« Usage, abus et addiction à la codéine et au tramadol » : différence entre les versions

 
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La même source dit ailleurs « le sevrage ne devrait pas dépasser trois mois », ce qui me paraît plus raisonnable. Bien entendu, le sevrage de chacun est particulier et le dialogue entre usagers et soignants doit être ouvert et tolérant pour permettre de trouver le meilleur agenda, compte-tenu des « capacités » de réduction des doses de l'usager. Toutefois, il est probable qu'un sevrage qui demande plus de 3 ou 4 mois est voué à l'échec, sauf circonstances particulières<ref name="dix-sept"></ref><ref name="dix-huit"></ref>.
La même source dit ailleurs « le sevrage ne devrait pas dépasser trois mois », ce qui me paraît plus raisonnable. Bien entendu, le sevrage de chacun est particulier et le dialogue entre usagers et soignants doit être ouvert et tolérant pour permettre de trouver le meilleur agenda, compte-tenu des « capacités » de réduction des doses de l'usager. Toutefois, il est probable qu'un sevrage qui demande plus de 3 ou 4 mois est voué à l'échec, sauf circonstances particulières<ref name="dix-sept"></ref><ref name="dix-huit"></ref>.


(nb= la forme buvable (1 goutte= 2,5 mg de Tramadol, seule ou combinée aux cp permet un sevrage vraiment progressif, surtout aux petites doses).
(nb= la forme buvable (1 goutte= 2,5 mg de Tramadol), seule ou combinée aux cp permet un sevrage vraiment progressif, surtout aux petites doses.


Un point important sur le sevrage est que, dans la période qui suit immédiatement un sevrage opiacé, il existe une sur-mortalité majeure (jusqu'à + 800 %!!) liée principalement aux overdoses en cas de rechute. Cela a été montré pour le sevrage des TSO<ref name="vingt-deux">[https://www.psychoactif.org/documents/forum/bmjTSORelais.pdf Risque de décès pendant et apres TSO en Médecine Generale : etude prospective observationnelle à partir de la Base de Données de Recherche en Médecine Générale du Royaume Uni (UK).]</ref>, de l'héroine et le risque est probablement présent pour le sevrage de la codéine et du tramadol. Les overdoses semblent liées à une diminution très rapide, après le sevrage, de la tolérance aux effets respiratoires des opiacés alors que des doses élevées restent nécessaires pour trouver les effets psychotropes. De ce fait la marge de sécurité effets dépresseurs respiratoires / effets psychotropes est très limitée. La décision de sevrage ne doit donc pas être prise à la légère.
Un point important sur le sevrage est que, dans la période qui suit immédiatement un sevrage opiacé, il existe une sur-mortalité majeure (jusqu'à + 800 %!!) liée principalement aux overdoses en cas de rechute. Cela a été montré pour le sevrage des TSO<ref name="vingt-deux">[https://www.psychoactif.org/documents/forum/bmjTSORelais.pdf Risque de décès pendant et apres TSO en Médecine Generale : etude prospective observationnelle à partir de la Base de Données de Recherche en Médecine Générale du Royaume Uni (UK).]</ref>, de l'héroine et le risque est probablement présent pour le sevrage de la codéine et du tramadol. Les overdoses semblent liées à une diminution très rapide, après le sevrage, de la tolérance aux effets respiratoires des opiacés alors que des doses élevées restent nécessaires pour trouver les effets psychotropes. De ce fait la marge de sécurité effets dépresseurs respiratoires / effets psychotropes est très limitée. La décision de sevrage ne doit donc pas être prise à la légère.
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En principe la codéine (et le tramadol) a une courte durée d'action (en prise unique)  et le délai pourrait être de 8 à 12 heures environ. Toutefois étant donné la présence de métabolites qui peuvent s'être accumulés en cas de traitement prolongé , il pourrait être plus raisonnable d'attendre 24, 36 voire 48h ; rappelons le polymorphisme génétique et donc la grande variabilité individuelle. La présence de symptômes de manque significatifs est en général le meilleur critère d'introduction de la buprénorphine. Pour la buprénorphine voir [http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/b275587447c30549b123fe6c29f4c76b.pdf Afssaps : Initiation et suivi du traitement substitutif de la pharmacodépendance majeure aux opiacés par buprénorphine haut dosage].
En principe la codéine (et le tramadol) a une courte durée d'action (en prise unique)  et le délai pourrait être de 8 à 12 heures environ. Toutefois étant donné la présence de métabolites qui peuvent s'être accumulés en cas de traitement prolongé , il pourrait être plus raisonnable d'attendre 24, 36 voire 48h ; rappelons le polymorphisme génétique et donc la grande variabilité individuelle. La présence de symptômes de manque significatifs est en général le meilleur critère d'introduction de la buprénorphine. Pour la buprénorphine voir [http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/b275587447c30549b123fe6c29f4c76b.pdf Afssaps : Initiation et suivi du traitement substitutif de la pharmacodépendance majeure aux opiacés par buprénorphine haut dosage].
Une méthode non classique mais éprouvée est de prendre une très petite quantité de Buprenorphine au délai calculé (24,48h voire plus). Si le délai s'avère trop court le manque apparaitra assez vite (une heure au plus) mais sera modéré en fonction de la dose. S'il n'y a pas de manque évident il sera possible de reprendre des petites doses croissantes, environ toutes les heures, jusqu'à la dose prévue pour la journée.
Il suffit d'ecailler légèrement le comprimé pour avoir une dose initiale au moins inferieure à 0,2 mg mais il n'est pas nécessaire d'avoir une dose précise. De toutes façons le reste du comprimé sera a priori pris dans la journée.


Dr Pascal Millet, membre honoraire de PsychoACTIF
Dr Pascal Millet, membre honoraire de PsychoACTIF