Compilation de TR - Ayahuasca

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groovie
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Ce topic contiendra un ensemble de trip report littéraire (TR) à  base d'ayahuasca. Ces derniers ont été rédigés par diverses personnes, dans une période de temps assez vaste (2007 à  2013).
Cespubliés sur un forum public sous pseudonymes que j'ai transformé en prénom (choisi aléatoirement)



Je pense que les héberger ici est un choix judicieux car :
- l'ancien lieu où ils étaient présent a disparu, rendant leur lecture improbable et/ou difficile.
- ils possèdent de nombreuses informations sur les pratiques, l'expérience enthéogène ce qui peut être utile pour certains lecteurs de psychoactif
- leurs auteur(e)s ont publié(e)s ces TR dans une zone accessible à  tous (non-membre compris) je me permet de les ré-publier. Je ne suis pas capable de contacter un à  un leurs auteurs pour leur demander leur accord. En cas de besoin, n'hésitez pas à  me contacter ici ou par mp.
- la prise drogue n'est pas forcément traditionnelle, ritualisée comme dans son contexte d'origine





Avant propos sur l'ayahuasca : qu'est ce que c'est?

L’ayahuasca ou yagé est un breuvage à  base de lianes consommé traditionnellement par les chamanes des tribus indiennes d'Amazonie, utilisé pour sa capacité curative associée aux croyances et pratiques locales.

Par extension, ayahuasca est le nom donné aux lianes du genre Banisteriopsis dont l'écorce sert principalement à  la composition de cette boisson.

L’activité pharmacologique de l’ayahuasca est particulière du fait qu’elle dépend d’une interaction synergique entre les alcaloïdes actifs des plantes qui constituent le breuvage.

L’un des constituants - les feuilles de Psychotria viridis ou une espèce apparentée - contient l’alcaloïde N,N-diméthyltryptamine (DMT), qui se trouve être inactif lorsqu’il est ingéré oralement, car il est rapidement dégradé par des monoamines oxydase (MAO) périphériques, naturellement présentes dans l’appareil digestif.

L’absorption simultanée de β-carbolines, inhibitrices puissantes des MAO, apportées par le deuxième constituant du breuvage - l’écorce de la liane Banisteriopsis caapi - confère à  la DMT une protection contre la dégradation enzymatique et lui permet alors d'exercer son effet sur le système nerveux central. Cette interaction est la base de l’action psychotrope de l’ayahuasca.


Alternatives?

il est possible de faire des mélanges a base de plantes qui ne sont pas présentes dans la zone sud américaine : peganum harmala (méditerannée) pour remplacer le Banisteriopsis caapi  pour le coté imao

pour  remplacer la source de DMT , présent dans la Chakruna (Psychotria viridis , les feuilles vertes) , on peut utiliser du Mimosa Hostilis qui est généralement le produit brut a partir duquel les occidentaux extraient des cristaux de DMT.

En Amérique du sud, il existe aussi d'autres alternatives, d'où le nombre important de variantes dans la recette. L'objectif  reste d'avoir une source de dmt, avec des plantes qui permettent de la rendre active via les β-carbolines comme la liane de B.caapi.


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groovie
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TR N°1 Le souffle du Jaguar
AUTEUR : STEPHANO
DATE DE PUBLICATION : 2007
SUBSTANCES : ayahuasca colombienne , Yopo,  iboga adaptogène (faibles doses quotidiennes)
LIEU : COLOMBIE


L’expérience de la liane ayahuasca est,par sa nature mème,imprévisible,polymorphe,profondément aléatoire.
L’émergence de materiel inconscient,la réactivité organique et métabolique de chacun,nos chemins intimes déja tracé dans l'hyperespace,tout concours a faire de la perception subjective d'une cérémonie un évènement unique,une révélation personelle.
Et pourtant,dans un mème mouvement,il s'agit d'une aventure collective,un moment universel,l'heure ou les archetypes s'anime,ou le monde des idées de Platon assoie sa suprématie sur le monde phénoménal...le rituel du grand partage.
Une liane a toujours deux extrémités.
Deux bouts par lesquels il est possible de la saisir.
-La base ou la révélation intime,le secret de polichinelle chuchoté a l'oreille par l'esprit de la plante,esprit autant docteur que farceur.
-La cime qui est la clameur de l'Etre,gloire de l'unique qui est la somme de toutes nos energies dissoutes dans un mème flux.
Pas de diète spécifique pour aborder ces deux jours de cérémonies,si ce n'est la prise quotidienne d'une petite quantité d'iboga,un mois durant,histoire d'actualiser le mariage de la racine et la liane au sein de mon corps(deux energies fondamentalement différente qu'il est urgent de "marier"pour éviter les interférences).

Le brevage de Kajuyali se caractérise par son caractère suave,le caramel de la selva colombienne.
Il me présente une coupe pleine(presque un bol) d'un nectar trouble et épais,mal filtré,autant a boire qu'a manger.
S'en référant aux puissances de la forèt,murmurant sa lancinante supplique.On peut presque sentir ses esprits alliés descendre dans la malloca,faire trempette dans le bol d'ayahuasca qu'il me tends en me fixant du regard.
Sa présence possède une densité inouie.
Comme une statuette précolombienne irradiant d'un amour inconditionnel.
S'infiltrant dans l'estomac,la liane entreprend de s'insinuer dans chacune des cellules de l'organisme,réajustant les fréquences vibratoires de chaque recoin du corps,traquant les interferences,modulant les sensations organiques.
Il s'en suit un large éventail de réaction psycho-physique:
Baillement,tremblement,prostration,mouvements involontaires,accélération puis décélération du beat cardiaque,sueurs,frissons.
Le serpent imprime son mouvement dans la malloca,ondulation et pulsation.
Dans un mème temps il se déploie dans mes entrailles,entamant sa traditionelle danse des viscères,saturday night fever.
Eructations,grognements,la cérémonie s'anime.
Le style d'ambiance sonore qui caractérise les zones marécageuses de la jungle.Batracian style.

Trés vite le carnaval de la DMT,s'installe.Visions ornementales sur un déluge de sensations brutes....je sors dans le jardin aprés avoir purgé,m'enfonce entre les arbres,m'allonge sur le sol humide.
La voix cristalline de Federico,le fils du chamane(huit ans),lacère le silence de coup de griffes vocales qui se transforme en caresse vibratoire en remplissant ma perception.
Il sait que par tradition on pénètre le monde des esprits en chantant,nous ouvre les portes du pays merveilleux en traçant des sillons dans la dure nuit de la liane.
Partout les organes implosent....filles blotties autour de leurs ombres,sanglotant,garçon tremblant pendant que l'évangile vert lèche les parois internes de ses viscères gelés.C'est l'heure du loups,l'heure du grand passage.

A quelques mètres de moi,allongé sous les branches un jeune mec se vautre dans la terre,grognant,hurlant,bouffant de la terre,il m'avouera le matin venu que son corps était sous la possession de l'esprit du jaguar.
Des entrelacs d'or et d'argent habillent le jardin,la liane m'accorde un instant de félicité totale.
Je pénètre la malloca alors que Kajuyali entame un rituel du rassemblement des forces,créant des passerelles energetiques entre chaque buveur,tissant une toile a force de chants et de drums.
L'energie de ses chants diffère profondemment de celle des icaros Péruviens,influence lakotas,vigueur guerrière,mais une guerre de l'ouverture du coeur,le combat de la guérison a venir.
Je décide de boire une seconde coupe...frissons electriques qui montent en spirale autour de ma colonne vertebrale quand le liquide pénètre mon organisme.
J'assiste a un soin prodigué par Kajuyali a une jeune femme aux yeux troubles.Plumes et cristaux en guise de bistouris.
Réajustement micro-energétique tandisque les drums se déchainent,activant la purge,le serpent me tord les boyaux pendant que dans le ciel la lune envellope le soleil dans sa sombre lumière.
La purge,incessante,d'une intensité redoutable,se poursuivra jusqu'au milieu de la matiné....expulsant tensions,tristesses,et offrant au corps une nouvelle liberté.

La seconde nuit s'annonce puissante,mon corps est devenu aprés la rigueur de la purge,un récipient parfait,prés a recevoir la parole de l'hyperespace dans sa forme la plus pure.
Je sais par experience que les cérémonies suivant les grossses purges sont comme un ouragan de formes et de visions,le hurlement bariolé de la liane de l'ame,l'excés de langage du monde végétal....le secret de l'homme rouge.
Le chamane parle d'une voix douce et sure,annonçant que chacun avance dans un processus qui lui est propre,indiquant que la liane est détentrice d'une sagesse anterieure a l'apparition de l'homme.
Quand je porte la coupe a mes lèvres,Kajuyali me fixe avec ses yeux perçants et son visage pacifié,comme s'il savait les explosions de formes a venir,les moments de grandes solitudes au prise avec un tsunami de couleurs atroces,les couleurs du drapeau de l'hyperespace,celui qui flotte a la proue du vaisseau de la mort blanche,lorsque celui-ci vient amener l'ame pour la grande traversée.
Trés vite les informations affluent,je sens les esprits d'afrique porté par l'iboga tenter une percée dans ma conscience perméabilisé par l'elixir de la jungle.
Pression insoutenable,je préfère m'enfoncer dans le jardin pour affronter ces esprits tout seul,comme j'en ai l'habitude.

Mais cette fois l'intensité est un octave au dessus,comme certaines cérémonies-limites,je m'aperçoit qu'il me faudra m'anéantir pour supporter le travail de la magicienne aux milles lumières.
Je tombe au sol,un échafaudage de branches aux formes folles sort de mon corps,pendant que le miraçao,la grande vision déchire le jardin silencieux pour me projetter dans la forèt primordiale,l'eden scintillant ou les branches s'élèvent jusqu'au ciel en tourbillonant,dans une débauche de flash de plusieurs millions de kilowatts.
Entre les branches des chiffres tombent en cascade,me révélant l'algèbre caché derrière les formes.
Les esprits du bwiti font surface,mes dents s'entrechoquent,battant la mesure d'un alphabet-morse des profondeurs,je voudrais me dissoudre mais les esprits exigent un corps pour pouvoir s'actualiser.
Leurs voix gutturales dégoulinent d'entre mes lèvres,je voudrais que Kajuyali m'aide mais je sais qu'il s'agit d'une affaire personelle...je me cramponne a la terre,et remercie l'ayahuasca de m'indiquer le chemin,mème s'il s'agit d'un sentier de souffrance,car comme UG,mon vieux maitre me l'a enseigné:"au milieu des épines,je marche..."

Les mots du bwiti se répandent dans la nuit,je m'entends aussi invoquer Exu,l'Hermès du vaudou Brésilien,Exu tranca-rua,gardien des carrefours,messager des Dieux,je suis au carrefour entre les mondes,étendu les bras en croix.Conscient qu'encore un fois il me faudra mourrir a moi mème avant de pouvoir renaitre rédimer.
Un silence de mort emplit le jardin clignotant,silence plein,plein a tout rompre de matière noire,d'un vide absolu,la nuit de l'ame des mystiques chrétiens.
Vacillant,je rejoins la malloca,Kajuyali et ses assistants travaille a faire de la malloca un espace lumineux,les chants en Kofanes tracent des motifs geometriques couleur ocre sur les murs,chacun reçoit sa part de lumière,les corps couchés en cercle s'immiscent dans les ondes de pouvoirs qui fluctuent dans la salle de cérémonie.
Kajuyali invite Q a recevoir le Yopo.
Entre deux vagues de visions,j'observe sa nuque se plier sous le coup de l'entré de poudre de yopo dans les muqueuses.

Sourire entendu,yeux qui crachent les flammes.
B me décide a essayer le yopo malgré ma réticense,ayant consommé de l'iboga,je crains des interactions génantes avec la bufoténine(mes essais en solitaire avec le yopo m'ont vu éprouver des turbulences physiologiques trés désagréables,B ayant essayé le soir précédent m'assure que les troubles somatiques sont cette fois ci absent).
L'assistant me demande de lever la tète,me glisse la double extrémité de la sarbacane dans les narines avant de m'insuffler la poudre de yopo dans les narines.
Coup de boule rituel,la force du jaguar me chauffe le corps.
Je pars m'allonger,ferme les yeux et visionne le corps du jaguar,ses motifs dansent derrière mes paupières.
Mon corps gagne en vigueur,connection avec mon animal intime,violence canalisé qui gronde comme un volcan en stand by.

Je m'endort comme ça,en dialogue avec mon animalité.
Au reveil,quelquechose a changé,étant quasiment végétarien depuis deux ans,depuis qu'un tigre m'a donné de judicieux conseils de diètetique,je me retrouve au moment du repas,avant de prendre l'avion,a saliver devant un bloc de 300 gr de viande presque crue.
Depuis l'odeur de la viande grillé m'affole(chose inconnue pour moi qui n'ai jamais été un bouffeur de viande),mon désir sexuel a lui aussi pris une dimension pulsionelle troublante.Le yopo a réveillé un jaguar que j'avais progressivement transformé en chat domestique.
Grace lui en soit rendu.(et grace soit rendu a l'ayahuasca et a Kajuyali d'apporter la preuve que l'ayahuasca est la maitresse aux milles visages,celle qui enseigne le sens de la vie et de la mort,l'alphabet de l'ombre et celui de la lumière).


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TR N°2 La mort
AUTEURE : KATHERINE
DATE DE PUBLICATION : 2012
LIEU : INCONNU
SUBSTANCES : Peganum harmala , Mimosa Hostilis





La mort

    La dernière fois je m'étais concentrée sur la non-intention, avec ce "advienne que pourra" je voulais laisser surgir ce que je ne soupçonnais pas. C'était plutôt réussi. J'ai appris l'humilité.

    Cette fois ci, je savais pourquoi je buvais, je voulais boire. J'avais pris conscience depuis quelques temps d'une grande colère accumulée et d'un besoin de l'évacuer qui se traduisait parfois dans mon quotidien par de grands éclats disproportionnés, des accès de violence intenses, une haine dévastatrice.

    Le médecin est arrivé, D. et moi l'attendions, quelque peu fébriles N. nous a rejoint, les retrouvailles sont agréables même si l'appréhension de la nuit à  venir se fait sentir.

    Le premier verre est, comme d'habitude, pas si difficile à  avaler, je l'invite à  se blottir au fond de mon ventre, je le couve. Très rapidement (environ 10 minutes après l'ingestion), je ressent les premiers effets. Chaleur, détente et tension, le tissu tendu devant moi au mur, une tenture indienne, un arbre de vie, organique, fleurissant, animé, la vibration du monde... Je me redresse, je sens une rage monter, légère, maîtrisable. Je respire, gonflant cette émotion et la rejetant dans la pièce. Je secoue la maloka avec mon animosité, je pourrais la détruire, je tiens le monde dans ma resiration, je le tiens par les couilles. Je sens cette toute puissance en même temps que je m'aperçois de ma prétention. Je me dis que je en devrais pas être si sûre de moi, je me rallonge.

    Les effets s'estompent presque, tout est plus calme, tout est magnifique, les visuels sont splendide, une créature faites de pierres précieuses pointe le bout de son nez par le velux, elle est changeante et éclatante de beauté. Je mets la couette sur moi, je m'enferme dans cette grotte, et commence à  y voir des fractales incroyables faites de chair humaine et de couleur, yeux fermés ou ouvert c'est la même chose, je suis subjuguée.

    J'entends N. rugir, crier, se faire traverser par la sève, la force. Je me laisse happer par l'intensité du fluide qui m'envahit. Je perds peu à  peu le contrôle, chacun de mes repères se dilluent, disparaissent, le tout dans la difficulté émotionnelle, je pleure ces certitudes qui s'envolent, j'accepte ma condition d'être humain, je repense à  l'humilité, qu'est-ce que j'en chie... putain j'en chie...

    C'est de plus en plus fort, c'est trop fort...Non! C'est très fort, ok, bon ne te laisse pas emporter par l'angoisse... putain c'est dur... les images se bousculent encore, je tiens mon corps, mon sexe, je me griffe, je m'attrape, je me perds, je disparais, tout disparait, plus rien n'a de consistance, tout est insaisissable, je ne peux plus rien saisir, rien à  quoi me raccrocher, rien qui puisse me fixer.

    J'ai purgé deux fois dans le chaos le plus total, en ne sachant pas d'où sortait le liquide, ou il allait, je ne peux pas toucher, je ne peux pas sentir, je ne sais pas où je sens, où je suis, ce que je suis, depuis quand, qu'est-ce que c'est "quand"... J'ai peu purgé et ce n'est pas un hasard, ma bouche était fermée, elle fermait la frontière entre l'intérieur et l'extérieur, elle m’empêchait de me répandre a l'extérieur, ma seule survie était dans la sauvegarde de mon être à  l'intérieur de mon corps.

    J'ai demandé de l'aide, c'est la seule fois où j'ai pu, su, réussi à  prononcer les mots. Je ne savais plus comment gérer le liquide qui s'était échappé de mon corps par le visage. Le médecin est arrivé, m'a donné de quoi m'essuyer et j'ai disparu à  nouveau, je pleure encore, mais je parviens parfois à  trouver les ressources pour accepter, pour laisser faire, allez, soyons optimiste, pour apprécier.

    Un seul verre quand j'en avais bu 5 la fois précédente. Un seul verre qui m'a emporté pendant 3h au moins, interminable, je ne peux pas tout raconter, tout verbaliser, c'est difficile d'être exhausitive, mais bordel, waw. J'ai, pour la première fois, supplié que ça s'arrête. Mes seins, mère nourricière, m'ont bien aidé. Le contact du médecin quand j'ai saisi pour la première fois une entité matériel, son être, seul objet tangible, palpable, la seule chose qui ne disparait pas. Les visages qui s'éclatent en fractales dans la pièce, dans la soupe de l'univers, l'électrcité, la lumière, les vibrations, la dissolution totale... Mes mains posées sur mon visage, la moiteur réconfortante.






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TR N°3 : Prise sauvage
AUTEUR : KURT
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES : inconnues
LIEU : SUISSE






    Bonjour tout le monde! J’hésite à  faire ce post, mais bon… je me lance !

    Alors je vous livre un petit TR, qui ne sera pas spécialement intéressant. Mais il donnera une autre approche que les TR chamaniques divins, puisqu’il s’agit d’une prise sauvage de 3 novices en la matière.

    Mais avant tout, il m’apparaît important de décrire mon état d’esprit post-voyage. Je suis une personne alternant entre phases joyeuses et motivées et phases légèrement dépressives. J’utilise pour décrire cela le terme de haute libido ou basse libido (mais pas libido dans le sens sexuel, mais plutôt le concept jungien(?) d’énergie psychique). Quand ma libido est basse, je suis d’état morose, me sentant seul, ne possédant aucunes motivations et passant une bonne partie de mon temps à  glander… Là , ça faisait environs une voir deux semaines que j’étais dans un état de très basse libido. Bref, ça n’allait pas très fort !

    Enfin, revenons au vif du sujet. Un de mes amis avait reçu dernièrement une « boisson » d’ayahuasca venant directement d’un marché péruvien. Trois doses d’une préparation prétendument forte d’après la vendeuse. Trois doses pour trois amis qui aiment parcourir le monde de l’esprit ensemble. Parfait ? Ouaif… le problème est qu’aucuns de nous n’a jamais été initié à  l’aya dans les règles de l’art et que nous avons encore moins le numéro d’un chaman dans notre répertoire. Bref, si nous voulons tenter, ça sera un dépucelage peut être violent pour nous trois. Et personnellement, j’ai toujours respecté et été effrayé par l’aya, alors une telle idée me rends fortement anxieux. Mais bon, si le destin me propose cela, c’est qu’il a ses raisons ! Et il aurait été bien présomptueux de me croire plus malin que lui. Advienne que pourra.

    Bref, par un beau samedi après-midi ensoleillé, nous nous sommes retrouvés les trois à  mon chalet, perché au milieu des Alpes. Après un bon moment à  parler et à  rire, nous débutâmes l’expérience. Les rituels que nous avons appliqués sont simples puisqu’ils n’existent tout simplement pas. La diète suivie s’est résumée au strict minimum. Pas de babioles, juste nous nus face à  la liane et son lumineux additif. La boue amère descend difficilement et ce goût fait tout de suite monté l’envie de vomir. Une fois nos verres bus, nous nous posons à  l’extérieur sur des chaises longues, avec bidons à  proximité, couvertures chaudes et l’ordinateur en arrière fond crachant des icaros.

    Les nuages commencèrent leur danse environ 20 minutes après. Sensations étranges dans mon corps... Je suis soudain pris d’une forte envie de vomir, mais je suis resté cinq minutes au dessus du bidon sans que rien ne vienne. Je me recouche et là , je commence à  quitter la réalité. Mon corps est lourd et je suis littéralement plaqué sur ma chaise longue, écrasé par la vie. Ma conscience devient une énorme mosaïque dansante et les images défilent à  une vitesse croissante. Mes oreilles bourdonnent et le silence n’existe plus. Bon dieu, ça devient fort, violent ! Comment survivre à  ça ? J’ouvre les yeux. Ouf, le monde est toujours là . Je les referme et je retombe dans cette dimension mathématique mouvante. Je gigote et tente désespérément de trouver la position de survie. Cela fait maintenant une heure que j’ai bu, harassé par la violence de l’instant, je décide d’aller m’isoler et de retrouver l’intérieur de mon chalet, qui est pour moi une place rassurante.
    Affalé sur mon canapé, je continue de danser avec l’univers. Plusieurs visions glauques, mais je pense que c’est chez tout le monde comme ça. Au fond de mes intestins j’ai la même sensation que lors de mon bad trip au 2c-e + sauge, mais je tiens bon. D’ailleurs, dans ces moments, quand je pense au forum, je n’arrive qu’à  me le représenter comme une sorte d’organisme complexe J

    Mais assez rapidement, les visuels commencent à  diminuer. La vague de la dmt est passée. Je me retrouve dans un état complètement différent d’avant. Et je dois avouer, c’est cette part de l’expérience qui m’a particulièrement plu et surtout qui me semble la plus utile. Les effets sont encore bien présents, mais je ne suis plus défoncé ! Non non, ce terme ne convient absolument pas... le terme juste est lucide. J’ai l’impression de pouvoir réfléchir sur moi avec une incroyable honnêteté. Je peux me regarder sans fard et sans me juger. Les choses sortent naturellement d’elles-mêmes. J’avais l’intention de venir nu devant la liane et de la découvrir de manière humble, mais c’est devant moi-même que je me retrouve à  poil. Impressionnante capacité à  faire le point et à  choisir. La volonté boostée au max. Je ne vais pas trop m’étendre… Juste l’envie de garder le loup en moi (par rapport à  un de mes autres sujets, mais bon ^^)

    Bref, je vais plus ou moins arrêter là  parce que c’est plus de 3 heurs du mat et j’en ai marre. Pour mes deux compères, l’expérience c’est très bien passé et le régiment ne compte aucunes pertes ! 4 ou 5 jours se sont écoulés depuis… et je dois dire que je me sens extrêmement bien ! La libido a retrouvé un seuil particulièrement haut et avec elle est revenue l’envie de travailler et surtout la joie et la bonne humeur J J’ai aussi l’impression que dans mes contacts avec les autres, je ne suis plus sur la défensive comme je l’étais parfois avant. Oui, tout est bien qui finit bien…


    Par contre, j’ai une petite question pour les habitués de l’aya. J’ai eu l’impression que la dmt était certes bien sympa, mais que l’effet vraiment intéressant, permettant l’évolution, était dû à  la liane seulement. Un peu comme si la dmt était l’art rococo, tape à  l’œil et attirant le fidèle, mais que le cœur de l’église, où se déroulent les choses essentielles, était seulement la liane (désolé pour la comparaison foireuse, mais la dmt ressemble au rococo, point !). Je demandais si avec une préparation contenant seulement de la liane, je pourrais ne ressentir que la deuxième part des effets ? Certes, il y aura un peu de fun en moins… Merci à  celui qui me répondra.

    Bon, bravo à  ceux qui m’auront lu jusqu’au bout !!! J’espère ne pas vous avoir ennuyé… Ni avoir choqué du monde avec une prise d’aya hors des règles.

    Merci et gros bisous à  vous !

Dernière modification par groovie (18 janvier 2017 à  02:08)


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Trip report ayahuasca -  féminins UNIQUEMENT





TR N°4 : La femme piquée par un serpent
AUTEURE : TAMARA - 60kg , 163cm
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES : Ayahuasca/Juréma
LIEU : INCONNU



La femme piquée par un serpent


C’est ma première session. C’est ma première drogue aussi. C’est même la première fois que je prends l’avion. Pourtant j’arrive relativement sereine pour cette rencontre avec l’Ayahuasca. Nous sommes peu nombreux et l’accueil est chaleureux. Je me sens confiante.

Pourtant ces deux premiers soirs seront éprouvants. Autant le premier soir le goût de la Liane ne m’a pas trop dérangé autant le second, même son odeur était insupportable. Deux nuits à  vomir. Même le ventre vide je vomissait, c’était douloureux et épuisant. Je suis énormément déçu d’avoir autant souffert pour rien et plusieurs fois j’ai pleuré de frustration ; cachée dans mon duvet.
J’ai l’impression d’avoir été rejetée par l’Aya et par là  même de pas avoir pu m’intégrer complètement au groupe. J’aurais voulu « voire » « ressentir » et « partager » cette expérience avec les autres participants. La quasi-totalité du groupe s’en va ce troisième jour. Je reste seule avec « Y » qui a animé ces deux nuits et « X », sa compagne. On passe une très agréable journée ensemble et « X » me demande si je souhaite boire encore. Franchement non. Je ne veux pas : c’est infâme à  boire et rien que d’y penser… Pourtant j’accepte, je veux le tenter à  nouveau, m’offrir une dernière chance d’approcher… Je n’aurais pas fait ce voyage pour rien.

Minuit arrive vite et « Y », malgré la fatigue, prendra soin de moi cette dernière nuit. Je lui avais parlé du Juréma puisque j’avais lu que c’était un équivalent peut-être plus direct et efficace que l’Ayahuasca ? Il avait le Mimosa nécessaire et ce sera le premier verre de cette soirée. Je suis assez contente de moi puisque je le garde, pas sans mal bien sûr. Je suis assise en tailleur sur le matelas ; je caresse mon ventre en lui demandant de tout conserver, comme une femme enceinte parle à  son bébé.
« Y » qui veille sur moi me propose un verre d’Aya 1 heure plus tard. J’accepte, me lève, porte le verre à  mes lèvres et bois deux gorgée. Je vomi ces deux gorgées immédiatement. L’odeur, le goût… C’est insupportable. Je n’en peu plus, la fatigue et la déception me gagne. Je me sens minable et m’endors déçue.
Les Icaros tournent en boucles, je préfère ces mélodies amérindiennes aux percutions enfiévrées des soirs précédent. C’est pourtant les percutions qui me réveillent en sursaut, persuadée que la porte est forcée. Mais tout est calme et « Y » s’est endormi. Je tourne en rond quelques minutes puis cherche le verre de Liane, m’en saisi et le bois d’un trait. Désespérée à  l’idée de vomir à  nouveau je me tourne vers l’autel dressé par mon « gardien » et prie la Liane de m’accorder quelque chose, de ne pas me laisser à  l’écart. Je ne demande pas grand-chose, juste un petit visuel, peut-être ?
Je comprends que c’est là . Je ne le ressens pas vraiment, mais c’est là  quelque part, prêt à  décoller. Ce qui me faudrait c’est un coup de pouce. Quoi ? J’en sais rien. De l’Harmal, de la Salvia, un joint d’Herbe… Je cherche un mégot n’importe quoi qui puisse m’aider et c’est « Y » qui devra me rouler ce joint salvateur. J’inhale profondément cette Herbe que j’ai si rarement goûtée et CA arrive. C’est fort, C’est puissant, je me sens partir et je suis incapable de même reposer le joint. Ca m’envahit si fort que cela me fait peur, mon Dieu c’est BON !

Ce n’est pas possible que ce soit si bon et si fort. J’aimerais enrayer la montée mais rien à  faire. C’est une suite de vagues de plaisir qui part de très bas pour irradier très haut et exploser tout partout. C’est presque trop et je voudrais calmer cette houle avant que « Y » ne comprenne ce qui m’arrive ; avant que je renonce et m’abandonne. Mais au-delà  de toute pudeur, terrifiée et attirée je me sens lâcher prise, comme si aucune éducation ni aucune morale n’était assez forte pour m’empêcher de céder au plaisir qui m’envahi toujours plus puissant.
Mon corps est mon corps, puisque je ressens chaque caresse et pourtant c’est puissance 1000 que ma peau reçoit le plaisir. Ce sont mes membres qui me procurent ce plaisir et pourtant mes mains agissent d’elles même et clairement contre le peu de volonté et de pudeur qui me restent encore. Je suis comme possédée, je donne et je reçois, je suis ces deux entités et pourtant l’une n’est pas moi. Impossible d’exprimer ce sentiment, cette conviction d’être l’amant et l’aimée. Impossible d’exprimer la puissance de ces orgasmes à  répétition, presque en continu.

J’ai un peu honte de raconter de telles choses, mais sachez, que cela n’est rien en comparaison de la gène extrême que je ressens envers « Y », qui peut-être à  été témoin d’une parti ou de l’ensemble de ce voyage vers moi-même. En même temps et pour de nombreuses raisons, je ne regrette rien. Cela n’a pas seulement été une expérience hors norme, cela a été presque salutaire. Je me suis réconciliée avec moi-même et je reste persuadé que cette étonnante expérience de Magie Sexuelle avec la Liane n’était qu’un moyen et certainement pas une fin. Je le ressens chaque jour. J’avoue, rougissante, mais j’avoue… que trois heures d’orgasme en continu c’est certainement thérapeutique.

Je suis vraiment reconnaissante envers « Y » d’avoir su s’effacer quand c’était nécessaire, j’espère qu’il excusera mon comportement et s’en souviendra avec le sourire.

Merci à  « X » pour sa compréhension et sa gentillesse.


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TR N°5 :  Il était une fois... une souris
AUTEURE : ANNE - (premier tr du topic)
DATE DE PUBLICATION : 2007
SUBSTANCES : Ayahuasca (classique)
LIEU : BRESIL




Par où commencer ? C’est tellement limpide dans ma tête mais tellement complexe de mettre des mots là  dessus… Peut être commencer par le tout début, le moment où je me dis, ça y’est, la liane me tend la main, elle m’accepte. J’ai bu le liquide sacré… Miaaaam ! Petit goût de fèves de cacao brut, qu’on aurait mélangé à  de la terre !! Amer d’abord, acre ensuite… En fait, en deux mots, pas bon !

Je suis là  assise toute droite et les couleurs éclatent, le plafond de la maloka est un feu d’artifice… Je sens mon crane se vider, comme si l’intérieur de mon cerveau s’effaçait, ma tête est une boite vide, et là , le côté gauche de mon visage se compresse pour entrer dans le côté droit…. J’ai l’absolu certitude qu’il ne me reste que le profil droit, étrange sensation de déséquilibre de mon moi profond…

Toujours est-il qu’en tant que novice, je me dis à  ce moment là  que je suis défoncée de chez défoncée ! Je me sens partir dans un tunnel sans fin, j’y circule lentement et paisiblement alors qu’autour de moi, ce n’est qu’explosion de lave et de couleurs saturées. Je me sens grandir, je remonte le courant de ce torrent de feu aux 1000 et unes couleurs. Je me sens comme enveloppée dans du coton…

Je ne sais pas exactement comment j’en suis arrivée là , mais soudain, les chants, les drums, ça crée un véritable ouragan à  l’intérieur de mes tripes, ça fait des tourbillons qui montent et qui descendent à  l’intérieur de mon tube digestif, j’ai bouffé un tsunami tout entier à  moi toute seule, c’est pas possible autrement ! Je sens une spirale infernale qui vient de très loin du cœur de la terre et qui remonte dans mon ventre à  une vitesse folle, cette violence intérieure me surprend presque…

Je suis persuadée que le chaman commande et contrôle la purge, et là , il nous sort le grand jeu, faut que je sorte, ma crainte étant de vomir dans la Maloka, lieu que je considère déjà  comme trop sacré pour être sali…

Me voilà  à  l’extérieur, le choc, le monde est fait de pixels, de cubes de toutes tailles qui entrent et qui sortent des murs, le sol ondule, … Je me dirige vers le trou… Je ne sais pas dans quel ordre j’assimile ce trou à  une mare à  grenouilles, est-ce cet endroit de verdure ou est-ce ce que j’ai au fond de moi ? A moins que la souris et la grenouille, ne soit une nouvelle fable à  écrire ? Toujours est-il qu’à  chaque fois que je vais y vomir, ce sont des dizaines de grenouilles qui sortent de ma bouche pour rejoindre le trou… le gout est affreux et pourtant, je suis contente de purger, ça me fait un bien incroyable, ça me ressource et me donne l’impression de larguer des valises !

C’est après la 1ère purge que j’ai soudain l’impression d’avoir ouvert une porte sur mon monde parallèle. Une plateforme s’ouvre sur mon nouvel horizon. Tout est fait de micros pixels bleutés et rosés… C’est d’une beauté inouïe… Je m’approche du feu, le feu est vivant, il est dressé vers le ciel, il est pixelisé lui aussi, et il dessine des mouvements de haut en bas comme pour s’adresser aux étoiles. Plus jamais à  partir de ce moment, je ne regarderais un feu de la même façon…

C’est là  que le fils du vent entre en scène, le fils du vent (c’est le nom qui me vient en pensant à  lui), 8 ans, beau comme un ange, qui va donner le ton à  mon univers féerique. Il se met à  chanter et jouer des maracas autour du feu. Il devient mon conteur musical, je suis dans le pays des contes et légendes, je comprends ce qu’il raconte, c’est d’une limpidité incroyable alors que quelques heures avant, je ne comprenais rien à  l’espagnol ! Là , c’est devenu un hymne à  la joie, à  la vie, c’est un conte initiatique, qui va m’aider à  grandir, à  évoluer, à  vivre en harmonie avec moi même et avec les autres dans ce nouveau monde parallèle.

Parfois, il se trompe, trébuche sur un mot, ça le fait rire, ça m’éclate drolement, j’ai la sensation que ce petit prince là , sait exactement où il m’emmène, la musicalité de son conte va d’ailleurs me tenir plusieurs jours durant… Encore aujourd’hui et pour l’éternité je crois. Quand il reprend un couplet avec sa petite voix qui court, en s’acharnant sur ses maracas, la liane effectue sa folle spirale dans mes entrailles, je rejoins alors ma mare à  grenouilles à  2 mètres de là , contente de larguer une nouvelle valise qui me pèse…. Et je l’observe de loin, et je m’amuse à  le regarder, il incarne la perfection…

Autour du feu, une paire de hollandais qui discutent à  voix basse, j’assimile leur langage à  celui des elfes, c’est fabuleusement beau ! Merlin est assis en face de moi, c’est devenu… Merlin l’enchanteur, le vrai… d’ailleurs, il reconnaît ma cape comme étant celle de Broceliande. Lit-il dans mes pensées ? Ou lui en ai-je touché un mot ? Ou alors, suis-je vraiment devenu un personnage à  part entière dans ce conte fantastique que je le lui renvoie si fort ? A moins qu’il soit aussi dans un conte de fées ? Aucune idée…

Je ferme les yeux, j’ondule dans mon décor et je vois des gens vêtues de toges blanches et bleues pales qui se promènent, ça et là , un livre à  la main, je suis dans un pays d’histoires, chacun apprend, tire un enseignement, une philosophie de quelquechose. Notre intellect est en ébullition permanente. Je reçois moi même des conseils d’une voix féminine douce et sereine, sage et tranquille, mais parfaitement virtuelle… elle chuchote à  l’intérieur de moi, je ne parviens pas à  me souvenir aujourd’hui de ses mots exacts, de ces précieux conseils et pourtant, je me vois acquiescer, être en accord parfait avec ses paroles, je sais qu’elle a raison.

Ce qu’elle me dit est d’une logique implacable, elle me dit ce que j’ai toujours su sans jamais m’en rendre compte. Elle me dit ce que j’espérais entendre depuis toujours. Elle détient la vérité, et me la transmet et cela me semble tellement évident que je me demande pourquoi je n’y ai pas pensé toute seule. A d’autres moments, j’ ai l’impression qu’elle me moralise, qu’elle me fait la leçon, qu’elle me bouscule dans mes retranchements, ça me rend triste, la tristesse devient une émotion violente qui me fait venir les larmes, je pleure, ça me soulage et c’est même extrêmement agréable, et d’ailleurs, je sais qu’elle a encore et toujours raison, qu’elle fait cela pour mon bien, et j’acquiesce comme une petite fille qui comprendrait enfin le sens de la vie telle qu’elle est, telle que je devrais la percevoir, sans toutes ces contraintes et ces doutes qui pourrissent l’existence…

J’arpente des couloirs étroits, très étroits, je m’y glisse facilement mais les bords me caressent les épaules, j’y ouvre des portes, , l’une m’invite sur une plateforme mathématiques, c’est Matrix ici, je réalise des équations digne de l’écran de la Matrice (vous voyez, cet écran avec les chiffres verts qui coulent) sans aucune difficulté tellement cela s’articule logiquement dans ma tête. Des cubes entrent et sortent des murs, des formules mathématiques et chimiques font des tracés au travers de ma plateforme. Je comprends des tas de choses quand j’arrive aux résultats des équations. J’ai des révélations incroyables qui s’offrent à  moi…


Ca me fait éclater de rire ces prises de conscience évidentes, ça m’arrive plein de fois dans la soirée de me dire « mais bien sûr ! » en me tapant le front du genre « mais pourquoi j’y ai pas pensé avant ? » Ce sont de vraies révélations ! J’ai un énorme fou rire à  un moment tellement ça me paraît dingue d’en apprendre autant sur moi même et sur la vie en si peu de temps… J’ai l’impression d’avoir 200 ans de vie derrière moi.



Je reste un moment dans le fauteuil à  l’entrée de la Maloka, je voyage là  dans mon pays d’elfes et de lutins farceurs, de fées, c’est l’extase au sens propre dans ma tête. Les gens sont beaux et d’une bonté extrême. L’amour qui règne là  est représenté par des milliards de poussières de pixels irisés qui coulent des murs et entourent les gens présents. J’ai l’impression que chacun se déplace en flottant au dessus du sol.

Je passe un bon moment dans ce couloir, parce qu’à  chaque tentative d’entrée dans la Maloka, les drums me rappellent que c’est la fête à  l’intérieur de mon corps, la spirale infernale continue sa danse du ventre. C’est assez régulièrement que je retrouve mon trou à  grenouilles. Je l’aime bien !

Je retourne enfin dans la Maloka, cet endroit est devenue une bulle translucide. Je vois l’ossature de cette bulle, ça me fait penser à  un énorme ballon de plage translucide dans lequel nous serions installés. Tout est irisé, c’est d’une somptueuse beauté, c’est l’esthétisme poussé à  l’extrême.

Je visualise cela comme un monde où les gens se rejoignent pour se laisser aller à  ne rien faire d’autre que penser, à  se dématérialiser de tout. Je la vois comme une sorte de salle de repos où l’on vient se dépolluer du monde extérieur, s’enrichir de son propre vécu. Plus rien ni personne ne peut rien contre nous pendant que nous sommes ici. C’est une bulle protectrice, une enveloppe maternelle dans un monde parallèle. Ce monde parallèle là  cherche sa vérité. Mieux, est sur la voie de la vérité. Chacun dans la sienne, et pourtant je pense à  ces mots « Un pour tous et tous pour un », nous sommes un groupe en route vers le bonheur et c’est au fond de chacun de nous, mais ensemble, que nous le trouverons. Et pour mieux nous aider à  trouver notre chemin, nous avons LE guide dont le cœur est rempli de bonté. Ecrire cela me donne des frissons. Je suis troublée de cette symbiose parfaite entre les êtres. Je pensais que ça n’existait que dans ma tête, que dans mes rêves d’enfant, que c’était la plus grande de toutes les utopies.


Le chaman s’arrête de chanter, une vague de silence s’abat sur la Maloka, je ferme les yeux, je sens comme un soulèvement des foules à  l’intérieur de la pièce et je vois une vague énorme recouvrir notre bulle, elle nous surplombe sans jamais nous atteindre. L’énergie est à  son apogée. Ce silence est chargé d’émotions. Il est régénérateur, salvateur sans aucun doute. Incroyablement constructif. J’entends un claquement de langue régulier, suivi d’un pshitttttt !! Je trouve ça lunaire comme forme de langage ! Mais très adapté à  l’espace en fin de compte…

Je fais un tour d’horizon des yeux, mes snake-riders vont bien, certains sont allongés, dorment, d’autres sont assis, méditent, je les distingue à  peine dasn le noir mais je sens un lien fort et profond qui me relie à  eux tous pour l’éternité. Nous avons ce soir, bâti un empire colossal extrêmement précieux, à  la force de nos âmes.


Je m’endors dans du coton.

Je me réveille le matin, j’ai cette fabuleuse envie de pleurer de bonheur. Je ressens déjà  des émotions nouvelles, je ne suis plus la même que la veille, je ne me suis jamais sentie aussi sereine.

Depuis, allez comprendre pourquoi… je bois en quantité industrielle du lait d’amandes, je trouvais ça fétide avant, ça devient un besoin physique maintenant.
Je suis dans la lune, complétement distraite, je rêve, je pense, je plane, j’y repense…
Je me sens en paix avec moi même, en tous cas, j’ai sorti le drapeau blanc, ça travaille…
Je me demande comment réussir à  exprimer au moins ¼ de ce que j’ai ressenti…
Je me dis que c’est impossible.
Je me réjouis de rien,
J’ai des frissons à  plein de moments de la journée, pour une photo que je revois, pour un TR de l’un de mes frères d’aventure, pour une musique que j’écoutes, pour le muguet qui a fleuri dans mon jardin, pour le baiser que me donne mon amoureux…
La vie est un magnifique terrain de jeu.
Je ne remercierais jamais assez celui par qui toute cette histoire a commencé :Amour01:

La souris a mordu la queue du serpent…


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TR N°6 :  Errance douce-amère indéchiffrable
AUTEURE : LEA
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES : Peganum Harmala - 45 kg , 1m60, 3grammes en décoction, à  domicile.
LIEU : FRANCE



C'était là  ma 2eme tentative avec la Pégane, j'ai pris plus de précautions que la 1ere fois et fait une petite diete les quelques jours précédents
Le 1er essai m'avait aidé à  redescendre un peu sur terre après un acide avalé de travers (peut-être 2g dont j'ai profité des effets à  long terme plus que je ne les ai sentis sur le moment, peut-être pas les conditions adaptées), et celui ci me semblait aller de soi en vue d'une session aya en projet.

Une demie-heure à  3 quarts d'heure après avoir avalé la décoction je ressens violemment le besoin de m'allonger, il est 15h, mon "lit" est à  même le sol et je trouve ça d'autant mieux quoique j'eus préféré carrément par terre, "on" me fait comprendre que je vais gerber bien comme il faut, et ça sera effectivement le cas.
J'ai laissé ma radio allumée et le son me semble maintenant bien trop fort mais je ne me sens pas de me lever pour arranger ça, les sujets sont intéressants par contre, les trous noirs...et comme à  chaque fois que je suis dans un état second le sujet de la physique quantique doit se présenter d'une façon ou d'une autre il est très vite abordé, en même temps que je commence à  me sentir secouée dans mon corps sans avoir bougé un petit doigt
Je bois littéralement chaque parole et je "vibre" de plus en plus, comme si mon âme était bercée en accéléré et s'apprêtait à  quitter mon corps, au moment où ça devient critique je bouge un peu et la sensation s'arrête, à  la radio quelqu'un commente: "ah on y était presque", je réponds mentalement que ça sera pour une autre fois

Je porte maintenant beaucoup plus d'attention aux bruits de l'extérieur qui arrivent au 1er plan, devenus un tout très étrange, des airs aux accents médiévaux me viennent, plus possible de me concentrer sur ce qui se dit à  la radio qui est devenue un bruit de fond (pourtant 3 fois plus fort), l'impression de zoomer sur les sons les plus éloignés... je crois voir des yeux partout mais en dehors de ça la différence visuelle est très dure à  expliquer, je la ressens plus qu'autre chose, au niveau des couleurs et de ma compréhension directe des formes que je vois sans les reconnaitre vraiment, depuis le début des effets je sens mon cœur battre dans mon estomac, je commence à  être vraiment mal et me traine jusqu'aux chiottes pour gerber un bon coup

Dès que je ne suis plus en position allongée j'ai l'impression de perdre tous mes moyens physiques et intellectuels, je me sens d'un coup très faible, visuellement c'est comme si on me mitraillait la réalité en stop motion ultra rapide, que j'évoluais au milieux de flashs abrutissants qui me donnent un tournis insupportable, la faute à  une persistance rétinienne violente, je m'étale par terre dans les toilettes et me dis que je vais rester là , mais je me rends compte que je suis aussi extrêmement sensible au froid de la pièce, je refais donc le voyage (4 longs mètres) jusqu'à  ma chambre que je paie par une bonne galette dans ma poubelle (qui me servira par la suite tout la soirée pour ne plus avoir à  remettre ça)

Dès que je suis à  nouveau affalée ça repart à  100 à  l'heure mentalement, je suis même étonnée de ma clarté de raisonnement, j'aurais écrit des kilomètres si ça n'impliquait pas de me redresser un poil. Soulagée maintenant je laisse la plante me faire voyager, mon estomac palpite comme un 2eme cœur, je ressens quelque chose de très doux et féminin qui m'emmène dans 20 lieux et époques différentes à  la minute, sans aucun rapport mais avec une étonnante continuité presque logique entre chacun, je sens la force de la jeunesse qui sex-prime, j'assiste à  un rituel oublié d'un autre temps où je crois comprendre qu'un jeune garçon est emmené faire soigner ses corps subtiles qui ne correspondent pas à  ceux qu'on connait, le "corps des ancêtres" représenté en rouge a l'air mal en point, il est question d'un autre corps un brun dont je veux absolument me rappeler la signification que je trouve très riche symboliquement, mais impossible de m'en souvenir à  présent, je me demande à  quoi correspond tout ça et j'en ai oublié encore une bonne partie
ça me fait penser à  des rituels de passage à  l'âge adulte, puis je dévie sur les rites funéraires égyptiens quand je remarque que j'ai pris inconsciemment la position de certaines momies dans leur sarcophage, mains croisées sur la poitrine.

2 ou 3h passent comme 5 dans un état d'hypnose, je ressens de plus en plus un esprit féminin présent à  travers ce que je vois, je me sens très bien et malade à  la fois, on me prévient de me préparer à  gerber mes trip(e)s très bientôt, trois douloureuses galettes qui viennent de plus en plus profond en moi après et je continue la visite guidée de lieux et temps aléatoires, je ne comprends pas où tout ça veut en venir mais je sens qu'il y une cohérence interne que je ne me représente pas encore, je dérive longtemps comme ça mais j'ai bien oublié les 3/4 des spécificités du voyage et ses nombreuses destination, avec l'impression que tout ça est resté imprimé quelque part en moi
Je vole et vogue à  travers les réalités, visite des divinités marines, une femme me pisse sur le 3eme œil au ralenti, je me souviens vaguement d'une présence animale, tout s'enchaine avec facilité, encore quelques gerbes qui viennent toujours de plus loin, je revois une scène de matrix, cette scène précisément sera évoquée à  la radio quelques heures après, je m'endors vers 19h pour me réveiller à  minuit, très assoiffée, au milieu de visuels abstraits et me rendors presque immédiatement pour 2 heures
Au réveil persuadée que les effets se sont estompés parce que je suis un peu mieux le fil de mes pensées je suis immédiatement détrompée en essayant tant bien que mal de ne pas m'effondrer par terre en allant chercher de l'eau que j'ai tout autant de mal à  boire

Je suis donc clouée au lit pour le reste de la nuit, à  écouter mon corps et la radio juste bonne à  vomir, discuter par sms, et me sentir travaillée physiquement, plus de présence féminine ni de voyage mental mais je passe 5 heures d'inactivité totale mais productive sans aucun ennui pendant que la radio me parle de la perception du temps
Je n'arrive à  tenir debout que vers 8h du matin, la plante m'a sans aucun doute bien pratiquée sans que je puisse expliquer en quoi ou m'en souvenir et je cherche des pistes pour peut-être mieux interpréter cette expérience qui peut sembler très confuse vue comme ça surement parce que je ne la comprends pas encore bien, et pouvoir approfondir le tout avec une autre prise

merci d'avoir lu





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TR N°7 : Est advenu ce qui a pu
AUTEURE : KATHERINE. - deuxième TR , voir plus haut (N°2) mais le plus ancien dans le temps.
DATE DE PUBLICATION : 2012
SUBSTANCES :  peganum harmala, mimosa hostilis
LIEU : INCONNU - EUROPE?



Quelle joie de revoir R. après si longtemps, un an quasi exactement après mon initiation à  l'iboga. De l'eau avait coulé sous les ponts et je sentais bien quele moment était parfait pour repartir en voyage ensemble. Pas prémédité une seconde pourtant ! Prévenu par D. une semaine à  l'avance de la soupe qu'on boirait « peut-être », j'ai bossé toute la semaine comme une acharnée sans prendre le temps d'y penser. N’empêche, je n'allais pas venir les mains vides, j'ai pris soin de choisir ma tenue et d'apporter quelques objets qui me sont chers, comme ça, mine de rien.


Et puis on arrive D. et moi, on discute, on va se balader un peu et R. prend la température, demande ce qu'on est venu chercher. Bah ouai tient ! C'est vrai ça ! Qu'est-ce que je suis venue chercher moi ? Je crois que je veux pas le savoir. On parle d'acceptation aussi, ça va déterminer ma nuit.


Une fois tout et tous installés, le premier verre bu, je réfléchis à  la phrase que je vais choisir pour orienter ma nuit (c'est un rituel que j'ai commencé à  ma première session ayahuasca, ça porte ses fruits alors je continue). Cette fois ci ce sera « Advienne que pourra ».


Premier verre :vision yeux fermés, des pallissades en bois peint en blanc (exactement comme ceux qu'on voit dans les cartoons pour entourer les jardins, planches larges et pointues en haut) avec derrière et cherchant à  s’immiscer par tous les moyens (entre les planches, au dessus, en dessous, sur les côtés) des gens (des filles, des garçons, plutot jeunes voire enfants, vétus avec des couleurs vives, encore une fois un peu stéréotypés comme des dessins-animés). Il sont très curieux, ils cherchent à  m'approcher, ce n'est pas effrayant, juste étonnant, intriguant et un peu déstabilisant.


Deuxième verre :absence interrompue par D. qui sort brusquement du canap' pour aller purger. J'ai presque crier de surprise.


Troisième verre :à  partir de celui-ci je n'ai plus de vision les yeux fermés, les yeux ouverts tout est très confus au niveau visuel, mais lumineux et coloré, je peux parfois m'attarder sur un objet de l'autel ou R. ou A. parce qu'ils sont beaux. D. n'est plus qu'un amas de couverture à  l'autre bout de la pièce, je ne sais pas vraiment s'il est bien surce matelas, je ne peux être sûre qu'il est encore présent que lorsque je l'entends. Quoi qu'il en soit il y a des tas d'autres gens. On voit rarement leurs visages, mais je me souviens surtout de filles, enfin de cheveux long en tout cas. Il y en avait vraiment beaucoup dans les toilettes, elles posaient leurs mains sur mes cuisses, mes épaules, mon visage, partout en fait et je les visualisais en même temps, c'est confus et clair à  la fois. Je dois sortir des toilettes parce que je me rends bien compte que je n'arriverai pas à  chier avec tous ces gens qui me déconcentrent,j'arrive dans le salon et grognant « on peut même plus chier tranquille nom de dieu ! »


Quatrième verre :La vision est encore plus confuse, toujours plus rien les yeux fermés, il s'agit maintenant de sensations et d'émotions. Je suis traversée par des tas de pulsions et d'énergies très différentes les unes des autres. Je ne réfléchis pas, je ne pense pas, rien d'intellectuel dans tout ça, c'est physique, c'est primaire, c'est instantané. Je ne me braque pas comme à  mon habitude sur ce qui ne m'arrive pas, je me concentre au contraire sur ce qui se passe, la seule pensée que je crois avoir pu verbaliser dans mon esprit est celle-ci « c'est comme ça et pas autrement ». Je suis vraiment bien rétamée en tout cas, pfiou je comprends plus grand chose au temps, à  l'espace, à  l'égo. Lorsque j'émerge à  peine, R. qui sait me prendre par les sentiments (enfoiré!) m'invite à  y retourner.


Cinquième verre :Comme je n'ai pas su le garder plus d'une minute environ, ça n'a pas été plus fort que le précédent, mais pas moins puissant pour autant. J'ai senti ce dernier verre comme la purge ultime, c'était comme racler le fond de la casserole, de la colère me venait, des pulsions sexuelles, des tensions dans le corps très puissantes, une envie de rugir, des rugissements d'ailleurs, des vocalises, des coups de poings dans le lit et sur moi-même, c'était dur et libérateur à  la fois, je sentais que j'endurais ces tensions pour les évacuer.



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TR N°8 : PRISE DE CONTACT
AUTEURE : ALICIA
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES :  recette péruvienne traditionnelle - un demi verre - 160cm 55kg
LIEU : PEROU


Contexte : cérémonie marquant le milieu d'un voyage avec trois autres femmes dans les sites sacrés des Andes péruviennes



Nous avions rencontré notre « chaman » à  sa boutique dans le quartier historique du Cusco ; l'accompagnatrice l'avait choisi pour notre groupe car elle avait beaucoup apprécié ses chants lors de la cérémonie à  laquelle elle avait participé au cours de son précédent voyage, comparativement au chaman avec lequel elle avait travaillé auparavant, et parce qu'il était moins cher !
Nous le retrouvons le lendemain matin sur le site de Sacqsayhuaman pour une cérémonie de purification. Belle énergie, beaux chants, belle cérémonie ; il s'est un peu acharné sur moi qui traînait un mal de gorge avec toux depuis mon arrivée et je me sentais bien mieux après (mais ça n'a pas duré...). Déjà  quelques visions portées par ses chants et la lumière du Soleil si puissante là -bas...

Deux jours après (si je me souviens bien), c'est le grand soir !
Nous le retrouvons à  sa boutique. « Oh, il n'a pas l'air en forme... » A peine un mot et il nous invite à  le suivre avec sa copine jusqu'à  son véhicule : un vieux camion qu'il appelle son « orange mécanique » et dont les crissements et mouvements chaotiques rappellent la Gastonmobile...
Au bout de plus d'une demi-heure de trajet pour rejoindre les hauteurs de Cusco, nous arrivons chez lui et découvrons sa hutte de cérémonie dans le jardin, qui cottoie une hutte à  sudation et un cabanon avec toilettes tout confort !
Nous déposons nos chaussures, prenons chacune un seau (« C'est quoi le tien ? Moi c'était de la lessive... »), un rouleau de papier toilette et sommes laissées toutes seules pour nous installer sur les couvertures empilées déjà  disposées en cercle. Nous fouinons dans la hutte : un côté ayahuascero et un côté « septrionniste » (une espèce de secte métaphysique à  laquelle adhère ce « chaman »), séparés par un drap blanc suspendu ; bizarre, cette dichotomie... Nous nous glissons dans nos sacs de couchage, nous mettons d'accord sur le côté vers lequel nous nous tournerons pour dégobiller et attendons...

Il arrive, toujours l'air dans le gaz, gros rhube, et nous présente l'ayahuasca dans une bouteille en plastique de Coca-Cola ! Un mythe s'effondre... Après un petit tour de chant, nous buvons chacune notre galopin cul-sec (oarfh, je m'attendais à  pire... ça a un arrière-goût de jus de citron ; peut-être pour faire passer) ; puis il nous laisse et, en regardant sa montre, nous dit : « A dans trois quarts d'heure. » Ah ? Bon, ok... On papote, on médite, on repapote...
Il revient alors qu'on commence à  se sentir un peu groggy. Il chante, se sert de différents objets rituels (dont un éventail de plumes qui produit un super son !) ; sa copine prend le relais par moment. Ca monte ; je m'allonge...

Visions en écran à  quelques centimètres de mes yeux, très rapides, avec des changements d'angles de vue et des accélérations de caméra qui me donnent la nausée...
Je vois des yeux lumineux qui me regardent, des dizaines de paires d'yeux, dans des visages sombres triangulaires aux dents pointues, au bout de corps en forme des vers dont seule la partie haute sortirait d'orifices dans un sol nébulleux. Les vers-serpents changent de forme, se font menaçants et répugnants, passant par toutes les figures archétypales qui peuvent effrayer des humains. J'ai peur de ce qu'il y a en moi et qu'ils me montrent...
Et puis je réalise : « mais puisque c'est moi, je n'ai pas de raison d'avoir peur ; je peux regarder lucidement le spectacle ». Je leur dis : « Hé, je vous ai reconnus ! Arrêtez votre char, pas besoin de vous déguiser... » et éclate de rire ; eux aussi : « C'est bien que le prenne comme ça, c'est ce qu'il fallait ; on va pouvoir s'amuser maintenant... »
Et c'est partie pour la grosse poilade ! Ils continuent de changer de forme mais pour me montrer la façon dont ils aiment s'adapter à  ce que nous pouvons comprendre ; un peu comme dans Abyss.
Emportés par les chants, nous faisons des parties de tobogan et rodéo à  dos de serpent arc-en-ciel, qui veille au grain sans se montrer en entier. Je rencontre différents esprits des plantes (« Mama-Coca ? C'est bien elle ? »), les « petits vers » me montrent mon chez moi, mon lutin de l'autre côté du miroir... et nous rentrons chacun chez nous.
« Vous partez déjà  ?! Et mes questions ? (T_T)
- Une autre fois. On se revoit bientôt, souviens-toi... »
Je devais participer à  une autre cérémonie au mois de juillet en Europe...
« Ah oui c'est vrai. Bon ben, à  bientôt alors... »
Voum ! Grosse redescente. J'ai l'impression que ça a duré même pas une demi-heure...

Le chaman est dans le gaz.
Sa copine me demande si ça va, si je veux en reprendre. Je réponds que les esprits m'ont dit que ça serait tout pour aujourd'hui... et que j'avais senti après avoir avalé mon verre que ça ne serait pas très fort pour moi ce soir : une prise de contact, mais ça me va.
Je sors prendre l'air ; j'admire la lune.
Je croise le chaman qui sort et je lui montre émerveillée, à  quatre pattes, une petite luciole. Il me regarde d'un air : « mais bien sûr... » o_O
Au bout d'un moment, je retourne avec les autres ; chiffons-carpettes sur la moquette !

Je me détends, écoute les chants (de la fille : lui est allongé sur ses jambes et ne va pas tarder à  ronfler !)... et v'là  t'y pas que ça repart : « oh pinaise ! »
Je vis un dialogue intérieur qui me montre mes fonctionnements, mes angoisses et des bribes d'avenir possible.
Les esprits et moi « extrayons » des choses de moi : l'esprit de la grippe porcine, croisé à  l'aéroport, qui est une espèce de boule pleine de piquants effrayés d'être à  la vue de tous, les peurs, petits lézards... A chaque extraction, je raccompagne l'esprit de ce qui me quitte vers sa famille ; je rencontre la famille des peurs, qui vit dans l'obscurité sous un buisson... Au moment de partir, demi-tour : j'ai oublié l'esprit de ma toux (revenue entre temps) ! Hop, un petit coup de serpent-taxi : moi je suis en train de redescendre, alors le serpent va l'accompagner jusque-là  où je ne peux plus aller.
Au revoir les amis ! Je serai contente de voir revoir bientôt !
Et tutududutu, me voici reviendue dans mon corps (qui, entre temps, s'était délesté d'un peu de bile dans le seau à  lessive).

Le lendemain matin (« ah bon, 'y a pas de debriefing après la cérémonie avant qu'on ne se laisse s'endormir ? »), il n'y a plus que nous dans la hutte. Nous attendons que le chaman vienne nous voir, mais l'heure tournant, nous nous avançons jusqu'à  sa maison. Sa copine et lui préparaient le petit déjeuner et semblent surpris que nous ne soyons pas venues un peu plus tôt.
Le temps de faire chauffer l'eau chaude pour les tisanes que l'on nous propose, sa copine nous demande comment on a trouvé la cérémonie et lui, qui a à  peine échangé quelques mots avec nous, nous appelle pour nous dire que le camion est prêt et que c'est l'heure d'y aller : vous comprenez, il doit ouvrir sa boutique...
Vous voulez acheter quelques objets d'artisanat en souvenir ?
Et voilà , au revoir les touristes !

Dernière modification par groovie (18 janvier 2017 à  02:10)


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TR N°9 :  LIANE ET CHEMIN PERSONNEL
AUTEUR : CHARLES
DATE DE PUBLICATION : 2005 - 2006
SUBSTANCES :  DIVERS
LIEU : INCONNUS/b]

[b]
Posté le 16/06/2005


J'ai essayé l'ayahuasca mardi. Ce fut une expérience terriblement éprouvante, parler des visions est trop long et difficile avec des mots, seulement quelquechose de très fort s'est produit :
Contrairement au peyotl où au LSD, j'ai eu des visions parfaitement cohérentes d'entités extra terrestres, bien que pas baigné particulièrement dans ces croyances, les visions me sont parus terriblement reels, comme une passerelle vers une autre réalité inconnue. C'est terriblement effrayant dans le sens ou cela ne pouvait être une hallucination, c'était totalement logique, totalement reel. J'essai de retranscrire sur papier ces visions depuis mardi soir mais cela me semble impossible. C'est sûr, l'ayahuasca n'altère pas la conscience, elle la modifie pour ouvrir sur quelque chose d'assurément vrai. Toutes ces réalités...

Des entités immondes dans des réalités qui s'emboitaient, et puis toutes les réalités fonctionnaient sur une boucle infinie (deux flèches arrondies qui se rejoignent, comme le symbole de la protection de l'environnement). C'était oppressant, en réalité je voulais pas savoir ça, avoir contact avec ça, c'est dur de vivre en sachant ça. J'aime mieux me dire que c'était une hallucination la nuit quand je suis seul mais je me persuade pas car c'était reel, tellement logique, une logique qui me serait jamais venu à  l'idée consciemment.

Alors pour être clair : j'avais préparé le truc comme on prépare un trip à  l'acide ou à  la mescaline : grosse erreur puisque mes amis presque à  jeun qui étaient sensés me rassurer, je ne les percevait même pas. J'ai sous-estimé l'expérience, certains crieront à  l'inconscience et ils n'auront pas tout à  fait tort. Pour ma conception, c'est l'image d'une entité suprême, sorte de boucle infinie dans l'univers (deux flèches arrondies qui forment un cercle). Et toutes les réalités fonctionnent sur ce principe y compris la notre (maintenant c'est difficile à  expliquer mais sur le coup c'était parfaitement clair). Cette conception était insoutenable, et j'essayais de ne pas perdre pied à  "notre" réalité, essayer de me rappeller de ma propre vie mais ça m'était totalement étranger, mon ego dissolu. Et puis le passage d'une réalité à  une autre, c'est impossible à  expliquer ici, c'était pas quelque chose de physique comme un voyage hors du corps ou un passage à  travers un mur ou autres choses qu'on s'imagine quand on pense plusieurs réalités. C'était loin d'être "planant" ou agréable, c'est une prise de conscience dont je n'étais pas préparé et dont je dois faire face malgré moi
.
Alors tout d'abord, j'ai plus envie de savoir, j'ai envie d'ignorer en tout cas pour le moment. Ce fut tellement impressionant, remise en question sur des choses beaucoup trop fondamentales pour moi. Pour les boucles infinies il ne faut surtout pas que j'y pense, ces réalités emboitées et la notre au même rang que les autres, c'est très dangereux, ça rend vraiment dingue. Ca me fait plaisir de plus être le seul. Finalement c'est ultra logique, ça explique pas mal de trucs, à  commencer par notre impossibilité à  conceptualiser l'infini, en réalité l'infini n'existe pas, c'est une boucle mais nous n'en avons pas conscience, nous oublions à  chaque vie nouvelle. Ca c'est vraiment DANGEREUX. J'ai peur de perdre la raison, d'ailleurs l'absence de réalité en dehors de la perception personnelle (j'en ai déja parlé dans un post dans philosophie) c'est vraiment vraiment horrible. Maintenant je vie en me disant que c'est pour le moment en dehors de ma réalité habituelle et donc qu'il n'est pas le moment d'en prendre conscience. Pour les boucles, cela me parut graphique seulement à  partir du moment ou j'en ai pris conscience de la boucle, à  partir de ce moment je me suis connecté directement sur le créateur qui était ni plus ni moins que la boucle absolue (avec recul c'était plutôt comme le yin/yang sans les points). Mais plus loin que cette vision, je ressentais carrément les forces qui s'emboitaient à  l'infini dans la douleur absolue et le bonheur absolu (c'était la chose la plus éprouvante de ma vie, me trancher la tête très doucement ne retranscrirait même pas un millième du degré d'intensité.

Ca montre comment fonctionne la vie, et ça part vraiment des bases (avant les repères spatiaux et temporels). C'est vraiment dangereux, il m'a fallu deux mois d'intense remise en question (à  la limite de la dépression) pour m'en remettre et à  parvenir à  un équilibre relatif.
"Ca" montre comment fonctionne la vie, et c'est terrible.
Genèse et ses corollaires, mais pas sur du papier, en vrai.
Avec le recul necessaire (pour moi cela fait environ une ou deux semaines à  stabiliser, justement grâce à  l'exteriorisation) j'ai au contraire la certitude que cette expérience m'a beaucoup beaucoup aidé pour aller plus loin dans la reprogrammation de ma personnalité, j'ai pris en effet conscience de "bugs" dans mon moi qui n'auraient à  mon avis jamais pris surface sans cette aide précieuse. Pour le moment j'use (peut-être avec excès) du traité de sagesse du Yi King, qui me semble parfaitement comprendre la logique de l'expérience, et par corollaire la logique de toute chose en rapport avec la cohésion de la vie dans la transformation. Je ne crois pas aux propriétés "incitatrices" d'une source comme sylvanimus, qui n'a jamais à  ma connaissance fait l'apologie de ce genre d'expérience. Pour continuer dans cette optique, je veux rappeller que l'ayahuasca mène à  l'horreur qu'il est impossible de concevoir aussi intense avant la prise. Des semaines plus tard je pensais me trouver devant une impasse, d'avoir parcouru les racines de tout en une seule nuit et de ne pas avoir les capacités "d'encaisser" le choc. J'ai passé des périodes plus sombres que tout ce que j'avais vécu auparavant. Cela est allé plus loin que la connaissance de la mort, je m'en aperçois désormais, cela montre comment fonctionne la vie. Et je n'avais même pas les bases pour concevoir les questions auquelles l'ayahuasca a répondu. Dur mais nécessaire pour ma part.
Et puis ces forces compensatrices, ce n'est ni plus ni moins qu'un Yin/Yang sans point, la compensation originelle de toutes forces, psychiques ou physiques.
Désolé d'être peu clair, c'est difficile avec des mots, soyez comprehensifs..




Posté le 12/02/2006 à  17:04

Après plus de 6 mois post-ayahuasa extrèmement éprouvants (avec des pics de remise en question quasiment insupportables). Je tiens à  vous informer d'une chose, je pense avoir trouvé ma REPONSE, ça fait beaucoup de bien.
Merci beaucoup de votre soutien, je vais revenir progressivement sur le forum que j'avais peu à  peu déserté.

Posté le 18/06/2006 à  11:23

Soirée singulière. Je vais avoir pas mal de difficultés à  la relater clairement, mais essayons quand même. Ca commence avec la lecture de la rose aux treize pétales, éxégèse de la cabbale, elle même système cosmogonique et spirituel juif. En (très) gros, notre monde n’est qu’une parcelle de réalités imbriquées, sur plusieurs niveaux « inférieurs » et « supérieurs ». Non pas que ces réalités aient une disposition « spatiale », seulement les notions d’inférieurs et supérieurs sont relatives à  leur place plus ou moins proche de la Création infinie et du non-être. Notre monde est le monde de l’action, monde des causalités. Léger flippe, sensation assimilable à  mes remontées post-ayahuasca de septembre à  décembre. Ma place dans le système-monde est toujours aussi obscure. Je regarde mes mains, gros flippe. Alors je me rappelle de ces quelques consignes en cas de black-out neural, élaborées personnellement. Ne pas penser aux mots « enfers », « damnation », « boucle », « éternel ». Le problème c’est s’obliger à  ne pas penser, c’est quasiment impossible. Souvenir du paradoxe de St Augustin sur le contrôle de l’esprit, sens du djihad comme guerre contre soi-même… J’en viens à  une phase de laisser couler les mots, au cas où ils débarquent à  l’improviste. Technique méditative, rien n’est éternel, tout prend fin. Mon psychisme a pris de la bouteille depuis l’été dernier. Ce qui, j’en étais persuadé, allait me cramer totalement la cervelle est devenu un concept acceptable. Je suis dans un système aux racines oubliées, reniées. Je respire lentement. Ma place dans le canevas spatial, temporel est un peu étrange, n’empèche c’est une place. Intuition que ce qui devait être fait a été fait. J’appelle une amie, gnostique à  ses heures perdues, la seule qui semble entrevoir mes délires mystiques. Je lui parle des sephiroth, du zohar. On passe à  pas mal de trucs, de conclusions. La méditation, les psychotropes, l’eucharistie, le baptème comme actes du monde de l’action, transcendant ses propres limites.

Putain de révélation. De cette conception que j’avais du déjà  lire quelque part sans la comprendre dans sa globalité, s’ajoutent pleins d’éléments. Par exemple l’utilisation par le Christ de paraboles que les paysans pouvaient comprendre, son rejet des monologues d’abstraction théologique malgré son extrème connaissance du système hébraïque. Pas mal de choses entrent en collisions avec le cerveau de mon amie. Elle me parle de notre place actuelle, à  ce moment précis. Alors la conviction lui vient que rien n’est hasard, on le dit presque en même temps. Ce qui doit être fait sera fait. Elle me parle de notre période qui est vraiment un miroir de nos conditions personnelles. Elle me parle de cette période d’absence généralisée de foi, de ce positivisme imposé comme Vérité Unique depuis notre naissance. Du visage de l’antechrist discernable dans les établissements en place de l’église apostolique de Rome. De la transfiguration du message divin. De l’interdiction des apocryphes révélés authentiques de Nag Hammadi. Du passage de la Bible qui raconte l’avènement des faux prophètes. Tout se rejoint, comme souvent. On se marre un peu en parlant des interprétations littérales et dogmatiques de l’église. On parle du livre du dedans, qui explique que dix milles paroles et textes sacrés ne font pas un homme saint, car la parole doit résonner au cœur et causer une remise en question plutôt qu’une soumission.
Je me sens mieux, presque détendu. On rigole un peu. Je m’endors au téléphone. Rêve de vortex multicolore et difficulté à  revenir au monde de l’action. Merde, quasiment un an et je m’en suis pas remis. Mais si l’on m’a donné des yeux, je dois les accepter, conclusion d’expérience. Confusion généralisée.
Comme le dirait si bien Lula, le monde est sauvage au coeur, bizarre à  la tête...

Posté le 16/07/2006 à  11:50
J'ai voyagé pour ma seconde fois avec l'alliance anahuasquienne peganum harmala + mimosa. J'ai pris plus d'harmal mais beaucoup moins de mimosa que la fois dernière.
J'ai fait un très beau voyage, mon voeu réalisé, c'est à  dire en découdre avec mon existencialisme obsédant.
Des vérités toutes simples sont apparues à  moi tels de glorieux cylindres de boue, tel un oiseau fendillant l'air gavé de poussière, indifférent quoique rieur.
D'ailleurs, j'ai beaucoup rigolé cette nuit.
Et je me sens aujourd'hui un autre.
Ma phobie des psychédéliques prend fin, je compte désormais m'attaquer à  la liane des morts, dans sa composition rigoureuse.
Sans bruler les étapes, comme on me l'a si justement conseillé.
(stelio me parle de soufisme sur le forum, culture que je découvre un peu comme le gnosticisme durant cette période)
"ivresse soufie", je n'y avais pas pensé mais c'est exactement ça. Plus anecdotique, au début du voyage en extérieur (dans la clairière d'un petit bois derrière chez moi) j'ai dit à  mes amis qu'en réalité nous étions dans le Sahara et que le sable fouettait nos corps. Et les touaregs cherchaient leurs chameaux.
Juste tout au début.

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TR N°10 : PREMIÈRES LEÇONS
AUTEUR : LOàC
DATE DE PUBLICATION : 2007
SUBSTANCES :  INCONNUES
LIEU : INCONNU



Je me décide enfin à  numériser mon expérience...

Je débarque là -bas avec mon amie vers 17h.

On fait toc-toc sur la grande porte, qui s'ouvre pour donner sur un magnifique endroit, avec une ambiance un peu bizarre, très détendue mais en même temps assez chargée. J'avais l'impression de sentir qu'il s'était déjà  passé pas mal de chose. Mais surtout j'étais bien nerveux, j'ai pas arrêter de trembler de nervosité jusqu'au soir.

Néanmoins, c'est la première fois que je percevais si bien l'extrême logique qui m'avait conduit jusqu'à  ce point. J'avais bien le sentiment de continuer mon chemin et celui-ci passait par là .

C'est comique, sur place je retrouve un ami du luxembourg, son chemin passais par là  aussi, je sais qu'on est tous des co-voyageur de cette dimension, mais c'est toujours marrant de voir comment les chemins se croisent, se re-croisent surtout quand on sait que ça n'arrive pas par hasard...

Bref, Il est vite 22h, et je suis toujours nerveux, même si dans ma tête ça va plutôt bien, je ne me pose pas de question, non pas que je m'y refuse mais je trouve tout ça très normal, ça ne m'étonne pas d'être ici, mais mon corps pense pas pareil, on dirait :)

Après un tour de plumage-fumage purificateur qui me détend un peu, vient le moment de déguster l'exellent breuvage. Je suis au trois quart du cercle, j'ai donc bien le temps de voir venir...noriach se lève, après c'est à  moi...et ça se passe, tout naturellement comme le reste.

Bon, alors oui c'est pas bon. De plus, comme disent les habitués, c'est la première fois qui est la meilleure. Un fort goût de fève de cacao, bien amère.

Après une demi-heure, trois quart d'heure mon amie me dit qu'elle ne sent rien et elle se demande si c'est normal. Je venais juste de me dire que je commençais peut-être à  ressentir quelque chose mais je pense aussi que si j'ai toujours rien de clair, ça risque de me passer à  côté.

Je décide donc de la suivre pour la deuxième tournée.

Là , Kajuyali me sert un petit fond de bolinette, vraiment pas grand chose. Je suppose qu'il sait ce qu'il fait et je bois avec bien plus de peine que le première fois malgré le fait qu'il y en ait bien moins.

A peine ce fond terminé, je me lève, et me sens bien lourd, ou plutôt je ressens une lourdeur qui m'envahit, la même que j'avais vaguement ressentit quelque instants auparavant en croyant que peut-être rien ne suivrait.

Là  je sens que ça travaille sec, je décide même de ne pas aller me rassoir car je sens que ce petit fond n'était en fait pas nécéssaire.

Je me retrouve face au trou et c'est comme si on me serrait le ventre, je vomis assez violement mais étrangement, je n'ai que ce petit fond qui sort. ça et rien d'autre.

Je m'entend penser "qu'est-ce que tu croyais ? comme si elle avait besoin de plus, comme si tu savais ce qu'il fallait" et je ne sais pas si c'est moi qui pense ou si c'est elle qui me parle.

Je retourne dans la maloca, et me met assis pour ne pas vomir trop vite. Je sens l'ayahuasca qui quitte mon estomac et se dirige vers mon intestin, j'entend des bruits étrange, la liane me néttoie l'intérieur. Là , je réalise ce que c'est la purge.

Je n'ai pas eu une purge violente, mais avant que je l'expérimente, je pensais plutôt que ça s'apparentais à  des symptômes d'intoxications, maux de ventre, diarhée douloureuse...En fait je pensais être malade.

Et là  je me sens bien, je sens que ça va sortir par le bas, je me lève et vais au toilette prestement. Je rigole quand j'y suis, je suis bien et je chie comme j'ai jamais chié, comme on me l'avait dit. Pareil à  un robinet qu'on ouvre, flush ! Et pourtant, je suis bien, ça me vide.

J'ai dû aller aux toilettes 5-6 fois, et toujours la même chose, vidange. et puis fin de la nuit, plus rien, c'était vidé. Rien à  voir avec une quelquonque intoxication qui te laisse barbouillé. Du grand nettoyage.

Quand je retournais à  la maloca, je m'allongais et là , je me trouvais dans une espèce de cours, comme un cours qui se donnerait en pleine nature, avec plein d' interactivité ("visions explicative") et la liane était l'enseignante.

Au début, je me demandais si cette deuxième pensée n'était pas un effet placebo, tellement j'étais "normal", mais finalement, quoiqu'il en soit j'ai décidé de la prendre comme la voix de la liane, vu que c'était comme ça que c'était le plus intéressant.

C'était comme si je voyais ma conscience quotidienne qui parlait avec la liane, qui lui montrait des trucs tout simple, mais bien choisis à  propos de la vie.

C'est la première fois que j'avais une telle impression d'enseignement, de sentir le professeur "contenu" dans ce que je venais d'avaler.

C'était une gentille prof, expérimentée et qui ne me bousculait pas trop, comme peuvent l'être les enseignantes lors de vos première leçons.

Un moment, elle m'a fait me sentir seul, la solitude. mais juste un peu, pour me montrer. Je savais maintenant à  quel point il fallait prendre quelqu'un dans ces bras dans ces moments-là .

Je ne vais peut-être pas m'étaler sur les différentes leçons qu'elle m'a donner vu qu'elle ne concerne que moi, et je ne pense vraiment pas que ce soir représentatif de quoi que ce soit mais p-e que certains se le demandent...en fait c'est très banal mais c'est ce que d'une certaine façon, j'avais besoin qu'on me montre, à  moi...

Elle m'a dit que la vie c'était des découvertes permanentes, une découverte permanente, qu'il n'y pas de découverte ultime. Que lorsqu'on ne comprend pas, c'est pas grave, c'est toujours beau à  regarder. Il ne faut pas toujours chercher de message caché, le message est là , quand tu le vois pas, c'est pas grave, tu peux regarder comme une peinture.

Elle m'a aussi montré qu'on apprenais du bon comme du mauvais, qu'il ne fallait pas tout le temps vouloir se soustraire au "dark" de la vie...À un moment, elle a ouvert une trappe qui donnait sur le "dark". Elle me dit, "c'est là  que ça se passe" d'un air amusé, chantant. Un chemin y descend avec des fourmis à  la file indienne qui y descendent et kajuyali fait un chant qui résonne comme un chant qui doit me donner du courage et accompagner les fourmis. Mais je pouvais toujours dire non, et j'ai dis non. À quoi elle a dit, "il va bien falloir un jour, pourtant". Donc, p-e qu'elle me bottera un peu le cul un jour, ou bien j'irai.

Pas à  un seul instant, je n'ai été secoué, malmené, j'étais toujours très "moi" en conversation avec elle. Elle était très "c'est sa première fois, on va pas le traumatiser" big_smile

Je me suis reveillé le lendemain, comme "si rien ne c'était passé", tout aussi naturel qu'avant et que pendant. Pas à  un seul instant, je n'avais eu l'impression que mon cerveau était en ébullition ou travaillait plus que de coutume comme parfois avec d'autres psychédéliques. Ce lendemain, Je me sentais d'humeur "pic-nic ensolleillé avec des amis" :)

C'était tout ce qu'il me fallait pour me mettre en confiance.



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TR N°11 : UNE SOURIS DANS UNE ARAIGNÉE
AUTEURE :  ANNE - deuxième TR (voir TR N°5)
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES :  AYAHUASCA , SALVIA D.
LIEU : INCONNU


e me décide enfin à  vous faire partager l’expérience la plus énorme de ma vie. Elle date d’il ya 6 mois maintenant. Vous comprendrez alors le pourquoi des petites araignées qui ornent ma signature. Je l’ai longtemps gardé pour moi et mes compagnons de beuveries… mais j’ai quand même envie de vous la conter tant cette histoire est folle. Je suis au deuxième soir d’une session sur 3 nuits…

Je suis dans le même état d’humeur que la veille, c’est à  dire pas du tout angoissée de boire, formidablement heureuse d’être là , j’ai une forme olympique.
Je bois mon verre, la liane me propose une visite guidée de l’hyperespace. Je suis partante. Je me retrouve dans la plateforme des volumes. J’entre alors dans un espace transparent. Tout y est transparent. Je me demande alors pourquoi je vois puisque c’est transparent, mais le transparent est une couleur en même temps qu’un matière, irisée comme du cristal. C’est magnifique.
Je visite ensuite un espace géométrique, les matières et les dimensions sont diverses et variées. Je vois des triangles, des pyramides, des contours d’octogones s’y imbriquent.

Ma machoire se met alors à  se détacher doucement en 1000 petits carrés. Ces petits carrés dansent devant moi, et je les entends presque se marrer en voyant ma tête d’ahurie. Je suis désolidarisée de mon corps, je pars carrément en sucette dans tous les sens de la pièce. C’est une sensation formidable, bizarre mais franchement très marrante quand tu l’acceptes. Et ce soir, je me sens prête à  tout accepter.

Et en effet, la plante semble bien décidée à  me surprendre. Elle va s’arranger pour que tous mes principes, toutes mes croyances, tout ce que j’avais pu imaginer sur la liane, tout, absolument tout va voler en éclats.

Un peu comme la veille où je faisais des objets de ce que je voulais, là , j’efface tout ce que je sais, ce que je crois connaître, ce que je croyais acquis comme une évidence, on efface et on recommence à  zéro. Reformatage complet. Je réinvente un monde où je ne distingue plus l’envers de l’endroit, le haut du bas, ce qui est près ou loin. Mon cerveau se balade en petits carrés en compagnie de ma machoire dans la pièce pendant que mon corps est devenu celui d’une poupée de chiffon, je peux faire tout ce que je veux avec. Faire un nœud avec cette jambe là , déplier mon bras à  l’infini… Là  où je suis, rien ne se passe comme dans la vraie vie, tout est à  créer. Tout est inédit. L’avantage quand on se rend compte que tout est à  créer, c’est qu’on fait comme on veut, les possibilités sont infinies. Ca tombe plutôt bien parce que je sens que j’ai plein de trucs en réserve à  inventer.

Là , B m’appelle près de R. Je ne comprends pas tout de suite ce que je fais là . Pour tout dire, R. va apparemment très mal, il gémit tout ce qu’il peut, mais je ne m’en rendais pas compte, je croyais qu’il faisait le son. Je lui fais quelques bisous, il ressemble vraiment à  tout petit bonhomme, il semble en effet avoir subi, il a le visage tendu, les yeux grands ouverts, il est tout choqué. Petit bonhomme courageux… Je le rassure, je me concentre pour lui filer un peu de ma bonne humeur, parce que moi, je suis drolement speed ce soir encore. Je le vois me faire un petit sourire. J’ai confiance, tout est ok.

Quand je quitte R., j’ai alors l’impression que ma nuit est finie. Je suis autour du feu, je traine là  un moment, je me dis que j’irais bien continuer ma petite visite guidée de l’hyperespace mais bon, va falloir mettre un peu de carburant dans la machine de guerre qui me sert de cerveau.

Je suis installée tout au fond de la maloca avec M. Je m’amuse un moment avec elle et le petit chat, je vis ces moments comme des moments d’une extrême tendresse, tout doux, exactement comme des jeux de petits chats… J’aime ma petite M. de toutes mes forces. Je la vois qui se mine, j’essaies de la faire rigoler, on se raconte des histoires de mouton, on en déduit à  la fin que le cerveau de mouton ne contient qu’une capsule de DMT, ça nous fait hurler de rire, je lui joue du maracas, elle aime bien, ça me réjouie de lui faire plaisir… et hop ! Idée !!!


Allez petit pipe de salvia. Yihaaaa ! Quand je finis de tirer ma dernière latte, je claque la langue contre mon palet, l’effet salvia est immédiat, mon palais se met à  gonfler gonfler à  l’infini, à  m’en étouffer. Carrément barré.
Je retourne dans le jardin. Oh le truc !!! La même que la veille, je ne reconnais rien. J‘ai l’impression d’être dans un vivarium. Je vois des iguanes dans les fauteuils. Avec M. on est éclatées ! ah la salvia a le chic de te semer dans l’hyperespace et impossible ensuite de retrouver ton chemin.

Il y a ce moment où T. se transforme en homme–fauteuil. Il se bagarre avec ce fauteuil, il en sort des objets, une cruche, un chat… Je ne comprends pas du tout ce que je vois. Une tête de T. avec un tronc en fauteuil… C’est trop génial.

Je repars boire  ½ verre. LE  ½ verre. J’ai un mal de chien à  l’avaler. J’entends l’envolée de rire de L. à  nouveau, … j’adooooore !!! T’as raison L, on n’est pas là  pour faire les chochottes, on est des gros punks ou on l’est pas. Son rire me dira ça tout le WE. J’ai des hauts le cœur en avalant le machin, j’émets des bruits affreux aux pieds de la belle. J’entends le rire fluorescent de S. Je m’éclate. Funky le quartier des chamans, décidemment funky !! C’est tout bon.

De là , dans ma tête, c’est la bousculade, je viens raconter quelques sornettes à  M, j’ai la continuelle impression qu’avec M, on est dans un monde féerique de jeux et de rire, de douceur et de réconfort. Petite sœur de bonheur. Je m’assois 10 fois au moins sur la tête du petit chat. Plus rien ne me semble normal, je ne sais plus d’ailleurs faire la distinction entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas.

Quand j’arrive dehors, c’est toujours un vivarium à  la place du jardin. Il y a D. allongé et T. est devenu transparent dans son fauteuil. Je vois à  la couverture sur le fauteuil qu’il y a forcément quelqu’un dessous, mais la tête de T. a disparu et c’est un film irisé à  la place, comme dans mon espace transparent de début de soirée.

On dirait que la visite guidée de l’hyperespace a repris. Sauf que je ne comprends plus rien. Je tente de me rouler une clope mais je ne sais pas comment m’y prendre. Je ne vois par où commencer en premier. le tabac ? la feuille ? Je ne sais plus. J‘ai plein d’idées qui n’aboutissent pas. Je bug…

Je me rend alors compte que je suis dans la plateforme des objets perdus. Des choses tombent d’un ciel tout bleu et je ne sais pas quoi en faire. Je vois une petite école, une échelle qui tombent, et je n’arrive pas à  leur trouver une fonction. Je ne sais plus à  quoi servent mes mains. Je ne sais plus me rouler une clope. Je suis vraiment perdue, perdue dans mon corps, perdue dans l’espace. Je suis confuse… je me mets à  marmonner, dixit D… En fait, je sens que je m’enfonce dans une boucle où moins je comprends, plus je me perds…
Mes histoires ne tiennent plus debout, les mots se mélangent. Je ne sais plus faire une phrase dans l’ordre. Ma tête est à  nouveau toute en bordel. Tout y est en vrac. Mon cerveau est dans la salle des mots perdus.

Je saute alors dans mon seau. C’est T qui me rattrape au vol. Voilà  que j’y vomis des mots, je vois les lettres E-C-H-E-L-L-E sortir de ma bouche et aller dans le seau. Quelquepart, tout ça me fait bien marrer, mais je suis dans une confusion telle que mon cerveau ne sait pas quoi faire de ces informations. Ca m’enerve un peu de laisser passer l’info comme ça, sans rien en tirer.

Je reclame le silence à  mon cerveau, mais c’est le vacarme à  l’intérieur et pipelette que je suis, je commente en marmonnant. Ca me fout en rogne contre moi. Je me retrouve accroupie dans les cailloux, j’ai un haut le cœur. En même temps que je me tords dans le seau, je sens que ma machoire s’est positionnée autrement. Je me mets à  vomir un épais fil de mousse qui arrive droit du fond de ma gorge, presque sorti de la glotte. C’est douloureux. Je commence à  grincer… J’ose encore marmonner que je crache du poison, je me conseille à  moi même de la fermer parce que je sens quelquechose de surpuissant me tomber dessus, et là , en effet, je me fais dérouillée, quelquechose s’empare de moi, ça me replonge dans le seau, je vomis à  nouveau cet épais fil de mousse de toutes mes forces. Il vient du plus profond de mon ventre… j’entends alors des courants d’airs aspirants qui m’appellent vers le sol… quelquepart.

Je pose la main par terre, dans les cailloux et là … LE CHOC !!!!!!! Je suis appelée à  l’intérieur d’une araignée. Je ne me demande à  aucun moment où je suis, je le sais. Je suis en train de me laisser glisser dans une araignée… Ma main est complétement absorbée par la moindre petite aspérité du sol. Je sens un courant aspirant qui me pousse à  m’engager dans cette voie là … Ma main glisse comme sur un rail, des millions de petits fluides glacials me lèchent la main et l’avant bras tout en m’aspirant vers le sol. C’est absolument délicieux. Divin ! je n’ai qu’une envie, m’y plonger corps et âme.

Je suis parfaitement consciente en tant qu’ANNE, que je vais, dans moins de 2 secondes, aller me rouler dans les cailloux, mais ça m’appelle, ça m’aspire, je communique déjà  avec ce monde là , j’entends des grincements, des souffles, tout ça m’aspire sur un rail métallique glissant. Toute façon, c’est tout bonnement irresistible, il faut que j’y aille.

Je me laisse aspirer, je glisse sur le sol…. OUAAAAAAAAHHHHHHHHHH !!!!!!!

Là , D. pose sa main dans mon dos. Cette main posée sur moi me semble immense. Mon corps la trouve de trop. En tant qu’ANNE, je sais que c’est D qui s’inquiète de mon cas.
Je le rassure dans l’urgence tant j’ai peur de rater le coche. Je sais, toujours en tant qu’ANNE que je suis en train de vivre un pur moment, un truc fabuleux, une aventure hors du commun, je suis chanceuse putain, je suis CHANCEUSE !!!!!!!! Tout va bien D, ne t’inquiètes pas, faut que j’y aille… je lui dit tout ça en étant déjà  plus dans mon corps à  moi. Mon cerveau lui, est entre les deux mondes. D. retire sa main.

Je me laisse alors complétement glisser. Ca m’enveloppe de petits filins de fluide glacial, c’est comme un milliard de caresses faites avec la précision d’un laser. C’est bon mais c’est bon… Je chemine dans cet espace un peu ténébreux à  une vitesse folle, comme si je glissais sur un fil métallique.

En tant qu’ANNE, j’arrive à  cet instant à  prendre du recul sur le truc, je vois araignée, je suis araignée, je communique avec les araignées et mon cerveau d'ANNE en a conscience. C’est un moment génial que je vis avec moi même. Mon corps vit un truc de taré et mon cerveau l’observe.
« JE SUIS ARAIGNEE ! C’est E-NO-RME !! » J’éclate de rire, je prends un pied dingue, je quitte ANNE et replonge mon cerveau dans ma bestiole…

J’arpente des territoires, je vois du jaune criard, avec du violet foncé… je me demande si ce ne sont pas mes couleurs. J’arrive dans un quartier où je sens la présence de consoeurs. Elles ont des airs de loubardes. Si je devais les habiller et leur mettre de la musique, je leur mettrais un perfecto pourri et du metal de hardeux ! ^^
Je communique avec le monde araignée. Communication qui se traduit par des grincements, des sons à  ressort et des sons aspirés… je me rends compte que ce n’est pas un monde très sympathique, les deux que je croise complotent, ricanent, se moquent. N’empêche, j’adore leur humour cynique et grinçant et toute façon, je suis complétement dans mon élément, parce que je dois rappeler que pendant que j’analyse mon nouvel espace, chaque cellule de mon corps, chaque cellule de mon cerveau continue d’être affolé de plaisir sous ces milliards de caresses faites au fin pinceau glacé partout sur mon corps, mon visage, mon cou…
J’évolue dans un univers purement féminin, atrocement sensuel, ça fait presque mal tellement c’est bon.

Je ne sais pas comment vous dire ça, mais jamais rien ne m’a procuré cela. Ca va au delà  de ce qu’on imagine être le plaisir. Ca serait comme un orgasme multiplié par 100 000 en continu pendant une étérnité. Un truc de barjot !!

En même temps que j’évolue dans mes cailloux, en jouissant par tous les pores de ma peau, le cerveau irradié de plaisir, je tisse ma toile.

Cet univers métallique, glissant, mouillé est orgasmique. Je me trouve soudain dans un liquide visqueux, gluant, j’associe ça à  du liquide amniotique. En fait, j’ai dans la bouche une salivation hors du commun et je me plais à  en laisser couler un filet de bave. Je ne contrôle pas du tout le phénomène. Je me retrouve trempée. Soudain, un courant froid m’aspire vers l’avant, ça me gèle complétement.

Ma raison d'ANNE me rappelle. Je suis allée bien loin dans les bois… il est temps pour moi de ressortir de la bête. Je prends rendez vous pour le lendemain.
Je me sens sortir, comme arrachée du sol. Je me suis bavée sur le visage, le cou, je suis pleine de feuilles, j’en ai partout. J’ai l‘impression d’avoir crapahuté sur des kilomètres dans les bois au ras du sol, mais je n’ai en fait pas bougé d’un millimètre.

Je m’excuse auprès de D pour ce moment d’égarement. Quand même, j’ai joui du cerveau en live devant lui pendant 3 plombes. J’ai presque un peu honte, mais ça pas eu l’air de le traumatiser. Ca me rassure, et je suis en fait bien soulagée qu’il n’y ait eu que lui. L’orgasme en collectivité… c’est pas facile à  assumer ! Bref, pour l’instant, j’ai beau être revenue dans mon corps, je suis encore complétement perdue.

Je rentre dans la maloca. Je m’allonge sur le petit chat. Il toque à  ma tête pour me prévenir. Je retrouve M. Je suis trop contente de les retrouver elle et le petit chat. Le pire, c’est qu’en rentrant, ce n’est pas la première chose que je pense à  lui dire… et puis, je m’entends grincer et je lui raconte mon aventure… je suis toute excitée. Plus je lui raconte le truc et plus je trouve ça étonnant, merveilleux, orgasmique, truc de fou ! je sens que je m’emballe en lui parlant, je sens que ça me rappelle. Elle me dit d’y aller. C’est clair, je ne suis pas bien à  l’intérieur de la maloca, je vois d’ici les cailloux qui me manquent et m’attendent. J’entends les grincements, je sens les courants aspirants… Merde… c’est incroyable !!! J’en crève de retourner dans mon monde d’araignée. Sérieux, c’est physique.
Je conclue mon histoire par « en gros, les araignées, elles jouissent du cerveau toute la journée »… et je repars dans la nuit.
Lorsque j’arrive dehors, je trouve l’air électrique. Je pose une main sur le sol. Elle est directement absorbée par le sol jusqu’à  mon coude, les lasers de fluide glacial reprennent sur mon avant bras, ça m’aspire dans un souffle lugubre … J’ai un fil qui glisse sur ma lèvre inférieure, c’est hyper agréable. Mais en approchant mon visage du sol comme pour me laisser couler, ma raison m’arrête et l’emporte cette fois. En fait, j’ai affreusement peur d’y retourner. Je suis partagée entre le plaisir et la terreur d’y retourner. La bestiole est en moi mais je refuse de repartir dans les cailloux. Il s’agit quand même d’un univers individualiste et un peu sournois. Je sais m’y déplacer, je sais tisser, mais je m’y sens à  nu, je ne suis pas armée pour me défendre en cas d’attaque. En fait, j’ai eu trop le temps d’y penser… j’ai la grosse trouille d’y retourner.

Je me pose dans le fauteuil près du feu. Voilà  du monde autour du feu.
Je me mets en boule, toujours un fil à  la bouche…En fait, je suis un peu traumatisée par ce qui vient de m’arriver. Je n’en reviens pas. Je ne comprends pas. Ca va au delà  de tout ce que j’avais pu imaginer possible. Bien au delà .

Le chat roux me grimpe dessus. Comme la main de D. tout à  l’heure, il est immense et trop lourd. Il est posé sur moi, y’a pas de respect quoi ! Je trouve vraiment pas ça logique. Ca m’enerve.
Je le jette 1 fois, 2 fois, 3 fois. Il revient à  la charge, ça devient l’ennemi. J’ai de la violence en moi là .
Je l’attrape, je le balance. J’ai presque envie de shooter dedans. S et L m’ont vu faire. J’ai l’impression qu’ils sont entre rire et surprise de mon agressivité soudaine. Je cherche à  me justifier, je baragouine que « ça ne se fait pas, non mais oh, c’est manquer de respect ». Pfff, ça tient pas la route mon truc vu d’un humain. ^^ D’habitude, j’aime bien les chats, mais là … je ne suis pas encore tout à  fait moi.

Je me love alors dans ma bulle de bien être… Je pense à  mon amoureux, personne n’arrive à  me rouler une clope et je sais que lui il saurait, je l’aime, j’ai envie qu’il soit là , ça prend toute la place d’un coup… Toute la place à  l’intérieur de mon écorce. Mon amour pour lui déborde. C’est du désir liquide qui coule dans mes veines. C’est sensationnel. J’ai l’impression à  ce moment là  d’avoir emprunté à  l’araignée un peu de sa faculté à  être dans le désir, le plaisir et la jouissance en permanence. Je sens que j’ai une énergie différente qui circule en moi…
J’ai comme le sentiment que j’ai tout à  découvrir, un nouveau monde s’ouvre à  moi, tout me semble excitant, inédit. J’ai pour la première fois le sentiment d’habiter mon corps, j’ai gagné l’autorisation jouir de tout, tout le temps.
Je sens que plus rien ne sera jamais plus comme avant. Tout est aventure… je me sens maitre de mon destin…

Voilà … Depuis cette session qui date de 6 mois maintenant, j’ai encore du mal à  comprendre ce qui m’est arrivé. Je ne peux presque pas imaginer que c’est mon cerveau qui m’a joué un tour tant ça me semblait être vrai. Si j’avais eu le choix avant, je n’aurais jamais choisi d’entrer dans une araignée. Je ne sais pas ce qui m’a emmené dans cet univers là , mais c’était incontrolable et surpuissant. Encore aujourd’hui, quand j’y pense, j’en frissonne tellement ce moment fut au dessus de tout ce que je pouvais imaginer avec l’ayahuasca. D’ailleurs, j’ai mis un long moment après ça à  reprendre des produits tant j’avais l’impression que rien ne me satisferait plus après un telle expérience.
Et il est clair que j’ai le sentiment que rien ne pourra jamais être aussi fort que ça… c’est gravé dans ma mémoire… et je me demande encore parfois qui remercier pour ce cadeau que la plante m’a fait. Je suis une grosse chanceuse, voilà  ce que je me dis.


Merci d'avoir lu !

Dernière modification par groovie (18 janvier 2017 à  02:12)


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TR N°12 : CONCASSAGE ET FONDE DES GLACES
AUTEUR :  FRANCOIS
DATE DE PUBLICATION : 2011
SUBSTANCES :  Harmal + ? + tabac
LIEU : INCONNU


1 - inconfort, mes structures sales au piloris.



pour commencer j'ai perdu beaucoup de temps et d'énergie dans ces gares étrangères au fonctionnement bizarre durant le journée de vendredi et suis arrivé très tard.
nerveux, plein de froid et d'electricité, fatigué, donc pas en meilleures conditions.

il est quasi minuit et il est prévu de boire dans deux heures.
P, efficace, me questionne et me précise des détails techniques.
j'ai à  peine le temps de faire connaissance avec quelque personnes que les festivités commencent.

d'abord, un verre d'harmal, que je trouve assez facile à  boire par rapport à  ce que j'ai pu essayé par moi même.

je suis calé dans un angle de passage et de courants d'air c'est pas top.
mais la présence de HS à  ma gauche est rassurante.
de toute façon ils sont tous rassurants c'est agréable.

le premier verre me fait pas grand chose à  part une sensation d'inconfort assez prononcé.
le second sera vomi une heure après son ingestion.
à  partir de ce verre ça deviens très inconfortable tant physiquement que mentalement.
la montée me fout de légères palpitations, transitoires, un peu comme ça peu arriver avec des champignon.
j'ai l"impression d'être concassé et asymétrique.

il n'y a aucune manifestation visuelles en dehors de la vision de trains ratés de se paumer et d'être vulnérable.
des crissements, des vues de béton de metal et de verre.
c'est très chiant.
il me faut un autre verre, plus corsé.
P me sert, je le rassure quant à  mon état.
c'est vraiment infectissime, on dirait du jus de rat crevé macéré dans du kratom.

au bon d'un moment ça comment à  bien m'attaquer mentalement, une vrai lutte, accentuée par la fatigue.
c'est glauque. je vois des lames tranchantes, du verre tranchant, du sang qui gicle, je me vois en train de démembrer une poupée.
je pense à  mes lachetés, à  mes travers et toute les coquilles qui nuisent à  mes relations.
mes inconstances, mon évitement, ce voile froid qui mes sépare parfois des gens, une sorte de protection à  double tranchant qui soudainement me saute aux yeux comme un truc dégueulasse.

j'en prends plein la gueule à  travers cette analyse, je me sens fragmenté et morcelé au possible, et me sens comme une glace fissurée sur toute sa surface.

la tension augmente, je pense à  mes parents, mes proches, et une fois dégueulé je sens que cette glace vole en éclats, disloqué mentalement et physiquement usé jusqu'a la corde.

heureusement je peux me raccrocher aux encens et à  la musique, au tambours qui rythment les dégeulis, à  tout ce déversement sonore et olfactif.
je ressent le besoin impérieux de m"y mêler et de couler avec.
comme une vessie qui se soulage en se vidant, je me mets à  souffler puis à  faire des ohm pour faire vibrer mon tronc.
curieusement je note qu'en cette situation de détresse je fais instinctivement de belles vibrations des conduits aériens supérieurs, avec pleins de variantes selon les modulation de la caisse de résonance.
j'essaie de faire des champs diphoniques, mais je n'y parviens pas vraiment. (ça m'aurait bcp plû)

au bout d'un certain temps l'agression s'émousse progressivement mais une sensation de ras le bol s'installe.
j'ai pas envie de boire le lendemain, j'ai même envie de me tirer d'içi.
j'aimerais dormir, mais ma tete veut pas.

j'ai la sensation d'un truc brisé en moi mais j'ai aussi l'intuition que c'est un mal pour un bien.

je finis par décider de pieuter, et après des heures de gamberge le sommeil viens, au seuil des aurores.




2 - Let'go ! délimitation et assouplissement des contours de soi et des autres
(l'art de la cohabitation relationnelle représenté sur un Goban.)


je n'ai pas dormi beaucoup.
au réveil je me sens "embrumé" "mais avec les idées claires", paradoxal n'est-ce pas ?
je me sens un peu vide, dans le sens "prêt à  recevoir"
c'est assez reposant comme après avoir déposé un sac lourd.
de ce fait je me sens assez sociable sans que je ne puisse expliquer pourquoi.

durant la journée je verrais tous les intervenants, mais jamais en même temps car on mange et dors de façon instinctive, sans horaires à  la con.
des pétards tournent, et les langues se délient : on se raconte des brides de nos aventures respectives et des tas d'autres choses.
je me rends compte que tous les participants de la session sont d'excellentes personnes et les échanges se font en douceur et avec le sourire.
dehors il neige. après avoir bouffé des oeufs/pain/beurre (délectable !) on décide de se promener.
évidement c'est magique, tout blanc et silencieux.
je me sens sur un ptit nuage, dans l'impossibilité d'avoir des pensées négatives.
on marche presque deux heures : le rire et la voix d'un des gars, le regard et la grâce d'une des filles, le clapoti du ruisseau, la neige qui crisse sous les pas, des échanges de propos et de sensibilité... je me sens en phase avec mon environnement et ces gens, c'est enthousiasmant, ravigotant.

une fois rentré au chalet, je vois un gars en train d'installer un jeu de Go. j'étais si content ! c'est assez rare de pouvoir s'entrainer avec des personnes réelles. ça ne m'est arrivé que deux fois.
je lui dit que je suis débutant, il me propose un handicap de 9 pions, ce qui est énorme.
rapidement, je me rends compte que mon adversaire est TRES fort.
régulièrement, il me donnes des conseils avisés et surtout (c'est la que ça deviens interessant) il trace des parallèles entre le jeu de go, les comportements humains, psychologie et aya.

pour faire court :
le jeu de go évolue en nous obligeant à  conquérir et maitriser un territoire, des zones et à  en renforcer les contours.
il me dit c'est comme la vie, on est d'abord vierge puis pas très bien défini, notre moi se constitue progressivement, on apprends chaque jours à  maitriser nos contours, d'abord physiques.
puis une fois matures on redéfini et peaufine nos contours mentaux.






je me suis rendu compte que ce qui me troublais dans la vie, c'est aussi le fait d'être mentalement trop perméable, de pas savoir "poser les limites" avec autrui.
avec le go, on fait ça à  chaque fois qu'on pose une piece : poser = définir les limites avec autrui.
regardez le plateau (goban) au dessus ->
quand on à  plusieurs "amas" de jetons, il faut essayer de les relier entre eux pour les rendre plus fort.
pour montrer à  son adversaire qu'on à  pas un esprit désuni et fragmenté.
pour montrer qu'on est capable de synchroniser nos positions intérieures.

il faut essayer de repousser progressivement ses limites territoriales pour s'octroyer le terrain non conquis.
ainsi on montre notre capacité à  l'initiative, la ou l'autre n'en aura pas eu.
c'est un équilibre, celui de prendre la forme inverse de son adversaire pour être en continuité logique avec sa forme.
et de ce fait, s'adapter à  sa structure psychique.

si on se fait bouffer des pièces, c'est qu'elles n'étaient pas en cohésion avec le reste, tout s'imbrique avec logique une fois qu'on à  une vue d'ensemble du parallèle go/vie.


l'ayahuasca aussi m'a remis en question ces contours, les à  assouplis pour qu'ils s'adaptent d'avantage à  la forme des autres.

cette partie passionnante dura près de deux heures.
inutile de vous préciser que je me suis fait laminer comme un tsunami avale une mouche.
cette personne m'a confié avoir beaucoup appris sur ma personne juste en regardant mon jeu.
j'ai trouvé ça dingue, passionnant !
et au moment ou on s'arrêta, les préparations de la deuxième nuit débutaient.

j'étais en excellentes dispositions pour la seconde nuitée.




3 - éruption amniotique ! : la lave, ça lave !
l'amour liquide de bas vers le haut et redescendant sur les cotés.


il est temps de prendre place.
je propose à  HS qu'on échange de place car j'avais pas envie de me taper le même trip.
fallait que je change un peu mon contexte.

j'ai donc à  la gauche mister TTC, qui m'a impressionné par sa sérénité et sa tenue. (le mec jamais avachi même à  balle de dmt).
et à  ma droite, HS, étalé de tout son long, heureux.

cette fois, ils éteignent toutes les lumières (le premier soir il y avait quelques bougies).
on nous averti que cette mixture est au moins deux fois plus forte que la veille.
je n'appréhende pas car je me sens assez confiant.

d'emblée, je ressent une chose qui n'était pas la la premiere fois.
c'est une espece de douceur, de tiédeur, de clémence.

j'ai des visuels psychédéliques assez jolis, organiques et puis :
"des rectangles à  bords arrondis, à  la queu-leuleu, avec un point, un noyau au centre de chacuns. cet alignements de rectangles organiques formaient une sorte de ruban"
et non ! pas de serpent, pas de reptiles, pas de dinausaures, ni lézards.
en tt cas, ça me soulage de pas me retaper les visus de la veille.

même si c'est inconstant, je me sens plutot bien et apparemment les autres personnes aussi.
le tambour prends de l'ampleur, les tchitchic se relaient.
une femme qui, la veille, s'était vue en train d'accoucher sa mère (!!) s'est mise à  danser.
j'ai une maracas dans les mains et m'en donne à  coeur joie !
la voir danser me donne de l'enthousiasme pour continuer et qu'elle entende mon rythme lui donne de l'energie pour danser, belle synergie.
alors je me donne à  fond, et structure divers rythmiques à  partir du tambour. tchictchictchic !!!!!
herspirit se lache sur l'harmonica et on passe de l'amazonie à  l'europe centrale.
ça voyage bien. un clebs s'affalle par terre. on ri un peu. ça fait du bien.

le calme reviens peu à  peu, par vagues (tout est par vagues sous aya). on propose une deuxième tournée de boisson, encore plus corsée.
je bois d'une traite, mais une fois avalé j'ai une amorce de renvoi.
vite, le MC me colle un mapatcho dans le bec, je fume et l'envie de raquer se dissipe instantanément.
ouaw ! alors c'est ça le synergie tabac-aya? je suis impressionné.

un peu plus tard, le trip deviens plus dense, plus éprouvant. c'est le silence. ça nous à  un peu calmé.
mais à  l'interieur ça bouillonne fort. j'hésites des millers de fois entre vomir et pas vomir.

tout le long de mon voyage je n'ai pas arrété de comparer ce que je ressentais à  ce que j'ai pu ressentir la premiere nuit.
je me suis rendu compte à  quel point j'était fragmenté et désuni, ça me stupéfait de vivre deux voyages à  ce point aux antipodes.
après pas mal de gamberge infiniment plus positive et soulagée que la veille, jessaie de me redresser un peu.
j'enlève mon teeshirt noir, celui du dessous est blanc et j'ai l'impression d'être soudainement visible.
le fait de bouger accentue ma nausée. je décide de vomir, sans urgence.
la scène prends une dimension théâtrale.
je me dresse sur mes genous, le seau devant moi. dans un râle profond.
ayant marre de tanguer je décide de vomir une bonne fois pour toutes.
le tambour, prends une ampleur différente, pour me soutenir.
boomboomboomboom
dans une espèce de trance, je "vais chercher" ma gerbe, me tortillant, gémissant breuuuuuuuuuuuuuu !
le tambour m'accompagne et me contorsionne, je suis pétri comme de la matière organique neutre, comme une éponge qu'on essore.
boomboomboomboom, les vagues de tambours sont des montagnes russes, c'est si grisant !
breuuuuuu ! je ressent une dimension héroïque, je me sens fort, et une fois vomi, j'ai envie de bomber le torse et bourrer de poings mon thorax comme aurait fait king kong.
mais je le fait pas. déja pasque j'ai la flemme et ensuite pasque on est pas au cirque.

ceci fait je me sens affaibli et très ivre., je vide mon seau et retourne m'avachir.
impossible de lutter, je n'ai plus de force.
je sens une groooosse chute de tension arriver. celle qui vous scotche au sol pendant une heure.
la vasodilatation à  l'air conséquente et je me sens aspiré dans du vide. C'est long, et que je me sens faible !
j'attends pattiemment que cet espèce de trou-noir énergétique se dissipe.
quiconque est habitué au malaise vagual sais ce que c'est.

Puis ce moment ou la vapeur se renverse, la tension qui remonte avec une chaleur venue des tréfonds.
cette étincelle qui allume à  nouveau le réchaud intérieur.... ayé, ça reviens je reprends pieds, l'énergie reviens, j'ai des bouffées de chaleurs de plus en plus fortes, des vagues énormes, c'est hot !
j'ai l'impression de fondre. oui c'est exactement ça : je fonds !!!!
tout ces fragments brisées, ces morceaux froids désunis et incompatibles... il fondent !
tout fond et se mélange en une même matiere, je suis réuni ! à  nouveau je suis UN, un jus ! il n'y à  plus de morceaux, je suis un jus !
ça n'arrette pas de monter, mes joues s'empourprent, et le sourire s'accroche aux oreilles.
que ce passe t-il ? mais mais ... je suis en pleine extase !!!!!
ow pitaing le cadeau ! j'ai l'impression d'être dans du magma d'amour en ébullition.
un orgasme c'est des chatouilles à  coté.
j'ai vraiment l'impression de baigner dans un liquide chaud qui me maintiens en pics orgasmique, encore, encore oh oui, Banisteriopsis prends moi comme une bête !
je fait l'amour avec mes vetements, avec les odeurs, avec l'air ambiant, j'ai envie de serrer tout ce beau monde autour de moi dans mes bras et de leur dire que je les aimes, de leur dire que la forme de ma piece, s'imbrique exactement dans leur puzzle, que ma clé est à  la forme exactement inverse de leur serrure.
j'ai envie de serrer dans mes bras mes parents et leur dire à  quel point je les aimes.
cette sensation se poursuit pendant des heures inoubliables ou je contorsionne mes bras et mes mains en une danse lascive dans les airs, le sourire béat.

au bout d'un moment je me lève pour me débarbouiller, et je croise la femme qui avait dansé.
elle me dit si ça va, je lui dit que je suis en orgasme, elle rit, on fait la danse des bras, et elle part se coucher rassurée que je sois si bien.

il se fait vraiment tard, et certains choisissent la voie du pieux.
je me déicide à  me coucher qu'a partir du moment ou la vague de bonheur se dissipe une peu.
et comme la veille, impossible de dormir, je gamberge à  mort.
je sens cet état de grâce me quitter et ça me fait sincèrement chier.
des idées inconfortables reprennent le dessus, mon cerveau à  besoin de faire le point, d'assimiller cette expérience.
derniere remise en question intérieure, comme quoi la grâce s'en va et que si je veut garder la flamme intérieure, j'ai intérêt à  faire des efforts pour la maintenir.

triste constat, l'aya n'est pas une baguette magique, il va falloir faire des efforts.
des efforts.
des effffooorrrromppfffffl dodo.

le lendemain je suis totalement en phase avec tout. c'est génial.

puis cette grâce se dissippe en léger fade, remonte un peu parfois, mais à  l'heure actuelle je me sens encore "un peu plus heureux et entousiaste que la normale".

c'est bien faites que ça dure et que ça me motive pour faire de belle choses !




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TR N°13 : CERCLE NATEM TRADITION SHUAR
AUTEURE :  BEATRICE
DATE DE PUBLICATION : 2012
SUBSTANCES :  AYAHUASCA , 1m65 50KG, 1/2Verre
LIEU : INCONNU


diète sans ail oignon viande thé café alcool et tout intoxicant depuis une semaine, jeune depuis le midi
nous n'avons pas pu arriver la veille, mais la chamane a construit une demi lune en terre au centre du teepee , elle représente la terre mère, l'autel est installé dessus: fleurs, cristaux et toute sorte de trucs.
l'après midi après le dernier repas léger, médit, les participants se rencontrent et se connaissent. à  18h nous faisons un rituel tibétain pour éliminer les obstacles, on joue des instruments traditionnels et autres (didge etc)

20h un feu est d'abord allumé à  même le sol au centre même du teepee et face à  la demi lune : c'est le père soleil qui ensemence la mère. la chamane explique ce qui va se passer, les règles, désigne un maitre de la porte chargé d'ouvrir le teepee quand quelqu'un sort et de vider les seaux de vomit et un maitre du feu qui est chargé de l'alimenter d'une façon rituelle: posture, construction du feu selon l'axe ciel terre etc... quand on commence à  avoir des braises elle en répand entre le feu et la demi lune en formant le premier dessin : la semilla (la graine) chants et offrande de cèdre aux 4 directions pour purifier l'espace
21H premier temps: purification au tabac. elle roule un mélange de tabac et autres plantes dans une feuille de mais en le fumant on pose les intentions pour la cérémonie. puis on se nettoie les narines avec du jus de tabac, c'est horrible: picotements toux éternuements ça descend dans la gorge en brûlant atroce, mais ça dégage +++ du sopalin tourne en grande quantité. puis elle nous envoie du napo (tabac coca et aya) dans les narines avec une sarbacane: effet assuré!!!


ça réveille mais ça crispe aussi, picotements sur la peau et sensation de vibration
ensuite pour les fumeurs réguliers de ganjah et chichon elle donne des graines qui purifient permettent à  la médecine de fonctionner car apparemment le THC diminue l'aya. ça a l'air raide! ceux qui en ont eu commencent déjà  à  vomir!!
remerciements pour le premier temps et appel des guides
22h environ on boit la médecine (aya) les doses ont l'air aléatoire mais elle dit que c'est la médecine qui choisit! j’en ai un demi verre.
chants d'entrée.

elle répand d'autres braises et cette fois ci fait un autre dessin estrella (l'étoile)
23h30 je ne sent rien, tout le monde a commencé à  vomir et à  s'écrouler. je vais la voir et lui demande si je peux en reprendre en la touchant du bras, elle me dit qu'elle termine avec le feu et après elle m'en redonne. mais au moment ou je la touche je sens un courant électrique d'elle à  moi et tout d'un coup je sens les effets plein pot!! du coup qu'en elle m'appelle je lui dit que c'est bon, elle sourit!!


je m'assois mais bientôt je ne peut plus tenir assise. incroyable déferlement de couleurs tourbillonnantes par dessus la réalité, lasers, guirlandes lumineuses, serpents ondulants d'une intensité de lumière extraordinaires tournoiement de spots: je suis dans le teepee comme dans une teuf avec light show
l'atmosphère devient électrique, les sons sont perçus par les yeux, les sensations physiques par les oreilles, tout se mélange; mon corps est comme dans un bateau sur une mer déchainé, le sol ondule
je vomis mes tripes
ça dure un temps, je suis hors du temps, mais il me semble que l'esprit est "normal" c'est à  dire que je sais qui je suis où je suis et que j'ai pris la médecine; mais je me sens vraiment mal, le ventre (mon point faible) me fais super mal, j'ai les intestins qui se tordent l'estomac se retourne on a l'impression que l'intérieur se déverse à  l'extérieur; c'est super beau mais super violent!!

je vois des chiens des gens qui ne sont pas là  mais au milieu de la réalité, superposé, je sais que ce sont des visions quand je passe la main et que je les traverse; et toujours gros light show organique à  l'intérieur et à  l'extérieur de moi
la chamane chante et utilise l'arc en bouche, on part sur le son, déferlement de couleurs et passage dans d'autre mondes où je partage avec d'autre gens mais brièvement, puis retour dans l'ici et maintenant, mais un ici et maintenant où les gens sont comme tatoués de couleurs vivantes et changeantes, on les choses bougent, où les poteaux du teepee deviennent serpent, où la terre est couverte de joyaux, où les textures sont en 3d

je ne suis pas moi, je vois cette personne vomir et souffrir mais je ne suis pas cela, je suis détachée
puis je suis terrassée, l'esprit tourbillonne, c'est un peu trop fort mais je m'abandonne. la plante me parle :
elle me montre une porte et un tunnel "tu veux aller faire un tour dans le bardo"?? le bardo dans la tradition tibétaine c'est l'entre deux vies, le bardo du moment d ela mort, le bardo de l'ainseité et le bardo du devenir. je répond "pourquoi pas, mais seulement un moment, je reviens dans mon corps après" "elle" rit (la plante qui me parle) "quand tu prends ce tunnel , tu sais pas quand tu reviens" pas méchante, ironique!!

je n'ai pas vraiment peur mais je réfléchis, mes intentions étaient si possible de reconnaitre la nature de l'esprit, je me dis "non, la reconnaissance de la nature de l'esprit, c'est ici maintenant , dans ce corps ,dans cette vie, je n'ai pas besoin d'aller voir le bardo" et tout d'un coup tout changeplus de light show, moins de visions, par contre l'esprit super lucide
je continue à  vomir, mais je me sens un peu moins mal, mon corps par contre est super lourd, je ne tiens pas assise
la chamane passe à  chacun pour lui faire una "limpieza" nettoyage, elle voit les problèmes de chacun en discute un peu avec la personne, lui crache dessus et nous badigeonne de toute sorte de trucs (eau parfumée, onguents etc..)

tout d'un coup il est 2h du mat...gros gap temporel!!
je somnole mais je pars consciemment dans les rêves. je pense et cela devient réel, je comprends que tout est une projection de l’esprit. je continue à  vomir de temps en temps, mais entre les moments de vomissements j'ai moins mal, juste les intestins au taquet. j'ai envie d'uriner mais je n'arrive pas, quand je marche la terre ondule toujours, je rampe à  moité pour sortir du teepee, ce que j'essaye plusieurs fois.
chacun est tenu de tenir l'arc en bouche et le "hochet" de feuilles et de chanter un chant spontané, une bonne moitié est incapable de s'assoir et à  plus forte raison de chanter.

mon chant :
the earth is our mother, we must take care of her X2
pachamama madre de todos
te hemos tomado tanto, te hemos robado, te hemos enganado!
perdona nos, perdona nos..X2

la terre est notre mère, nous devons prendre soin d'elle
pachamama, mère de tous
nous t'avons tant pris, nous t'avons volé, nous t'avons trompé
pardonne nous, pardonne nous.

Je commence à  moins sentir les effets et à  avoir sacrément faim!! j'avais cru comprendre qu'au point du jour il y aurait le tabac des femmes et la présentation des aliments, j'attends avec impatience.
le tabac de l'eau clôture de la médecine. on fume et on peut à  ce moment exprimer son vécu par rapport au trip. je raconte ce qui m'est arrivé avec la porte du bardo. la chamane me dit que j'ai eu un doute, que je n'ai pas su ou pu lâcher prise, que je ne suis pas encore en harmonie avec mon corps (ou mon coeur???

je n’entendais pas trop, les fameux bourdonnements et sifflements étaient toujours là )c'est pour cela que les visions ont cessées. je suis un peu amère, je vois que c'est là  ce qui m’empêche de reconnaitre la nature de l'esprit: une tendance au doute, à  vouloir contrôler/maitriser comme en yoga , à  croire que je sais ce qu'il faut faire, à  ne pas m'abandonner, à  ne pas faire confiance!


04h elle repasse et propose à  présent du san pedro, l'aya c'est la grand mère et le san pedro le grand père. elle dit qu'il va nous donner la force et que les énergies vont changer, qu'on sera plus ensemble; Je refuse, (on a 5 heures de route le jour même et taf le lendemain, je ne veux pas avoir à  conduire encore sous effet)
elle change le dessin de braise : corazon, le coeur.

chants plus entrainants, on joue des tambours chamaniques! effectivement l'ambiance change : plus d'énergie, de joie! c'est la renaissance. même si je n'ai pas pris de san pedro j'ai ressenti ce changement d'énergie interne et externe. J'ai de plus en plus faim, je n'ose pas aller grignoter car les règles sont posées, j'aurais bien aimé aussi aller tripper dans la nature mais pareil: on est tenu de rester dans le cercle jusqu'à  la fin de la cérémonie; je commence à  avoir des idées négatives "c'est interminable, tant de palabres" etc.. mais en même temps je ne me laisse pas aller à  ces négativités, je sais que c'est mon corps esprit qui fatigue!
06H le dessin de braise change encore il s'agit maintenant d'un demi soleil, c'est comme si le soleil extérieur allait naitre du feu intérieur.

le tabac des femmes, on fume le cheerot dans la feuille de maïs, que les femmes, d’ailleurs tous les mecs sont out! on prie pour les femmes on chante encore, chants spontanés, chants des dakinis chants à  Marie..Le jour se lève, l'énergie bascule, c'est le temps de la vie
07H 4 femmes vont aller préparer les aliments, les autres nettoient le teepee, je lave les seaux à  vomi, on secoue les écroulés, on balaie... le feu meure petit à  petit
08h la faim me rend un peu agressive, j'aimerais bien manger qu'on clôt la cérémonie et que je puisse aller me poser quelques heures avant la route!

mais ça continue encore, remerciements, prières, encens, on reçoit des cadeaux de la chamane, bijoux onguents ou autre. elle passe encore un peu de temps avec chacun avec des instructions précises et personnelles, pas pour moi elle dit sentir que je suis impatiente. je me hais d'être si pragmatique!!
enfin on commence à  faire passer les aliments dans un ordre bien précis: la galette de mais, la viande fumée les fruits frais puis les fruits secs. un seul tour et c'est encore des chants, des remerciements, la dédicace de la cérémonie. j'ai encore bien faim!!! manger me redonne des forces et m'enlève le mal de tête qui me plombait depuis plusieurs heures: je ne suis pas bonne pour jeuner!!
09h30 re nettoyage au tabac en jus et /ou inhalation de napo : là  du coup je me sens complètement éveillée, même effet qu'au début hier soir : comme un excitant avec clarté lucidité mais aussi crispation des mâchoires, muscles tendus etc.. je vais avoir du mal à  me reposer!!

et puis les embrassades et enfin elle déclare la cérémonie close
et je me fuite dans un coin pour aller me reposer mais les autres défont rituellement la demi lune, vident le teepee, parlent beaucoup..

je dors environ une heure et demi mais en plein cagnard ce n'est pas évident! je me lève un peu grognon, en même temps le lieu les gens et la chamane sont tellement super! j’ai honte de focaliser sur ma faim et ma fatigue!! on partage les expériences les gens ont vraiment envie de parler!
13h30 repas partagé, derniers conseils même diète pendant plusieurs jours encore!
et on est obligés de prendre la route, fatigués mais bien clairs. J'ai encore les intestins brassés et ça dure deux jours

cercle natem : la mort, la renaissance et la vie
l’œuvre au noir, au blanc et au rouge!!
j'ai peut être refusé de mourir complètement ???mais je me suis sentie renaitre et vivre!! un super cercle, j'ai été très honorée d’en avoir fait partie! j’ai vu mes limitations, et je crois que mon corps est un peu trop sensible pour certaines plantes si puissantes..Et 14 heures de cérémonie, j'ai trouvé ça un peu long! mais c'est ainsi la manière traditionnelle et si on avait pu rester jusqu'au lendemain j'aurai eu l'esprit plus libre et aurait probablement été plus détendue dans mon rapport avec la médecine et à  la cérémonie.
cette chamane est super puissante mais en même temps super douce, beaucoup d'amour et d'attention à  chacun!
un grand merci à  elle, à  la médecine et au lieu!

Dernière modification par groovie (18 janvier 2017 à  17:41)


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