Pour ma part le confinement a eut un effet régulateur sur ma consommation de
méthadone.
Quelques éléments de background : je suis substitué depuis 7 ans avec cette molécule. Les 2-3 premières années j'étais plutôt stable à 40 mg, mais suite à des changements assez importants dans ma situation personnelle (et puis la fin de la lune de miel sans doute aussi) j'ai commencé à consommer chaotiquement et à enchaîner les recouvrement ainsi que les augmentations de posologie. J'ai fais un plateau de deux ans à 120 mg par jour mais avec les recouvrement j'étais plutôt en moyenne à 160 mg/jour, puis redescendu à 80 mg depuis six mois, toujours à +30% à cause des débordements chroniques. Je ne fais pratiquement jamais d'écart avec autre chose que la
méthadone, je ne ressentais que des effets désagréables quand j'essayais.
Avec cette vacherie de virus et le confinement, j'ai commencé à bien flipper sur la possibilité d'une rupture de l'approvisionnement (tellement de possibilités : l'histoire des principes actifs fabriqués en Chine, la pharmacie qui peut fermer, les livreurs des pharmacies qui peuvent plus bosser pour x raisons liées au virus - j'en imaginais des tas et des tas -, pareil pour les employés des usines qui fabriquent les gélules, etc... je trouvais une multitude de possibilités de rupture pour chacun des maillons de la chaîne qui partait de je ne sais quelle matière première jusqu'à la gélule dans ma bouche). Bref, j'ai paniqué.
Cette peur m'a beaucoup aidé à calmer mes
cravings. J'avais très envie de reprendre la diminution pour être libre en cas de crise (ce qui est assez utopique, étant donné qu'avec une réduction de 10% par mois - ce qui est très optimiste - il faudrait trois ans et demi sans erreur de parcours pour arriver à 1mg/jour, alors faudra pas trop qu'elle se presse la fin du monde.
J'ai immédiatement arrêté les extras de
méthadone, à de très rares exception près, genre quand je devais bosser plus que d'habitude (télétravail) ou que j'avais un inévitable et pénible entretien hiérarchique. C'était pas facile les deux premières semaines où je sentais des symptômes de manque dès le milieu de l'après midi, et passais des nuits avec d'importantes sudations et difficultés à dormir, ainsi que le fourmillement électrique dans tout le corps à partir de 4-5h le matin. Faut dire que j'ai réduit la conso d'un quart là, c'est pas la mère à boire, mais on le sent passer. Au final j'ai traversé le confinement avec seulement 3 ou 4 doses d'écart par rapport à la prescription sur la totalité des deux mois, ce qui ne m'étais pas arrivé depuis une demi-décennie.
A présent qu'une routine s'est remise en place, et le retour à la vie d'avant se profilant à l'horizon - même lointain - les envies reviennent à mesure que je vois bien qu'il n'y aura pas de désastre. J'ai pas encore craqué, mais la pression monte. C'est navrant et vraiment pénible à vivre, mais j'ai l'impression que c'est comme pour les tremblements de terre et les volcans : la question n'est pas de savoir si je vais déraper, mais plutôt quand. Car ça va déraper...
PS: Désolé, c'est plus long que ce que je pensais écrire en première intention...
Dernière modification par Cosmococcyque (20 mai 2020 à 12:07)