« Le sevrage des produits psychoactifs » : différence entre les versions

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''La personne addict ne cesse d’interroger son rapport au temps – si particulier et parfois si différent de celui des personnes qui l’entourent. Le besoin d’immédiateté de la satisfaction du désir préside au vécu de l’individu. Pour celui-ci, le temps s’étire, se dilate et semble interminable. Alors il exige « ici et maintenant » ; ce qui a fait dire du toxicomane qu’il était dans le « tout, tout de suite ».''
''La personne addict ne cesse d’interroger son rapport au temps – si particulier et parfois si différent de celui des personnes qui l’entourent. Le besoin d’immédiateté de la satisfaction du désir préside au vécu de l’individu. Pour celui-ci, le temps s’étire, se dilate et semble interminable. Alors il exige « ici et maintenant » ; ce qui a fait dire du toxicomane qu’il était dans le « tout, tout de suite ».''


''Mais au-delà de cette phrase d’Olievenstein, ce que nous entendons par cette exigence, c’est un acte de révolte, un acte de résistance comme celui que Jean Anouilh fait crier à Antigone : « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte… Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d’un petit morceau, si j’ai été bien sage. » 
''Mais au-delà de cette phrase d’Olievenstein, ce que nous entendons par cette exigence, c’est un acte de révolte, un acte de résistance comme celui que Jean Anouilh fait crier à Antigone : « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte… Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d’un petit morceau, si j’ai été bien sage. » ''
Ainsi le rapport au temps peut se trouver modifié pour de multiples raisons : l’inadaptation et la révolte, mais aussi le non-conformisme, l’angoisse d’être, l’angoisse de la relation à l’autre, la réalité temporo-spatiale, l’organisation intérieure, l’intolérance à la frustration et l’ambivalence par rapport au changement. Nous aborderons ainsi au fil des publications proposées la notion d’ennui, d’oubli du présent, de temps figé ou à l’inverse accéléré. Ce rapport au temps, « cette conscience intime du temps » pour reprendre les termes d’Husserl nous permet d’assigner un sens à notre existence.
''Ainsi le rapport au temps peut se trouver modifié pour de multiples raisons : l’inadaptation et la révolte, mais aussi le non-conformisme, l’angoisse d’être, l’angoisse de la relation à l’autre, la réalité temporo-spatiale, l’organisation intérieure, l’intolérance à la frustration et l’ambivalence par rapport au changement. Nous aborderons ainsi au fil des publications proposées la notion d’ennui, d’oubli du présent, de temps figé ou à l’inverse accéléré. Ce rapport au temps, « cette conscience intime du temps » pour reprendre les termes d’Husserl nous permet d’assigner un sens à notre existence.''
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La notion de temps serait donc une dimension du rapport à la vie qui s’apprend, s’apprivoise et se canalise.''  
'''''La notion de temps serait donc une dimension du rapport à la vie qui s’apprend, s’apprivoise et se canalise'''.''  


Et ce qui s'applique à la consommation s'applique aussi souvent au sevrage. Le consommateur, parfois poussé par des évènements négatifs, voudrait arrêter tout de suite et même "supprimer" ce passé qui l'encombre. Evidemment la plupart des usagers connaissent ces sentiments mais savent aussi qu'ils sont trompeurs et  se tournent vers une solution "raisonnable" ("La notion de temps serait donc une dimension du rapport à la vie qui s’apprend, s’apprivoise et se canalise"). C'est même à la fois l'occasion et la necessité de se tourner vers une nouvelle dimension du rapport à la vie. C'est la meilleure définition du vrai sevrage, celui de l'esprit, pas seulement celui du produit.
Et ce qui s'applique à la consommation s'applique aussi souvent au sevrage. Le consommateur, parfois poussé par des évènements négatifs, voudrait arrêter tout de suite et même "supprimer" ce passé qui l'encombre. Evidemment la plupart des usagers connaissent ces sentiments mais savent aussi qu'ils sont trompeurs et  se tournent vers une solution "raisonnable" ("La notion de temps serait donc une dimension du rapport à la vie qui s’apprend, s’apprivoise et se canalise"). C'est même à la fois l'occasion et la necessité de se tourner vers une nouvelle dimension du rapport à la vie. C'est la meilleure définition du vrai sevrage, celui de l'esprit, pas seulement celui du produit.


Bien entendu, sur un forum d'usagers, nous nous garderons bien de jeter la pierre sur ceux qui cherchent compulsivement un sevrage brutal. Le sentiment d'immédiateté décrit plus haut n'est ni pathologique ni honteux. Mais pour la consommation comme pour le sevrage il peut avoir un effet négatif et c'est bien en forum de RdR que nous nous efforçons de mettre en garde.
Bien entendu, sur un forum d'usagers, nous nous garderons bien de jeter la pierre sur ceux qui cherchent compulsivement un sevrage brutal. Le sentiment d'immédiateté décrit plus haut n'est ni pathologique ni honteux. Mais pour la consommation comme pour le sevrage il peut avoir un effet négatif et c'est bien en forum de RdR que nous nous efforçons de mettre en garde.


===Les risques du sevrage brutal à court terme===
===Les risques du sevrage brutal à court terme===