ministère de la Santé, le1er juin 1966, le LSD et d’autres hallucinogènes comme la mescaline ou la psilocybine sont inscrits au Tableau B des stupéfiants. Leur emploi thérapeutique devient interdit, mais ils peuvent toujours être employés pour la recherche, sur autorisation spéciale délivrée par le ministère de la Santé publique. Cette décision intervient donc seulement un mois et demie après la série d'articles du Monde. On constate dans les débats parlementaires à quel point la presse a eu un impact fort pour la politique de l’époque : « Des enquêtes, des reportages, des témoignages publiés par de nombreux journaux sont venus confirmer l'existence du problème et ont apporté des précisions souvent intéressantes. » ; « A la suite d'articles parus dans la presse, une partie de l'opinion publique a pu s'émouvoir et le problème de la drogue se devait d'être abordé car il constitue une menace" ; « L'étude de ce problème par la presse, sa répercussion dans l'opinion publique et les petits incidents qui ont pu se produire ont amené le Gouvernement à réagir » etc.

Les conséquences pour la recherche de cette panique morale qui se solde par une prise de décision politique si rapide ne se font pas attendre. A la fin de l'année 1966, trois des plus grands centres de recherche français sur le LSD voient leurs financements supprimés. Malgré des appels à la mesure de membres du corps médical comme Pierre Deniker,qui insiste sur la rareté des psychoses dues à la substance au regard du nombre de consommateurs ou le célèbre Henri Ey qui parle de "prudhomeries moralisantes", il devient de plus en plus difficile d'étudier le LSD. Ils rappellent que cette substance ainsi que les autres psychédéliques (mescaline et psilocybine) "ont des usages bien définis dans lesquels ils sont irremplaçables" et constatent que "cette nécessité « d’autorisation » pour des recherches expérimentales ne peut que retentir fâcheusement sur les motivations mêmes de ces recherches...". Progressivement en effet, le stigmate associé au LSD se répercute sur les chercheurs impliqués dans son étude. La plupart d’entre eux mettent alors un terme à leurs recherches. Les chercheur·ses impliqué·es dans les études sur le LSD perdent ainsi très sensiblement leur autorité professionnelle, leur crédibilité et l’estime de la communauté scientifique à la fin des années 1960.

En 1971, il est classé au niveau international dans la catégorie des stupéfiants représentant un « potentiel d’abus présentant un risque grave pour la santé publique et une faible valeur thérapeutique ». La même année, le docteur Borenstein publie la dernière étude française portant sur le LSD administré à des êtres humains. Les recherches s’arrêtent durant cette décennie car il devient trop difficile de faire des demandes d’autorisations.

Aujourd'hui, bien que la recherche sur les psychédéliques ait repris dans de nombreux pays, force est de constater que la France demeure très réticente à proposer de nouveaux protocoles d'étude de ces substances. La campagne de presse, démarrée il y a 54 ans dans Le Monde a donc eu un impact retentissant sur la recherche française, en diffusant de fausses informations à l'origine d'une panique morale à la hauteur des inquiétudes d'une société qui voyait alors sa jeunesse s'opposer de plus en plus intensément contre ses valeurs.

Voilà!! N'hésitez pas à me suivre sur les réseaux sociaux (facebook ou twitter) pour plus de contenus dans ce genre, et je participerai le 10 septembre à un wébinaire pour parler des auto-expérimentations de psychiatres au LSD dans les années 1960 (infos)

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