http://www.jim.fr/e-docs/00/01/BE/20/do … _med.phtmlextrait de JIM, quotidien médical, Publié le 04/02/2010
L´anthrax, à nouveau d´actualité
La maladie du charbon (ou
anthrax pour les anglo-saxons) fait à nouveau parler d´elle. Cette zoonose des ruminants peut se transmettre à l'homme de plusieurs façons, notamment par des spores particulièrement résistants, ce qui a fait craindre son utilisation comme arme bactériologique. Ces spores sont à l´origine d´une épidémie récente survenue en Ecosse chez des usagers de drogue.
Tout à commencé par des hémocultures pratiquées chez 2 patients, originaires de la région de Glasgow, et retrouvées positives, le 10 décembre 2009, à Bacillus sp, identifié plus tard comme B. anthracis. Au 14 janvier 2010, les cas confirmés d´infection à B. anthracis étaient au nombre de 14, dont 7 décès. Tous étaient en rapport avec une prise d´héroïne par injection ou d´autres voies («
sniff ») et présentaient une forme cutanée de la maladie : inflammation et abcès au point d´injection pour la plupart, 1 ou 2 jours après l´injection d´héroïne, cellulite et œdème des membres pour certains, voire sepsis. La présentation était donc variée.
Le diagnostic a reposé sur l´isolement de B. anthracis à partir des hémocultures et la confirmation par PCR dans le sang ou les tissus.
La prise en charge a consisté en un traitement antibiotique adéquat et l´administration d´immunoglobulines spécifiques fournies par le CDC américain pour 4 sujets.
Les hypothèses des investigateurs concernant l´origine de cette épidémie sont donc :
1) une contamination de l´héroïne par des spores de B. anthracis qui a pu survenir à n´importe quel point de la chaîne de production ;
2) une contamination d´un agent utilisé pour couper ou dissoudre l´héroïne ;
3) un 3e facteur encore à découvrir, qui permettrait de lier les cas entre eux.
Aucune mesure particulière de protection n´a été prise vis-à -vis de la population générale, ni envers les utilisateurs de drogue car aucune voie d´administration de moindre risque ne pouvait être conseillée. Le seul message pouvait concerner la prise de conscience du risque et l´importance de détecter des symptômes précoces de l´infection.
Bien que rares, des épidémies de ce type parmi les usagers de drogue ont été rapportées ces dernières années : en 2000, une épidémie écossaise due à Clostridium novyi avait touché 60 cas et provoqué 20 décès. En 2003-2004 , Clostridium hystoliticum avait été identifié chez 12 consommateurs de drogue en Angleterre et Ecosse.
Il est d´autant plus délicat d´établir un diagnostic que 34 % des usagers de drogue rapportent une infection au point d´injection par an. Les auteurs concluent en s´étonnant que de telles épidémies ne soient pas plus fréquentes, compte tenu des conditions dans lesquelles l´héroïne est souvent préparée et acheminée.
Dr Muriel Macé
Ramsay CN et coll : An outbreak of infection with Baxillus anthracis in injecting drug users in Scotland. Euro Surveill. 2010 Jan 14;15(2). pii: 19465.