Ce n’est pas le cannabis qui soigne mon cancer mais il m’aide

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Laurent Appel - Journaliste (ASUD)
Publié le 13/09/2013 à  17h29
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Des plans de cannabis dans la region de Toulouse (SCHEIBER FRED/20 MINUTES/SIPA)


Soixante ans après avoir été banni de la pharmacopée française, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a reçu en juillet une demande d’autorisation de mise sur le marché d’un traitement à  base de cannabis. Le Sativex pourrait être commercialisé en France à  partir de fin 2014.

Deux patients et une mère d’un enfant « hors-la-loi » témoignent de leur utilisation du cannabis thérapeutique.

Fabienne : « A tout moment, je risque une interpellation et une confiscation de mon traitement »
En septembre 2008, j’ai dû me faire opérer d’une tumeur cancéreuse au sein droit. Les séances quotidiennes de rayons, même rapides, étaient pénibles. L’hôpital et les malades plus atteints que moi que j’y croisais, l’attente quand la machine était en panne… un lieu simplement plombant. Le premier médicament qui m’a été proposé, en cas de besoin, était un antidépresseur. J’ai refusé car je n’en ai jamais consommé et je n’y tiens pas.

MAKING OF
Fabienne Lopez est présidente de Principes actifs, une association de patients utilisant le cannabis pour traiter les symptômes de leurs maladies et diminuer les effets indésirables des traitements.
J’ai rapidement découvert que l’effet antidépresseur du cannabis fonctionnait parfaitement sur moi. Cela me relaxait et me permettait de supporter moralement cette épreuve. Les techniciennes me faisait même part de leur étonnement quand à  mon bon mental
.

Mon médecin traitant, le cancérologue et le chirurgien, étaient informés de mon usage de cannabis. Tout le personnel soignant avec qui j’ai été en contact en a été informé. Personne ne m’a fait de réflexion négative sur cet usage, hormis le fait de le fumer. Pourtant, ce n’était pas possible d’en discuter avec eux, ils éludaient la question. Mon médecin traitant a été le seul à  réagir, il a constaté un effet positif sans pour autant avoir assez d’informations objectives pour l’expliquer. Il me suit depuis près de 25 ans, ça créé des liens !

Traitement post-opératoire

Après les séances de radiothérapie, j’ai commencé le traitement au Femara (appelé aussi la petite chimio), il n’est pas anodin en matière de dérégulation de l’humeur. Voilà  sans doute pourquoi les spécialistes et mon médecin traitant me proposaient des antidépresseurs.

Au bout d’un mois, j’ai subi d’autres effets secondaires. Je ressentais des douleurs osseuses et musculaires, principalement le soir, je n’arrivais plus à  faire de nuit complète. Les médicaments prescrits en complément ne calmaient que légèrement ces douleurs. J’en suis arrivée à  en prendre un contre les crampes, un contre les douleurs osseuses, un contre les crises d’herpès à  répétition, un contre les nausées et un contre les démangeaisons.

J’avais aussi des vertiges, j’ai fait des allergies à  certains des traitements qui ont été remplacés par d’autres. Par exemple, j’ai pris des bisphosphonates, j’ai dû changer deux fois de « marques » pour cause d’allergie, malgré le changement, très rapidement les effets désagréables sont revenus.

Choix du traitement

Au bout de trois ans, j’ai expliqué à  mon médecin traitant que cette situation de plus en plus déprimante n’était plus tolérable. J’ai préféré arrêter tous ces médicaments supposés me faire du bien, car ils me donnaient l’impression de m’empoisonner tous les jours un peu plus. Evidemment, j’ai gardé celui qui me préserve de toute récidive.

Mon cancérologue a insisté sur l’importance de ne pas interrompre le traitement principal, il n’en a jamais été question pour moi.

En augmentant ma consommation de cannabis, j’ai réussi à  remplacer les six médicaments d’accompagnement du traitement principal. Ces effets sont plus efficaces. Ayant tendance à  maigrir, j’ai enfin réussi à  maintenir mon poids, lutter contre les douleurs pour mieux dormir et surtout garder le moral malgré cette importante dégradation de mon état général.

J’ai jardiné avec l’aide d’amis

Pendant toute cette période, j’ai exercé mon activité professionnelle à  mi-temps. J’avais peu de moyens financiers. Pour ne pas acheter à  n’importe qui, n’importe quoi à  prix fou, j’ai jardiné en me faisant aider par des ami(e)s bien portants. Cela m’a fait du bien de m’occuper de mes plantes, le jardinage a pour vertu de faire oublier leur état aux malades. L’idée que cette plante est utile pour ma santé me donne un certain dynamisme. Mais de nombreux malades ne peuvent vraiment pas cultiver, il devrait donc pouvoir l’acheter en pharmacie.

J’ai compris qu’en fonction des variétés utilisées, j’avais plus d’appétit, un meilleur sommeil et moins de douleurs. Je me suis renseignée sur celles correspondantes aux effets recherchés et aussi sur les moyens de ne plus fumer le cannabis, comme la vaporisation ou l’ingestion.

Après essais, la variété Jack Herer convient le mieux pour mes douleurs articulaires, les crampes, les douleurs osseuses, j’utilise de la White Russian pour stimuler l’appétit et lutter contre l’asthénie. Pour un sommeil plus clame et régulier, j’utilise une huile de résine issue de variétés Indica très mature et mélangée à  de l’huile d’olive pour faciliter l’absorption sublinguale.

Pas une panacée universelle

J’ai bien conscience que ce n’est pas le cannabis qui soigne mon cancer. Il m’aide à  ne pas surconsommer inutilement des médicaments et à  me sentir suffisamment bien pour continuer à  travailler, à  avoir une vie sociale à  peu près normale.

Pourtant, l’idée que le cannabis soigne tous les cancers fait de plus en plus son chemin parmi la population touchée. C’est une idée dangereuse qui peut mener des gens à  ne pas se traiter correctement, comme on l’a vu en pleine épidémie de sida avec les instinctothérapeutes et autres charlatans.

Le cannabis pourrait avoir une action directe contre certaines tumeurs cancéreuses et sur la dispersion des métastases. Cela reste encore assez spéculatif. Les études internationales doivent être coordonnées et la France doit s’y impliquer. Il y a urgence. Ces études doivent prendre en compte le savoir empirique des associations de patients.

Peur de la répression

Pour moi, le cannabis est un médicament efficace mais interdit. A tout moment, je risque une interpellation et une confiscation de mon traitement et de mon indispensable matériel de jardinage. Sans parler de poursuites pénales. C’est un stress difficile à  supporter car très injuste. De nombreux malades d’autres pays, dans la même situation que moi, peuvent se soigner facilement et sans risque judiciaire.

Des chercheurs israéliens ont réussi à  obtenir un cannabis sans THC mais avec les composants requis pour certains usages thérapeutiques, d’autres ont réussi à  déterminer les combinaisons en cannabinoïdes (THC/CBD/CBN et autres) les plus efficaces en fonction des effets recherchés. Des dizaines d’équipes internationales mènent des travaux en ce moment même, pourquoi pas en France ?

Notre frilosité comparée à  nos voisins européens et à  l’Amérique du Nord n’est pas compréhensible par des patients en souffrance.

Nous savons bien que ce n’est qu’une affaire de temps, certains d’entre nous n’en ont plus beaucoup. Il paraît que dans certains services français de soins dits palliatifs, on permet aux malades de faire usage de cannabis, nous ne voulons pas attendre d’être là  pour nous soigner !

Pour une justice compassionnelle

De plus en plus de patients découvrent l’usage médical du cannabis, Internet amplifie le phénomène. En conséquence, de plus en plus d’usagers thérapeutiques, autoproducteurs ou pas, vont défiler devant les tribunaux. En matière médicale, la récidive est une obligation. Il n’est pas question pour nous d’arrêter de faire usage d’une plante qui nous aide dans notre quotidien sans créer de nuisances pour quiconque. Il n’y a ni crime, ni victime !

Il y a donc une urgence à  encadrer légalement et médicalement cette pratique. Nous avons récemment adressé un courrier à  Madame Taubira pour lui demander de faire cesser les poursuites à  l’encontre des usagers de cannabis thérapeutique. Il suffit d’une simple circulaire enjoignant tous les magistrats à  tenir compte du dossier médical des prévenus pour usage, détention, acquisition et autoproduction en fonction d’une liste établie de pathologies admissibles.

Pour tous ceux qui ne peuvent pas jardiner, il serait important de réfléchir rapidement à  la réintroduction du cannabis sous toutes ses formes dans la pharmacopée française.


Jérôme : « Le législateur crée une peine supplémentaire à  la maladie »
Je m’appelle Jérôme Tetaz, j’ai 37 ans, je suis vice-président de Principes actifs, utilisateur de fleurs de cannabis thérapeutique depuis vingt ans.

Je suis atteint d’une myopathie facio-scapulo-humérale, cette maladie crée une destruction des fibres musculaires ce qui entraîne une atrophie et une faiblesse musculaire s’aggravant progressivement. D’un syndrome d’Alagille, c’est une atrésie des voies biliaires. D’un polytraumatisme thoracique abdominal et d’une thrombose oculaire, les veines des yeux se bouchent.

La myopathie provoque de grosses douleurs musculaires, des douleurs électriques et des crampes. Ces douleurs sont de l’ordre de 7 à  8 sur une échelle de 10.

Des trous dans les draps tellement cela me démangeait

J’ai pris des antalgiques de palier 2 et 3, tel le Di-Antalvic ou la morphine. Des antidépresseurs (Tranxène), des anxiolytiques et des somnifères.

Tous ces médicaments avaient peu d’efficacité par rapport aux effets secondaires très nocifs pour mes muscles et mon foie. Les symptômes liés au foie étaient d’énormes démangeaisons aux jambes, je faisais des trous dans les draps tellement cela me démangeait. Ils influaient grandement sur mon état général de santé : perte de tonus musculaire, nausées, grosse fatigue.

J’utilise le cannabis pour soulager mes douleurs, elle passent de 7 à  2, ainsi que les crampes musculaires dues à  ma myopathie. Il détruit les sucres et les graisses qui sont nocifs pour mon foie, il évite aux veines de mes yeux de se boucher et me permet aussi de dormir correctement sans souffrir.

J’utilise les fleurs de cannabis pour leurs effets antidouleurs, relaxants musculaires, anti-inflammatoire, antidépresseur, anxiolytique et sédatifs, et aussi pour leurs effets énergisants et stimulant de l’appétit.

Forme galénique et posologie

Je consomme les fleurs en vaporisation, j’utilise différentes variétés selon les symptômes à  traiter. J’en ai une pour stimuler l’appétit et me donner du tonus musculaires, une autre pour les douleurs et la relaxation musculaire. Et une troisième pour ses effets sédatifs.

Pour la nuit, je consomme sous forme de biscuits ou en teinture mère pour un effet beaucoup plus long, ce qui me permet de dormir sans douleurs et sans prendre de somnifère. J’ai appris à  connaître et utiliser le cannabis thérapeutique en rencontrant différent médecins et association de patients étrangers, notamment suisses et canadiens.

Les variétés que je cultive m’ont été conseillées par ces médecins et associations, le plus souvent fournies sous forme de clones ou de graines. Ce sont des variétés reconnues pour leurs effets thérapeutiques.

Soulager les nausées, calmer les spasmes

J’ai présidé la Patients et réseaux d’information pour les alternatives médicales (PRISAM), de 2000 à  2004. Nous avions créé cette association, avec d’autres patients atteints de pathologies graves, suite à  un article de presse sur mon usage thérapeutique et les nombreux appels téléphoniques ainsi que les lettres reçues de personnes consommant déjà  du cannabis à  ces fins ou qui pensaient pouvoir accéder à  ce traitement.

J’ai cru naïvement pouvoir aider en partageant mon expérience avec ces personnes ayant un besoin urgent et vital d’accéder à  des plantes de bonne qualité sans passer par le marché noir. Nous souhaitions pouvoir rencontrer un médecin étranger ayant le droit et les compétences pour en prescrire. C’était des patients atteints de cancer, du sida, de Parkinson, des paraplégiques et tétraplégiques, ou des personne âgées en fin de vie. Ils avaient besoin du cannabis pour soulager leurs nausées dues à  la chimiothérapie, pour calmer leurs spasmes musculaires ou tout simplement pour vivre la fin de leur existence dignement.

Poursuites judiciaires, humiliation et effets néfastes

A vouloir aider d’autres malades, j’ai eu beaucoup d’ennui avec la justice. J’ai eu droit à  trois perquisitions et gardes à  vue avec saisie des plantes, du matériel et tout ce qui se rapportait au cannabis (affiche, livres…).

Suite à  ces perquisitions qui m’ont humiliées, j’ai eu de gros problèmes sociaux, j’ai dû déménager de ma ville. A chaque visite des gendarmes à  mon domicile, je me retrouvais obligé de reprendre des antalgiques, des somnifères et des antidépresseurs. Je me retrouvais cloué au lit, sans force, dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit. Je n’avais plus de vie sociale et familiale.

De plus, ces traitements étaient à  nouveau nocifs pour mes muscles et mon foie.

Pour chaque arrestation, j’ai fait l’objet d’un rappel à  la loi, d’une enquête sociale effectuée par un juge de proximité et 300 euros d’amende avec sursis. A la troisième convocation, le substitut du procureur avait compris que je n’avais pas le choix et me dit qu’il acceptait que je cultive mes fleurs pour mon traitement, mais je devais arrêter mes activités dans la PRISAM et refuser les articles de presse et émissions télé.

Une vie sous cannabis

Grâce au cannabis, je vis aujourd’hui correctement, je suis suivi par plusieurs médecins spécialisés, neurologues, hépatologues, pneumologues et médecins généralistes. Tous reconnaissent qu’heureusement les fleurs de cannabis sont là  pour m’aider à  vivre depuis toutes ces années.

Il n’y a pas que mes médecins qui finissent par reconnaître des vertus thérapeutiques au cannabis. Lors de ma troisième garde à  vue au poste de gendarmerie, j’ai eu l’autorisation de vaporiser afin de soulager mes douleurs.

Lorsque je suis allé aux urgences du CHU, une infirmière me fit savoir qu’il y avait un coin où des patients consommaient du cannabis pour se soulager, principalement des cancéreux. Quand je dois être hospitalisé, j’ai une chambre où je peux apporter le vaporisateur et un peu de fleurs.

Double peine

J’ai une grande incompréhension des lois actuelles. Elles sont censées nous protéger mais actuellement nous mettent en péril, nous humilient en confisquant nos plantes, le matériel pour les cultiver et les fleurs séchées qui nous sont vitales. Le législateur crée une peine supplémentaire à  la maladie.


Mireille : « Mon fils se retrouve hors-la-loi pour se soigner »
Je m’appelle Mireille, je suis la maman de Jérôme. Je profite de la chance qu’il a de pouvoir s’expliquer pour vous donner mon témoignage. Celui de la maman d’un enfant lourdement handicapé qui se retrouve hors-la-loi pour se soigner.

Depuis sa naissance, la vie de Jérôme a été jalonnée d’hospitalisations, consultations, examens divers, qu’il a subi avec beaucoup de courage et toujours de bonne humeur.

Le premier diagnostic, vers 3 ou 4 ans : atrésie des voies biliaires, puis vers 14 ans, les premiers symptômes de cette terrible maladie, la myopathie FSH : perte de forces, violentes douleurs au dos et aux muscles, difficulté à  lever les bras.

Nous étions tout le temps chez le médecin, qui ne savait plus quoi lui donner pour soulager ses douleurs. La maladie a évolué très vite, avec les douleurs et le handicap.

Le choix du traitement

Quand il a commencé un traitement au cannabis, cela a été dur pour moi. Je savais que c’est illégal et j’avais toujours peur de voir arriver les gendarmes, je le vivais très mal. Avec le temps, je me suis rendue compte que Jérôme allait mieux. Son handicap évoluait, mais il le vivait mieux. Il avait retrouvé une certaine qualité de vie que je n’espérais plus.

Avec les médicaments, il était amorphe, déprimé et il souffrait beaucoup. Un exemple : tous les hivers, il faisait de mauvaises bronchites, il n’avait plus la force de tousser et mettait beaucoup de temps pour s’en remettre. Avec le cannabis, je ne sais plus de quand date sa dernière bronchite.

Je ne dis pas que tout va très bien, mais je suis obligée de constater, malgré tout, qu’avec sa consommation de fleurs il est mieux, il fait des projets, il vit.

Il a eu par contre beaucoup d’ennuis avec la justice.

Justice et double-peine

Je le vis très mal, le fait que mon enfant très malade soit hors-la-loi pour pouvoir vivre correctement est difficile à  accepter, c’est dur. Je ne suis jamais tranquille, même si je l’ai toujours soutenu.

On a de la chance d’être français pour plein de raisons, mais beaucoup de pays ont compris la réalité des bienfaits du cannabis thérapeutique, les malades peuvent enfin s’y soigner selon leurs choix et en toute sérénité, ce qui n’est malheureusement pas le cas en France.

Source : http://blogs.rue89.com/drogues-et-addic … lie-231120

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