Nootropes

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Les nootropes (ou nootropiques) sont des substances utilisées dans l’objectif d’améliorer les performances cognitives. Ces substances sont censées présenter peu d’effets nocifs aux doses habituelles. [1]


Les nootropes regroupent une hétérogénéité de substances allant de simples compléments alimentaires (vitamines, acides aminés…) à des médicaments sur ordonnance (indiqués dans le déficit cognitif ou la maladie d’Alzheimer), en passant par des molécules au statut plus flou ou des plantes.


Synonymes : smart drugs, cognitive enhancers, neuro-enhancers, memory boosters…


Des psychostimulants ?

La loi de Yerkes et Dodson stipule que le niveau de performance varie avec le niveau d’éveil selon une courbe en cloche. Les performances seraient optimales à un certain niveau d’éveil et diminueraient de part de d’autres de ce point. Ainsi, les performances seraient affaiblies lorsque le niveau d’éveil est trop bas (manque d’attention), mais aussi lorsqu’il est trop haut (excès d’anxiété) [2].

Ceci pourrait aussi suggérer que les modalités d’optimisation des performances pourraient varier selon les profils. Les personnes manquant d’attention pourraient tirer un bénéfice des stimulants modérés alors que les individus de nature anxieuse tireraient plutôt un bénéfice des anxiolytiques légers. [3]


Avertissements

  • Le domaine des nootropes étant encore peu étudié et l’évaluation des capacités cognitives étant complexe, les informations données ci-dessous sont à considérer avec prudence (vous remarquerez l’emploi fréquent du conditionnel).


  • Le nombre de substances citées étant important, il n’est pas possible de donner des sources spécifiques pour chacune d’entre elles. Les sources fournies correspondent donc à des pages d’information générales, sur lesquelles des références plus spécifiques peuvent être obtenues.


  • Selon la loi de Yerkes et Dodson, au-delà d’un certain niveau de stimulation, les performances sont diminuées. D’où l’intérêt limité des psychostimulants les plus forts (ex. amphétamines). De la même façon, des anxiolytiques légers peuvent améliorer les performances des sujets anxieux mais des molécules trop sédatives (ex. benzodiazépines) seraient contre-productives.


  • Si certains produits listés sur cette page sont relativement anodins (ex. magnésium), ce n’est pas le cas de tous. Certains (ex. sélégiline, IMAO) requièrent la plus grande prudence. Prenez soin de vous renseigner sur les produits.


Substances

Plantes et dérivés

  • Caféine : la caféine est un alcaloïde psychotrope présent dans différentes plantes (café, thé, guarana, maté…). Sa légalité universelle en fait le psychostimulant le plus utilisé au monde. Efficace pour accroitre la vigilance et l’attention, ses effets sur la mémorisation sont plus incertains[1].


  • L-Théanine : la théanine (à ne pas confondre avec la théine, autre nom de la caféine) est une substance présente dans les feuilles de thé (Camellia sinensis). Prise seule, elle possède des effets relaxants. Associée à la caféine, elle en diminuerait les effets négatifs (anxiété, hypertension) tout en améliorant ses effets positifs sur l’attention[3].


  • Huperzine A : l’huperzine A est un composé extrait de la plante Huperzia serrata. Ce composé possède une activité inhibitrice de l’acétylcholinesterase, augmentant les concentrations cérébrales d’acétylcholine (impliqué dans la mémorisation). Elle pourrait avoir une efficacité dans la maladie d’Alzheimer. Les données chez l’individu sain seraient inexistantes[3]. Voir le point sur le donépézil (section cholinergiques).


  • Bacopa monnieri : le bacopa est une plante grasse utilisée dans la médecine ayurvédique. Outre ses propriétés antioxydantes, quelques études récentes auraient constaté des effets cognitifs notables. Ces effets seraient liés, entre autres, à une activité anti-oxydante (neuroprotection), une action sur l’acétylcholine, une modulation d’autres neurotransmetteur et un accroissement du débit sanguin cérébral. Ces effets cognitifs nécessiteraient plusieurs semaines pour se manifester[3].


  • Panax ginseng (Ginseng) : Le ginseng est une plante considérée comme « adaptogène », c’est-à-dire facilitant l’adaptation de l’organisme aux divers stress. C’est un stimulant qui lutte contre la fatigue physique et mentale. Il permettrait d’accroitre la concentration intellectuelle[1].


  • Piper methysticum (Kava) : le kava est une plante du Pacifique traditionnellement utilisée à des fins anxiolytiques. A faible doses, il semblerait que le kava ne diminue pas les performances cognitives, voire les améliore légèrement[3].


  • Ginkgo biloba (Ginkgo): Le ginkgo est un arbre auquel on prête de nombreuses propriétés. Un extrait standardisé de ses feuilles a démontré des propriétés antioxydantes. On lui prête souvent une efficacité (non démontrée) dans les troubles cognitifs.


Compléments alimentaires et assimilés

  • Choline : la choline est un nutriment précurseur de l’acétylcholine, impliquée dans les processus de mémorisation. Certains avancent que la supplémentation en choline améliorerait la mémorisation[4]. La lécihtine (phosphatidylcholine), la CDP-choline (citicholine) et l’α-GPC (α-glycerylPhosphorylCholine)sont des sources de choline. Voir section sur les cholinergiques.


  • L-Carnitine et Acétyl-L-Carnitine : la carnitine est un composé produit à partir d’acides aminés qui a un effet sur le métabolisme lipidique, le métabolisme osseux et une action anti-oxydante. L’acétyl-carnitine en est une version acétylée qui favoriserait la production de coenzyme A, impliqué dans la synthèse d’acétylcholine. Elle pourrait ainsi avoir un effet dans les processus de mémorisation[4] mais cet effet n’existerait qu’en cas de déficit cognitif installé[3] (absent chez l’adulte sain).


  • L-Tyrosine : la tyrosine est un acide aminé précurseur de certains neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline). Certaines données suggèrent que la tyrosine pourrait améliorer la mémoire de travail sous certaines conditions, notamment de stress[3]. Voir la section sur les dopaminergiques.


  • Magnésium : la magnésium est un élément minéral impliqué dans de nombreuses fonctions biologiques. Il pourrait agir sur la mémorisation[3].


  • Oméga-3 : les oméga-3 sont une classe d’acides gras insaturés, dont les principaux représentants sont l’acide alpha-linolénique (ALA), l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA). Ils interviennent dans la synthèse d’autres molécules biologiques et possèdent des propriétés anti-inflammatoires. Leur effet sur les fonctions cognitives a été suggéré mais n’est pas établi[3] (données contradictoires).


  • Créatine : la créatine est un dérivé d’acide aminé dont le rôle principal consiste à fournir de l’énergie aux cellules musculaires. On la trouve aussi, minoritairement, dans le cerveau où elle joue également un rôle dans l’apport énergétique, ce qui laisse certains penser qu’elle pourrait avoir un intérêt cognitif[3].


Médicaments et composés chimiques

Les racétams

Les racétam (molécules possédant le suffixe « -racétam ») font partie des nootropes les plus connus, probablement parce que le terme « nootrope » a justement été inventé pour décrire les effets du piracétam, chef de file de la famille[3]. Leur mécanisme d’action n’est pas clairement établi. Il passerait, entre autres, par une interaction avec le récepteur glutamatergiques de type AMPA, bien que cette activité ne suffise pas à expliquer leurs effets [5].

NB : Les nootropes potentiels appartiennent à une sous-classe de la famille des racétam. D’autres molécules, appartenant à d’autres sous-classes, agissent différemment et ne possèdent donc pas d’intérêt en tant que nootrope. Par exemple, le lévétiracétam (Keppra) est un antiépileptique.


  • Piracétam (Nootropyl) : Considéré comme le premier nootrope, ce composé a démontré une relative efficacité chez les sujets atteints de déficit cognitif. Le bénéfice chez le sujet sain a été évoqué mais les données seraient peu nombreuses[6]. Il agirait par augmentation du métabolisme cérébral, augmentation de la fluidité de la membrane cellulaire, activation de certains récepteurs (dont AMPA), stimulation de différentes aires cérébrales et effet neuroprotecteur par ses propriétés anti-oxydantes[4]. En France, il est commercialisé dans « le traitement d'appoint de troubles mineurs chroniques liés au vieillissement (à l'exclusion de la maladie d'Alzheimer et des autres démences) et dans le traitement symptomatique des vertiges. »


  • Aniracétam : dérivé liposoluble du piracétam, qui possèderait un effet plus marqué et plus durable que ce dernier. Ses effets pourraient nécessiter plusieurs jours pour apparaitre. Il possèderait l’action anxiolytique la plus marquée de la famille[4].


  • Oxiracétam : dérivé hydrosoluble qui possèderait un effet plus fort que l’aniracétam. Ce composé serait celui ayant l’action la plus rapide[4].


  • Pramiracétam : dérivé liposoluble qui serait le plus puissant de la famille[4].


Les ampakines

L’hypothèse d’un lien entre les effets des racétam et leur interaction, non spécifique, avec les récépteurs AMPA a conduit au développement de molécules ciblant ces récepteurs de façon plus ciblée. Les composés de cette famille portent le nom d’ampakine. Ce sont des modulateurs allostériques positifs des récepteurs AMPA. On prête à ces molécules la capacité d’améliorer l’attention, l’apprentissage et la mémoire. [5].

NB : Les racétam qui possèdent cette action pourraient donc être inclus dans la famille des ampakines mais il semble que les habitudes amènent à les considérer à part, leur action sur les récepteurs AMPA étant noyée sous de nombreux autres effets.


  • Les CX : la firme Cortex Pharmaceuticals s’est grandement intéressée aux ampakines, et a conduit des recherches sur des composés dont le nom de code commence par « CX » [1]. La première ampakine développée par Cortex a été le CX516 (Ampalex), elle se serait révélée décevante chez l’homme en raison d’une demi-vie trop courte. Une autre ampakine de chez Cortex, le CX691 (Farampator), améliorerait la mémoire à court-terme mais aurait un effet négatif sur la mémoire épisodique. D’autres molécules, comme le CX717 ont fait l’objet d’études[5].


  • Autres : d’autres laboratoires ont mené des recherches ayant abouti à des composés comme l’IDRA-21 ou le LY-403,530 mais dont les résultats ne seraient pas connus[5].


Les cholinergiques

L’acétylcholine (ACh) est un neurotransmetteur impliqué dans les fonctions d’apprentissage et de mémorisation. Raison pour laquelle la théorie pharmacologique laisse penser que les substances cholinergiques pourraient avoir des effets nootropiques.


  • Précurseurs d’acétylcholine : les précurseurs d’ACh sont des molécules qui sont utilisées par l’organisme pour la synthèse du neurotransmetteur. La logique voudrait qu’en augmentant les apports en précurseurs, la synthèse d’ACh soit augmentée (sous réserve que les réactions de synthèse ne soient pas régulées). Le principal précurseur est la choline, que l’on peut trouver sous différentes formes.
    • Lécithine (phosphatidylcholine) : transformée dans l’organisme en choline, elle serait une source de choline assez bon marché[4].
    • CDP-choline (citicholine) : également biotransformé en choline, ce serait une source de choline plus onéreuse mais aussi plus efficace[4], en raison d’une haute biodisponibilité[3].
    • α-GPC (α-glycerylPhosphorylCholine) : serait le meilleur précurseur de choline d’un point de vue quantitatif[3].


  • Inhibiteurs de l’Acétylcholinestérase (iAChE) : l’acétylcholinestérase (AChE) est une enzyme qui dégrade l’ACh. En inhibant cette enzyme, la destruction de l’ACh diminue et son taux est augmenté.


  • Donépézil (Aricept) : Le donépézil est un inhibiteur réversible de l’AChE utilisé comme médicament dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. Certains avancent qu’il pourrait avoir une action chez le sujet sain[3]. A manier avec précautions.


  • Huperzine A  : l’huperzine A est un iAChE d’origine naturelle, extrait de la plante Huperzia serrata. Voir la section plantes.


Stimulants dopaminergiques

La dopamine est un neurotransmetteur impliqué dans de nombreuses fonctions cérébrales. Elle joue notamment un rôle dans la concentration et certaines fonctions exécutives[1]. La stimulation dopaminergique serait notamment un moyen efficace d’augmenter les performances de la mémoire de travail mais les résultats seraient incertains et difficilement prévisibles. En effet, selon le contexte et les individus, les performances pourraient être améliorées ou bien diminuées par les dopaminergiques[3].


  • Modafinil (Modiodal) : le modafinil est considéré comme un agent éveillant (améliore la vigilance) plutôt que comme un psychostimulant. Son mécanisme d’action, non complètement élucidé, passerait par une inhibition de la recapture de la dopamine[5]. Il réduit les effets cognitifs de la privation de sommeil et pourrait améliorer les performances des sujets non privés de sommeil[3]. Son isomère R est le plus actif, on l’appelle armodafinil.


  • Adrafinil (Olmifon) : l’adrafinil est une prodrogue du modafinil (l’organisme le transforme en modafinil). Néanmoins, les effets ne seraient pas identiques car l’adrafinil pourrait avoir une action propre réduisant celle du modafinil formé par métabolisation[3]. Produit retiré du marché français en raison d’une balance bénéfices-risques jugée défavorable.


  • Amphétamine  : l’amphétamine est un psychostimulant agissant principalement par libération et inhibition de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline. Elle augmente la vigilance et pourrait améliorer les performances de la mémoire de travail, mais aussi les diminuer[3] (cf. présentation générale des dopaminergiques).


  • Méthylphénidate (Ritaline) : dérivé amphétaminique utilisé dans le traitement du TDAH, le méthylphénidate est un inhibiteur de la recapture de la noradrénaline et de la dopamine. Ses effets cognitifs ne seraient pas limités aux individus souffrant de TDAH[3] mais, comme pour les amphétamines, une dose trop importante pourrait diminuer les fonctions exécutives et la mémoire de travail.


  • L-Tyrosine : la tyrosine est un acide aminé précurseur de certains neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline). Certaines données suggèrent que la tyrosine pourrait améliorer la mémoire de travail sous certaines conditions, notamment de stress[3].


  • Sélégiline (Déprényl) : la sélégiline est un médicament utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson. C’est un inhibiteur de la monoamine oxydase de type B (enzyme qui dégrade la dopamine et la phényléthylamine). Ce composé aurait amélioré l’apprentissage dans certaines études animales. Parmi ses métabolites, on retrouve la l-methamphétamine et la l-amphétamine[3]. La sélégiline peut provoquer des crises hypertensives. A manier avec précautions. Un dérivé existe, la rasagiline (Azilect).


Autres

  • Diméthylaminoethanol (DMAE, déanol) : le déanol serait un précurseur de la choline auquel on prête une action sur la vigilance[1].


  • Centrophénoxine (méclofénoxate) : la centrophénoxine est une substance proche du déanol qui aurait des effets sur la vigilance et la mémoire des sujets âgés[5].


  • Sulbutiamine (Arcalion) : dérivé de la vitamine B1 (thiamine) qui aurait pour effets de stimuler l’attention et la mémoire[4].


  • Pyritinol : analogue de la vitamine B6 (pyridoxine) qui aurait des effets positifs sur le temps de réaction mais pas sur la mémoire[5].


  • Déhydroépiandrostérone (DHEA) : hormone androgène ayant la réputation de posséder des effets antivieillissement, on considère parfois qu’elle pourrait avoir des effets sur la mémoire[4], sans qu’aucune étude ne le confirme chez l’homme[5].


  • Dihydroergotoxine (Hydergine) : dérivé de l’ergot de seigle auquel on prête une relative efficacité dans le déficit cognitif du sujet âgé. Cet effet passerait notamment par une augmentation du métabolisme et du débit sanguin cérébral. Ne serait efficace que chez un faible nombre de malades [4]. Retiré du marché en France suite à une révision de la balance bénéfices-risques. A manier avec précautions.


  • Vinpocétine : dérivé de la vincamine, alcaloïde extrait de la petite pervenche (Vinca minor), on lui attribue des effets nootropes par augmentation du débit sanguin et du métabolisme cérébral[4].A manier avec précautions.


  • Vasopressine (hormone anti-diurétique, ADH): hormone ayant pour action principale de diminuer l’élimination rénale d’eau, elle a également des effets sur le système nerveux. Certains lui prêtent des effets sur l’attention, la concentration et la mémoire [4]. Peut provoquer une rétention hydrique et une hypertension. A manier avec précautions.


Références


Liens