« Le sevrage des produits psychoactifs » : différence entre les versions

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Il est  important de ne pas se servir de ces termes de façon « descriptive »  mais de donner sa pleine mesure à l’individualité fondamentale de chaque situation , chez chaque personne.
Il est  important de ne pas se servir de ces termes de façon « descriptive »  mais de donner sa pleine mesure à l’individualité fondamentale de chaque situation , chez chaque personne.
C’est la condition indispensable de tout  discours sur le sevrage.
C’est la condition indispensable de tout  discours sur le sevrage.
==Le sevrage brutal (Cold Turkey)==
Régulièrement des forumers annoncent qu'ils ont décidé d'arrêter leur consommation brutalement et qu'ils n'ont besoin de personne pour y arriver. Nous les mettons en garde régulièrement et nous constatons que la plupart se mettent rapidement en echec. De plus, de nombreux témoignages sur PA montrent que les sevrages douloureux rendent les sevrages ultérieurs plus difficiles et probablement facilitent le PAWS.
(Comme il s'agit encore d'une entité peu connue il n'y a pas beaucoup d'études sur les causes favorisantes du PAWS).
Enfin certains sevrages brutaux, notamment ceux de l'alcool ou des BZD, ont un très fort risque de complications potentiellement létales (delirium tremens, convulsions) et sont fortement contre-indiqués.
===Pourquoi cette appétence de certains pour le sevrage brutal ?===
Dans une certaine mesure l'usage compulsif de psychotropes est liée, au moins pour certains, à une forte demande "d"immédiateté". "Qu'importe la certitude d'avoir la gueule de bois demain si j'ai l'ivresse ce soir".
https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2011-2-page-5.htm
''La personne addict ne cesse d’interroger son rapport au temps – si particulier et parfois si différent de celui des personnes qui l’entourent. Le besoin d’immédiateté de la satisfaction du désir préside au vécu de l’individu. Pour celui-ci, le temps s’étire, se dilate et semble interminable. Alors il exige « ici et maintenant » ; ce qui a fait dire du toxicomane qu’il était dans le « tout, tout de suite ».''
''Mais au-delà de cette phrase d’Olievenstein, ce que nous entendons par cette exigence, c’est un acte de révolte, un acte de résistance comme celui que Jean Anouilh fait crier à Antigone : « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte… Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d’un petit morceau, si j’ai été bien sage. » 
Ainsi le rapport au temps peut se trouver modifié pour de multiples raisons : l’inadaptation et la révolte, mais aussi le non-conformisme, l’angoisse d’être, l’angoisse de la relation à l’autre, la réalité temporo-spatiale, l’organisation intérieure, l’intolérance à la frustration et l’ambivalence par rapport au changement. Nous aborderons ainsi au fil des publications proposées la notion d’ennui, d’oubli du présent, de temps figé ou à l’inverse accéléré. Ce rapport au temps, « cette conscience intime du temps » pour reprendre les termes d’Husserl nous permet d’assigner un sens à notre existence.
''''
La notion de temps serait donc une dimension du rapport à la vie qui s’apprend, s’apprivoise et se canalise.''
Et ce qui s'applique à la consommation s'applique aussi souvent au sevrage. Le consommateur, parfois poussé par des évènements négatifs, voudrait arrêter tout de suite et même "supprimer" ce passé qui l'encombre. Evidemment la plupart des usagers connaissent ces sentiments mais savent aussi qu'ils sont trompeurs et  se tournent vers une solution "raisonnable" ("La notion de temps serait donc une dimension du rapport à la vie qui s’apprend, s’apprivoise et se canalise"). C'est même à la fois l'occasion et la necessité de se tourner vers une nouvelle dimension du rapport à la vie. C'est la meilleure définition du vrai sevrage, celui de l'esprit, pas seulement celui du produit.
Bien entendu, sur un forum d'usagers, nous nous garderons bien de jeter la pierre sur ceux qui cherchent compulsivement un sevrage brutal. Le sentiment d'immédiateté décrit plus haut n'est ni pathologique ni honteux. Mais pour la consommation comme pour le sevrage il peut avoir un effet négatif et c'est bien en forum de RdR que nous nous efforçons de mettre en garde.
===Les risques du sevrage brutal à court terme===
Pour certains produits ils sont clairement dangereux immédiatement
Ainsi de l'alcool
https://www.sfmu.org/upload/70_formation/02_eformation/02_congres/Urgences/urgences2015/donnees/pdf/053.pdf
https://aide-alcool.be/consommation-problematique-arreter
des BZD  http://www.psychomedia.qc.ca/sante-mentale/2015-06-29/benzodiazepines-arret-sevrage-has
Mais aussi des anti-hypertenseurs  http://betabloquants.over-blog.fr/2015/08/dependanceetsevrage.html
des anti-epileptiques, corticoides etc...
Pour d'autres produits le sevrage brutal est réputé douloureux mais non létal.
Ainsi des opiacés  http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/conf&rm/conf/conftox/confrecom98.html
Mais ce n'est pas exact. Le sevrage brutal des opiacés peut être léthal, notamment quand la personne est privée de sa liberté (prison) donc de la liberté de mettre fin au sevrage.
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/add.13512
C'est même le cas pour les sevrages sous anesthésie
https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6238a1.htm
Enfin rappelons que le sevrage de la femme enceinte peut (frequemment) etre associé à la mort du foetus.
Ou des Anti Depresseurs
https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_d%27arr%C3%AAt_des_antid%C3%A9presseurs
https://psychcentral.com/lib/ssri-discontinuation-or-withdrawal-syndrome/
ou de divers produits, café (céphalées), tabac, cannabis etc...
Mais clairement aucun protocole médical ne recommande le sevrage brutal.
https://www.thelancet.com/pb-assets/Lancet/pdfs/S014067362305663.pdf
https://americanaddictioncenters.org/withdrawal-timelines-treatments/opiate
Taux de reussite
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/90214
===Les risques du sevrage brutal à long terme===
Les deux principaux risques de long terme après sevrage sont la rechute et le syndrome prolongé de sevrage (PAWS).
====Le Syndrome prolongé de sevrage (PAWS)====
https://www.psychoactif.org/psychowiki/index.php?title=PAWS,_le_syndrome_prolong%C3%A9_de_sevrage
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4553654/
Toutefois le PAWS n'est pas encore totalement reconnu par la communauté médicale et les études sont assez rares. Il n'y a donc pas d'études scientifique sur la relation entre PAWS et modalités du sevrage.
Toutefois de nombreux témoignages sur PA montrent que la brutalité du sevrage est corrélée au PAWS ainsi qu'au taux de rechute.
====Rechute====
Comme pour le PAWS je n'ai pas trouvé d'études liant la nature du sevrage et le taux de rechute mais là encore les témoignages sur PA sont nombreux pour mettre en évidence non seulement un fort taux d'echec mais aussi un taux élevé de rechute dans les mois qui suivent le sevrage. Globalement le taux de succès du sevrage avant les TSO était de l'ordre de 10% à un an.
Par contre les études scientifiques comme les témoignages montrent que les essais de sevrage avec echec augmentent les difficultés de sevrage et les echecs dans les essais suivants. Il ne faut donc pas les multiplier.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3268458/
===Les bénéfices du sevrage progressif===
Les chiffres de reussite avec les techniques actuelles de sevrage contrastent fortement avec les chiffres anciens. Il est vrai qu'auctuellement la plus grande partie des sevrages de l'heroine est associée à la substitution mais , pour ceux qui le souhaitent, il y a clairement des alternatives efficaces menant au sevrage complet.
Mais la condition de base de toutes ces méthodes est la progressivité.
https://guidedoc.com/heroin-addiction-treatment-success-rates-statistics
https://www.drugabuse.gov/publications/drugs-brains-behavior-science-addiction/treatment-recovery


==Reférences==
==Reférences==
<references/>
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