la loi l'état et le toxicomane

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bighorsse
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comme pas mal de nouveaux arrivent sur ce forum il m'a semblé bon de mettre ici des notions de base ,sorte de rappel historique de la loi de 70, de la position de l'etat et de l'evolution des choses
on peut ne pas être d'accord avec ce qui suit, mais il s'agit avant tout de donner des "armes" à  chacun pour nourrir sa réfléxion
le texte ci dessous est un extrait du travail d'isabelle samin docteur en psychologie
http://isabellesamyn.e-monsite.com/rubr … 13584.html

La loi

Elément fondamental de notre société. Les sociétés primitives fonctionnent sur le principe du bouc émissaire. L'homme a inventé la transcendance de la loi en mettant tout le monde égal devant elle. On échappe à  la raison du plus fort. La loi va avoir une fonction dans la protection de l'individu et dans le développement de la société. Pour intégrer la loi, l'enfant doit être confronté à  l'interdit de la loi (idem pour les toxicomanes), mettre une sanction pour protéger l'individu contre la toute puissance de son désir.

Les gouvernants, à  partir d'un réflexe sécuritaire vont adopter une législation répressive. La loi 'relative aux mesures sanitaires de luttre contre la toxicomanie et à  la répression du trafic et de l'usage illicité des substances vénéneuse' est adoptée à  une écrasante majorité le 31 décembre 1970. Elle rénove et complète celle du 23 décembre 1953 ainsi que le décret du 11 mai 1955. Cette loi est toujours en vigueur.

Elle précise :
- Les modalités de répression face au trafic de stupéfiants
- Les mesures sanitaires d'action médico-sociale face aux patients atteints de toxicomanie
- Elle fait la distinction entre l'usage de produits et le trafic qui peut être fait.

Que dit ce texte ?

'Toute personne usant de façon illicite des stupéfiants est placée sous la surveillance de l'autorité sanitaire'

Les récidivistes et les trafiquant encourent des sanctions pénales. En fait, si l'usager se soumet au traitement, il échappe aux poursuites pénales et à  toute condamnation.
Dans le cas contraire, il reste un délinquant et s'expose à  une peine d'emprisonnement pouvant aller de deux mois à  un an.
Ce 'délinquant usager' peut échapper aux poursuites pénales par le biais de l'injonction thérapeutique.

En effet, aux termes de la loi, le Procureur de la République peut 'enjoindre à  la personne ayant fait un usage illicite des stupéfiants de subir une cure de désintoxication ou de se placer sous surveillance médicale'

Il informe la Direction de l'Action Sanitaire et Sociale de sa décision. Cette dernière va contrôler le déroulement du traitement et informer régulièrement le Parquet de la situation de l'usager. L'obligation de soin a réalisé un compromis entre les tenants d'une position sanitaire et les partisans d'une position répressive.

Lorsque l'usager se présente de façon spontanée aux services de prévention ou de cure, il peut bénéficier d'un traitement tout en conservant son anonymat s'il le souhaite.
Ce traitement ne sera pas contrôlé par l'autorité judiciaire. Un certificat médical en fixera les modalités et la durée.

En ce qui concerne le texte, s'agissant des usagers, pas une ligne n'a été modifiée. Cependant, les dispositions concernant les trafiquants ont été accentuées en décembre 1985.
Les dealers peuvent être punis de peines allant jusqu'à  cinq ans d'emprisonnement. Les opérations de 'blanchissement' de l'argent de la drogue sont assimilées à  un trafic pénalement sanctionné.
Enfin, la confiscation de tous les biens d'une personne condamnée par le trafic devient une peine supplémentaire.

Pour conclure, la loi favorise les 'repentis' en réduisant les peines, voire en exemptant de sanctions toute personne révélant un trafic avant sa réalisation et/ou permettant d'identifier des trafiquants.

Aujourd'hui, les interrogations suscitées par cette loi sont toujours d'actualité. L'arrivée du sida dans les années 1985 a profondément fait évoluer les consciences. L'opinion publique reste partagée entre les partisans de la répression et les partisans de la prévention sanitaire.
Les deux discours ne s'excluent pas de façon aussi radicale.
Les pratiques ont changé. La crainte du sida liée à  l'échange des seringues a permis au législateur de légaliser la vente ou l'échange des seringues à  usage unique en pharmacie. Un souci de dépénalisation des drogues douces est toujours en débat dans notre société.
Des voix s'élèvent pour que soient différenciés les toxicomanes avérés des usagers occasionnels. L'assimilation de l'usager à  un délinquant fait moins recette aujourd'hui. L'usager régulier est davantage considéré comme une personne devant bénéficier de soins.

L'Etat et la toxicomanie

Souvent, au niveau de l'état, le Ministère de l'Intérieur et le Ministère de la Santé se sont confrontés à  travers une ligne de clivage opposant prévention et répression.
Il semblerait qu'aujourd'hui, devant les menaces conjuguées du sida et la résurgence d'un trafic international 'juteux', l'opinion publique soit plus sensible sur cette difficile question. Prévention, répression, discrimination dans la répression constituent aujourd'hui les éléments d'une stratégie cohérente pour lutte contre les toxicomanies.

L'usage du pluriel montre bien la complexité du phénomène. Des produits nouveaux sont apparus, relançant la demande, à  travers des offres diversifiées utilisant les techniques sophistiquées du marketing.

Les collèges, les lycées où les jeunes semblent être particulièrement exposés, s'organisent à  travers des débats, des actions pour rompre la loi du silence à  propos d'un sujet qui est de moins en moins tabou.

Les différents gouvernements qui se sont succédés depuis 1970 semblent être conscients de l'ampleur du phénomène.

Les toxicomanies ne peuvent être réduites à  un symptôme. Derrière chaque toxicomane, il y a un sujet en souffrance. Le sevrage n'est que l'un des aspects de la prise en charge. La souffrance singulière et spécifique du sujet toxicomane ne doit pas être occultée par le problème du sida lié à  l'échange des seringues.
Un changement majeur intervenant dans les modes d'incorporation de la drogue (passage au mode oral par l'intermédiaire de la méthadone) a des incidences (bénéfiques) sur les risques de contamination par le VIH. Cependant, ce changement peut aussi, à  travers un simple déplacement du symptôme n'être qu'une substitution artificielle maintenant le sujet dans son aliénation fondamentale.

Dernière modification par bighorsse (12 janvier 2011 à  00:13)


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