[ Arrêt & Sevrage ]
Peur de la stigmatisation

#1 
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Anaya non binaire
Nouveau Psycho
03 février 2022 à  07:45
Bonjour,

J’ai souvent peur d’être stigmatisée par rapport à mon passé d’addictions que je cache tout le temps. Du coup je me sens mal à l’aise avec les gens car j’ai l’impression de mentir sur ma personnalité. Même si je me doute en soi que personne ne parle de ça avec ses collègues par exemple.
Quand j’ai commencé à prendre un traitement psy j’ai flippé et pense que des gens au boulot allaient s’en apercevoir. Ce qui est drôle c’est que je bosse en addicto !! Donc petite parano, jusqu’à ce que je m’aperçoive que c’était complètement invisible.
Des fois j’ai comme un problème de légitimité parce que j’entends beaucoup dans mon entourage de remarques qui me culpabilisent « comment aider les autres alors que toi même tu… »; bref me renvoient à ma place dans ce metier.
J’aimerai parler de mes expériences aux gens que j’accompagne mais c’est beaucoup vu comme si « je faisais ma psychanalyse en public » / « dans une confusion avec eux » etc. Pour les aider, utiliser cette expérience pour leur apporter qqc.
J’ai eu un médecin qui m’avait clairement dit qu’il avait été dépendant des médocs pendant ses études de médecine. Je m’étais vraiment sentie en confiance du coup, comprise rassurée.
Alors je ne sais pas…
Parfois je vais à la pharmacie pour mon traitement et on me parle comme si j’étais neunoeud lol.

« Il faut encore porter en soi un chaos, pour mettre au monde une étoile qui danse »
Nietzsche

« C’est avec les gros egos qu’on fait les petits chefs » fernandelle

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#2 
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psychodi homme
Pour ma santé :5 weed et j'les fume par jour France
03 février 2022 à  10:41
Salut Anaya

je pense comprendre un peu ce que tu vis...la morale est encore très présente en France, y compris dans les milieux de soins ... et en addictologie, tu le constates toi-même : y travailler sous entendrais que tu n'as aucune addiction ... ou alors, t'es une "travailleuse paire" (mais qui a arrêté, hein, faut pas déconner ...)

c'est la conséquence de la prohibition et de ses avatars ainsi que de la stigmatisation qui perdure concernant les "malades" (psy, addicts ou autres...)
je bosse aussi en addictologie ... depuis 20 ans ! Et je consomme du cannabis ... depuis plus longtemps encore !
ça me donne "une longueur d'avance" sur nombre de mes collègues de MON point de vue, collègues pour lesquels même tirer une taffe sur une clope procèderait pour eux de l'expérience ultime ! Mais qui ne crache pourtant pas sur l'alcool lors des repas de service, soit dit en passant...
j'ai un très bon pote qui bosse à l'hosto, dans la détection des drogues ... lui, il hallucine carrément parce qu'il bosse avec des collègues qui passent leur temps à parler de substances sans jamais avoir tenté quoi que ce soit comme expérience...même avec des produits réputés "anodins" en terme de pharmacodépendance comme les hallucinogènes... je dis pas (et mon pote non plus) qu'il soit nécessaire ou obligatoire de consommer pour pouvoir en parler... mais ça change quand même la donne quand tu as une sorte "d'expérience partagée" avec les gens que tu croises en tant que "patient.e.s" ... le point de vue expérientiel est une RICHESSE plutôt qu'un handicap ... en tous cas, moi je préfère le voir comme ça ... peut-être que ça me conforte dans l'idée de ne pas arrêter (j'aime le cannabis, je vois pas pourquoi je devrai m'en passer pour avoir une espèce de caution morale à tenir vis à vis de mes collègues ... ou même des personnes que j'essaye d'aider : je n'ai pas à être un modèle pour eux) ... et tous cas, ça me donne une légitimité à en parler puisque je sais "un peu plus" de quoi je parle en me situant à la fois d'un côté comme de l'autre (dans le fumeux clivage qui perdure dans le soin entre "soignants" et "soignés")
tu peux donc "aider les autres alors que toi-même tu ..."  ... et peut-être même mieux ou différemment que si tu ne ... pas !! Et puis après tout, nos addictions font partie de notre intimité (comme la sexualité d'après moi). Donc ne pas en parler ouvertement, c'est aussi un peu normal non ?
qu'en penses-tu ?

Dernière modification par psychodi (03 février 2022 à  10:44)


il y a des jours étranges
il y a des jours, j'm'étrangle
Surtout...ne pas se biler sur la route...
Psychoactif ? Faut s'abonner là, vite !!

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#3 
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Anaya non binaire
Nouveau Psycho
03 février 2022 à  15:09
Merci pour ta réponse,
Oui, je suis ok, ça relève de l’intimité; mais je pense que pour briser certains tabous il faut pouvoir en parler ouvertement. Par ex ça peut apporter qqc à la personne de lui dire « voilà en tant que pro j’ai un vécu proche du tien, te décourage pas, tu vas trouver ta place »; en fait pour qu’une chose soit acceptée dans la société il faut selon moi qu’elle circule dans les discours des uns et des autres. Je pense avec ta conso, que tu te gères et comme ça fait longtemps tu as développé tes tactiques bien à toi et qui te correspondent ? Expliquer comment tu les a construit je crois pas que c’est se positionner comme modèle mais plus aiguiller la personne en prenant en exemple ton propre parcours…perso je l’assumerai complètement si je savais que c’est dans la dynamique ambiante si je puis dire.
Finalement je suis pas sure que tel professionnel avec tel vécu aura plus de légitimité que l’autre,c’est s’engager dans une guéguerre sans fin.

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Nietzsche

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Je suis un usager dépendant et (notamment) infirmier.
Mon usage participe à ma compétence je crois, je ne le mets pas en avant pour ne surtout pas faire modèle (je ne le suis pas), mais je pense que l expérience personnelle de la déviance et de la stigmatisation participe pour moi a laisser de la place dans la relation d accompagnement au sens que l autre donnera à ses usages, au non jugement, avec une forme de lucidité sur l usage, qui comme pas condamné peut trouver une place dans les échanges.
Le plus dur pour moi dans ces contextes pros, c est surtout le jugement et la violence symbolique des collègues que je peux observer... En me faisant discret pour pas me faire griller par ceux chez qui cela entraînerait une "condamnation". De fait, pour avoir tenté la "sortie du placard", j ai pu constater les collègues pour qui ça ne change rien, et ceux chez qui l identité d "usager" surpasse, occulte, les autres
De la morale, comme dit justement amha plus haut.

Et pour ajouter un dernier point, je suis maintenant fatigué de cette "double vie", j ai besoin d être entier et j experimente donc une forme de transparence sur cela: je suis aussi un usager dépendant. Et d emblee, cela semble avoir un coût, j étais prévenu pourtant,  a voir maintenant s il est supportable.

Bien à toi

Analyse à distance-recherche DigiTraj
"Needles protect the neon logos from pigeon shit", Sleaford Mo

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