Mon papa et moi

Je suis heureux de te lire Choupette. Je te présente aussi mes excuses pour le ton un peu énervé que j'ai employé.
Mais le résultat est que l'on est sur la même longueur d'ondes en ce qui concerne l'amour et l'âge.   

Au plaisir de te rencontrer un jour.

Fil

Filousky

on est sur la même longueur d'ondes en ce qui concerne l'amour et l 'âge ,selon toi.
Possible.
Je n'avais pas le temps de te répondre plus en détail.
Ce qui est pour moi évident , ne l'est pas forcément pour un autre.
L'amour est un gros mystère, cependant, d'évidences.

A une rencontre alors,  si la vie nous le permet .
Je le souhaite ça,  que la vie soit et jolie et permettante et longue et chouette.
Elle fera ce qu'elle veut, comme dab, ceci dit.

Salut Filou,  ton témoignage me touche beaucoup , et je salue ta philosophie!

je ne suis pas encore dans ta situation, mais je vois l'échéance se profiler, et j'angoisse rien qu'à  l'idée du placement en institution.....

Concernant le vécu parfois pénible de voir la vie s'étioler doucement, la conscience partir dans des univers délirants, qui nous sont inconnus, qui nous donne parfois l'impression de ne plus avoir accès à  l'etre aimé...
J'aurais envie de dire deux chose:

le premier des sens qui nait dans l'existence, et le dernier qui disparait , c'est le toucher, le langage non verbal.
Les bisous , les calins que tu lui prodigues , cela a surement beaucoup plus d'importance pour lui, que d'avoir une discussion "rationnelle" avec toi. Tu communiques avec lui par un autre biais. Mais j'entends bien que ce ne soit pas simple à  vivre.

par ailleurs j'ai bossé en maison de retraite, et franchement j'ai vu beaucoup de personnes agées perdre la tete, et j'y ai vu beaucoup de délirants heureux.....

Je pense que c'est ça l'essentiel s'il est heureux dans son trip, quelle belle "sortie de scène".

J'espère que mon propos t'aideras, en tout cas c'était mon intention.
Mes meilleures pensées t'accompagnent 

bonjour Filousky,
bravo pour ce que tu fais pour ton papa (et toi)..... Quand ma maman est tombée malade (cancer du poumon alors qu'elle n'avait jamais fumé) je me suis beaucoup occupée d'elle. Pas facile tous les jours, mais je sais que lorsque j'allais la border le soir ces instants où je déposais un baiser sur son front, l'instant où je lui tenais la main nous n'avions pas besoin de nous parler, on savait, on s'aimait, on s'estimait. Quand 10 mois plus tard mon père fut hospitalisé suite à  un AVC j'ai tout lâché pour l'accompagner dans ces derniers instants de vie, ce fut plus difficile avec lui, car je ne sais s'il s'apercevait de ma présence. Je garde en esprit des moments très durs, mais pour rien au monde je n'aurais voulu le laisser "seul".....
par tes mots tu rends un très bel hommage à  ton papa, et par tes actes tu montres combien tu l'aimes et le respectes.
A bientôt

Depuis environ un mois, un nouveau changement est arrivé. Mon papa a décidé qu'il ne parlerait plus et n'entendrait plus.
La communication ne passe plus que par le toucher, mais elle passe. Le midi, je lui rend visite pour l'aider à  manger et le coucher pour sa sieste préférée. C'est devenu une histoire sans paroles d'avant la mort.
Oui, mais la mort de qui ? Son corps se porte de mieux en mieux pendant que son esprit se promène de plus en plus dans le monde des rêves. Ravages de la rêverie ? Non ! Simple bon sens dans le déroulement de la vie qui fait qu'au fur et à  mesure que le corps perd le contrôle de certaines fonctions, la pensée part vers un monde immatériel dans lequel elle se repose des tracas quotidiens devenus les seules distractions à  un déroulement automatique des jours et des nuits.

Il peut vivre encore très longtemps comme cela, comme s'éteindre sans crier gare, mais pourquoi ?

Fil

Je ne serai bien sur pas répondre a ton pourquoi ?
Je me suis posé la même question que toi pour le mien sans jamais trouver de réponses.

J'étais la et c'est tout ce que l'on peut faire. Être la, et ne pas oublier sa moitié si elle est encore en vie et qui voit son monde se désagréger. J'étais la pour lui, mais pas assez la pour Elle.

Mais bon, je ne trouverai jamais les paroles qui t'apaiserons....

Toute mon amitié Fil.

PS : Mon MP n'aurait pas été envoyé si j'avais lu ton poste a temps.

Dernière modification par Ricoson (13 août 2013 à  08:56)

bon courage
qu'elle belle  histoire ,depuis longtemps je te lis et a chaque fois je suis émue!!!....c'est beau mais c'est juste des mots , bon courage !!

filipe a écrit

....c'est beau mais c'est juste des mots , bon courage !!

T"as raison, mais mes mots essayent de transmettre tant bien que mal ce que je vis et autour de moi, de nombreux amis, assez angoissés, voient arriver une histoire similaire avec leurs propres parents.

Comme je ne le suis plus (angoissé par la situation), j'essaye de faire passer que, quand on est dedans, il n'y a plus de place pour le doute, le questionnement, seuls les actes fonctionnent.

Et rire un bon coup, comme l'a fait hier un pote dont le père atteint de sénilité, après avoir avalé un quart de sardine et un huitième de rondelle de tomate, a déclaré : "Je suis bourré!".

Amitiés et merci à  vous tous pour vos messages de sympathie qui me touchent.

Fil

fil
peut être qu'en ne voulant plus ni entendre ni parler, il se prépare mentalement au départ; il reste encore mais pas pour lui...

je parlais de miens de" mots" hein , salut a vous deux

Dernière modification par filipe (26 août 2013 à  10:15)

On est en octobre et le temps a viré au gris froid pluvieux. Je vivais un quotidien sans surprises depuis un certain temps avec mon père. Il y a deux jours, il a descendu une nouvelle marche qui me laisse bien désarmé.

Il a du tomber en se levant pour aller pisser et s'est fracturé la clavicule. Le bout fracturé de la clavicule lui pointait à  travers la peau. Le chirurgien m'a expliqué qu'on opérait plus à  cet âge des vieillards déjà  très affaiblis et que le mieux à  faire était d'essayer de lui rendre la situation supportable sans passer par les anti-douleur.

Donc, la "réparation est la suivante : on a ligoté un peu mon papa pour maintenir son épaule et son bras immobilisés en attendant qu'un tissu genre fibrose gèle tout l'épaule dans une sorte de gelée indolore.

L'étape franchie est là  : on ne répare plus !

Pourquoi je parle de marche descendue, c'est parce que sa dernière petiite autonomie (se lever pour pisser) vient de disparaître Et c'est effrayant pour des gens valides de voire le nombre de dégradations successives qu'un être humain non malade doit subir quand la vie est bien accrochée à  cet être.

C'est un peu hard ! Il ne va pas rester un mois tranquille et je crains une suite que je qualifierai de "sordide". Scénario sordide : l'os va percer, une petite intervention chirurgicale va se faire aussi, et le coin va s'infecter gentiment jusqu'à  la porte de sortie définitive. Mais que la médecine garde t'elle encore dans son sac à  malices (je viens de réaliser que quelque soit le seuil de douleur, ici on en donne pas d'opiacés aux personnes âgées (merde, j'ai déjà  60 ans) ?

Je me sens vraiment désemparé, seul comme un con à  attendre une issue inévitable mais dont l'attente est un peu indigeste.

Le rayon de soleil là -dedans est quand même de le voire s'endormir avec un sourire quand sa main est dans les miennes.

Quand je pense à  se question il y a déjà  3/4 ans : "Combien de temps ça va durer cette comédie ?", je sais que je vais me constituer un kit "Sortie" tant que je suis lucide pour avoir au moins la liberté de dire bye bye si je le veux.

Je vous jure que visiter une maison de retraite tous le jours pendant des années, ça fait réfléchir à  son propre parcours passé et à  venir.

Fil

Ps :
un très bon ami était effrayé et admiratif de ce que je fais pour mon père. Je sais qu'il ne se sentait pas apte à  faire ce que je fais. Son père, un monsieur très élégant et raffiné, ayant appris le début de son Alzeihmer il y un an, âgé de 87 ans.
Ne voulant pas passer par la déchéance qui accompagne cette maladie, il a choisi de sortir la tête haute et vite.Du jour au lendemain, il a cessé de s'alimenter, ne buvant plus que sa coupe de champagne tous le soirs et ce jusqu'à  un état de dénutrition tel que malgré la transfusion sanguine, il est mort ! Chapeau bas monsieur !

Voilà  que trois semaines sont passées et que sur les 21 jours, je me suis absenté les 10 derniers jours. Ca y est, je peux partir 10 jours sans aucun sentiment de culpabilité. Et chose bizarre, quand je reviens, il est "mieux".
Sa fracture de la clavicule est une histoire ancienne et même au toucher, aucune douleur ne vient.

Si il ne communique plus par la parole, il comprend bien ce qui se passe et garde avec moi une attitude constante, une neutralité que l'on sent réfléchie.
Il n'y a plus aucun à -coup dans notre relation. Les seuls soucis dans notre histoire père/fils viennent de moi et de ma santé fluctuante, pas de lui.

Je me dois d'être honnête dans ce récit. Sur la fin des 48 semaines de thérapie VHC et durant les 2 semaines qui ont suivi l'arrêt, ma pensée verbalisée a été : "Pourvu qu'une mauvaise grippe ou une mauvaise chute lui amènent le sommeil définitif, cela me libèrera de mon devoir".

Hier en le voyant de nouveau après dix jours, je l'ai vu dévorer son repas de midi, remonter vers sa chambre à  l'aide d'un déambulateur et se coucher avec mon aide pour son sommeil peuplé de rêves dans lequel il se promène depuis maintenant 5 ans. Il a bonne mine et son ventre s'est arrondi grâce à  la bonne cuisine de cette maison de retraite.

Pourquoi devrais-je subir comme une entrave l'envie de vivre de mon père ?
En quoi le rythme que je me fixe dans les visites est-il une corvée ?
C'est moi qui choisis tout.

Ayant retrouvé mon égo non perturbé, mes pensées du mois dernier ont disparu et au lieu de penser "corvée", j'arrive à  penser "action évidente".

Si la vie ne le quitte pas avant qu'il ai pu faire tout le tour, ce sera un cadeau. Si il s'endort un soir pour ne pas se réveiller, ce sera un cadeau aussi.
Dans tout cela, je me préviens de ma propre solitude que je crains plus que tout. J'applique la fameuse maxime : "Fais à  autrui ce que tu désirerais qu'on te fasse."

Fil

Soit pas trop dur avec toi non plus hein;tu est malade en traitement et parfois tt le monde comprend que cela doit étre duraille ....Mais franchement vous étes beaux tout les deux alors profite et ne va pas te rajouter du poids sur tes épaule deja bien chargé par ton traitement!!!

pourvu que ce post continue longtemps .......du moins tant que lui le vie bien et toi avec ....salut a vous deux !!!

Salut Fil ,

Je découvre ton topic ce matin et pouahhh... GROSSE LECON DE VIE !!!

9a donne matière à  réflexion sur comment réagir si cela devait m'arriver, ou si un jour j'ai des enfants et que je subi ce genre de maladie...

  Je vous souhaite plein de bonne choses à  tous les deux.
  A bientôt
  Disturb

Sympatoche comme dialogue, mon traitement HVC est terminé depuis 4 semaines et je commence à  revivre un peu plus intensément.
A suivre de près.

Estimai .......

Fil