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Dernière modification par prescripteur (15 décembre 2023 à 13:27)
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BoilingBlood a écrit
Incroyable, quand je pense aux années passées dans mon CSAPA, qui imposait de pisser CHAQUE JOUR avant la prise sur place...
La politique : dans la première période après l'induction, on peut être positifs à l'hero le temps de faire la transition avec la metha. On peut tolérer que la personne reste positive quelques temps supplémentaires si période compliquée (surtout niveau justice, mais aussi si problèmes sociaux ou médicaux).
Par contre, si les tests quotidiens restent positifs dans le temps, ça doit être que le mec est pas bien motivé hein, il y en a d'autres qui voudraient bien sa place dans le programme ! Donc si ça dure trop, après plusieurs rappels, après avoir grondé le gam... Le patient, ben zou ! Fin du programme, il reprendra le cycle du début quand il sera réellement motivé !
Ici on veut des gens cleans et bien disciplinés pour faire pipi tous les jours derrière une porte qui ne ferme pas à 50cm de l'infirmière, des gens qui savent que leur traitement peut leur être retiré s'ils n'assurent pas autant que les conditions l'exigent !
Voilà voilà...
Pendant longtemps j'ai cru que c'était normal et pareil partout, jusqu'à ce que j'ai fréquenté d'autres centres dans d'autres villes.
Lors de mon premier relais metha en vacances, on me donne mes fioles pour la semaine, moi : "ah j'ai pas besoin de venir tous les matins ?"
L'infirmière : "non, ça serait pas pratique pour vous, et ça serait infantilisant, d'autant plus que vous avez votre traitement depuis longtemps maintenant ! Allez, au revoir monsieur."
Moi : "Mais... Je ne fais pas pipi dans le bocal ?"
L'infirmière : "ben non pourquoi ???"
Moi : "Pour rien, au revoir !"
no
Mon csapa c’était la même chose sauf que j’avais pas la force de venir chaque matin à cette période + le traitement qui n’était pas le bon pour moi ils m’ont rapidement envoyé dehors.. Et m’ont également envoyé bouler à ma sortie de cure pour relayer mon suivi car « on est plein » alors que je me battais depuis des mois juste pour avoir accès à ce fichu traitement..
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Bonjour Pierre,
À lire ce que dit l’infirmière sur ce protocole, s’il apparait conforme au cadre réglementaire actuel, il cache mal la défiance du médecin (et de l’équipe ?) envers ces usagers qui viennent demander la prescription de méthadone, et un besoin de marquer son pouvoir de contrôle.
Que signifie le besoin de rajouter un test urinaire 4 jours après le début du traitement sinon de vérifier s’il le prend ou s’il le stocke pour le revendre ? À quoi servent réellement les « analyses » urinaires demandées par le médecin en dehors de la première ? Qui juge que « les consos et les prises de risque sont trop fréquentes » et quelle conséquence peut avoir une baisse d’autorité à 30 mg sinon celle d’aggraver les prises de risques de l’usager ?
Le sentiment qui prévaut en filigrane de ces règles aucunement exigées par la réglementation c’est que l’usager doit faire la preuve de sa « bonne observance » du traitement, c’est-à-dire se plier sans discuter aux exigences de l’institution. Le contrôle passe avant la confiance, avant le dialogue et avant l’alliance et la qualité de relation avec l’usager.
Ce centre et son protocole ne sont pas une exception, nous le savons. Malgré les efforts constants de quelques-uns d’entre nous depuis des décennies pour développer une culture médicale et addictologique plus ouverte, plus respectueuse et coopérative avec les usagers, force est de constater que les formations médicales (dont les services hospitalo-universitaires de psychiatrie ont à présent le monopole) confortent toujours une idéologie et des pratiques de défense du pouvoir médical au détriment des usagers et de leur autonomie. En tout cas ces formations ne soulèvent jamais la question du pouvoir médical, elles ne sont jamais coanimées avec des usagers concernés, des associations d’auto-support, et ce n’est pas un hasard.
Les questions de responsabilité médicale sont mises en avant pour se donner bonne conscience : la majeure partie des psychotropes prescrits sont des benzo, des anti-dépresseurs et des neuroleptiques, sans parler des opioïdes, autant de substances dangereuses quand on en abuse, pourquoi ne pas faire les mêmes contrôles à toutes les personnes faisant usage de ces médicaments ? En fait ce n’est pas de protection de l’isager dont il s’agit, mais d’ignorance de ce que la RDR représente d’accompagnement du risque...
En fait, nous sommes face à la stigmatisation au quotidien, face à la stigmatisation « à l’insu de son plein gré », « pour le bien du patient ». Celle qui ne dit pas son nom. Pour changer cela, nous n’avons qu’une arme : rendre visibles les contradictions avec les « valeurs » affichées et montrer que d’autres pratiques existent, plus respectueuses des personnes et de leurs choix avec moins de règles imposées aux patient… et que cela non seulement ne présente aucun surcroît de danger mais génère la confiance qui, finalement, est la base des soins.
Alain Morel, psychiatre addictologue
Dernière modification par pierre (19 décembre 2023 à 22:01)
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Dernière modification par Plotchiplocth (21 février 2024 à 12:34)
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