« Complications aiguës de l'usage de cocaïne » : différence entre les versions

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Un suivi d'un an après douleurs thoraciques liées à l'usage de cocaïne<ref name="quatorze"></ref> a montré 6 décès sur 200 patients, aucun lié à un infarctus du myocarde. Il y a eu toutefois deux infarctus non mortels. Il est important de noter que ces décès et infarctus ont eu lieu exclusivement chez les 60 % de patients ayant continué l'usage de la cocaïne. Chez ces patients, les douleurs thoraciques ont récidivé chez  75 % d'entre eux.
Un suivi d'un an après douleurs thoraciques liées à l'usage de cocaïne<ref name="quatorze"></ref> a montré 6 décès sur 200 patients, aucun lié à un infarctus du myocarde. Il y a eu toutefois deux infarctus non mortels. Il est important de noter que ces décès et infarctus ont eu lieu exclusivement chez les 60 % de patients ayant continué l'usage de la cocaïne. Chez ces patients, les douleurs thoraciques ont récidivé chez  75 % d'entre eux.


==Infarctus du myocarde et syndrome coronarien aigu (10,11)==
==Infarctus du myocarde et syndrome coronarien aigu<ref name="dix"></ref><ref name="onze"></ref>==




Comme nous l'avons vu un infarctus du myocarde est présent chez environ 1 à 5 % des usagers de cocaïne consultant pour douleur thoracique et un syndrome coronarien aigu chez 10 à 15 %
Comme nous l'avons vu un infarctus du myocarde est présent chez environ 1 à 5 % des usagers de cocaïne consultant pour douleur thoracique et un syndrome coronarien aigu chez 10 à 15 %.
 
La cocaïne a de nombreux effets qui concourent à la genèse des accidents coronariens = hypertension artérielle, tachycardie, augmentation de la consommation d'oxygène du myocarde, effet coronaroconstricteur mais aussi activation plaquettaire.
La cocaïne a de nombreux effets qui concourent à la genèse des accidents coronariens = hypertension artérielle, tachycardie, augmentation de la consommation d'oxygène du myocarde, effet coronaroconstricteur mais aussi activation plaquettaire.
Par ailleurs l'usage chronique de cocaïne accélérerait l'apparition des lésions vasculaires coronariennes. (athérome).
Par ailleurs l'usage chronique de cocaïne accélérerait l'apparition des lésions vasculaires coronariennes. (athérome).


Les infarctus du myocarde liés à l'usage de cocaïne sont non transmuraux (sans onde Q) dans 60 % des cas et la mortalité est faible. L'âge moyen est d'environ35 ans, ce qui est  inhabituel pour un infarctus du myocarde et doit donc attirer l'attention.
Les infarctus du myocarde liés à l'usage de cocaïne sont non transmuraux (sans onde Q) dans 60 % des cas et la mortalité est faible. L'âge moyen est d'environ 35 ans, ce qui est  inhabituel pour un infarctus du myocarde et doit donc attirer l'attention.
 
Le diagnostic hospitalier est fait comme d'habitude dans ces pathologies mais il faut savoir que la douleur thoracique et les signes ECG sont inconstants. Par ailleurs, comme on l'a vu les douleurs thoraciques sont fréquentes en dehors de complications coronariennes et les signes ECG faussement « positifs » aussi. D'où l'importance de l'enzymologie et surtout les troponines (Les CPK peuvent être faussés par la rhabdomyolyse liée à l'usage de cocaïne).
Le diagnostic hospitalier est fait comme d'habitude dans ces pathologies mais il faut savoir que la douleur thoracique et les signes ECG sont inconstants. Par ailleurs, comme on l'a vu les douleurs thoraciques sont fréquentes en dehors de complications coronariennes et les signes ECG faussement « positifs » aussi. D'où l'importance de l'enzymologie et surtout les troponines (Les CPK peuvent être faussés par la rhabdomyolyse liée à l'usage de cocaïne).
Par contre, il paraît difficile actuellement de faire un diagnostic sans avoir recours aux urgences (ECG et surtout enzymologie) . Comme il a été signalé les signes cliniques ne permettent pas de différencier les douleurs thoraciques avec ou sans atteinte coronaire.
Par contre, il paraît difficile actuellement de faire un diagnostic sans avoir recours aux urgences (ECG et surtout enzymologie) . Comme il a été signalé les signes cliniques ne permettent pas de différencier les douleurs thoraciques avec ou sans atteinte coronaire.
Des protocoles ont été proposés (17) pour réduire la durée d'observation chez les patients à bas risque.
Des protocoles ont été proposés<ref name="dix-sept"></ref> pour réduire la durée d'observation chez les patients à bas risque.


La prise en charge est elle aussi « habituelle » mais avec quelques différences.(11)
La prise en charge est elle aussi « habituelle » mais avec quelques différences.<ref name="onze"></ref>


1. Les BZD sont indiquées dès le début de la prise en charge, sauf contre-indication (coma etc..)
1. Les BZD sont indiquées dès le début de la prise en charge, sauf contre-indication (coma etc..)


2. Les bêta-bloquants sont déconseillés. Des arguments théoriques et expérimentaux montrent qu'ils accroissent la coronaro-constriction liée à  la cocaïne. Toutefois ce point fait l'objet d'un débat. De nombreux patients ont reçu des bêta-bloquants avant que la consommation de cocaïne ne soit diagnostiquée et il ne semble pas y avoir eu d'effets négatifs (10). Les calci-bloquants ne sont pas recommandés en général et dans les cas liés à la cocaïne.
2. Les bêta-bloquants sont déconseillés. Des arguments théoriques et expérimentaux montrent qu'ils accroissent la coronaro-constriction liée à  la cocaïne. Toutefois ce point fait l'objet d'un débat. De nombreux patients ont reçu des bêta-bloquants avant que la consommation de cocaïne ne soit diagnostiquée et il ne semble pas y avoir eu d'effets négatifs<ref name="dix"></ref>. Les calci-bloquants ne sont pas recommandés en général et dans les cas liés à la cocaïne.


3. La nitroglycérine est particulièrement indiquée ainsi que l'aspirine.
3. La nitroglycérine est particulièrement indiquée ainsi que l'aspirine.
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La survenue d'un accident coronarien après usage de cocaïne prédit un risque élevé de récidive en cas de poursuite de la consommation. Il est donc essentiel de mettre en place un suivi centré sur l'arrêt de la consommation. Malheureusement cet arrêt n'est obtenu habituellement que dans moins de 50 % des cas.
La survenue d'un accident coronarien après usage de cocaïne prédit un risque élevé de récidive en cas de poursuite de la consommation. Il est donc essentiel de mettre en place un suivi centré sur l'arrêt de la consommation. Malheureusement cet arrêt n'est obtenu habituellement que dans moins de 50 % des cas.


==Tachyarythmies ventriculaires==
==Tachyarythmies ventriculaires==
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