Commencer un traitement de méthadone
La méthadone est un opiacé synthétique inventé par les allemands pendant la 2e guerre mondiale pour remplacer la morphine dans le traitement de la douleur.
On l'utilise le plus souvent pour les traitements de substitution aux opiacés (héroïne, codéine...) sous la forme de sirop ou de gélule (en France). Elle permet d'obtenir des effets similaires à la dope tout en offrant bien des avantages : longue durée d'action, produit légal obtenu sur ordonnance; pas d'effet "flash"; peu sédative. Ce traitement permet aussi et surtout de résoudre pour beaucoup le problème des injections (la méthadone en sirop disponible en France peut difficilement être shootée), réduisant ainsi les risques de contaminations par le VIH, VHC, abcès, septicémies... Elle permet aussi d'avoir un changement de qualité de sa vie quotidienne: on ne court plus après sa dose; plus de perte de temps et d'argent; plus de fréquentation du milieu; on peut se "poser" et s'ouvrir à d'autres choses.
Commencer un traitement de méthadone
On ne peut obtenir de méthadone que par un CSAPA ou par un médecin hospitalier; ce n'est que dans un second temps que l'on peut se la faire prescrire par un médecin généraliste dans le cadre d'un relais en ville.
Une fois vérifié que vous êtes bien accro à un opiacé via un test urinaire (obligatoire pour l'initialisation), le médecin vous prescrira la méthadone sirop qui se présente sous différents dosages : 5, 10, 20, 40 et 60 mg, qui permettent des adaptations progressives lors de votre phase d'initialisation; il faut trouver votre dosage en fonction de votre histoire avec les opiacés. N'hésitez pas à parler de votre état avec le médecin prescripteur. On peut définir ce dosage idéal comme le moment où vous oubliez que vous êtes sous traitement.
Le traitement est délivré par un seul et même médecin, dans une pharmacie de votre choix : là où vous avez les meilleures relations afin de ne pas vivre de moments difficiles en cas de rupture de traitement par exemple... Au début, vous devrez vous rendre chaque jour à la pharmacie ou en centre pour votre prise quotidienne; puis vous pourrez l'obtenir pour 7 voir 14 jours consécutifs.
La méthadone se prend normalement en une seule fois par jour, sa durée d'action est très longue (un à trois jours selon les personnes) et permet une certaine souplesse dans l'horaire des prises. Mais pour ceux qui ont un métabolisme rapide, ils peuvent la prendre jusqu’à deux fois par jour. Si vous pensez que vous êtes dans ce cas, demandez à votre médecin de faire une methadonèmie (mesure de la méthadone dans le sang)
« | Je viens de passer du sub à la métha. J'ai pris du sub pendant environ 4 ans en continuant de consommer de la rabla à coté et je n'ai jamais pris mon traitement correctement cad sous la langue. Au début je le prenait en trace puis en taquet...J'en ait parlé à mon médecin de csst et elle m'a dit que la métha pourrait être une bonne idée pour moi. Le jour même elle m'a fait une première analyse d'urine... Deux semaines plus tard, j'ai commencé la métha... J'étais à 8mg de sub par jour. Le premier jour, le matin, on m'a donné 30 mg de métha et elle m'a dit de repasser l'aprèm et on m'a redonner 10mg à prendre si besoin. Le lendemain 40mg d'un coup et le jour d'après 50. Pour le moment, je suis toujours à 50mg. Au début, je devait venir au csst le lundi, mardi, mercredi et vendredi. | » |
-(Source, Khalie, Psychoactif) |
« | Pour faire une méthadonémie, afin de voir si éventuellement ton dosage n'est pas adapté, par exemple en raison d'un hypermétabolisme ou autre cause, il est nécessaire de faire plusieurs prélèvements sanguins à différents moments dans la journée. 1h avant ta prise quotidienne de métha pour constater le taux de méthadone résiduelle. 2h après la prise, 4 heures après et éventuellement 12 heures après, mais en principe, les trois premières suffisent. Ensuite les résultats indiqueront le taux de méthadone dans ton sang à ces différents moments et donneront donc une indication sur la dégradation de la métha dans le temps. En principe tu le sais la métha est faite pour durer 24 heures voire un peu plus,... il arrive chez certains qu'elle se dégrade plus rapidement. | » |
-(Source, psycholol, Psychoactif) |
Comment utiliser la méthadone
Méthadone et effets secondaires
La plupart des gens qui suivent un traitement à la méthadone éprouvent des effets secondaires comme la sudation, la constipation ou la prise de poids,une réduction de la libido, une bouche sèche.
« | Je suis sous méthadone depuis 5 ans à raison de 180mg/jour. C'est une dose élevée mais 2 méthadonémies successives ont révélé que je métabolisais la métha très rapidement. La zone thérapeutique cible de la métha est comprise entre 400 et 500 µg/L pour un prélèvement de sang effectué juste avant la prise de métha, donc logiquement 24h après la dernière prise. Bref, ma concentration résiduelle de métha était de 200 µg/L, donc insuffisante. Avec 180mg/jour je ne ressens plus de manque. Par-contre en 5 ans j'ai pris 40 kilos. Auparavant, je pesais 80 kilos (poids normal) pour 1m84, désormais je suis à 120 kilos. J'ai beau essayer de ne pas trop manger et faire de l'exercice, rien ne change. | » |
-(Source, empathy, Psychoactif) |
Méthadone et traitements VIH/VHC
Le nelfinavir, la delavirdine, mais surtout le ritonavir augmentent les effets de la méthadone (cette action est moindre s’il est combiné avec le saquinavir).
L’AZT, le Combivir-®, la didanosine et la stavudine peuvent parfois diminuer l’action de la méthadone.
Le fluconazole (Diflucan-®) de même que de nombreux antifongiques se terminant en «-azole-» peuvent augmenter les effets de la méthadone jusqu’à 30-%.
La rifampicine (contre la tuberculose) diminue les effets de la méthadone.
Attention, les inhibiteurs de protéase (ritonavir, kaletra, efavirenz) peuvent également augmenter les effets des benzo (Xanax®, Valium®, Lexomil®, Tranxene®)
Méthadone et mélange de produits psychoactifs
Alcool
La prise d’alcool augmente l'effet de la méthadone mais réduit sa durée d’action et peut provoquer une overdose.
Benzodiazépines
L’effet de la méthadone est augmenté par la consommation de benzodiazépines (Valium, Xanax, Lexomil, Tranxene...), leur consommation associée expose à un risque de surdosage qui peut être mortel.
Buprénorphine
La méthadone est incompatible avec la buprénorphine. Si vous êtes dépendant à la méthadone, la prise de buprénorphine vous mettra en manque que vous ne pourrez soulager.
« | 18h, je rentre à la maison après une journée au taf. je bosse et je suis sous methadone 40/60mg/jour depuis 15 jours. Vers 11h j'avais pris mes 20 de meth du matin, le soir je rentre chez moi et vers 18h je me dis "tiens je vais me prendre 1/2 de sub de 8mg ( donc 4mg), pour me payer un petit délire..." je le mets sous la langue et je me mets au lit avec un bouquin....18h30 je trouve que je transpire beaucoup, mon oreiller est mouillé. 18h40 un mal de ventre me prend, pas piqué des vers : gonflement du bas abdomen et douleur comme une crise de colique. je saute au wc et me vide carrément.... 19h je suis au lit et là je comprends qu'il est en train de m'arriver une crise de manque à pleurer ma mère ! | » |
-(Source, xetubus, Psychoactif) |
Méthadone et grossesse
Il est bien évident que le statut d'abstinence est recommandable...sauf que la réalité est plus complexe ! Les femmes qui se retrouvent sous méthadone ne le sont pas pour rien: leur passé les y a conduite; Face à ces difficultés là, il n'est pas recommandé d’arrêter sa substitution durant la grossesse. Différentes études ont montré l’intérêt d’un traitement de substitution par Méthadone par rapport à l’absence de prise en charge médicamenteuse au cours de la grossesse. Il est aussi important de signaler à son gynécologue que l'on est sous méthadone, et de ne pas hésiter à lui demander s'il s'y connait; mais dans le cas contraire, il serait bon de mettre en liaison votre médecin prescripteur de méthadone avec le gynéco, afin que le suivi soit optimal pour votre bien être et celui du bébé.
Il peut être aussi avisé de contacter un centre hospitalier qui a souvent l'habitude de gérer ce type de situation, afin de préparer concrètement la naissance du bébé, et sa prise en charge de la dépendance du fait de votre accoutumance à la méthadone.
Médicalement, pour le bébé à venir, on ne note pas de risque d'anormalité, ni de pathologies qui seraient spécifiques à la prise de méthadone pendant la grossesse; on peut lire dans la littérature médicale, un poids plus petit par rapport à la moyenne, et une dépendance du bébé qui sera variable.
La gestion de la dépendance du bébé va se faire assez rapidement après sa naissance; aussi il est important d'y être préparer psychologiquement, afin de ne pas vous sentir "coupable"de l'avoir "accrocher", ni d'être sensible à l'attitude parfois un peu "désobligeante" de certains personnels qui vous font sentir leur désapprobation morale; ce qui compte en fin de compte n'est pas leur morale ni ce qu'ils en pensent eux, mais bien la réalité de ce que vit votre bébé;.
Le terme qui correspond le mieux à cette situation de "déccro" du bébé est : négociation; il s'agit pour vous d'anticiper ce qui vase passer, avec l'équipe soignante; osez aborder cette question assez tot afin de ne pas être prise au dépourvu et de vivre ce sevrage comme quelque chose de dure car imposé;
L'allaitement n'est pas contre-indiqué si vous prenez de la méthadone. Moins de 1% de la méthadone passe dans le lait maternel.
« | A la maternité, nous avons tout de suite été catalogué et traité comme des toxicos incapables de prendre une bonne décision et complètement irresponsable de mettre un enfant au monde! "les parents méthadone ou le bébé méthadone", nous appelait les sages femmes et le médecin de la maternité. Mon bébé à peine né, ils me l'ont laissé dans les bras le temps de finir ce qu'elles ont à faire, puis il est partit avec son père dans une salle pour les examens obligatoires. et là déjà ca à commencé. -"mais il est en manque ce petit bébé! c'est quoi ces cris plaintifs?!" | » |
-(Source, Alix, Psychoactif) |
Les gélules de méthadone
On peut dans un second temps passer à la forme gélule, après au moins un an de méthadone en sirop et lorsqu'on est stabilisé. Il existe en effet des gélules de 1 mg et 2 mg qui peuvent permettre de mieux gérer un sevrage dégressif. On ne peut obtenir les gélules de méthadone qu'en retournant en CSST/CSAPA, car le généraliste n'est pas habilité à faire une initialisation de traitement.
La forme gélule est actuellement en phase d'essai. Il est donc très important de ne pas en détourner l'usage, ni vendre sa métha dans la rue, sous peine de voir cette forme disparaître de l'AMM (autorisation de mise sur le marché). Si par contre elle se voit accorder une AMM définitive, cela aura de nombreux avantages que ne possèdent pas la forme sirop : on peut en effet reprocher au sirop son taux de sucre trop élevé, la présence d'alcool, l'encombrement et son coté peu discret (notamment pour partir en vacances), ainsi que la difficulté si l'on veut diminuer le dosage ce sirop au-dessous de 5 mg.
« | Je suis également sous méta gelules a 60 mg par jours.... Les effet ne sont pas les méme pour moi sous gélules et en sirop. Déja elle monte plus vite et elle me donne un effet planant carrément pas comme celle en sirop.. elle tient mieux, car avant j'arrivais pas à faire 24h sans effet de manque. | » |
-(Source, Titox23, Psychoactif) |
« | Je commence samedi à prendre ma méthadone en gélules. Mon csst ma fait une ordonnance initiale pour six mois en + d'un petit pipi. ça faisait longtemps.Mon toubib traitant me fera les prescriptions comme dab, pas besoin d'y retourner tous les jours. OUFF car c'était à 50 bornes. | » |
-(Source, Alcalox, Psychoactif) |
Arrêter la méthadone
Le manque de méthadone s’installe peu à peu environ 30 heures après la dernière prise et peut durer 10 à 12 jours puis diminuer progressivement. Voilà pourquoi un sevrage complet de la méthadone en hôpital nécessite un séjour de 10 à 14 jours.
Selon les quantités et la durée de la consommation, les symptômes du manque sont plus ou moins intenses. Les personnes ayant pris des dosages élevés de méthadone durant de longues années peuvent endurer un inconfort prolongé et divers troubles durant de longs mois après un sevrage brusque ou trop rapide. Il est donc vivement conseillé d’arrêter la méthadone très progressivement afin de garantir un certain confort.
« | Il y a 3 ans à peu près j'ai décider a passer a méthadone et me soigner de mon hépatite C.Au début j'ai été a 80 mg et même pendant mon traitement de hépatite (11 mois )j'ai continué a descendre avec succès .La ça se corse - à ce jour je suis a 8 mg et je souffre. De 20 mg a 10 mg ,j'ai descendu par 2 mg par semaine-aucun problème .Arrive a 10mg ,j'ai descendu a 9 -en une semaine étais prête a descendre a 8mg. Maintenant ça fait 3 semaines que je suis a 8mg et tous les jours je suis en manque pendant au moins 2-3 heures voir plus.Je savais que la fin ça allait être dur ,mais la ça devint très fatigant. Du coup ,je suis pas bien psychologiquement non plus .Petite précision : depuis 40 mg, je descends tout seule, je vois juste un docteur pour me faire l'ordonnance. | » |
-(Source, dima12, Psychoactif) |
« | J'ai décro de la métha il y a maintenant deux ans et je dois avouer que ça n'a pas été de tous repos. Moi aussi une fois descendu par palier de 120 mg à 30 mg en 10 mois je n'en pouvais plus. J'ai décidé alors d'arrêter en m'aidant de topalgic et de valium en réduisant peu à peu pour finir par y arriver. Je ne sais pas si la méthode était la meilleure car mes humeurs étaient difficilement gérable pour mon entourage! | » |
-(Source, fanfan, Psychoactif) |
La méthode chinoise
Il existe une autre et très ancienne méthode pour décrocher en douceur. Admettons toujours, que vous avez réussi à baisser jusqu'à 20 mg/jour.Vous pouvez essayer la méthode chinoise sur 10 semaines avec des flacons de 60 mg. Il vous faut :
- 15 flacons de 60 mg (15ml) de méthadone, soit 900 mg.
- 1 bouteille vide
- 1 préparation bien sucrée de sirop d'orange (genre Teisseire)
- Une seringue ou un doseur de 5 cc ou 5 ml
Versez les 15 flacons de métha tous dans la bouteille, ensuite, le premier jour, avec la seringue, dosez 5 ml, soit 20 mg, buvez le contenu de la seringue remplacez la quantité bue, soit 5 ml, par la même quantité de sirop. (Versez le dans la bouteille contenant la métha).
Faites de même chaque jour, prenez 5 ml dans la bouteille de métha (chaque fois un peu plus diluée) et remplacez par la même quantité de sirop.
Au bout de 10 semaines ce ne sera plus que du sirop et vous aurez décro sans rien sentir (ou presque...). Il est recommandé de garder la préparation au frigo , sinon le mélange peut devenir un peu acide. Bien sûr pour que ces méthodes réussissent il faut être déterminé. Si vous reprenez de l'héro pendant, vous risquez de devoir recommencer à zéro.
La « méthode chinoise » est une adaptation du procédé utilisé par les colons français accrochés à l’opium jusque dans les années 50. Ils pratiquaient ainsi avec un tonnelet de Laudanum ou de sirop opiacé. Chaque fois qu’ils en buvaient un verre, ils reversaient l’équivalent du verre d’un liquide quelconque dans le tonnelet. A raison de trois fois apr jour, au bout de six semaines, la quantité d’opium ingérée ne subsistait plus qu’à l’état de trace infinitésimale, comme en homéopathie. Souvent « la décroche » se faisait sur le bateau qui les ramenait d’Indochine à Toulon. Le voyage durait 6 semaines. Juste ce qu’il fallait pour arriver sevré en douceur en France.