Bonjour, je me permets d'intervenir parce que je me suis inscrite justement sur ce forum pensant trouver des témoignages de
sevrage aux bêta bloquants.
Je suis actuellement en pleine tentative de
sevrage et c'est très compliqué. Je vais essayer de faire court. Déjà, je ne prends pas de propranolol, mais du metropolol. Je ne connais pas bien les similitudes entre ces deux molécules, si ce n'est que ce sont tous 2 des bêta-bloquants. Du coup je voulais partager mon expérience sur la partie bêta bloquants, pas sur cette molécule que je ne connais pas.
Pour situer, j'ai commencé à faire de la tachycardie, comme ça sans raison apparente. Après avoir mis un holter (mesure du <3 sur 24h) il s'est avéré que j'étais régulièrement entre 120 et 140 bpm au repos avec des pointes à 180. D'où mon extrême fatigue depuis un moment. Je n'ai pas de problème cardiaque, il s'agit d'une tachycardie sinusale. Le discours du cardiologue a ce moment là est : ok vous tachycardez, on sait pas pourquoi, tout va bien, prenez un Bbloquant et dans quelques temps ça ira mieux et vous le prendrez plus".
Je prends une très légère dose (50 mg) pendant 1 mois ou 2 et c'est cool, mais au bout d'un moment en fin de journée la tachycardie revient. Le cardiologue me fait monter à 50 le matin et la moitié d'un dans la journée, donc 75/jour. Et là super, je prends ça pendant 1 an et demi sans soucis. A aucun moment on m'a expliqué les risques de dépendance. La seule chose, une fois le cardio m'a dit que si je voulais arrêter il faudrait que je lui dise pour qu'on le fasse en progressif parce que ça peut être un peu difficile si on arrête d'un coup. Euh.. Ouais comme beaucoup de médicaments en fait.
Et c'est là que ça se complique. J'arrête de fumer (tabac), cool ! Mais je commence à ressentir de l'hypotension, je fais des petit malaises et autres symptômes. Logique, les B-bloquants font baisser la tension. Mon cardiologue étant parti à la retraite, j'avais pris justement quelques mois avant un rdv chez une nouvelle médecin pour un check up. Ça tombe bien le rdv est peu de temps après mon arrêt du
tabac et les malaises. Je me dis que c'est logique,
tabac= augmentation de la tension et du rythme et le metropolol fait baisser tout ça, là je fume plus donc je baisse un peu trop. (je rappelle que je n'ai pas de soucis cardiaque). Donc je raconte tout ça à ma cardiologue, lui expliquant que du coup j'aimerai bien baisser le médoc. Elle me met un holter, tout va bien, et elle insiste bien sur le fait que Tout va bien. Je lui explique donc que oui, je ne me sens pas angoissée ou autre, et il fut un temps où j'avais besoin de ce cachet, mais là, plus de clope et remise au sport, je me sens bien et j'aimerai arrêter. Et c'est là qu'elle m'explique. A demi mot, c'est pas très clair, mais en gros elle me dit que ça va être la galère. Elle me dit d'essayer de redescendre à 50mg, donc de baisser d'un tiers, et ce cachet de 50 le prendre en 2 prises , histoire de continuer à avoir matin et soir. Puis dans un bon moment je baisserai. Et là elle me dit, qu'à part pour une grossesse, je pourrais en prendre un demi toute ma vie, ça va, et qu'elle ne comprennait pas pourquoi je voulais l'arrêter. Je lui dit donc que si j'en ai pas besoin j'ai pas vraiment envie de prendre un médicament inutile toute ma vie . Et c'est là qu'elle m'a expliqué que ça allait être compliqué, qu'en fait les bêta-bloquants "posent" se sont ses mots, et que ça donne quand même un rythme régulier, un peu épargné par les modifications style stress ou montées d'adrénaline, et que ça le corps, ben il s'est bien habitué en 1 an et demi.
Bon, je me dis ok, elle est pas très claire et elle est un peu contradictoire, mais de toute façon elle m'a donné son feu vert pour diminuer. Je passe donc à 25 matin et 25 fin de journée. Du lundi au vendredi niquel, mais le vendredi après midi, j'ai commencé à me sentir mal, à être agitée, les poings et la mâchoire serrés. C'est très difficile à décrire en fait, je n'étais ni triste, ni en colère, je n'avais pas mal rien, mais j'avais un truc horrible dans mon corps, comme une boule d'énergie (pas au sens positif) qui veut sortir, et je me sens pas moi même, et surtout je ne sais pas quoi faire pour me calmer. J'ai l'impression que je peux mourir en fait, comme ça, juste parce que ça va pas et que je peux rien faire.
Je suis allée chez mon médecin généraliste, il m'a expliqué qu'il s'agissait d'un syndrome de
sevrage et que j'avais des symptômes physiques de manque. Pas psychologiques car je n'associe pas de plaisir à ce médicament ni de routine, je le prends quand je me lève et quand j'y pense, pas trop à la même heure, aussi que c'était normal que ces symptômes arrivent après plusieurs jours par rapport à la durée de vie du médicament. Du coup on a beaucoup discuté, de cette dépendance aux B-bloquants que je ne connaissais pas. Et pour essayer de résumer ce qu'il m'a dit (vous aurez compris que c'est pas mon fort de faire court),en fait au bout d'un certain temps (+/- 1 an) on développe une addiction. De manière générale il y a 2 publics: ceux qui ont des soucis cardiaques et qui le prendront toute leur vie, donc à priori ils ne l'arrêteront pas. Et ceux qui vont le prendre pour d'autres raisons sur une courte période (traitement des migraines, stress des exam ou trac sur 1 mois par ex, tachycardie sinusale qui s'améliore rapidement etc...) c'est la raison pour laquelle il y a finalement peu de retours sur le
sevrage, car soit les gens ne l'arrête pas, soit ils le prennent sur des périodes courtes. Il n'y a à priori pas trop d'acoutumance par contre. Pour le troisième public, c'est à dire les gens comme moi, qui vont le prendre sur 2/3 ans mais qui n'en ont pas un besoin à long terme, ben c'est là que ça se gâte. Mon médecin m'a dit que j'en aurai pour plusieurs semaines à devoir gérer le manque. Là ça fait 3 semaines et je recommence à peine à dormir, mais pas encore des nuits entières. Je n'ai pas refait de "crise" comme la première, mais je suis souvent tendue, au sens propre du terme, car psychologiquement ça peut aller, même si ça m'a mis un gros coup au moral.
Pour l'instant rien que d'envisager de baisser le traitement ça me rend mal, très peur de revivre ce que j'ai vécu. Il m'a prescrit de l atarax au cas où, bon, j'en ai pris que 2 fois car au réveil c'est dur, pis c'est pas non plus miraculeux, et c'est devenu plus gérable.
J'ai évoqué bien sûr avec lui l'idée et l'envie de continuer à un moment donné de baisser la dose pour l'arrêter un jour, il n'est pas très optimiste, il m'a répété plusieurs fois "on verra".
Pour rebondir sur ce post, j'ai également fait pas mal de recherches sur internet et suis évidemment tombé sur ce site bêta bloquants.overblog qui en effet est plutôt.. "exotique". Par contre en fouillant un peu, on tombe sur des rapports de thèse ou de recherche, de médecins souvent canadiens qui ont étudié la question, et qui sont vraiment intéressants. Y en a en anglais aussi. Ils ont mis en lumière une dépendance, et on beaucoup insisté sur l'importance de diminuer très progressivement. Déjà pour éviter l'effet de rebond, ce qui est logique, mais aussi car il y a eu chez des personnes des soucis, plutôt grave, suite à un arrêt brutal, et ils parlent également des symptômes de manque.
Bref, je ne suis pas ici pour dire que les bêta-bloquants sont les supos de Satan, j'étais très contente de les prendre quand ça allait pas. Par contre, j'aurais bien aimé dès le début qu'on fixe une date d'arrêt et un vrai accompagnement d'arrêt tabagique avec ce cardiologue (puisque a priori la tachycardie venait de mon hygiène de vie et aussi d'un souci à l'estomac que je suis en train d'essayer d'atténuer).
Je vous invite vraiment à lire sur le sujet, on trouve quand même quelques articles scientifiques intéressants, et si vous n'avez pas de soucis cardiaques, de vous dire que c'est un super médicament mais sur une période précise, quand on en a besoin, et si vous n'avez pas d'effets secondaires, ben n'arrêtez pas si vous voulez pas. Elle a pas tort au fond ma cardio, vu que chez certains c'est galère d'arrêter après plusieurs années, si on supporte autant continuer. Moi je me serai jamais posé la question si j'avais pas eu l'hypotension. Mais ne vraiment pas arrêter d'un coup non, vraiment.
Cette dépendance ne doit pas toucher tout le monde bien sûr, c'est juste que jai pas eu de chance. Mais je suis quand même contente d'avoir 2 médecins qui l'a connaissent et qui essayent de m'aider à la gérer.
Désolée pour la tartine, je crois que j'avais besoin de le raconter, je suis encore un peu sous le choc de ces effets que je ne pensais pas possible. L'avantage c'est qu'à côté de ça, l'envie de fumer c'est le dernier de mes soucis :)
Bien à vous